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Répartition des diplômés de médecine au XVIIIème siècle

II- L’université de Toulouse : la voisine languedocienne Et Toulouse pour apprendre

1. L’anti-cathare

Figure n°16

Sceau de l’université de Toulouse125

Fondée à la demande des papes Honorius III et Grégoire IX, sous l'égide du roi Saint Louis126,

l’université devint assez vite, non seulement un centre important de théologie avec les Dominicains, mais aussi un centre connu pour toutes les autres disciplines. Elle doit sa fondation, en 1229127, à la menace cathare qui prospérait dans cette région128. L’université de

Toulouse résulte de la volonté politique conjointe des rois de France et des Papes. Au départ, les enseignements ne concernent que la théologie, le droit canon, les arts et la grammaire. En somme, tout ce qui se rapporte au domaine religieux. Voici ce qu’en relate Germain de Lafaille dans les Annales de la ville de Toulouse :

[Raymond Comte de Toulouse] entretiendroit aussi dix ans durant deux professeurs en theologie ; deux en droit canonique, six aux arts,& deux pour la grammaire & qu’il en

125 GANDILHON (René), Sigillographie de l'université de Toulouse. In: Annales du Midi : revue archéologique,

historique et philologique de la France méridionale, Tome 46, N°182, 1934. pp. 81-97.

126La fondation fut imposée au comte Raymond VII de Toulouse. Il s'agit de la deuxième université créée en

France.

127 Suite au Traité de Paris du 12 avril 1229 consacrant la défaite du Midi.

128 Au sujet de l’histoire de la faculté de médecine de Toulouse voir BARBOT (Jules), Chroniques de la Faculté

de médecine de Toulouse du XIIIe au XXe siècle, 2 vol., Toulouse, Dirion, 1905, 300p. ; ECHARD (Matthieu),

Médecins et médecine universitaire à Toulouse au XVIIIe siècle, mémoire de maîtrise, Université Toulouse II-Le

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donneroit, sçavoir à ceux de theologie cinquante marcs, trente à ceux de droit canon ; & vingt à ceux de la grammaire 129

Elle est dotée de trois facultés : droit, théologie et arts. La faculté des Arts regroupe trois enseignements : la grammaire, la logique et la médecine. Par contre, l’origine de l’enseignement de la médecine reste obscure. Ce n’est qu’au XVe siècle que la faculté de

médecine devient indépendante de celle des arts. Selon Jules Barbot, la médecine semble être séparée des arts dès 1410. A la même période, l’université doit sa renommée à sa faculté de droit.

Les bâtiments de la faculté, situés rue des Lois, furent agrandis au XVIIIe siècle en raison de

leur état de délabrement certain130, dénoncé dès le XVIIe siècle. Jules Barbot précise dans son

ouvrage qu'il est difficile de définir à quelle date l'enseignement de la botanique est apparu au sein de la faculté. De plus, avec l'Édit de Marly de mars 1707131, l'université doit se conformer

au règlement et l'enseignement de la botanique devient obligatoire. En 1729, la faculté utilise le jardin de l'Académie des sciences. A défaut de jardin botanique, les étudiants partent herboriser à la campagne. Jean-Pierre Picqué132, étudiant pyrénéen, relate ces années

universitaires toulousaines dans un mémoire. L'herborisation se déroule sur les "coteaux de Pech David ou de Blagnac"133. Le jardin botanique voit le jour en 1783, après de nombreuses

négociations134.

Au bâtiment de la faculté, il faut ajouter les 18 différents collèges dont 9 petits collèges de boursiers, rattachés à l’université. Dans le rapport d’enquête de 1667, le nombre de collèges est sensiblement réduit135.

129 LAFAILLE (Germain de), Annales de la ville de Toulouse depuis la réunion de la Comté de Toulouse à la

Couronne : avec un abrégé de l’ancienne histoire de cette ville et un recueil de divers titres et actes pour servir de preuves ou d’éclaircissement à ces annales.

130 Ce point est abordé dans l’enquête effectuée en 1667 par les commissaires royaux voir à ce sujet LEWEZYK

(Anaïs), L’université de Toulouse en instance de réforme. Enquête des commissaires royaux de 1667., Mémoire de maîtrise, Université Toulouse II, 2005.

131 Aux articles XXII et XXIII de l'Edit.

132 Jean-Pierre PIQUÉ est un étudiant originaire de Lourdes. Il a rédigé ses mémoires dans lesquelles il se montre

plus que critique envers la faculté toulousaine et ses enseignants. Son manuscrit se trouve aux archives de la Bibliothèque municipale de Bagnères de Bigorre, L’Hermite des Pyrénées, ms VIII, 634 p.

133BARBOT (Jules), Chroniques de la Faculté de médecine de Toulouse du XIIIe au XXe siècle, 2 vol., Toulouse,

Dirion, 1905, 300p. p.294

134 Episode détaillé dans Barbot, op. cit. ; Au sujet du jardin botanique de Toulouse voir les articles suivants :

GERBER (Charles), « Les jardins botaniques toulousains et les démonstrations de plantes médicinales aux

estudians en les trois branches de l’art de guerir sous l’Ancien Régime d’après des documents inédits » in Bulletin des sciences pharmaceutiques, t. 22, n°3, mars 1925, p. 148-184. ; LIGNEREUX (Yves), « Les débuts

du jardin des plantes de Toulouse ou la naissance du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse » in Bulletin du

Centre d’Étude d’Histoire de la Médecine, 2006, 56, 7-46.

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Jusqu'en 1705, la faculté de médecine de Toulouse ne compte que trois chaires de médecine mais une quatrième chaire d'anatomie et de chirurgie, détenue par Jean-joseph Courtial est créée cette même année. Une première chaire de chirurgie et de pharmacie, créée en 1604, engendre un conflit faisant grand bruit dans la capitale languedocienne : l’affaire Queyrats. Jehan De Queyrats, médecin diplômé de Montpellier, est nommé en 1604 à la chaire de chirurgie et de pharmacie par le roi Henri IV. Perçue comme arbitraire par les membres de l’université de Toulouse qui s’insurgent, s’en suit une série de procès, jusqu’en 1610. En 1612, Queyrats se présente au concours de la chaire de médecine générale qu’il remporte. Par conséquent la chaire de chirurgie fut supprimée et une cinquième chaire fut créée en 1773. Plus réputée pour sa faculté de droit que pour celle de médecine, l’université de Toulouse suit de près celle de Montpellier. Comme l'a démontré Patrick Ferté, la faculté de médecine de Toulouse arrive au troisième rang dans la formation des médecins du royaume et non au cinquième, comme l'avait préconisé Jacques Revel et Dominique Julia136. Elle compta, elle

aussi, d’illustres professeurs comme Daniel Ryordan137, Jean-Baptiste Gardeil138 , Jean-

Guillaume Dubernard139 ou encore Jean-Joseph Courtial140.

2. « Toulouse dans l’ombre de Montpellier »141

DIOCÈSE ALBI CASTRES LAVAUR RODEZ TOTAL

NOMBRE

D'ETUDIANTS 23 2 10 10 45

Figure 17 : Les docteurs de la faculté de médecine de Toulouse au XVIIIe siècle (1707-1793)

Le recrutement de la faculté de médecine de Toulouse représente 45 docteurs sur l’ensemble du XVIIIe siècle soit 14,85 % de notre corpus.

136 Patrick Ferté explique cette différence par un décalage au niveau des sources. Pour Toulouse, il manque une

décennie. De plus, la fin du XVIIIe siècle marque une explosion du nombre de diplômés en médecine, voir Ferté

(Patrick), "La faculté de médecine de Toulouse : dans l'ombre de Montpellier" in Médecine et médecins à

Toulouse au siècle des Lumières, Toulouse, Méridiennes 2010.

137 Daniel de Ryordan, régent et professeur de médecine à Toulouse au XVIIe siècle. 138 Jean-Baptiste Gardeil, (1726-1808) professeur de médecine à l'université de Toulouse. 139 Louis-Guillaume Dubernard (1728-1809) professeur de médecine à l’université de Toulouse. 140 Jean-Joseph Courtial, professeur de médecine à Toulouse.

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Même si l’université de Toulouse a toujours brillé par sa faculté de droit, la fréquentation de sa faculté de médecine est en nette augmentation au cours du siècle des Lumières.142

Figure n°18 : Répartition des docteurs de la faculté de médecine de Toulouse (1707-1793)

Le principal fournisseur d’étudiants est le diocèse d’Albi avec 22 docteurs soit 50%. Les Rouergats et les Vauréens envoient respectivement 10 étudiants. La présence castraise est faible avec seulement deux étudiants. En revanche les étudiants audois boudent la faculté toulousaine.

La majorité des docteurs sont originaires du diocèse d’Albi. On peut y voir une raison d’ordre géographique. On remarque, comme à l'accoutumée, que les vocations sont plus nombreuses dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. La faculté de médecine de Toulouse, très prisée au

XVIIe siècle, par les « Ibernois » et les Catalans143, reste fidèle aux statistiques. Les diocèses

du sud-ouest, les plus proches, en restent les principaux clients.

A sa suppression en 1793, la faculté de médecine de Toulouse reste au 3e rang après Paris et

Montpellier.

142 Toujours selon les études statistiques de Patrick Ferté, op. cit. p. 16-17. 143 LEWEZYK (Anaïs), L’université de Toulouse …, op. cit.

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