• Aucun résultat trouvé

Carte II-3 Découpage de la commune de Marseille selon l’arrondissement et le TRIRIS (unité spatiale de l’INSEE) en

A.3 L’espace d’étude en tant qu’espace migratoire

A.3.2 L’espace migratoire marseillais : espace d’arrivée et espace intermédiaire

La présence de la population de l’UE dans l’EMM est pour une grande part la conséquence d’une migration. Ce mouvement est un phénomène démographique qui « se déroule à la fois dans le temps et dans l’espace » (DOMENACH et PICOUET 1995, p.7), sous des formes différentes : la migration interne ou externe à un territoire de référence, la migration définitive ou temporaire, la migration saisonnière, quotidienne, hebdomadaire ou séquentielle. Selon cette typologie, une conséquence de la définition de la population d’étude est que notre travail s’intéresse exclusivement à la migration externe à la France pour le territoire particulier qu’y représente l’EMM, et pose la question du caractère définitif ou non de la migration – puisqu’il semble clair que ce point joue un rôle important dans l’impact sur l’espace.

Bien qu’un espace migratoire concerne trois lieux – le lieu de départ, le lieu d’accueil et le(s) lieu(x) intermédiaire(s), ce travail s’intéresse principalement à l’EMM comme lieu

103 Du fait que les données du recensement de 1999, dont nous disposons, ne permettent pas le croisement des

d’arrivée et comme lieu intermédiaire. Il porte donc sur la population de l’UE arrivée dans l’EMM avec l’intention de s’y installer de façon permanente ou bien pour un temps inconnu, puisque son objectif est de proposer une analyse de l’évolution de son attractivité, au sens d’une installation pérenne, en particulier puisque cette analyse intervient quarante ans après une vague de migration massive dont nous verrons qu’elle marque le stock en 1999. Les personnes partant de l’EMM, au moment de l’étude, dont les raisons de départ pourraient relever d’une non attractivité ou d’une attractivité relative diminuée ou perdue ne sont par contre pas étudiées : c'est-à-dire, finalement, que ce travail porte sur les raisons de

l’installation dans l’EMM uniquement.

Pour définir l’installation définitive, la durée du séjour est fondamentale : pour les statisticiens européens, une durée de séjour d’un an est retenue. La distinction entre une migration temporaire et définitive reste cependant difficile si on prend l’hypothèse que le projet migratoire n’est jamais définitif, même lorsque l’individu a l’intention de s’y installer de façon permanente. En effet, dans le cas de la migration de la population de l’UE, une migration forcée et irréversible104 est devenue rare. Alors qu’elle connaît des vagues migratoires massives causées par des raisons politiques et économiques, avant et après les deux guerres mondiales, la situation économique ou politique de l’UE d’aujourd’hui ne provoque pas de départs forcés. Elle permet aux citoyens de circuler de façon libre [cf. Chapitre I-B.1] (à l’exception des dix pays membres ayant adheré à l’UE en 2004 qui ont toujours une période de transition) et laisse toutes les options administratives d’un éventuel retour.

La résidence est également un concept souvent utilisé dans la migration, qui, en plus de la durée de séjour, aide à identifier un déplacement dans l’espace : LEVY (2002, p.72) définit la migration comme « l’installation d’une personne sédentaire dans un nouveau lieu de résidence ». Mais la migration apparaît aussi sous des déplacements qui ne provoquent pas automatiquement un changement définitif de résidence, et, de plus, l’importance des résidences secondaires ne peut pas être ignorée : la durée de séjour dans ces résidences peut être un obstacle à la définition d’un lieu de résidence unique.

L’ambiguïté sur le caractère définitif de la migration n’est levée ni par la durée de séjour ni par la notion de résidence ; elle l’est en partie par la question sur l’année d’arrivée, posée pour la première fois lors du recensement en 1999, qui permet de quantifier, rétrospectivement, à partir du stock, le nombre de personnes nées hors de France s’étant installées dans l’EMM de

104

DOMENACH et PICOUET (1987) proposent une « typologie agrégée » de la mobilité, fondée sur l’introduction du caractère de réversibilité migratoire. Cette typologie tente d’appréhender les nouveaux concepts de résidence et la permanence relative des diverses formes de la migration. Les flux irréversibles sont caractérisés par un changement de résidence définitif. Il n’y a donc pas de concept de « résidence-base » qui s’applique ici. Les flux réversibles y font par contre référence : le point de départ des déplacements reste le même. COURGEAU (1975) utilise dans ce contexte le concept d’aire d’action migratoire et les modes d’utilisation de cette aire d’action dans le temps.

façon permanente (si on prend pour référence la définition des statisticiens européens). Ainsi, 97,1% de la population de l’UE (47 089 personnes) résidant en 1999 dans le département des Bouches du Rhône105 est installée depuis 1997 au moins, c'est-à-dire depuis plus d’un an ; son installation peut être considérée comme définitive et justifie l’importance de l’EMM comme espace d’arrivée pour cette population, mais aussi comme espace intermédiaire, car la possibilité d’un retour éventuel existe [cf. Annexe Tab. B-12, B-13].

L’exploitation de l’année d’arrivée permet aussi, outre l’identification et l’encadrement temporel de la migration, la quantification des différentes vagues migratoires, rétrospectivement, à partir du stock en 1999 ; en ce sens, son analyse ne permet pas d’étudier les vagues migratoires en elles-mêmes. Ainsi, la statistique comporte seulement les personnes restées en France et vivantes ; les personnes arrivées dans les années 1960, par exemple, qui sont rentrées dans leur pays d’origine, n’apparaissent pas dans la statistique de l’année d’arrivée, qui ne constitue donc pas un fondement exhaustif à l’analyse de l’attractivité de l’espace au moment des arrivées.

A.3.3 Le rôle de l’EMM dans le parcours migratoire

Outline

Documents relatifs