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En 2003 le niveau de la couverture vaccinale complète du district sanitaire de Nouna était faible comparé au niveau national comme déjà noté. Des chercheurs du CRSN ont proposé, avec l’appui du CRDI, une intervention en vue d’améliorer cet indicateur au niveau du district. Le but de l’intervention était d’accroître la couverture vaccinale en améliorant les pratiques au niveau des services de santé et les connaissances au niveau des communautés.

L’intervention proposée n’était pas faite sur la base d’une théorie préexistante ; celle-ci a plutôt été conçue après une analyse approfondie de la littérature et des travaux de

recherche formative. Sur le plan conceptuel, l’intervention a été envisagée comme une stratégie à double vecteur : le premier est une chaîne hiérarchique verticale d’exposition au traitement à travers des formations, l’information et la sensibilisation (du haut vers le bas Services de santé-Marraines-Parents) ; le second vecteur est une chaîne causale de production des effets qui stipule que les ressources et les activités contribuent à un bon niveau d’implantation à tous les niveaux d’acteurs, ce qui conduit à l’objectif final qui est une bonne couverture vaccinale. L’autosuffisance par l’utilisation des ressources locales a été identifiée comme la philosophie de base de l’intervention. Enfin, l’implication

d’acteurs recrutés au niveau local, à savoir des marraines de la vaccination et des Assistants Techniques de la vaccination, constitue l’innovation majeure de la stratégie. Des registres et des outils de sensibilisation spécialement conçus pour des personnes non-instruites ont été mis à la disposition des acteurs et utilisés au niveau communautaire.

L’intervention a été planifiée pour être mise en œuvre en deux années dans 22 villages et 3 secteurs urbains de la ville de Nouna couverts par 9 centres de santé périphériques du district sanitaire. Bien que les recrutements et certaines activités de terrain aient été faits dès le mois de mars 2006, c’est en mai 2006 que l’implantation effective a été mise en route dès la fin des formations. Les activités de collecte de données de routine se sont étendues de juin 2006 à mai 2008.

o Les parties- prenantes et les acteurs

Un grand nombre de partie-prenantes et d’acteurs ont été impliqués dans l’initiative dont les chercheurs, les Assistants Techniques, l’équipe dirigeante du District sanitaire de Nouna, à savoir le Médecin Chef de District (MCD) et l’Équipe Cadre de District (ECD) qui représentaient le Ministère de la santé. Les équipes des centres de santé périphériques et celle des marraines recrutées au niveau des villages, et appuyées par les Informateurs villageois, ont été des acteurs clés de l’intervention. Enfin, des partenaires locaux telles l’UNICEF, l’OMS, et la CATR ont participé à l’atelier de démarrage de l’intervention. Les données complètes de monitoring n’ont été collectées que relativement aux équipes des centres de santé périphériques, les ATs et les marraines.

Les équipes des centres de santé: Ces équipes sont composées d’un infirmier chef de poste (ICP), d’une accoucheuse auxiliaire (AA) et d’un agent itinérant de santé (AIS) ; dans certains centres de santé, on peut aussi trouver un second infirmier et des agents de soutien. Tous les agents de santé ont été formés à la gestion des activités du PEV et aux activités spécifiques à l’intervention, notamment quant à leur rôle dans le cadre de l’intervention et à leurs interactions avec les marraines. Bien que les agents de santé devaient poursuivre leurs activités ordinaires, il leur était demandé d’y ajouter des activités de sensibilisation et la collaboration avec les marraines. L’existence de ressources et l’exécution des séances de vaccination au niveau des centres de santé et dans les villages étaient vues comme constituant des conditions minimales du succès de l’intervention.

Les AT de la vaccination (personnel du projet): Deux ATs ont été recrutés, avec pour rôle initial de s’occuper de la collecte de données et de rendre les données de monitoring disponibles. Les termes de référence de leur engagement indiquent qu’ils étaient chargés : (1) du suivi des activités de l’intervention au niveau des centres de santé ; (2) d’aider les équipes des centres de santé dans les activités d’information et de sensibilisation dans les communautés ; (3) de participer aux rencontres de l’équipe de gestion de l’intervention ; (4) de collaborer avec le MCD, l’ECD et le CRSN auxquels ils devaient rendre compte de leurs activités. Les ATs étaient les répondants directs des communautés et devaient superviser les activités des marraines, sans que cela ne viennent rompre les interactions continues qui doivent exister entre les agents des centres de santé et les marraines. Les ATs étaient payés et dotés de motocyclettes adéquates pour bien accomplir leurs activités.

Les Marraines: L’insertion des marraines constitue la principale innovation de cette intervention et représente la pierre angulaire de l’intervention. Au total, 75 marraines ont été recrutées au sein des communautés, sélectionnées par les membres au cours

d’assemblées communautaires. En fonction de l’extension et du nombre de quartiers, chaque village ou secteur urbain comptait entre 2 et 6 marraines. Au cours du processus de sélection des marraines, les communautés et leurs leaders ont été sensibilisés pour obtenir leur plein engagement et leurs soutiens aux marraines et à l’intervention en général. Il était demandé aux marraines de collaborer avec les Informateurs Villageois du CSRN qui sont en général d’anciens Agents de Santé Villageois (ASV) : ceux-ci ont été mis en place par le district sanitaire afin de contribuer à l’enregistrement des enfants et à l’organisation des activités de vaccination. Leur présence préexiste à l’intervention.

o Les procédures et pratiques de l’intervention

Les équipes des centres de santé exécutent de façon mensuelle leurs activités régulières d’immunisation au niveau des services et dans les communautés, y compris les activités de « rattrapage » des enfants qui n’avaient pas été vus lors des séances de vaccinations

précédentes ou pour les séances planifiées mais non exécutées. Pour ce faire, les centres de santé doivent envoyer aux villages leur planning mensuel avec les dates précises pour chaque village. Les agents de santé doivent travailler, au cours de ces activités, avec les marraines auxquelles ils donnent des conseils pour l’amélioration des connaissances et des activités. En plus de participer à la formation des marraines, les agents de santé ont aussi pour tâche de superviser les marraines dans l’exécution de leurs activités.

Les ATs étaient également impliqués à la formation des marraines. Chaque mois, les ATs rejoignent les équipes des centres de santé dans les communautés pour le suivi des activités de vaccination auxquelles ils participent dans la limite de leur responsabilité. Les ATs au cours de leurs sorties vérifient au niveau des centres de santé le système de gestion des vaccins, notamment la qualité de la chaîne de froid et le stockage des vaccins ; de plus, ils suivent et enregistrent les performances des centres de santé. Lors de leurs sorties au niveau des sites de vaccination, les ATs travaillent avec les marraines, notamment à la sensibilisation des mères et à la recherche des couples mère/enfant perdus de vue. A chaque AT, un certain nombre de villages a été attribué mais des changements ont dû être faits, en

cours de route, en fonction des plannings et des besoins. Les ATs étaient chargés de verser aux marraines leurs subsides mensuels.

Chaque mois, la marraine avait pour tâche de sensibiliser les parents, en particulier les mères, sur les différents sujets liés à la vaccination, notamment sur l’importance de la vaccination pour la santé de l’enfant, les dates des séances de vaccination et le programme de vaccination, le calendrier vaccinal, les effets secondaires de la vaccination, les maladies cibles de la vaccination et l’enregistrement des nouveau-nés. Les marraines pouvaient aussi donner des conseils aux parents relativement à la consultation prénatale et à l’importance d’accoucher dans un service de santé. Des outils spécifiques ont été conçus pour les

activités de sensibilisation, à savoir des pictogrammes représentant le calendrier vaccinal et une boîte à images illustrant les symptômes des différentes maladies cibles de la

vaccination (Voir annexe 17). Les marraines pouvaient initier des rencontres spéciales avec les mères pour mener leurs activités de sensibilisation ; elles pouvaient aussi saisir

l’opportunité offerte par la tenue de différents événements sociaux comme les baptêmes, les mariages ou les marchés pour sensibiliser les parents.

Avant la venue de l’équipe du centre de santé dans le village pour la séance mensuelle de vaccination, la marraine était supposée avoir obtenu, à l’avance, le planning mensuel de la vaccination et les dates précises pour chaque communauté ou quartier. La marraine informait chaque mère en allant la rencontrer individuellement ; le jour de la vaccination, elle était présente avec l’équipe de vaccination au lieu de la vaccination. Bien que cela n’était pas obligatoire, la marraine nettoyait et organisait le site de la vaccination en y plaçant le matériel nécessaire, notamment des chaises et des tables. En résumé, la marraine devait s’occuper de l’enregistrement des enfants, de la sensibilisation des parents en utilisant les outils mis à sa disposition, rechercher les parents et enfants absents, gérer les effets secondaires (notamment la fièvre) avec les parents, en l’absence des agents de santé. Si un enfant n’était pas amené à la séance de vaccination, la marraine devait retrouver les parents et résoudre le problème avant le départ de l’équipe de vaccination. Les enfants retrouvés après le départ de l’équipe de vaccination étaient référés au niveau du centre de santé par la marraine. La marraine avait un subside mensuel de 1000 F CFA