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La destruction du jeu

Dans le document Angoisse et activité ludique (Page 185-197)

CHAPITRE II : L’ACTIVITÉ LUDIQUE

13. La destruction du jeu

a. Le jeu pré-déterminé et le jeu forcé

Forcée ou sérieuse, l’activité ludique perd son caractère de jeu. L’absence de sérieux dans le jeu nous procure une excellente piste pour en trouver les limites. Le jeu ne prend place que si les joueurs le veulent, au moment qu’ils le désirent et pour la durée voulue. Lorsque les coups deviennent machinaux parce que l’issue ne comporte plus aucun doute, nous ne participons plus à un jeu.528 Un jeu nécessite des possibilités, des changements et des réajustements. Il ne sert à rien de jouer jusqu’à la fin lorsque l’issue du match est inévitable. Une partie d’échecs, lorsque vouée à une victoire, doit s’arrêter et recommencer. D’ailleurs, le dernier coup n’a pas lieu. Lorsqu’un des participants met l’autre échec et mat, le coup final qui prendrait le roi adverse ne s’effectue pas puisqu’il prend place dans un esprit non ludique. Remarquons que des activités considérées comme des jeux, ne le sont plus si les participants truquent à l’avance l’issue de la partie comme des parents qui laissent leurs enfants gagner. Il existe aussi des ensembles de règles qui n’offrent aucun espace pour le ludique, comme le tic-tac-to. Dans une partie de ce jeu jouée par des experts, le premier à jouer voit ses plans contrecarrés par le second et à moins d’une erreur de l’un des participants, l’issue serait toujours une égalité. Dans un jeu, peut-être que les chances de l’un varieront à l’avantage du second, mais le revirement doit pouvoir

527 Roger CAILLOIS. 1991. Les jeux et les hommes : le masque et le vertige. Collection «Folio/Essais», n0184. Paris : Éditions Gallimard, p.40

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survenir. Les jeux ne peuvent pas devenir purement techniques. Cependant, les joueurs arrivent au terrain en ayant un plan de match qu’ils essaient de mettre en pratique.529

Bien que la représentation théâtrale ne soit pas aléatoire, elle demeure tout de même un jeu. L’intérêt de voir, les perceptions et les sentiments soulevés, procurent le chaos du jeu. Même à l’intérieur de la représentation, les acteurs peuvent se sentir participant à quelque chose : par exemple, dans la pièce de Jules César, les meurtriers disent que leur crime se répétera partout à des époques différentes. Chez Shakespeare les personnages savent qu’ils vont rejouer, bien que le jeu soit intemporel et sans lieu fixe, cela n’enlève rien au jeu comme tel. La pièce de théâtre ne se joue pas de la même manière qu’une partie de poker, un casse-tête ou un match de lutte. Même si le jeu change, le joueur rivalise continuellement contre le chaos dans le but d’arriver au meilleur produit.

Les règles d’un jeu se révèlent claires et touchent tous les joueurs puisqu’ils acceptent leur caractère arbitraire lorsqu’ils décident de jouer. Le tricheur qui ne suit pas les règles les accepte comme encadrement dans lequel il triche. Il abuse de la loyauté des autres joueurs. À l’opposé, celui qui révèle l’absurdité de jouer et refuse de jouer à cause du non-sens de pratiquer une telle activité ruine le jeu pour tous.530

Un jeu qui, au départ, se voulait divertissement peut prendre une mauvaise tangente et ne plus divertir : il se convertit alors en un travail. Le jeu qui traverse dans l’univers quotidien provoque une autre corruption : si nous faisons du jeu une institution sociale, nous lui retirons son caractère ludique.

529 Catherine BATES. 1999. Play in a Godless World : the Theory and Practice of Play in Shakespeare, Nietzsche and FREUD. London : Open Gate, p.10ss

530 Roger CAILLOIS. 1991. Les jeux et les hommes : le masque et le vertige. Collection «Folio/Essais», n0184. Paris : Éditions Gallimard, p.38

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b. Le désintéressement du jeu

D’emblée, choisir un jeu parmi la panoplie qui s’offre à nous pose problème. Peu de traits du jeu permettent de savoir s’il nous intéressera. Le joueur doit se laisser aller au jeu afin de savoir s’il l’apprécie et s’il joue ou ne fait que respecter un ensemble de règles déplaisantes et contraignantes, vu le nombre élevé de variantes.531 Ensuite, le jeu doit offrir un défi satisfaisant sinon le joueur s’ennuie et abandonne. Cela nous amène à nous questionner sur le désintéressement d’une activité qui comblait le participant. Cette tolérance varie d’un individu à l’autre.532 Le jeu requiert-il toujours de la nouveauté? Ou bien le joueur évolue-t-il, ce qui du même coup change et transforme une activité plaisante en un jeu redondant, monotone? Dans un jeu de hasard, l’ennui apparaît lorsqu’un joueur n’obtient pas un jeu intéressant plusieurs tours de suite. Le musicien fait face au même défi s’il répète continuellement le même morceau de musique plutôt que de travailler de nouvelles mélodies. L’élément de surprise manque, une habitude se crée. Les personnes cherchent à sortir de la routine, quitter le souvenir et s’émerveiller devant le nouveau.533 Devoir réagir au changement suscite une réaction des participants qui conservent du même coup un intérêt pour l’activité dans laquelle ils s’engagent. Buytendijk note la même tendance chez l’enfant qui lance un ballon contre le sol ou le mur.534 Si l’exercice demandé s’avère trop facile ou trop difficile, la personne s’ennuie et abandonne. Si le jeu n‘occasionne pas d’interaction intéressante pour les joueurs, leurs performances diminuent et ils perdent de l’intérêt. Lorsqu’ils recommenceront à jouer, en atteignant un niveau de difficulté satisfaisant, le jeu redeviendra intéressant. Les participants peuvent modifier les règles afin d’accroître leur motivation. L’ennui surgit aussi de conditions personnelles propres à tous et chacun.

531 Martine MAURIRAS BOUSQUET. 1984. Théorie et pratique ludiques : préface de Henri Dieuzeide. Collection «Vie psychologique». Paris : Economica, p.26

532 F.J.J. BUYTENDIJK. 1976. Wesen und Sinn des Spiels. New York : Arno Press, p.134

533 Jean-François De RAYMOND. 1980. L’improvisation : contribution à la philosophie de l’action. Collection «Problèmes et controverses». Paris : Librairie philosophique J. Vrin, p.207

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c. L’intérêt du gain

La partie terminée, tous les joueurs quittent le jeu et retournent au point occupé lors de leur entrée.535 L’insertion de l’argent dans le jeu le rend sérieux et offre la possibilité au joueur de devenir un professionnel. Ce dernier perd sa spontanéité et son insouciance. Il recherche l’efficacité et la victoire.536 Il ne s’amuse plus tel un enfant, il recherche la performance. La possibilité d’engranger des profits vient du travail. Ce passage entre le monde du jeu et celui du travail laisse perplexe, tout comme les professionnels du sport qui ne jouent plus de la même façon que les amateurs. Lorsque les amateurs s’entraînent au combat, ils s’amusent et déforment le véritable combat afin d’en tirer du plaisir, tandis que l’entraînement des militaires reproduit du mieux possible les véritables combats.537 Un jeu doit se pratiquer librement, sans besoin monétaire ou appât du gain, sinon il consiste en une reproduction sérieuse du jeu servant d’entraînement. L’acrobate qui calcule son élan et qui doit réussir sa prouesse pour obtenir son salaire ne joue pas : il travaille, il amuse. Kant écrit que le jeu est en lui-même agréable tandis que le travail désagréable n’attire que son effet, tel un salaire. Cela explique que beaucoup de gens se forcent à travailler.538 Mais personne ne peut s’obliger ou se faire obliger à jouer.

Dans les jeux de hasard, chaque humain se croit privilégié par les statistiques qui lui promettent de remporter le gros lot. M. Julius Segal prétend que quiconque joue à la loterie dans le but de gagner cherche aussi à prouver sa valeur contre des machines ou des croupiers anonymes.539 Le gain se base sur la chance, tandis que le salaire récompense, sans équivoque, le travail. Si le parieur espère faire des gains, il ne joue pas : il investit. Donc, jouer sous-entend un certain luxe. Voilà pourquoi les joueurs perdent souvent tout. D’ailleurs, ils savent bien qu’ils perdent plus qu’ils ne gagnent. Le hasard qui amène à

535 Roger CAILLOIS. 1991. Les jeux et les hommes : le masque et le vertige. Collection «Folio/Essais», n0184. Paris : Éditions Gallimard, p.35ss

536 Johan HUIZINGA. 1988. Homo Ludens : essai sur la fonction sociale du jeu : traduit du néerlandais par Cécile Seresia. Collection «Tel». Paris : Gallimard, p.315

537 Gabor CSEPREGI. 1980. L’éducation physique selon Platon. Québec : Mémoire de maîtrise produit à l’Université Laval, p.70

538 Emmanuel KANT. 2000. Critique de la faculté de juger : traduction et introduction par Alexis Philonenko. Collection «Bibliothèque des textes philosophiques». Paris : Vrin, p.289

539 Roger CAILLOIS. 1991. Les jeux et les hommes : le masque et le vertige. Collection «Folio/Essais», n0184. Paris : Éditions Gallimard, p.353

177 ressentir du plaisir lors d’un jeu ne ressemble pas à celui qui de l’entrepreneur qui se lance en affaire.540

d. L’activité physique ludique versus le sport

Une pente glissante transforme des activités ludiques en activités de performances. L’activité divertissante, alors réglementée, devient une compétition ou une tâche ennuyante. Un enfant qui chevauche un bâton et qui se prétend cavalier joue à l’opposé du jockey qui gagne sa vie en participant à des courses, tout comme la différence entre s’enrôler dans l’armée et jouer au soldat.541 Le ludique qui exige une certaine performance s’éloigne du jeu idéal. En faisant d’une activité ludique physique un sport avec rémunération, nous recherchons une optimisation qui ne laisse pas au pratiquant la chance d’explorer, de s’exprimer ou de prendre plaisir à l’activité.542 Même sans rémunération monétaire, le sport peut devenir un exercice pris au sérieux permettant de supplanter ses adversaires dans un domaine. Une rivalité s’ensuit et elle brime l’expérience esthétique du jeu.

Nous ne pouvons pas faire fi de toutes les règles, puisque l’activité ludique en nécessite quelques-unes. Comme l’artiste qui ne crée pas n’importe quoi, mais un produit que le spectateur reconnaîtra et s’appropriera, le sportif ou le joueur innove en respectant les règles. Le jeu n’a pas de plan d’exécution prédéterminée puisqu’il s’incarne dans chaque action : l’issue importe peu.543 Tandis que le sport se pratique en vue d’un résultat bien précis, souvent, avant même de commencer, la personne vise un objectif. Le joueur se plaît à exécuter, tandis que le sportif suit les règles pour performer.544 Bouet dit du sport qu’il forme un ensemble de spécialités qui laisse croire en une inspiration rationnelle qui

540 Charles CAUCHY. 1975. Analyse et commentaire d’une théorie contemporaine du jeu et de son rôle dans la culture. Québec : Mémoire de maîtrise produit à l’Université Laval, p.77

541 F.J.J. BUYTENDIJK. 1976. Wesen und Sinn des Spiels. New York : Arno Press, p.142

542 Gabor CSEPREGI. 1986. Philosophie du corps et esthétique du sport. Québec : Thèse de doctorat produite à l’Université Laval, p.267

543 F.J.J. BUYTENDIJK. 1976. Wesen und Sinn des Spiels. New York : Arno Press, p.147

544 Gabor CSEPREGI. 1986. Philosophie du corps et esthétique du sport. Québec : Thèse de doctorat produite à l’Université Laval, p.98-99

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aurait suggéré des gestes à effectuer.545 Voilà beaucoup de prétentions, à l’inverse du jeu qui prend place dans la spontanéité, l’irréfléchi, sans chercher à obtenir une performance.546 Voici la différence entre un professionnel, qui ne joue plus, et un amateur qui joue encore : l’athlète ressent le poids de nombreuses responsabilités pendant qu’il performe, il ne se détend pas, il diminue son plaisir au profit d’un respect des règles et il vise à obtenir un résultat précis. Peu d’impondérables subsistent, il s’en remet à ses nombreuses expériences pour avoir confiance en ses aptitudes et performer. Contrairement à la personne qui s’adonne au jeu et qui met de l’emphase sur toute la durée de l’activité et le plaisir esthétique. L’esthétique pure concerne l’activité ludique et non le sport : prendre plaisir à agir plutôt que viser la conduite d’une tâche. De plus, l’activité ludique débute n’importe quand, alors que le sport suit toute une démarche qui évacue l’imprévisibilité et la spontanéité.547 Le sport met de côté ou essaie profiter des émotions, tandis que le jeu encourage l’expérience des sentiments comme de l’une des nombreuses facettes de la vie humaine.

14. Conclusion

Nous avons œuvré, dans ce chapitre, pour divulguer énormément d’informations pertinentes à propos du jeu afin que le lecteur se forge une idée de la nature de l’activité ludique et des différentes distinctions que les auteurs y voient. Il s’avère difficile de cerner toute la variété des expériences ludiques en une seule définition, ainsi cette conclusion tirera les traits les plus importants du ludique, une activité non sérieuse que nous étudions sérieusement. Pour certains, le jeu représente une activité oisive, dépourvue de la recherche d’un idéal. Pour d’autres, l’humain démontre sa supériorité sur son environnement et sa capacité à prendre en main sa destinée pendant le moment ludique. Le jeu représente plus que l’antithèse du travail, il prétend offrir une meilleure connaissance de la condition humaine. Le jeu n’a pas la portée morale du sérieux, nous rions du maniérisme outrancier dans le jeu, mais dans la vie quotidienne, nous subissons ou constatons que ces manières

545 Michel BOUET. 1968. Signification du sport. Collection «Encyclopédie universitaire» Paris : Éditions universitaires, p.550

546 Gabor CSEPREGI. 1986. Philosophie du corps et esthétique du sport. Québec : Thèse de doctorat produite à l’Université Laval, p.99ss

179 existent. Notons que les catégories émises par les nombreux auteurs démontrent bien que le jeu prend plusieurs formes, mais nous outrepasserons ces essais conceptuels et conclurons plutôt que leur grande variété démontre la grandeur de l’intelligence humaine à s’amuser d’un rien et avec tout.

De toutes les définitions apportées, retenons la gratuité du jeu, qu’il s’agit d’un exercice de la liberté qui ne s’impose pas et qui demande aux participants de réagir à quelque chose de vaguement imprévisible qui évolue pendant le déroulement de la partie : nous jouons et sommes joués au fil du jeu. Le jeu existe grâce à ceux qui s’y adonnent et qui, du coup, se définissent par le jeu qu’ils pratiquent. Le jeu peut servir de lieu de pratique avant de se transposer et d’implanter ce qui fonctionne dans le monde sérieux. Les développements physiques et ceux de la pensée acquis dans le jeu pénètrent la vie sérieuse. Aussi, le jeu nous en apprend sur nous-mêmes et notre façon d’y agir. Le jeu délasse des activités habituelles de la vie : en nous adonnant à d’autres activités, nous nous changeons les idées. Il ne prend pas une forme chaotique, il se soumet à des règles arbitraires qui satisfont tous les participants qui ressentent un épanouissement et un respect de leur personne dans le respect des règles du jeu. Une série de mouvements ne fait pas et ne s’insère pas automatiquement dans un jeu. Le jeu ne simule pas un exutoire, un endroit où les individus s’adonnent à des pulsions mal vues par la société ; c’est parfois le cas, mais il ne s’arrête pas qu’à cela. Le jeu exige de sortir de l’ordinaire ; quelqu’un qui joue continuellement ne joue pas au même degré qu’un autre qui dispose d’un peu de temps et en profite pour s’immiscer dans un jeu. Nous affirmons que les auteurs qui déclarent que la vie entière se limite à un jeu impliquent du même coup la perte d’une richesse de s’adonner momentanément au jeu. Le joueur utilise au mieux ses capacités et demeure fidèle à lui- même. La victoire ou la défaite l’indiffèrent, chose rare dans le monde actuel. L’activité ludique, autotélique, se suffit à elle-même, elle suscite du plaisir : perdants et gagnants s’amusent dans le but de recevoir les fruits du jeu. Cela se retrouve dans l’activité physique tout comme dans les plaisanteries comiques. Futile, le jeu n’apporte rien à quiconque sort de la sphère ludique. Le jeu n’a pas d’utilité au sens habituel du mot, il propose de se reposer, mais pas de gagner sa vie.

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La société et ses règles peuvent être considérées comme un jeu. Nous respectons ses règles, mais rien ne nous empêche de les remettre en question. Lors de la création de la société, les lois prenaient la forme de jeux, qui en cas de succès, entraient dans la législation, et en cas d’échec, disparaissaient. Le jeu s’insère autant dans le développement de la société que dans celui de l’humain. Le choix du jeu importe plus que nous le croyons et l’environnement dans lequel nous vivons l’influence. S’il fallait que chacun joue à un jeu solitaire, inconnu et inconnaissable des autres, le tissu social s’atrophierait. La fête représente un moment propice au jeu, décidé par la société et souvent cyclique. Elle progresse vers le point culminant de la célébration tel un jeu. Nous y entrons et en sortons à notre guise. Nous l’utilisons comme n’importe quel objet qui ou prend part à un jeu ou bien demeure laissé de côté parce qu’il n’entretient pas de lien actif avec le jeu qui prend place. Dans les deux cas, il s’agit d’accessoires.

Parfois, le joueur agit sur l’objet du jeu et en modifie l’issue, et à un autre moment, il subit des paramètres ou des modifications du jeu. Le jeu balance entre activité et détente. Nul ne peut jouer seul, il faut un autre pour jouer : le jeu est une relation entre un individu et un objet ou un autre individu. Cette interaction produit des changements qui incitent à poursuivre le jeu. Précisons que le sujet du jeu s’avère le jeu lui-même et non les participants. Les joueurs réalisent un jeu. Quelques auteurs défendent la position d’un jeu qui s’effectuerait sans présence humaine ou animale, que quelque chose se joue à un moment. Le jeu est imprévisible, il se tient à distance, le joueur aussi et entre les deux survient une suite d’interprétations qui fait réagir l’un et l’autre. À travers les réactions causées par le jeu, les participants ressentent des émotions et s’en trouvent affectés. Le jeu produit et donne du faux, moralement, il ne se compare pas à la réalité, mais il l’émule. Les souvenirs d’un jeu raniment les émotions qui accompagnaient ce jeu. Le jeu unit deux parties de l’humain difficiles à considérer en même temps : son côté fini et son côté infini. Les enjeux infinis et la mortalité s’entremêlent lors des jeux. La recherche de la beauté ou de l’ordre dans le jeu éloigne de la vie quotidienne. Lorsque nous nous adonnons au jeu, la réalisation de cette belle création canalise toutes nos actions. Fini la contingence quotidienne qui nous empêche de poursuivre des idéaux. L’absence de contrainte encourage le joueur à agir fidèlement à lui-même.

181 Le jeu s’exécute dans les personnes : leur relation avec les objets et le monde change. Elles seules savent si elles s’amusent ou s’ennuient, ce qui échappe au regard des observateurs. Une même activité peut s’avérer ennuyante et répétitive pour une personne et excitante et pleine de surprise pour une autre.

Un jeu contient de nombreuses possibilités de réalisation pour les participants qui n’en comblent qu’une partie. Contrairement à la vie habituelle, une activité ludique peut se répéter ou se dérouler différemment d’une fois à l’autre. Elle possède une existence propre,

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