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La culture et l’entreprise : la culture d’entreprise

CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE

SECTION 2 – LES DIFFERENTES APPROCHES DE LA PERFORMANCE DANS LES OPERATIONS DE FUSIONS ET ACQUISITIONS

2.5 L’APPROCHE CULTURELLE

2.5.3 La culture et l’entreprise : la culture d’entreprise

Il semble difficile d’apporter une définition exhaustive d’une culture d’entreprise tant les composantes et ses manifestations diffèrent d’une entreprise à l’autre. Ainsi, pour définir la culture organisationnelle, Hofstede (2001) reprend la notion de programme mental collectif qu’il applique aux individus composant une organisation. Alors que les cultures nationales diffèrent principalement par leurs valeurs, il note que les cultures organisationnelles diffèrent de leurs pratiques.

La culture d’entreprise est donc une formulation plus ancienne de la « culture organisationnelle ». « Elle rappelle l’« esprit maison » d’un patronat français empreint de paternalisme et une conception familiale de l’autorité » (Cuche, 1996).

Tout au long de son histoire, le groupe humain que constitue l’entreprise façonne des perceptions de la réalité interne et externe constituant le savoir que tout membre de ce groupe doit posséder pour être intégré et bien se comporter. Evrard et Paturel, dans un essai portant sur l’intégration culturelle proposent cette définition : la culture d’entreprise est l’ensemble des normes, des valeurs et des mode de pensées communs qui impriment leur marque à la fois sur le comportement des membres d’une organisation à tous niveaux hiérarchiques et sur l’image de cette organisation.

Dans la pratique, la culture d’une entreprise est cet ensemble de convictions et de règles de conduites qui s’instaurent grâce aux individus qui la constituent. Chaque individu est différent, il a une expérience, des croyances et des aptitudes qui lui sont propres. La culture d’entreprise sert donc à tous de lien et de langage commun pour communiquer, travailler en équipe et accomplir des tâches quotidiennes. Socialement elle offre des règles rassurantes et apporte le sentiment d’appartenance et l’interaction sociale dont tout être humain a besoin. Politiquement, elle offre un cadre à l’intérieur duquel tout individu peut légitimement défendre son propre intérêt. Selon Maurice Thévenet175, la culture d’une entreprise s’observe dans les faits, dans la façon dont les salariés travaillent en groupe ou résolvent un problème.

Audrey ASLANOFF – 2013 – Thèse de doctorat

Il existe ainsi des dizaines de définitions de la culture d’entreprise selon l’usage que l’on en fait. C’est celle d’Anne-Claude Coze que nous retiendrons pour la suite de notre travail et qui nous aidera à développer notre problématique de départ.

Selon Anne-Claude Coze, une entreprise détient une « culture d’entreprise » : l’entreprise a une caractéristique interne bien particulière, fondée sur son histoire, qui la différencie des autres, et qui lui permet de gérer les individus, de les canaliser vers un but commun. La culture d’entreprise est ainsi à la fois un outil de pilotage et un outil de diagnostic. Elle a également une caractéristique externe en intervenant au sein d’une culture nationale, d’un secteur d’activité, ou encore d’un métier. Une entreprise peut également être une culture d’entreprise : c’est un groupement social produisant de la culture, un moule qui modèle ses membres à travers un système de valeurs, règles, rites, symboles et mythes qui vont « formater » les membres de l’organisation. Certains chefs d’entreprises deviennent des mythes dont la réputation dépasse le cadre de leur entreprise.

Ainsi, la culture de l’entreprise est liée au management et se caractérise par trois aspects : C’est une action, adaptée à l’individu, aux relations interpersonnelles, au groupe, à l’organisation, et à l’environnement. Cette action dépend également et surtout de l’investissement personnel du manager, en plus de ses connaissances techniques, de la stratégie de son entreprise, de son analyse, et de son engagement éthique dans le but d’accroître l’efficacité au sein de la firme. Le management s’applique sur le groupe. En premier lieu sur les personnes, il implique dès lors une dimension psychologique et ensuite, à la manière d’un entraîneur, il s’attache à comprendre les logiques du groupe. La culture est désormais liée au management, l’entreprise est une société humaine devant atteindre des buts, objectifs, ou missions. On peut résumer les propos ci-dessus, par la figure 27, de la manière suivante :

Culture

Règles/ systèmes de gestion

Management

Logiques d’acteur

Figure 27 : Liens entre culture et

Audrey ASLANOFF – 2013 – Thèse de doctorat

Les règles sont dictées par la culture de l’entreprise, le management par les systèmes d’évaluation mis en place par la société (évaluation individuelle, contrôle de gestion – pour évaluer l’efficacité de la société). Après observation, il ressort que les actions les plus efficaces entreprises par les managers, sont celles en accord avec les logiques sous-jacentes du groupe.

Hofstede176 (2001) nous montre bien dans ses recherches que la culture organisationnelle regroupe un ensemble de valeurs, de symboles, de héros et de rituels contribuant à différencier l’entreprise et visant à assurer la cohérence et la survie du groupe. Dans un certain sens, la culture d’entreprise apparaît comme un « sous-produit » de la culture nationale qui constitue l’une de ses racines. Ces dernières sont en effet composées de différents « matériaux culturels » ayant chacun des caractéristiques propres :

* la culture nationale, régionale et locale, * l’histoire particulière de l’entreprise, * la personnalité des fondateurs,

* les valeurs portées par certains dirigeants charismatiques,

* la culture professionnelle des salariés (voire du secteur d’activité).

A partir de ces éléments, l’entreprise construit ses mythes et forge ses héros. Elle organise ses rituels, ce qui contribue à l’instauration d’un système de coordination informel venant compléter le système de contrôle hiérarchique classique. L’objectif sous-jacent est de réduire les coûts de contrôle et d’incitation de façon à renforcer la performance économique. Face au collectif que constitue l’organisation, chaque individu peut ainsi se repérer et être repéré. Il peut choisir d’adhérer ou non à la culture d’entreprise. S’il refuse, il court le risque d’être exclu. Selon Cuche (1996), il n’est pas anodin que le succès rencontré par ce thème, dans les années 70 et 80, soit intervenu en pleine période de crise de l’emploi et de restructuration industrielle, car pour les dirigeants, la culture d’entreprise constituait alors « un moyen stratégique pour tenter d’obtenir des travailleurs leur identification et leur adhésion aux objectifs qu’ils avaient définis » (Cuche, 1996, p. 100).

176 Geert Hofstede est un psychologue néerlandais né en 1928. Il a été inspiré par le culturalisme. Son approche

de la culture est basée sur la définition donnée par l'anthropologue américain Kluckhohn « la culture est la

manière de penser, de sentir et de réagir d'un groupe humain, surtout acquise et transmise par des symboles, et qui représente son identité spécifique: elle inclut les objets concrets produits par le groupe. Le cœur de la culture est constitué d'idées traditionnelles et des valeurs qui lui sont attachées ».

Audrey ASLANOFF – 2013 – Thèse de doctorat

Cependant, pour le chercheur en gestion, la culture dans l’entreprise suscite de nombreuses interrogations majeures telles que : si la culture est un processus mental inconscient, peut-on la manager ? Autrement dit, peut-on intervenir sur ce paramètre voire « le piloter » dans le sens de l’intérêt de l’entreprise ?