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A Les conséquences de la crise économique de 1973 sur le

A.1 La fin d’une migration massive

A.1.2 La diminution abrupte du flux et du stock

Le nombre de personnes déclarant lors du recensement leur résidence antérieure à l’étranger diminue radicalement suite à la crise pétrolière et à l’arrêt du recrutement de la main-d’œuvre en 1973. Du fait de la composition par nationalité de ce mouvement migratoire [cf. chapitre III], c’est pour la population espagnole, italienne et portugaise qu’on observe les mutations les plus importantes [cf. Fig. IV-1, Annexe Tab. C-7, C-64, C-71] : le nombre de ces arrivées, pour les personnes espagnoles, diminue de 72,7% (8 396 personnes en 1968 ; 2 295 personnes en1975) en conséquence immédiate de la crise. Cette tendance se poursuit, et, on n’en compte plus que 415 en 1999, soit un vingtième, environ, des personnes ayant déclaré la résidence antérieure à l’étranger lors du recensement de 1968. L’évolution pour la population italienne est analogue : un arrêt net des arrivées (-59,9 % : le recensement en 1968 dénombre 5 924 personnes arrivées depuis 1962 dans l’EMM, pour 2 375 personnes entre 1968 et 1975) suivi d’une diminution continue, qui se stabilise de 1982 à 1999 (804 personnes ayant déclaré la résidence antérieure à l’étranger en 1990 et 717 personnes 1999).

Ces deux populations sont donc concernées au premier plan par le choc pétrolier et la forte diminution d’intensité de ce qui, pour eux, constituait l’attractivité de l’EMM. Il est toutefois important de souligner que l’impact de la crise sur l’effectif des personnes ayant déclaré, en 1975, leur résidence antérieure à l’étranger est en partie exagéré par le pic de migration qui suit la guerre d’Algérie, auquel elles participent de façon importante [cf. chapitre III A.2] ; puisque la date de la crise est proche de la fin de la période intercensitaire, cet impact est de plus réparti entre les recensements 1975 et 1982 (recul de 72,8% du nombre personnes espagnoles ayant déclaré leur résidence antérieure à l’étranger, et de 48,1% pour les personnes italiennes).

Pour la population portugaise qui, elle, ne participe que dans une faible mesure au mouvement de population en provenance du Maghreb, le recul du nombre de personnes déclarant une résidence antérieure à l’étranger commence plus tardivement, après 1975. En

effet, l’effectif de ces personnes augmente dans un premier temps de 58,5% (1 060 personnes en 1968 à 1 680 personnes en 1975 [cf. chapitre III A.1.2]) et diminue ensuite dans la même proportion (792 personnes en 1982). L’effet de la crise n’est ainsi pas immédiatement visible dans le recensement de 1975 : la population portugaise semble confirmer l’hypothèse que nous avons émise dans le paragraphe précédent, mettant en cause l’impact du pic de migration suivant l’indépendance de l’Algérie plus que la crise pour expliquer les fortes baisses du nombre de personnes espagnoles et italiennes déclarant leur résidence antérieure à l’étranger.

Enfin, contrairement à la population espagnole et italienne, l’effectif de personnes portugaises ayant déclaré leur résidence antérieure à l’étranger recommence à augmenter de près de 25% dès 1990 ; on compte 624 personnes arrivées entre 1990 et 1999 [cf. Fig. IV-1, Annexe Tab. C-7, C-64, C-71]. Il semble que cette augmentation soit due à une nouvelle attractivité de l’EMM, au centre de la troisième partie de ce travail.

Fig. IV-1 La population espagnole, italienne et portugaise dans l’EMM dont la résidence antérieure est à l’étranger (1968 et 1999)

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000 9000 1968 1975 1982 1990 1999

Population espagnole Population italienne Population portugaise Source : Calculs propres d'après les données INSEE (RP 1968, 1975, 1982, 1990, 1999)

effectifs

Pour l’ensemble de la population de l’UE, l’évolution est similaire, puisque la population espagnole, italienne et portugaise domine la migration, dont l’effectif diminue fortement entre 1968 et 1990 : l’effectif des personnes ayant déclaré la résidence antérieure à l’étranger en 1990 représente environ un cinquième de celle en 1968 [cf. Tab. IV-1]. Son augmentation, de 15,2% environ, à partir de 1990, est principalement portée par la population autre UE15 [cf. troisième partie].

Tab. IV-1 La population de l’UE dans l’EMM ayant déclaré la résidence antérieure à l’étranger selon l’année du recensement (1968 – 1999)

Année du recensement Effectifs

1968 18 028

1975 8 440

1982 4 892

1990 3 824

1999 4 407

Source : Caculs propres d'après les données INSEE

La diminution des personnes ayant déclaré leur résidence antérieure à l’étranger, résultant vraisemblablement pour une grande part de la baisse du nombre d’arrivées, mais aussi d’une possible augmentation des séjours dont la durée est inférieure à la durée écoulée entre deux recensements – arrivée dans l’EMM, puis retour ou poursuite de la migration - s’accompagne également d’une diminution du stock de population de l’UE, qui s’explique sans doute par un retour145 massif après la crise des années 1970. Les effectifs de population de l’UE diminuent en effet de 51,6% entre 1968 et 1999 [cf. Tab. IV-2] ; ce phénomène est porté essentiellement par la population espagnole et italienne.

Tab. IV-2 La population de l’UE dans l’EMM entre 1968 et 1999 selon la nationalité

Nationalité (1) 1968 1975 1982 1990 1999 italienne 76 664 63 530 47 060 40 585 29 402 espagnole 32 232 29 105 21 960 18 160 13 530 portugaise 1 896 4 135 5 248 5 241 5 417 autre UE 11 892 11 430 11 080 10 445 11 013 UE 122 684 108 200 85 348 74 431 59 362

(1) nationalité des étrangers et nationalité à la naissance des Français par acquisition Source : Calculs propres d'après les données INSEE (RP1968, 1975, 1982, 1990, 1999)

Le nombre de personnes espagnoles et italiennes recule ainsi de 60,6% entre 1968 et 1999 (répartis entre 61,6% pour la population italienne et 58,0% pour la population espagnole [cf. Fig. IV-2 ci-après]). Il semble que cette diminution des effectifs, si elle trouve son origine probablement pour une part dans le retour des travailleurs après la crise économique, le solde naturel négatif y contribue également : les personnes ayant plus de 64 ans en 1975 (22,5% de la population espagnole et 34,2% de la population italienne - une conséquence de l’ancienneté de cette migration dans l’EMM [cf. Annexe Tab. D-12]) sont, d’une part, en parties décédées, et, d’autre part, les enfants des migrants nés en France obtiennent la nationalité française à la naissance et disparaissent donc de la statistique de population espagnole et italienne.

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Le nombre de retours n’est pas mesurable par la méthode de statistique migratoire française [cf chapitre I]. Nous en proposons une estimation à la section A.2.2.b.

Les données de la préfecture sur les étrangers possesseurs d’un titre de séjour dans les Bouches du Rhône [cf. Fig. IV-2] confirment, après 1999, l’évolution des effectifs observée dans les recensements [cf. Tab. IV-2] : à l’exception d’une faible augmentation du nombre d’Italiens entre 2002 et 2003, la diminution du nombre des Espagnols et Italiens entre 1999 et 2003 est constante.

Fig. IV-2 La population espagnole et italienne dans l’EMM et dans les Bouches du Rhône entre 1968 et 2003

Année

espagnole italienne Nationalité (2) 1968 32 232 76 664

1975 29 235 63 545 1999 2000 2001 2002 2003 1982 21 960 47 060 espagnole 5 155 5 033 4 918 4 863 4 827 1990 18 160 40 585 italienne 6 543 6 301 6 132 6 077 6 130 1999 13 530 29 402

(1) nationalité des étrangers et nationalité à la naissance des Français par acquisition (2) sans compter les Français par acquisition

Nationalité (1)

Source : Calculs propres d'après les données INSEE (RP 1968, 1975, 1982, 1990, 1999), Compilation SB, d'après les données de la Préfecture des Bouches du Rhône

Etrangers possesseurs au 31/12 d'un titre de séjour

Le stock de la population espagnole et italienne dans l'EMM (1968-1999) 0 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000 1968 1975 1982 1990 1999 ef fe ctif

Population espagnole Population italienne

Les étrangers possesseurs au 31/12 d'un titre de séjour dans les Bouches du Rhône (1999-2003)

-4 -2 0 2 1999/2000 2000/2001 2001/2002 2002/2003 % Espagnols Italiens

Par contre, bien que le nombre de personnes ayant déclaré leur résidence antérieure à l’étranger diminue dans un premier temps (recul de 36,8% entre 1982 et 1990 [cf. Annexe Tab. C-64]), le stock de population portugaise augmente : d’abord fortement entre 1968 et 1975 (118,1%) et plus lentement ensuite, pour se stabiliser à environ 5 400 personnes en 1999 [cf. Tab. IV-2]. Cette augmentation semble être une conséquence du solde naturel positif qui s’explique, à l’inverse de la population espagnole et italienne, par une population très jeune et une faible part de la population ayant plus de 64 ans (4,3% en 1975) [cf. Annexe Tab. D-12] – conséquence d’une migration tardive – et de l’impact relativement faible du phénomène de retour après la crise économique qui ne parait pas avoir la même dimension que pour la population espagnole et italienne (voir dans la section suivante).

De plus, nous l’avons montré qu’à partir de 1990 [cf. Fig. IV-1], l’effectif des personnes dont la résidence antérieure était à l’étranger augmente ; cette évolution est confirmée par l’effectif des étrangers possesseurs d’un titre de séjour dans les Bouches du Rhône entre 1999 et 2003 [cf. Fig. IV-3] et souligne que les arrivées de population portugaise ne reculent pas, contrairement à celles des personnes issues de traditions migratoires vers l’EMM plus anciennes. Toutefois, malgré ces tendances inverses, le stock de la population portugaise reste

faible par rapport à la population espagnole et italienne, qui continuent à dominer le stock en 1999 (72,3% du stock de la population de l’UE).

Fig. IV-3 La population portugaise dans l’EMM et dans les Bouches du Rhône entre 1968 et 2003 Année Effectifs 1999 4 143 2000 4 182 2001 4 311 2002 4 430 2003 4 607

Source : Calculs propres d'après les données INSEE (RP 1968, 1975, 1982, 1990, 1999) et d'après les données de la Préfecture des Bouches du Rhône

Etrangers possesseurs au 31/12 d'un titre de séjour dans les Bouches du Rhône La population portugaise dans l'EMM

0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 1968 1975 1982 1990 1999

Les étrangers possesseurs au 31/12 d'un titre de séjour dans les Bouches du Rhône (1999-2003) 0% 1% 2% 3% 4% 5% 1999/2000 2000/2001 2001/2002 2002/2003 Effectifs

Finalement, suivant l’évolution des populations espagnoles, italiennes, le stock de l’ensemble de la population de l’UE diminue de 39,3% entre 1968 et 1990 [cf. Tab. IV-2] ; ce pourcentage reste toutefois inférieur à celui de la variation de population espagnole (-43,6% entre 1968 et 1990) et de population italienne (-47,1% entre 1968 et 1990). Entre 1990 et 1999, le stock de la population de l’UE continue à diminuer (-20,2%), toujours plus lentement que la population espagnole (-25,5%) ou que la population italienne (-27,6%) : l’augmentation de l’effectif d’autres nationalités de l’UE ralentit la diminution du stock de la population de l’UE [cf. troisième partie].

Toutefois, l’EMM compte, en 1999, parmi les 59 362 personnes de l’UE, 81,4% de nationalité espagnole, italienne ou portugaise ; cette proportion, couplée à l’importance de la vague migratoire de travail des années 1960/1970 pour la constitution du stock de population espagnole, italienne et portugaise important, soulève la question de leur installation après la crise, c'est-à-dire sur la modification de leur projet migratoire.

A.2 La question de la durée de séjour après

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