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La critique en filigrane de la politique américaine

craintes suscitées par le nucléaire

PRUDENT ET MESURE MAIS SE REVELE FINALEMENT INQUIET 1) Le long feuilleton nucléaire relayé par L’Express qui, bien que

A) La critique en filigrane de la politique américaine

L'Express dénonce en filigrane les mesures inefficaces et le prétexte du nucléaire pour attaquer l'Iran, ce qu'un journaliste nomme "l'intox à l'irakienne" des faucons américains.

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a) La loi d'Amato n'a pas d'avenir

15/08/1996 « Washington Téhéran, le choc des mots » Vincent Hugeux

Les américains et l’Iran se menacent par les mots à défaut de pouvoir le faire autrement: la loi d'Amato n'a pas d'avenir en réalité:

« Cela posé, Washington, qui ne s'est jamais pardonné d'avoir, par son soutien aveugle au chah d'Iran, hâté l'éclosion de la Révolution islamique, s'obstine à traiter le dossier Téhéran avec un simplisme... désarmant. Ainsi s'ébauche un magnifique trompe-l'oeil. Américains et Iraniens annoncent une confrontation qu'ils redoutent. Sous prétexte d'isoler l'ennemi et de soumettre ses partenaires en affaires, Clinton avalise un texte - la loi D'Amato - dont il peut fort bien, par le jeu de la procédure, différer l'entrée en vigueur. Quant à l'Union européenne, outrée par le diktat de Washington, elle promet des représailles à ce point urgentes qu'on en arrêtera les modalités en... septembre. Voilà comment on s'enlise, à coups de faux-semblants, dans un vrai bourbier. »

b) L'Europe ne se laissera pas impressionner

15/08/1996 « Iran: ceux qui s'y risquent » Sabine Delanglade

« Les entreprises européennes ne veulent pas se laisser impressionner par les menaces américaines. Et placent leurs pions. »

« L'Europe et l'Asie sont convaincues qu'il ne faut pas laisser la place aux Américains. Même si la loi D'Amato ne concerne que les investissements pétroliers à venir - Elf avait un projet, Total a déjà signé un contrat et la loi américaine n'est pas rétroactive - les entreprises apprécient peu ce diktat qui ne les gêne pas qu'en Iran. Ainsi, les groupes allemands et aussi beaucoup de PME représentées sur place craignent l'effet répulsif que pourraient entraîner aux Etats-Unis leurs activités iraniennes.

Mais l'Europe se dit décidée à laver l'outrage (voir ci-dessous). De son côté, la France, en rendant public le règlement du contentieux financier qui assombrissait ses relations avec l'Iran, au moment même où la loi D'Amato était promulguée, a montré qu'elle n'entendait pas se laisser intimider. »

c) Les faucons américains et le prétexte nucléaire

04/09/2003 « Monde »

El Baradei a su gérer la crise « En hausse

Mohamed El-Baradei : Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique a su mettre en garde l'Iran, dont le programme nucléaire attise les soupçons, tout en calmant les ardeurs des faucons américains. »

09/10/2003 « L'Iran sur la défensive » Vincent Hugeux

« Le Grand Satan américain campe aux frontières, puisqu'il régente, à grand-peine il est vrai, le voisin afghan et le vieil ennemi irakien, tout en prenant pied au sud de l'ex-empire soviétique. Ni le Pakistan ni l'Inde, jeunes puissances nucléaires rivales, n'ont adhéré au TNP. Pas plus qu'Israël, qui, sans duper quiconque, nie détenir l'arme absolue, recueillant ainsi les fruits de la dissuasion sans en payer le prix. Convaincue que les théocrates téhéranais ne peuvent s'amender, l'administration Bush semble acquise à l'option du "changement de régime". Et le clan des faucons saisirait volontiers le prétexte nucléaire

pour hâter le dénouement. Au risque d'élargir l'audience des "durs" auprès d'un peuple si jaloux de sa souveraineté. Les effets collatéraux de cette bombe-là demeurent indéchiffrables. »

05/12/2007 « Iran: la revanche du renseignement américain » Phillipe Coste

Pas de nucléaire iranien! Fini l'intox à l'Irakienne écrit L’Express

« Avec le rapport rendu public ce mardi, selon lequel l'Iran aurait interrompu son programme nucléaire militaire en 2003, les agences de renseignement américaines affichent leur indépendance vis-à-vis de la Maison-Blanche. Fini l'intox à l'irakienne écrit le journaliste. »

-147- programme nucléaire militaire en… 2003, les 16 agences de renseignement américaines, dont la légendaire CIA, ont officiellement imposé un revirement historique à la politique étrangère américaine. Même dans sa version expurgée, quatre pages destinées aux membres du Congrès, et a fortiori à l’opinion, le fameux "National Intelligence Estimates" détruit l’option d’un éventuel recours à la force contre l’Iran, brandi depuis plus d’un an par George Bush.

(…)

Fin des manœuvres d’intox "à l’Irakienne"

Mais il marque surtout la revanche d’une "communauté du renseignement" instrumentalisée par l’administration Bush en 2002 pour une campagne de persuasion nationale et mondiale en faveur de la guerre, et finalement humiliée par l’absence d’armes de destructions massives en Irak. Il ne fait aujourd’hui aucun doute que les pressions du Pentagone et du Vice Président Dick Cheney, la collaboration par trop amicale du directeur de la CIA de l’époque, George Tenet, et d’un président impatient d’étoffer son dossier contre Saddam Hussein, ont tacitement poussé les analystes de renseignement à servir à leur commanditaires ce qu’ils attendaient.

(…)

Surtout, ce coup de force du renseignement met un terme à des manœuvres d’intox "à l’Irakienne" tentées depuis bientôt deux ans par l’administration Bush. En 2005, un premier National Intelligence Estimates considérait que l’Iran mettrait encore dix ans avant d’obtenir une réelle capacité nucléaire militaire. Durant l’été 2007, la Maison- Blanche recevait déjà les premiers éléments essentiels du National Intelligence Estimates. Bush n’a pourtant pas hésité à justifier cet automne son appel aux sanctions, et à l’usage éventuel de la force par la menace d’une "troisième guerre mondiale". En était-il aussi persuadé qu’au temps de l’Irak ? »

d) Le passé américain: quand les États-Unis s’entendaient avec l'Iran

L’Express rappelle que les Etats -Unis n'ont pas toujours été les ennemis des

islamistes...

« Les «fous d'Allah» furent longtemps les alliés de l'Amérique dans son entreprise d'endiguement du communisme. Depuis, le «nouvel ordre mondial» a bouleversé la donne. Voici comment les amis d'hier sont devenus les ennemis d'aujourd'hui »

« Dans l'heureux temps où le monde était encore simple et divisible par deux - l'Ouest et l'Est, l'Occident et les soviets, l'Amérique bénie de Dieu et l'empire du Mal - Washington a toujours vu dans les populations musulmanes des alliés potentiels dans son entreprise d'endiguement du communisme, aux marges de l'empire soviétique, depuis les tribus islamiques des républiques du Caucase jusqu'aux Bédouins des déserts de la péninsule Arabique en passant par les Ouïgours de la province chinoise du Xinjiang. Dans les sympathies américaines, les religieux l'emportaient de loin sur les laïques, alors que toutes les républiques du Proche-Orient et du Maghreb, de l'Egypte de Nasser aux partis Baas de Syrie ou d'Irak, en passant par la Libye de Kadhafi ou l'Algérie de Boumediene, penchaient dangereusement vers Moscou et adoptaient un discours où se mêlaient vulgate marxiste, laïcité et nationalisme arabe. Dès lors, les Etats-Unis, quand ils ont regardé l'islam à travers le prisme de la guerre froide, ont vu en lui une force de résistance au communisme sur laquelle ils pouvaient s'appuyer. Aux yeux des Américains, eux-mêmes plutôt portés sur la religion, les fidèles musulmans étaient, comme les juifs d'Israël, avant tout des croyants. Enfants du Coran, de la Torah et de la Bible, tous pouvaient trouver sans doute un intérêt commun dans le containment du communisme, doctrine athée prônant la mort de Dieu et reléguant les religions au rang d' "opium des peuples". Que certains musulmans considèrent leur foi comme une règle universelle, s'imposant aux pouvoirs temporels, pouvait éventuellement inquiéter quelques analystes américains. Mais, après tout, le même phénomène existait aussi aux Etats-Unis sans y susciter de drames, où des chrétiens fondamentalistes, définissant le pouvoir politique comme une mission divine, s'apprêtaient à joindre leurs voix à celles des républicains et des conservateurs démocrates pour porter Ronald Reagan à la Maison-Blanche, où il succéderait au "chrétien ressuscité" que prétendait être le pieux baptiste Jimmy Carter. D'où ces amitiés incongrues

-149- de la grande démocratie libérale américaine avec des monarchies féodales du Golfe. D'où aussi les ferments de la discorde entre les masses arabes et l'Amérique, discorde allant bien au-delà du seul reproche de l'alliance avec Israël, nourrie de ces accusations anciennes de duplicité et d'hypocrisie, dès lors que l'on confronte le discours de liberté, de paix et de messianisme démocratique de Washington avec la réalité de ses alliances régionales.

Les trois priorités stratégiques américaines au Proche-Orient - soutien à Israël, sécurité des approvisionnements énergétiques et endiguement du communisme - étaient toujours au programme à la fin des années 1970, lorsque furent semées, dans la confusion la plus totale, les premières graines de la violence d'aujourd'hui. Deux événements majeurs ont marqué la fin de la présidence de Jimmy Carter: l'invasion de l'Afghanistan par l'armée soviétique, en 1979, et la révolution iranienne instaurant, la même année, à la place du régime du chah, une "république islamique" à Téhéran.

Au fil des années, les réseaux arabes activés en Afghanistan par la CIA s'organisent en petits groupes autonomes habitués à la clandestinité. Après le départ des Soviétiques de Kaboul, en 1989, les voilà en rupture de jihad et ils constituent une fraternité active et agissante. "Les Américains, avance Olivier Roy, étaient persuadés que ces moudjahidine disparaîtraient dans des luttes intestines. Or certains sont rentrés chez eux et y ont fondé des mouvements extrémistes, tel le Groupe islamiste armé algérien... D'autres sont restés sur place pour y former un noyau d'islamistes radicaux entièrement réorganisé autour de Bin Laden." Ces soldats d'Allah trouvent des soutiens logistiques et financiers dans les émirats du Golfe, en Allemagne, en Suisse, en Scandinavie, au Soudan, au Pakistan et, bien sûr, en Afghanistan même. Ils rejoignent bientôt tous les fronts où se battent leurs frères musulmans, contre les régimes arabes affaiblis - Egypte, Yémen, Tunisie, Algérie - contre les chrétiens - qu'ils soient orthodoxes en Bosnie et en Tchétchénie, ou catholiques aux Philippines - contre Israël et contre les Américains, enfin, à partir du début des années 1990. Les Etats-Unis symbolisent un Occident célébrant l'individualisme, la démocratie et le capitalisme, valeurs séculières et méprisées par les dévots, mais dont le pouvoir

d'attraction quasi universel constitue pour eux, selon l'historien Bernard Lewis, "le plus grand défi au mode de vie qu'ils entendent préserver ou reconquérir pour leurs peuples".

Le prisme de la guerre froide

Il peut sembler audacieux, voire inconscient, de la part de Washington d'avoir ainsi armé sans compter, à l'aube des années 1980, des hommes qui ne font pas mystère de leur fondamentalisme, alors même que surgit en Iran un régime se réclamant lui aussi d'un islam radical viscéralement hostile à l'Amérique. Là encore, le prisme de la guerre froide va conduire Washington à interpréter quelque temps les événements en faveur d'une convergence de ses intérêts et de ceux des religieux. Zbigniew Brzezinski, conseiller de Jimmy Carter pour les affaires de sécurité, déclare alors voir dans le fondamentalisme islamique un "rempart contre le communisme". De fait, jusqu'en 1979 et la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran, où des diplomates seront retenus prisonniers pendant 444 jours jusqu'en janvier 1981, date de l'entrée en fonction de Ronald Reagan, Washington ne s'est pas trop inquiété de la montée en puissance des mollahs iraniens, jugés peu susceptibles d'ouvrir à Moscou les portes du Golfe. Puis un subtil distinguo s'opère, au sein de l'administration Reagan, entre les "bons" et les "mauvais" fondamentalistes. Les premiers sont les sunnites, dont les lieux saints sont sous la bonne garde de l'allié saoudien et les combattants aux premières lignes de la résistance afghane contre l'envahisseur soviétique. Les seconds sont les chiites, mollahs iraniens ou Hezbollah libanais, attisant depuis Téhéran, le Sud-Liban et la Cisjordanie la haine de l'Amérique et de son avant-poste en Orient, Israël. Cette dichotomie semble validée en 1983 par l'attentat meurtrier contre les marines stationnés à Beyrouth. Pourtant, le temps la démentira, l'Iran, au cours de la décennie 1990, se montrant finalement moins hostile que les réseaux "afghans". Elle provoquera, enfin, l'une de ces ironies dont l'Histoire est familière quand Saddam Hussein, le président irakien tant honni aujourd'hui des Américains, attaque l'Iran en 1980, avec l'accord tacite de Washington, qui se met à espérer que l'Occident, grâce au tyran de Bagdad, n'aura peut-être pas à souffrir trop longtemps du régime des mollahs.

-151- Apparaîtra ensuite, dans les déserts du Golfe, le mirage d'un "nouvel ordre mondial". Saddam Hussein, en envahissant le Koweït en 1990, endosse soudain l'habit, un peu trop large pour lui, de l'ennemi de l'Occident, alors que s'est effondré l'empire soviétique et que l'Amérique détient le monopole de la puissance. La guerre du Golfe, que mène le président Bush à la tête d'une large coalition des nations, aura trois conséquences. La première est que Washington voit dans la défaite de l'Irak le signe avant-coureur du déclin des régimes nationalistes laïques du Proche-Orient ("Saddam est dans sa boîte", dit-on pour signifier qu'il n'y a plus rien à craindre de lui). On suppose alors que des gouvernements menés par des musulmans intégristes sont susceptibles de prendre un jour la relève. Pas question, dès lors, de s'aliéner ces groupes. Au tout début des années 1990, Washington a donc pour le moins une attitude ambiguë à l'égard de mouvements conduits par ses anciens amis des réseaux "afghans": Djamaa islamiyia du cheikh Omar Abdul Rahman en Egypte, Ennahda, organisation dirigée par Rachid Ghannouchi en Tunisie, et le FIS, en Algérie. Pas de condamnation de principe, quelques visas accordés, bref, on pratique à Washington le pragmatisme et la discrétion. L'Egyptien Hosni Moubarak, allié fidèle des Etats-Unis, est furieux et n'oubliera pas. Dix ans plus tard, les régimes nationalistes et laïques sont toujours là, orphelins de Moscou, peut-être, mais néanmoins plus suspicieux que jamais à l'égard des Etats-Unis.

La deuxième conséquence de la guerre du Golfe sera un rêve qui tourne court, celui d'en finir, une fois pour toutes, avec le conflit du Proche-Orient, alors que la fracture Est-Ouest appartient à l'Histoire. Pour beaucoup, alors, la pax americana est au bout du chemin. La puissance américaine, qui venait de démontrer sa force guerrière, lance la bataille de la paix avec la conférence de Madrid en 1991, censée faire des adversaires d'hier des partenaires de demain. Les grandes nations arabes, affaiblies, divisées, menacées par les intégristes, peuvent s'accommoder d'un accord avec Israël si tel est le prix de leur survie sous la bienveillante tutelle de Washington. Les Israéliens, qui reçoivent alors le renfort démographique des juifs de Russie et vivent une période économiquement florissante et politiquement heureuse, ne sont pas hostiles à une négociation qu'ils entament en position

de force, d'autant qu'ils ont compris la véritable leçon de l'Intifada déclenchée en 1987: les Palestiniens ne toléreront pas indéfiniment l'occupation militaire des territoires. Tout semble donc mis en place pour une avancée diplomatique majeure. Mais Itzhak Rabin est assassiné en 1995 et la désillusion s'installe quand Benyamin Netanyahu, élu en 1996, résiste aux pressions américaines en faveur d'un accord. Le nouvel ordre mondial, made in America, n'impose pas la paix. Les populations arabes sauront s'en souvenir.

Troisième conséquence, enfin: le temps ne joue pas en faveur de l'Amérique. La présence prolongée de troupes américaines en Arabie Saoudite suscite la colère des islamistes sunnites. Quant à la sévérité du traitement réservé à l'Irak, elle est, au fil du temps, de plus en plus perçue dans le monde arabe à l'aune de l'indulgence dont jouissent les faucons israéliens, alors que se multiplient les colonies juives en Cisjordanie. Saddam Hussein, unanimement considéré à la veille de la guerre comme une brute sanguinaire fossoyeur des derniers rêves de l'unité arabe, finit par inspirer quelques années plus tard la sympathie des peuples de la région.

Le pari d'un islam modéré

Bill Clinton hérite de cette situation calamiteuse et tente de redonner un peu de cohérence à l'attitude des Etats-Unis à l'égard du monde musulman. En février 1993, un séminaire au Département d'Etat, en présence du secrétaire d'Etat Warren Christopher et de Madeleine Albright, alors ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, élabore un argumentaire qui deviendra vite la doctrine de l'administration. Celle-ci fait le pari d'un islam modéré compatible avec les aspirations démocratiques. Elle refuse l'analyse d'un professeur de Harvard, Samuel Huntington, qui, dans un livre à succès, Le Choc des civilisations, affirme le caractère inéluctable d'un clash entre l'islam et l'Occident. "L'Amérique refuse l'idée que nos civilisations doivent s'affronter, déclare Clinton en Jordanie, en octobre 1994. Le danger n'est pas l'islam. Il est dans l'extrémisme politique qui se sert de son nom." L'ennui, bien sûr, c'est que Washington ne semble guère intéressé à soutenir d'éventuels mouvements démocratiques dans le monde arabe et continue à traiter

-153- aimablement avec des gouvernements autoritaires et les monarchies féodales de la région. Pis: quand enfin Clinton peut voler au secours d'une population musulmane pro- occidentale, en Bosnie, il l'abandonne à son triste sort et maintient un embargo sur les armes qui la pénalise dramatiquement. Ces atermoiements n'ont échappé à personne dans le monde musulman, de même que le silence américain sur la guerre en Tchétchénie.

Pour les républicains entourant George W. Bush, Clinton avait une vision wilsonienne de la diplomatie américaine, censée façonner le monde en vertu d'une vision morale, humanitaire, dépassant les propres intérêts nationaux de l'Amérique. Rien de tel avec Bush junior, qui, durant sa campagne électorale, restait sans voix quand on l'interrogeait sur les taliban. Il promet, lui, "humilité et modestie". En d'autres termes: débrouillez- vous sans nous. Le paradoxe de la haine des terroristes à l'encontre de l'Amérique aujourd'hui est qu'ils imaginent de sa part un messianisme agressif au moment même où celle-ci se replie sur ses frontières, voire, dans le meilleur des cas, sur son seul hémisphère. Selon une vision étroite de l'intérêt national, définie, dans un article de Foreign Affairs en janvier 2000, par la principale conseillère de Bush, Condoleezza Rice, pas question pour Washington d'imposer son modèle à ceux qui le récusent, mais pas question non plus d'accepter des priorités qui ne sont pas les siennes, sur les systèmes de défense ou le réchauffement du climat, par exemple. On peut craindre que les crimes du 11 septembre n'incitent Bush à s'impliquer davantage dans les affaires du monde, mais au contraire, passé le temps de l'action et de la vengeance, le renforcent plus encore dans sa vision réticente et essentiellement défensive de la diplomatie. »

B) L'Iran, un pays qui produit de la suspicion et pratique le chantage