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B Les mutations de la migration de la population de l’UE vers l’EMM au

1962Population totale

B.2 La diversification des origines dans la population de l’UE et ses conséquences

B.2.2. a L’apparition de nouvelles zones d’installation dans les années

Selon le recensement de l’INSEE en 1999, l’effectif de la population de l’UE dans l’EMM s’élève à 59 362 personnes112 ; il n’est pas distribué de façon homogène dans l’EMM [cf. Annexe Tab. E-4]. Nous avons abordé dans la section A.2.1 le déséquilibre spatial le plus important de l’EMM, entre ses deux villes principales et les autres communes, pour la population totale comme pour la population de l’UE. Les communes autour de l’Etang de Berre113 constituent, en effectifs, après Marseille et Aix en Provence, la troisième grande zone d’installation de la population de l’UE : 16,4% y est installée.

Au-delà de l’effectif absolu, c’est aussi le poids de la population de l’UE dans la population totale qui modifie l’impact de la population de l’UE pour les communes. Les deux grandes villes de l’EMM, Marseille et Aix en Provence, ne sont ainsi pas les plus concernées. Au contraire, seulement 3,6% de la population de Marseille et 4,4% de la population d’Aix en Provence a une nationalité de l’UE (hormis la nationalité française) : cela représente, pour la commune d’Aix en Provence, le taux que nous avons constaté pour l’ensemble de l’EMM (4,2%), mais, pour la ville de Marseille, la part de la population de l’UE dans la population totale est inférieure à celle de l’EMM. Par contre, le poids de la population de l’UE est plus

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L’indice de concentration d’une variable donnée pour une unité spatiale donnée (ici, par rapport à l’EMM) se calcule par le quotient du ratio de sa valeur prise dans l’unité spatiale considérée à son effectif total dans l’EMM et du ratio de la population totale de la même unité spatiale à la population totale de l’EMM.

Exemple : indice de concentration de la population de l’UE à Marseille :

EMM totale pop Marseille de totale pop EMM UE del pop Marseille à UE del pop IC . / . ' . / ' . = 112

Nous rappelons que ce chiffre n’est pas comparable aux effectifs de 1968, 1975 et 1990, car en 1999, seulement les communes de plus de 5000 habitants sont inclues dans le calcul.

113 Berre l’Etang (1,6%), Châteauneuf les Martigues (1,0%), Fos sur Mer (1,1%), Marignane (3,8%), Martigues

important dans les petites communes, pour atteindre un maximum à 7,5 % de la population totale à Saint Victoret114.

C’est pourquoi nous ne nous intéressons pas seulement à l’analyse de la distribution spatiale en effectifs ou bien en proportion de la population d’étude : une grande partie de la cartographie et de l’analyse spatiale repose sur l’indice de concentration, qui permet de connaître la distribution spatiale rapportée au poids des communes dans l’EMM, en terme de population.

Ainsi, la cartographie de l’indice de concentration en 1999 [cf. Carte II-4] met en évidence un déséquilibre dans la répartition spatiale de la population de l’UE dans l’EMM. Les zones de concentration les plus fortes se situent principalement autour de l’Etang de Berre, une zone à l’est de Marseille, et une à Aix en Provence et sur le territoire des communes alentour : finalement, un résultat important de la spatialisation de ces données est le fait que dans la ville de Marseille même, bien qu’elle compte l’essentiel de la population totale et de l’UE de l’EMM, l’indice de concentration (0,9) caractérise une sous-représentation de la population de l’UE. Certains sous-territoires de l’EMM sont donc en quelque sorte des lieux d’arrivée préférentiels pour la migration de la population de l’UE, renvoyant probablement à une caractéristique de leur espace qui est valorisée dans le choix du lieu d’installation des migrants : c’est ainsi une attractivité spécifique de ces communes qui est mise en évidence, dont nous chercherons l’origine dans les deuxième et troisième parties de ce travail.

La comparaison de la distribution spatiale de la population de l’UE en 1999 [cf. Carte II-4] avec celle de 1975 [cf. Carte II-5, Annexe Tab. E-3, E-4] montre que certaines de ces zones sont le résultat d’une ancienne migration : c’est le cas, par exemple, de la concentration de la population de l’UE autour de l’Etang de Berre. Toutefois, elle met également en évidence un déplacement, ou une apparition, de nouveaux sous-territoires qui jouent, en 1999, un rôle qu’ils n’avaient pas en 1975, signifiant une mutation de l’impact spatial pour l’EMM des arrivées de personnes de l’UE. Il existe en effet des communes dont l’indice de concentration de la population de l’UE est, en 1999, est supérieur à 1, alors qu’en 1975, la population de l’UE était sous-représentée. La commune d’Aix en Provence en est un exemple : son indice de concentration passe de 0,8 en 1975 à 1,1 en 1999. Ces évolutions peuvent être l’indice d’un changement de stratégie résidentielle des personnes de l’UE arrivant dans l’EMM par rapport à la migration massive des années 1960 : il peut lui-même trouver son origine dans une nouvelle valorisation de l’espace, causée par une mutation de l’attractivité de l’espace en soi ou bien par une nouvelle hiérarchisation des raisons d’installation qui mettraient en valeur d’autres zones

114 nous pouvons également citer les exemples suivants : 7,2% à Berre l’Etang, 7,1% à Cassis, 6,8% à La Ciotat,

de l’EMM pour les migrants de l’UE. Cette remarque est le point de départ du développement de la troisième partie de ce travail.

Nous disposons ainsi d’un outil permettant d’identifier les lieux où l’impact de la population pourrait être le plus fort, qui sont en quelque sorte des zones d’installations privilégiées de la population de l’UE. Sa généralisation aux effectifs de personnes, qui, à un recensement donné, déclarent leur résidence antérieure à l’étranger, pourrait constituer une indication des directions privilégiées des flux migratoires. Il est en effet utile de disposer d’une grille d’analyse plus fine que la simple cartographie de ces effectifs, dans la mesure où le déséquilibre en termes de nombre d’habitants entre Marseille et le reste de l’EMM s’y retrouve souvent115. Pour cela, nous nous proposons de travailler, pour chaque recensement, avec l’indice de concentration des personnes de l’UE parmi l’ensemble des personnes non françaises à la naissance ayant déclaré leur résidence antérieure à l’étranger : cet indice met en évidence116 les sous-territoires de l’EMM où la proportion de population de l’UE dans ce mouvement de population est supérieure à la moyenne de l’EMM, donc ceux vers lesquels elle se dirige plus préférentiellement que les autres personnes non françaises à la naissance (mais non nécessairement majoritairement en termes d’effectifs). Il révèle ainsi, à notre sens, une attractivité de ces sous-territoires, spécifique aux personnes de l’UE, et dans le contexte de la migration de personnes non françaises à la naissance117.

B.2.2.b Le changement de stratégie résidentielle lié à une évolution des origines du

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