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Tout discours d’information se constitue de deux caractéristiques. Tout d’abord, le discours d’information reprend un autre discours, il est inexorablement interdiscursif et circule.

« La reprise incessante d’un texte par un autre est sans doute l’une des conditions techniques et sémiotiques fondamentales du discours d’information (…). Elle engendre une sorte de champs signifiant complexe, fait de renvois interdiscursifs permanents, qui, par sa logique interne, est constamment traversé par des déplacements et des condensations » (Verón, 1981 : 42).

D’autre part, le discours d’information tend à créer des fragments, des syntagmes plus ou moins figés qui permettent de marquer la circulation interdiscursive au sein même des discours. « Au sein de ce flot, certains mots, certains fragments de phrases finissent pas se figer et se reproduisent dans toutes les copies ». Nous comprenons ainsi que la sémiotique s’intéresse à la circulation des discours, et que selon Verón, ce trait est le plus prégnant au sein des discours d’information. Le point de vue sémiotique de Verón autorise la prise en compte du contexte afin de comprendre la réalité de l’événement en construction dans le social. Ce que Verón a décelé d’un point de vue sémiotique en 1981, Krieg-Planque le théorise sous le concept de formule, et va plus loin dans l’explication de la vie d’une formule ainsi constituée.

L’événement médiatique se construit donc au travers des discours, mais également en fonction d’un contexte socio-culturel particulier, ses dimensions temporelles et spatiales en constituent des éléments d’analyse au même titre que les discours – et les images, relatifs à l’événement. Le sujet changement climatique connaît des vagues d’apparition dans l’ensemble des médias. Nous nous rapprochons ici de l’idée défendue par Sophie Moirand, selon laquelle un événement médiatique ne meurt, ne disparaît jamais, puisqu’il marque historiquement son époque, et peut tout à fait être de nouveau mobilisé des années plus tard, en temps que représentant d’une situation antérieure. Il circule ainsi et devient le garant de cette époque. Ainsi que l’exprime Moirand, « les médias sont devenus un lieu de construction des mémoires

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collectives des sociétés actuelles » (Moirand, 2007 : 2), et la presse ordinaire, au travers de sa “Une” notamment, répond le mieux, selon nous, à cette construction de la mémoire collective.

Eliséo Verón pense que les médias assument, à la fois dans les discours et dans leurs structures médiologiques, la construction l’événement, tout comme le contexte socio-culturel en amont de l’apparition de l’événement. Nous nous rapprochons également de l’hypothèse de Verón, en cela que nous considérons que la mise en scène, la taxinomie de la page, constitue un élément de signification à part entière, et participe à la mise en sens plus générale d’un événement, tout comme la spatialisation de l’événement. De fait, Moirand évacue de son analyse l’extradiscursif, mais considère malgré tout qu’« un moment discursif peut également se définir dans la presse par les conditions médiologiques de son apparition : il est signalé à la “Une”, il donne lieu dans les pages intérieures à un regroupement d’articles et de documents différents qui constituent une hyper-structure au sens de Adam et Lugrin (2000) ».

B. Analyse médiatique quantitative

L’intérêt linguistique et sémiologique pour la construction des représentations s’accroît lorsqu’il y a une forte production discursive, en partie motivée par des mouvements de polémiques, mais pas seulement.

« Il s’agit donc de faits qui, soudainement et/ou sporadiquement, donnent lieu à une vaste production discursive dans les médias (ce que l’on a appelé un moment discursif), parce qu’ils sont de nature à inquiéter, donc à attirer lecteurs et spectateurs, quels qu’ils soient, dans la mesure où il s’agit de faits de société qui touchent à la santé, à l’alimentation et à l’environnement » (Moirand, 2004 : 12).

Ces discours spécifiques et plurilogaux ne sont pas là pour expliquer, leur rôle est d’alerter. L’objectif des médiateurs est de toucher le plus de monde possible, lecteur ou non lecteur habituel de la presse. Les productions discursives médiatiques construisant les représentations en lien avec le changement climatique peuvent donc être de nature multiple, répondant à plusieurs dynamiques discursives et sociales.

Notons dans ces dynamiques les événements d’ordre politique internationaux, comme par exemple la parution d’un rapport d’expertise du GIEC ou l’avènement d’une conférence internationale ; européen, comme l’adoption du Paquet Climat Energie ; ou nationaux, comme le Grenelle de l’environnement ou le débat politique sur la transition énergétique ; des événements d’ordre social, comme une manifestation citoyenne en marge d’une grande conférence ou une campagne médiatique de sensibilisation menée par des Organisations Non Gouvernementales (maintenant ONG). Ajoutons à cette liste non exhaustive les polémiques climatiques d’envergure

nationale prenant place dans les médias ou par médias interposés, et enfin les événements médiatiques liés aux catastrophes naturelles, qui peuvent également relancer le débat médiatique sur le changement climatique. La sécheresse de 1988 au Texas en est un parfait exemple, car c’est à sa suite que le gouvernement américain a commencé à s’intéresser aux possibles modifications du climat. En France, les événements climatiques comme la tempête de décembre 1999 ou la canicule meurtrière de l’été 2003 ont joué un rôle dans la prise de conscience collective.

Nous ne faisons pas exception à cette règle, l’intérêt d’une recherche sur un objet médiatique se décuple lorsque la production discursive de cet objet médiatique augmente. Cela ne veut pas pour autant dire que les représentations ne se construisent pas non plus au travers des lacunes médiatiques, car il s’agit d’un processus de construction sur le long terme, ainsi que le propose Sophie Moirand. La question de la construction des représentations se pose de la même manière lorsque l’objet médiatique interrogé est, à l’origine, un objet scientifique qui se voit déformé voire transformé, ce que l’on appelle selon la théorie de la sémiotique narrative, la

métamorphose.

Mesurer l’événement climatique dans les médias français commencerait par une analyse quantitative concernant l’apparition de la notion d’effet de serre dans la presse quotidienne française. Les médias construisent les événements. Du même coup, on pourrait penser que les polémiques, qui peuvent constituer un événement en tant que tel, sont également le fait des médias. Aussi devons-nous retracer les apparitions, les traces laissées par l’événement au sein des médias.

Nous avons pu voir que la presse d’information tenait un rôle capital dans la construction d’un événement médiatique. Nous nous intéressons donc à l’histoire de l’apparition de certains syntagmes relatifs au changement climatique dans la PQN, sélectionnés en fonction d’études menées notamment par le Groupe de Recherche Energie Technologie Société de EDF R&D (maintenant GRETS). Notre choix d’observer le syntagme effet de serre plutôt que le syntagme

changement climatique s’explique par le fait que des études menées par le GRETS ont permis de

montrer que la notion d’effet de serre représentait quasiment systématiquement celle de l’évolution anormale du climat, qui peut, par ailleurs être nominalisée de plusieurs façons, ainsi

que l’ont montré Chetouani, ou Brunetière17. En effet, les années 90 sont considérées comme une

période dédiée à la vulgarisation scientifique, afin d’expliquer un phénomène complètement méconnu qu’est l’évolution climatique de nature anthropique. Il se trouve que le syntagme effet

de serre est ce qui qualifie le changement climatique de façon récurrente, voire systématique.

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L’effet de serre est le phénomène originel du changement climatique, sa cause. Cette période d’explication du phénomène n’exclut cependant pas des vagues de polémiques. Ainsi, la vulgarisation d’un phénomène scientifique qui comporte encore des parts de doute et d’ombre est-elle tout à fait envisageable. Cela remet en question l’idée que la vulgarisation scientifique ne soit seulement possible lorsque l’enjeu scientifique est complètement limpide, sans zones d’incertitudes.

La seconde raison qui nous oblige à observer effet de serre plutôt que changement

climatique est la grande variété sémantique de ce dernier syntagme. L’effet de serre est un

phénomène physique expliqué et reconnu depuis les travaux de Joseph Fourier (Fourier, 1824) notamment. Son assise historique et son origine scientifique lui permettent de se figer dans les discours médiatiques. Tandis que le phénomène, maintenant considéré comme néfaste, de changement climatique de nature anthropique, se trouve être relativement nouveau, même dans le domaine scientifique. Nous avons pu voir que le syntagme stabilisé dans les discours scientifiques est changements climatiques, au pluriel. Nous avons également repéré une variété lexicale et sémantique dès les discours scientifiques, qui nous interdit de fonder cette première recherche sur le seul syntagme changement climatique, lorsque, au contraire, le syntagme effet

de serre est systématiquement représenté pour aborder le phénomène anthropique du climat.

Une fois cette première étape franchie, nous considérons dans l’étude quantitative un certain nombre de syntagmes liés au caractère polémique du phénomène scientifique et en saillance dans les discours médiatiques, tels que climato-sceptique ou encore climategate. Pour mener cette étude, nous avons travaillé avec le logiciel Europresse, les graphiques ayant été élaborés par nos soins.

Prenant l’exemple de la PQN, avant 1995, année de parution du deuxième rapport du GIEC,

seulement deux des huit journaux nationaux18 relayaient l’information liée au climat : Le Monde

dès 1987, soit une année avant la création de l’instance experte du climat, le GIEC ; et Les

Echos, en 1991. On note un premier petit pic de parutions en 1992, année qui a vu s’organiser le

Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. En 1995, en plus des deux journaux précités, on note une diversification des titres de presse qui s’intéressent à l’effet de serre : La Croix, La Tribune et

Libération. Il faudra attendre 1997 et la signature du Protocole de Kyoto pour que Le Figaro

s’intéresse au problème climatique, 1999 pour L’Humanité et 2005 pour Aujourd’hui en France.

18 Aujourd’hui en France, La Croix, Les Echos, Le Figaro, Libération, L’Humanité, Le Monde, La

En ne se fondant que sur la PQN française, nous constatons que le nombre d’articles publiés est en nette hausse, tout comme le nombre de journaux s’intéressant à la problématique. Nous pouvons également remarquer deux moments forts, correspondant à l’apparition de deux termes dérivés liés au discours polémique : 2007 avec l’apparition de climato-sceptique en parallèle de la parution du quatrième rapport du GIEC, et 2009 pour le mot climategate, dérivé utilisé dès qu’un scandale d’ordre politique ou financier est révélé par la presse (cf. Watergate à l’origine de la notion en 1970 aux USA, Angolagate dans les années 90 en France, ou Rubygate en 2011 en Italie). L’apparition de ce suffixe anglicisé trans-spatial et trans-temporel, permet également de valider le caractère polémique de l’enjeu climatique.

Figure 8 : Fréquence d’apparition de la notion effet de serre dans la PQN française depuis 1987.

Le discours polémique n’est apparemment pas le seul attrait de l’enjeu climatique pour la presse quotidienne nationale généraliste. Certains pics de parution du nombre d’articles dans la presse correspondent avec les grandes réunions internationales qui deviennent ainsi des événements médiatiques. Cela ne suffit cependant pas à expliquer ces brutales augmentations. Entre l’organisation des Sommets de la Terre tous les dix ans, les Conférences des Partis annuelles (maintenant COP), les conférences mondiales avant l’organisation annuelle des COP, les parutions de nombreux rapports intermédiaires par le GIEC, il y a plus de réunions internationales pouvant susciter l’intérêt médiatique que d’accroissements brutaux observés. Quelles sont les raisons pour lesquelles certaines réunions trouvent crédit aux yeux des médias ?

La figure suivante, à mettre en corrélation avec ce graphique, donne à voir les événements médiatiques internationaux relatifs au climat. On remarque que l’augmentation de parutions

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d’articles relatifs à l’effet de serre est en corollaire avec les grands événements internationaux relatifs au climat et à l’environnement : le Sommet de Rio en 1992, comme la COP à Kyoto. Cependant, entre ces deux événements, l’attention retombe. Ce n’est qu’à partir des années 2000 que l’intérêt pour le sujet se répercute dans le nombre de parutions, puisque même si le nombre d’articles diminue entre 2001, année de la parution du troisième rapport du GIEC, et 2004, il n’ira plus en-deçà de 600 articles par an, atteignant un pic en 2007, lors de la parution du quatrième rapport du GIEC, qui incrimine explicitement les activités humaines dans l’augmentation des gaz à effets de serre, avec environ 2100 articles pour ces huit journaux en une année. On observe un autre pic en 2009, relatif à la création médiatique de l’événement de la COP de Copenhague. Si une Conférence des Partis a lieu chaque année, certaines ont suscité plus d’intérêt que d’autres. Ce fut le cas de Copenhague, que les médias ont posé comme limite temporelle pour pousser les classes dirigeantes à l’action au moment du renouvellement du Protocole de Kyoto.

A partir de 2004, l’évolution constante du nombre d’articles, ainsi que certains pics ne vivent plus en corrélation systématique avec une réunion internationale. Nous pouvons cependant corréler ces pics avec l’apparition de certains syntagmes suscités relatifs à la polémique dans la presse. Si l’augmentation brutale de 2007 peut s’expliquer par l’amalgame de la parution du quatrième rapport du GIEC et de l’apparition de la notion de climato-sceptique, celui de 2009 ne s’expliquerait-il uniquement que par l’apparition du climategate ? Il semblerait que non.

La réunion annuelle19 de 2009 organisée par l’ONU, pourtant considérée comme un

“marronnier”20 souvent éludé par les médias, semble avoir suscité une attention médiatique plus

importante qu’à l’accoutumé, devenant ainsi un véritable événement médiatique. Les deux graphiques suivants permettent de valider le fait que les mois de décembre 2009 et janvier 2010 représentent un ensemble particulier d’articles du point de vue quantitatif, que nous pouvons considérer comme constructeurs d’un événement médiatique, en corrélation avec la quinzième Conférence des Partis, ayant eu lieu à Copenhague.

La figure 10 montre la répartition mensuelle de la parution annuelle d’articles concernant l’effet de serre, entre janvier 2009 et décembre 2010, sous forme de pourcentage. Chaque mois correspond à une variation de parution d’articles entre 5% et 10%, allant pour les mois de novembre 2009 et janvier 2010 jusqu’à 12%. Le mois de décembre 2009, pendant lequel se déroulait la COP 15 à Copenhague, voit son pourcentage monter en flèche jusqu’à 24%. Le graphique suivant montre quant à lui l’intérêt suscité par les COP dans la presse, mettant en corrélation le nombre annuel d’articles avec le nombre d’articles parus pendant le mois des COP.

Figure 10 : Parution mensuelle d’articles relatifs à l’effet de serre entre janvier 2009 et décembre 2010

La première, la troisième et la sixième année rassemblent entre 30 et 35% des articles parus annuellement. Ces trois dates, 1995, 1997 et 2000, voient des augmentations d’intérêts médiatiques, à mettre en relation avec la première COP en 1995 et l’adoption du protocole de Kyoto en 1997. Aucun événement international majeur n’a lieu durant l’année 2000, qui voit pourtant une forte hausse du nombre d’articles non expliqués, sauf si l’on considère le processus

19 Qui a lieu chaque année dans différents endroits du globe, alternant pays développés et pays en voie

de développement pour l’organisation.

20 Terme journalistique signifiant un événement récurrent et médiatiquement incontournable, tel que

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de publication du rapport du GIEC, qui s’étale dans le temps. Ainsi la parution du troisième rapport du GIEC édité en 2001, a connu une publicisation dès 2000.

Après 2000, le pourcentage d’articles relatif aux mois des COP varie entre 10% et 15%, montrant ainsi que le nombre d’articles est réparti plus équitablement sur l’ensemble de l’année. Les journalistes n’attendent plus les grandes réunions ou parutions internationales pour parler du changement climatique dans leurs colonnes. Les COP sont ainsi devenues des “événements” moins médiatisés que les premières années, à l’exception de la COP de 2009, année qui voit une forte augmentation du pourcentage d’articles, allant jusqu’à 24%, ainsi que nous l’avons observé précédemment. Il est intéressant de voir que la COP 16 ayant eu lieu l’année suivante à Cancun voit sa couverture médiatique retomber à la norme construite par les années précédent 2009. La question se pose de comprendre les raisons pour lesquelles cette COP 15 a suscité autant d’émulation médiatique. Est-ce dû au discours polémique ? Ou à la construction événementielle inhérente aux médias ? Dans ce dernier cas, comment expliquer cette construction événementielle ? Nous considérons que cette montée en puissance médiatique a concouru à la construction de représentations relatives à la COP 15, et a permis de marquer les esprits par rapport à la problématique climatique.

Figure 11 : Parution mensuelle lors des mois pendant l’organisation des COP, par rapport à la parution annuelle

Cette analyse quantitative permet de retracer l’itinéraire médiatique du changement climatique par rapport à son origine, l’effet de serre. Si nous avons pu mettre en saillance certains syntagmes relatifs au discours polémique, nous ne pouvons pour l’heure rendre compte de l’historique polémique du climat dans la presse car, avant l’apparition du syntagme climato-

sceptique dans la presse, aucun indice sémantique ne nous permet de différencier le discours

climatique polémique du discours climatique médiatique non polémique. Cela ne signifie pas que le discours polémique ne soit pas marqué sémantiquement, lexicalement ou syntaxiquement.

Ces marqueurs sont mis au jour de façon qualitative. Cependant, dans une perspective quantitative, il est plus difficile de les repérer.

C. La “Une” : page de journal comme les autres ou objet sémiotique privilégié ?

Adoptant un point de vue lié à la sémiologie interprétative de l’image, la question se pose de savoir si, au regard du travail mené sur les titres de presse à propos des mots-événements, il n’existerait pas des images de presse, tous genres confondus, qui non seulement marqueraient des événements médiatico-scientifiques particuliers et qui en plus marqueraient de la même manière l’Histoire, des images-événements et des images-mémoires. D’un point de vue iconique et parlant du prion, l’agent responsable de la maladie de la vache folle, Moirand insiste sur le fait qu’« il est impossible de représenter par une photo et difficile de représenter par un dessin l’objet “prion” » (Moirand, 2007 : 20), un problème de représentation iconique latent également pour le changement climatique, car celui-ci ne peut être perçu qu’au travers de données construites par informatique.

En tant que profane, on ne perçoit pas le changement climatique, on y croit, car des scientifiques l’exposent au travers d’images, de graphiques, de représentations construites. Le point de vue sémiologique propose de catégoriser les images relatives à la presse selon trois modes de production. Nous appelons l'image enregistrée image indicielle en cela qu'elle est censée représenter de façon indicielle, anaphorique ou paraphrastique, le référent. L'image

fabriquée correspond au dessin de presse, il s’agit d’une représentation reconstruite d'un objet. Il

peut également s'agir d'images dites scientifiques. La presse compte une troisième forme d'images que l'on nomme infographique, partant du journalisme de données, l’infographe construit une information au travers d’une illustration ou d’un graphique reprenant des données, le plus souvent chiffrées. Il s'agit de graphiques et schémas, cartes et autres visuels proposant une forme de représentation nouvelle car inexistante, à l’inverse de la démarche scientifique. La représentation devient la présentation d'un objet dont le référent est également fabriqué pour l'occasion. Jean-Claude Mouriquand, journaliste de carrière et ayant fréquenté tous médias à ce propos, nomme cette mise en image une « scénarisation de l'information » (Mouriquand, 1997 : 26).

Cependant, nous considérons que l’étude des images seules n’est pas pertinente afin