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5. CADRE CONCEPTUEL ET THÉORIQUE DE LA RECHERCHE

5.5. Le cadre conceptuel : composantes et concepts clés

5.5.1. Étape 1 : L’analyse du contexte pré-intervention

L'analyse approfondie du contexte de l'intervention est la première étape de cette recherche. La recherche évaluative d’exploration des mécanismes requiert beaucoup de ressources (Mark et al., 1998). L’une des particularités et certainement un des avantages comparatifs du réalisme critique par rapport au positivisme et au constructivisme est sa compatibilité avec une grande diversité de méthodes de recherche et la prise en compte de ces deux paradigmes (Mark et al., 1998; Sayer, 2000). Sayer indique que les approches ethnographiques et quantitatives sont radicalement différentes mais chacune peut être, à son avis, appropriée pour des tâches différentes et légitimées (Sayer, 2000, p. 19). Cette

extensivité n’est pas un simple penchant de recherche du luxe scientifique lié à un désir d’accumulation paradigmatique. Même si cela semble en rajouter aux arguments des critiques qui considèrent le réalisme critique comme une démarche hégémonique

(Cruickshank, 2004) il n’en demeure pas moins qu’elle répond à un besoin. En effet, cette démarche répond à l’exigence qui impose au chercheur un devoir d’envergure et de profondeur d’analyse qui ne peut être rempli facilement d’un seul regard. Sayer disait à ce propos que les réalistes rejettent les recettes de prescription de méthode qui font imaginer que l’on peut faire de la recherche en les appliquant simplement sans avoir une

connaissance avancée de l’objet de l’étude en question (Sayer, 2000, p. 19).

L’investigation réaliste, comme nous nous sommes commis de l’entreprendre, nécessite une connaissance assez profonde du sujet et du contexte. De même sur le plan méthodologique, la stratégie de recherche d’étude de cas appliquée aux évaluations basées sur la théorie commande à l’investigateur les mêmes exigences que celles présentées ci- haut. Dans certains cas comme l’étude de cas exploratoire, Yin (1992) nous indique que des travaux de terrain et de collecte de données peuvent même précéder la définition finale des questions et hypothèses de recherche. Aussi, le cadre conceptuel propose de documenter le contexte dans lequel cette étude est menée, nous proposons deux perspectives d’analyse pré- intervention. Tout d’abord, nous fournissons un aperçu quantitatif des éléments contextuels sociaux et géographiques qui concourent à la production des régularités en ce qui concerne la couverture vaccinale. Ensuite une analyse anthropologique du contexte culturel de notre étude est faite en étroite relation avec la notion de risque liée à la vaccination et à sa promotion. Il est important de noter comme Chen (1990b) que la

généralisation des résultats qui est orientée vers le futur doit se faire à partir de l’histoire du contexte et du programme. Notre documentation du contexte ambitionne aussi de satisfaire à une telle exigence. Cette étape permet de connaître le niveau de la couverture vaccinale et les perceptions liées à la vaccination avant l’avènement de l’intervention. De même, ces travaux permettent de suggérer les mécanismes possibles contribuant à la participation à la vaccination et à l’amélioration de la couverture vaccinale. Dans la mesure où proposons de suivre le contexte dans une perspective dynamique, les autres étapes de la recherche l'aborderont aussi lorsque cela est nécessaire dans l'explication de l'intervention et des résultats.

5.5.1.1. Concepts clés

Le ménage : le ménage est défini dans le contexte de la recherche comme l’unité

socioéconomique de base conformément aux définitions utilisées dans les bases de données du CRSN (Sié et al., 2010). Il se détermine à partir du lieu d’habitation et de son chef en qui chaque membre se reconnaît. Dans le cadre de cette recherche, le ménage est représenté par un code alpha numérique. Ses membres sont le chef de ménage, la mère de l’enfant, l’enfant et le père de l’enfant au cas où celui-ci n’est pas le chef de ménage. Le code du ménage a été utilisé pour l’échantillonnage et l’identification sur le terrain.

Couverture vaccinale complète: la couverture vaccinale indique le nombre de

vaccins qu’un enfant a reçus. Un enfant est dit complètement vacciné s’il reçoit l’ensemble des vaccins qui lui sont destinés dans un programme de vaccination. Le taux de couverture vaccinale complète (à savoir la proportion d’enfants ayant reçu tous les vaccins du

programme de vaccination) a été pendant longtemps utilisé comme indicateur de

performance des programmes de vaccination. Dans le cadre de cette recherche, seuls les vaccins qui figuraient dans le PEV pour les enfants avant l’intervention ont été considérés. Les nouveaux vaccins introduits en 2006 à savoir le vaccin contre l’hépatite B et

l’hémophilus influenza n’ont pas été inclus dans les estimations. Cette recherche aborde la couverture vaccinale sous deux formes. Tout d’abord, elle est présentée sous forme

d’échelle en termes de nombre de vaccins reçus (0 à 10). Comme variable dichotomique (0, 1), la couverture vaccinale est estimée en terme de couverture vaccinale complète ou non. Un enfant est dit complètement vacciné s'il a reçu le BCG, les quatre doses du vaccin polio oral, les trois doses du DTC, le vaccin contre la rougeole et le vaccin contre la fièvre jaune.

Les enfants qui ont reçu tous les dix contacts sont dits complètement vaccinés (Ministère de la Santé, 2003). Le taux de couverture vaccinale complète est la proportion d’enfants complètement vaccinés dans l’échantillon.

Le risque : Le risque en matière de santé est la probabilité d’une issue sanitaire

défavorable d’une part, et d’autre part, un facteur qui augmente cette probabilité au niveau individuel ou communautaire (Organisation Mondiale de la Santé, 2002). Le risque réel (évaluable et quantifiable statistiquement) et le risque potentiel (difficile à quantifier et à évaluer) sont tous importants (CCLIN, 2004)4. Cependant, dans le cadre de l’analyse du

contexte culturel pré-intervention l’intérêt est porté plus sur la conception culturelle du risque que sur ses conceptions épidémiologistes et biomédicales comme discutées par Calvez (2001). Le risque tel que abordé ici se rapporte aux dangers éventuels qui menacent les individus en tant que personnes singulières ou sociales vivant dans les communautés couvertes par cette recherche.