• Aucun résultat trouvé

La critique de la politique française (Sarkozy, Kouchner)

Deuxième partie : Marianne s’intéresse autant à la situation interne de l’Iran des ayatollahs qu’à son rôle international

F) La critique de la politique française (Sarkozy, Kouchner)

Martine Gozlan 01/09/07 « En diplomatie, nommer, c'est faire exister. Nicolas Sarkozy a donc fait exister le «bombardement de l'Iran» dans son discours de politique étrangère, le 27 août 2007.

Bien entendu, l'expression était encastrée dans un socle de constatations tout à fait légitimes. Partant du principe que «l'Iran doté de Varme nucléaire est inacceptable», Nicolas Sarkozy réitère «l'entière détermination de la France dans la démarche actuelle alliant sanctions croissantes mais aussi ouverture si l'Iran fait le choix de

respecter ses obligations. Cette démarche est la seule qui puisse nous permettre d'échapper à une alternative catastrophique....». Et c'est là que le président français insère son vrai propos: «la bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran». Or, depuis des années, toute la politique étrangère de la France vis-à-vis de l'enjeu iranien a consisté à désamorcer les mots.

La visite personnelle de Dominique de Villepin à Téhéran, en octobre 2003, en était la meilleure preuve. Le «bombardement de l'Iran», glissé par le président de la République, est l'exact contre-pied de cette politique étrangère française qui a toujours visé autant le dialogue avec la complexité musulmane que la protection de la France »

Nicolas Domenach 01/09/07

Raillant l'hyperactivité du président Sarkozy : « La castration chimique ou la réclusion perpétuelle pour les violeurs d'enfant, voire... le bombardement de l'Iran. Son champ d'intervention et d'expansion est quasi infini. Les Martiens n'ont qu'à bien se tenir. »

15/09/07 « Ce n'est pas dans le Monde, Libération ou le Figaro qu'on peut le lire, mais dans un récent éditorial du New York Times: «Le président Sarkozy a fait le mauvais geste au mauvais moment en évoquant la possibilité, dans son premier grand discours de politique étrangère, d'un recours à la force contre le programme d'armement nucléaire de l'Iran.» C'est exactement ce qu'avait écrit Marianne quelques jours auparavant.» »

Stéphane le Floch 18/09/07 « Etrange retour en arrière qui légitime la politique de la canonnière, ancêtre de l’impérialisme du 19ème siècle. Pourtant nous y sommes : hier le Kosovo, aujourd’hui l’Irak et demain l’Iran à en croire notre ministre des affaires étrangères. Inquiétante dérive de notre politique étrangère et preuve supplémentaire d’un alignement sans conditions sur les vues des Faucons américains. Curieux destin qui change notre French Doctor en Doctor Folamour. Avec Bernard

-141- Kouchner, la France n’est plus seulement alliée, elle est ralliée. » « Docteur Bernard Folamour »

Anna Borrel 19/09/07 « Ministre mal embarqué aux Affaires étrangères, le transfuge du Parti socialiste se prend les pieds dans le tapis iranien. Kouchner va-t-en guerre ou va-t-en paix ? Ca dépend des jours… »

Nicolas Domenach 20/09/07 « Cette semaine pour lui serait quasi une semaine modèle. Après le pacte social, les retraites, puis le statut de la fonction publique et de la réforme de l’Etat, avant le plan Alzheimer et le logement, sans oublier les menaces de guerre en Iran et le rapprochement avec les Etats-Unis demain. Attrapez-moi, semble-t-il lancer en souriant, en courant et en discourant. Qui oserait l’arrêter pour lui demander des comptes sur le choc de confiance toujours introuvable, sur la crise financière internationale qui menace, sur la balance commerciale qui se dégrade, etc. puisqu’il bouge la France et que la France apparaît contente. »

20/07/07« Kouchner et l'Iran : revoilà les va-t-en guerre »

22/09/07 « En visite sur une base militaire, François Fillon a rectifié les propos de Bernard Kouchner sur l'Iran, précisant que «la confrontation doit rester la dernière extrémité». Il a eu droit à quelques entrefilets dans les journaux alors que Kouchner faisait la une. Mais François Fillon est bien le seul à croire (encore?) que le Premier ministre dirige le gouvernement. »

Guy Sitbon 22/09/07 « Kouchner croit parler franc en nous prévenant que nous devons «nous préparer à une guerre contre l'Iran». Tempête dans les chancelleries. Washington et Berlin nous recadrent: «Il serait faux de parler de menace de guerre. »Vienne: «Incompré hensible rhétorique martiale.» El Baradei, le directeur général de l'Agence internationale pour l'énergie atomique: «Ne vous emportez pas.» Kouchner s'excuse: «Je ne suis pas un va-t-en-guerre.» En somme, c'était rien qu'une

couillonnerie. Comme à Bagdad, où le ministre des Affaires étrangères doit s'excuser après avoir demandé le départ du Premier ministre. »

Alexis Lacroix 22/09/07 « pendant que les Etats-Unis préparent le coup suivant, la France s'adonne à sa dernière passion nationale, la dispute iranienne. »

Martine Gozlan 22/09/07 « Souvenirs, souvenirs! Un air de déjà- vu pour entrer dans l'ère de l'encore-subi. Un crescendo rhétorique, comme au temps, outre-Atlantique, des préliminaires de la guerre d'Irak. D'abord, les missiles de reconnaissance. C'est Nicolas Sarkozy, le 27 août, devant le parterre des ambassadeurs: «La bombe iranienne ou le bombardement de l'Iran!» Peu ou pas de réactions. Prime au gant de fer dans une main de velours médiatique.

Ensuite, la négation arrogante de la légalité. C'est le chef de la diplomatie française allant jusqu'à nier la diplomatie, dont la raison d'être consiste, justement, à opposer les mots aux armes. Autrement dit, la pensée à la jungle. Avec Kouchner, feu à volonté: les mots deviennent des armes. Les «explications» qui suivront ne changent rien à l'impact du premier pilonnage, [je minisire des Affaires étrangères a appliqué stricto sensu la doctrine Sarkozy, telle que le maître l'énonça» dans ses apartés de la campagne électorale, en se lâchant à l'oreille compréhensive de Yasmina Reza: « Il faut se débarrasser du Quai d'Orsay! J'ai un mépris pour tous ces types ce sont des lâches!» L'éclaireur requis n'a plus qu'à ajuster ses jumelles au-dessus de ce Quai des brumes. Le lendemain du premier assaut, il reçoit le renfort du fantassin François Fillon. Visitant le premier régiment d'infanterie de marines d'Angoulême, le Premier ministre, excellent en homme de troupe s' extrayant d'un char, rappelle, en rajustant son casque, que nous sommes «dans une situation de tension extrême». »

29/09/07 « Afficher la volonté d'aller faire la guerre à l'Iran est la pire ânerie proférée en 2007 (et pourtant, la concurrence est féroce!). M. Kouchner n'est-il pas au courant de la réussite avec laquelle les Etats-Unis ont atteint leurs objectifs en

Irak? Ne sait-il pas que le Moyen-Orient est maintenant «pacifié»? Pourtant, en sa

-143- de la cote de popularité de son ami Bush un peu partout dans le monde! La France n'a aucun intérêt, ni même les moyens, de se lancer dans une opération aussi stupide. Il est donc totalement contre-productif de l'afficher, sauf à se ridiculiser encore un peu plus à la face du monde. »

06/10/07 « les menaces de guerre de Kouchner vis-à-vis de l'Iran, l'approbation de Fillon qui reflète celle du président, toute cette agitation politico-médiatique qui vise à combler l'absence de résultats au plan économique en distrayant l'attention des Français. Les risques de guerre et de destruction seraient-ils pour autant écartés? C'est le contraire, car l'Iran, seconde puissance pétrolière mondiale, est entourée de puissances possédant l'arme nucléaire (Russie, Inde, Pakistan, Israël) mais n'a pas de capacité de riposte. D'où la tentation des pays voisins, soutenus par les Etats-Unis (Pakistan et surtout Israël), d'annihiler l'Iran pour pouvoir s'assurer son pétrole, ceci après la quasi-perte du pétrole irakien. L'Iran, possesseur de l'arme nucléaire, imposerait un équilibre avec ses voisins, comme celle du Pakistan a imposé un équilibre avec l'Inde. Alors, qu'est-ce qui pousse nos dirigeants sur cette voie suicidaire? La tactique politique, on l'a vu, l'idéologie atlantiste - Sarkozy - et le droit d'ingérence - Kouchner -, et, à la racine de tout cela, l'orgueil dans la volonté d'affirmer des ego surdimensionnés et longtemps comprimés, l'orgueil, c'est-à-dire l'irrationalité et la bêtise. »