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C HAPITRE 5 – V ERS UN SEMIO SYNCRETISME

I. Sémiologie des indices : problèmes théoriques et méthodologiques

1. La culture en tant que système : la phase systémique

D’après l’ouvrage restituant les pensées de Ferdinand de Saussure (CLG, 1996 [1916]), le

Cours de Linguistique Générale, ce dernier voit la langue comme « un système qui ne connait

que son ordre propre » (CLG, 1996 [1916] : 43). Le signe linguistique, unité qui compose la structure de la langue, est « une entité psychique à deux faces » (CLG, 1996 [1916] : 99) distinctes : le concept et l’image acoustique. Le signe est issu de la combinaison de ces deux « faces ». Saussure les nomme signifié pour le concept et signifiant pour l’image acoustique. « Nous proposons de conserver le mot signe pour désigner le total, et de remplacer concept et

image acoustique respectivement par signifié et signifiant ; ces derniers termes ont l’avantage de

marquer l’opposition qui les sépare soit entre eux, soit du total dont ils font partie » (CLG, 99) et d’expliquer que « le lien qui relie un signifié à un signifiant est arbitraire » et linéaire (CLG, 1996 [1916] : 100).

Ces deux définitions de système et de signe saussurien permettent l’émergence d’une linguistique descriptive et synchronique, plutôt que prescriptive et diachronique. Elles ouvrent la voie à un nouveau paradigme scientifique : la démarche structurale qui sera empruntée non seulement par la sociologie et l’anthropologie (Lévi-Strauss), mais également par la psychanalyse (Lacan).

Saussure insiste sur le lien de nature arbitraire (CLG, 1972 [1916] : 100) qui unit le signifié et le signifiant, créant ainsi le signe. En montrant l’arbitraire du signe, il précise que le lien unissant l’image acoustique au concept est de nature conventionnelle et culturelle. Aucun signifié ne se rattache naturellement au signifiant /cheval/ par exemple. C’est la culture, l’habitude, qui remplit le signifiant /cheval/ du signifié <cheval>. Le signifiant est « arbitraire par rapport au signifié, avec lequel il n’a aucune attache naturelle dans la réalité » (CLG, 1996 [1916] : 101). Ainsi peut-on percevoir le caractère immotivé du signe linguistique, et par continuum, celui du signe sémiologique.

Cependant, l’arbitraire du signe et la nature immotivée de la langue n’offrent pas de liberté au locuteur dans la construction de sa langue. Au contraire, le lien culturel ou conventionnel oblige à employer des signes compréhensibles pour la plupart des locuteurs. Cette obligation de compréhension mutuelle est nommée par Saussure la carte forcée du signe : « La masse sociale n’est pas consultée, et le signifiant choisi par la langue, ne pourrait pas être remplacé par un autre. Ce fait, qui semble envelopper une contradiction, pourrait être appelé familièrement “la carte forcée” » (CLG, 1996 [1916] : 104).

Bien que Saussure pense que « le signe linguistique échappe à note volonté », et que « la loi admise dans une collectivité est une chose que l’on subit » (CLG, 1996 [1916] : 104), la dynamique de la structure viendrait également de la masse parlante de façon non consciente. Parlant de la langue, le maitre Genevois admet que « la langue […] subit sans cesse l’influence de tous […] elle fait corps avec la masse sociale » (CLG, 1996 [1916] : 107-108). Le CLG résume les différents concepts relatifs au signe sous la figure 16.

Les flèches représentent les conventions sociales préétablies, le rapport externe à la langue et la relation entre le signifié et le signifiant construisant par là même la signification du signe. Même si le référent est absent de cette représentation, les conventions sociales sont bien représentées, et dans les deux directions: du signifié vers le signifiant, mais également du signifiant vers le signifié. Ces conventions permettent une stabilité relative de la langue dans une communauté de locuteurs, pour une bonne compréhension et une bonne communication. La barre entre le signifiant et le signifié matérialise l’arbitraire qui unit ces deux faces pourtant indissociables, pour former le signe.

Figure 14 : Le signe saussurien

Concept Image acoustique

Objet de culture, la langue oblige à comprendre et à unir un signifiant avec un signifié ; elle force à dire sans que cette masse parlante évoquée par Saussure ne puisse rien faire pour changer cela. Mais la langue est également dynamique, elle évolue sans arrêt au travers des utilisations des locuteurs. Selon Saussure, « la langue est un système dont tous les termes sont solidaires et où la valeur de l’un ne résulte que de la présence simultanée des autres » (CLG, 1996 [1916] : 159). Un signe seul ne peut vivre que grâce et en dépit des autres signes. Cet ensemble de signes régis par des relations différentielles forme donc un système. Chaque signe se limite réciproquement en fonction des autres signes, à travers un rapport négatif. La valeur qu’évoque Saussure est la manifestation de ces rapports différentiels ou négatifs entre les signes. Elle est extérieure au signe, contrairement à la signification, issue de l’interrelation entre signifiant et signifié.

Figure 15 : Le système de signes

Dans la figure 17, la signification d’un signe est montrée par les flèches verticales, tandis que sa valeur est représentée par les flèches horizontales. Ajoutons que l’existence d’une valeur dépend de deux facteurs : elle peut être échangée par un élément dissemblable, une ‘idée’, et elle peut être comparée avec un élément similaire, un autre signe, prouvant ainsi que la valeur d’un signe se construit à l’extérieur de celui-ci : « faisant partie d’un système, il [le signe] est revêtu, non seulement d’une signification, mais aussi et surtout d’une valeur » (CLG, 1996 [1916] : 159).

Résumant ainsi sa vision de la langue, Saussure énonce que « dans la langue, il n’y a que

des différences (…) Qu’on prenne le signifié ou le signifiant, la langue ne comporte ni des idées

ni des sons qui préexisteraient au système linguistique, mais seulement des différences conceptuelles et des différences phoniques issues de ce système » (CLG, 1996 [1916] : 166). La méthode employée pour définir la valeur et la signification d’un signe repose alors sur la méthode phonologique mise au point pour découvrir les traits distinctifs d’un phonème en fonction des autres phonèmes sur la chaine parlée de la langue. La commutation demande le remplacement d’un signe avec un autre de la même classe grammaticale ou lexicale, afin de repérer les différences portées par ce nouveau signe.

Saussure propose un second concept-clé : la linéarité du signifiant. Le signifiant peut être représenté par une ligne spatiale avec l’écriture, ou temporelle avec l’oralité. La spatialité

<signifié> /signifiant/ <signifié> /signifiant/ <signifié> /signifiant/

remplace dans ce contexte la temporalité de l’oralité qui exige que l’on ne peut ni énoncer ni appréhender plusieurs signifiants dans un même temps. Le signifiant linéaire linguistique s’oppose au signifiant iconique que l’on peut percevoir accompagné d’autres signifiants visuels dans un même temps et dans un même espace, afin d’attribuer au nouveau groupe de signifiants un signifié particulier. Il s’agira ici du signifiant sémiologique.

Saussure considère la langue comme « un système qui ne connaît que son ordre propre », précisant que la langue est une structure composée d’unités et régie par une « grammaire » particulière. Il explique également que « la linguistique n’est qu’une partie de cette science générale, les lois que découvrira la sémiologie seront applicables à la linguistique » (CLG, 1996 [1916] : 43 puis 33). Nous pouvons donc considérer que tout système sémiologique est composé d’unités spécifiques et de règles qui les combinent.

Afin de révéler cette « grammaire », le linguiste se doit de travailler en immanence, considérant dans son analyse toutes les données linguistiques, mais seulement ces données,

délimitées par la construction du corpus27. Abordé par Saussure en ces termes : « la linguistique

a pour unique et véritable objet la langue envisagée en elle-même et pour elle-même » (CLG,

1996 [1916] : 317), le terme d’immanence n’apparait cependant pas dans ses écrits, mais le principe assure un point de vue strictement linguistique à l’analyse structurale de la langue. Ainsi, une fois le corpus constitué, celui-ci doit-il être appréhendé comme un tout autonome, sans recours aux événements extralinguistiques, sans recours à ce qui a permis de construire socialement les éléments composant le corpus. Le principe métalinguistique d’immanence est explicitement développé par Louis Hjelmslev, linguiste danois qui considère que tout recours aux faits extralinguistiques doit être exclu, parce que préjudiciable à l’homogénéité et donc à la pertinence de la description. Hjelmslev défend le principe d’immanence comme un point de vue spécifique sur un objet spécifique, fondé avant tout sur la forme, le signifiant saussurien.

Si le point de vue strictement linguistique n’est plus tenable en sémiologie, l’appréhension des seuls éléments du corpus peut cependant s’entendre dés lors que l’intérêt se porte exclusivement sur le message linguistique ou iconique, et non plus sur l’ensemble des éléments qui constituent l’acte de communication. Initié par la volonté d’un énonciateur, l’acte de communication s’ancre dans un contexte spécifique, dans un temps et dans un espace donné, ainsi qu’en fonction de différents locuteurs, respectivement émetteurs et récepteurs. L’acte de communication suppose également un message à transmettre à propos d’un référent, la réalité, au travers d’un canal et en fonction d’un code commun. L’acte de communication est reconnu selon la figure suivante, il s’agit du plan relatif à toute communication, qui compte obligatoirement un

destinateur ou émetteur, un destinataire ou récepteur, un message, un contexte, un code et une mise en contact.

Figure 16 : Le modèle général de communication associé aux fonctions du langage selon Jakobson (1963 : 214)

Fondée exclusivement sur le message au sein de l’acte de communication, et sur le code, l’immanence exclut du même coup l’appréhension de la circulation d’Objets dans différentes sphères sociales pour deux raisons. La circulation présuppose la prise en compte de l’acte de communication d’une part et l’analyse de corpus variés d’autre part.

Saussure décrit la sémiologie comme « une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale » (CLG, 1972 [1916] : 33). Il entrevoit la sémiologie comme une science qui tente de structurer les lois régissant les signes, non plus seulement dans la langue, mais également dans la vie sociale. Sur le modèle du linguiste suisse, Anne-Marie Houdebine fonde sa sémiologie sur l’hypothèse de la mise en structure de toute matière culturelle. Considérant tout Objet construit à l’image de la langue, la sémiologie interprétative indicielle travaille le corpus comme un système de signes « analysable en termes de relations différentielles syntagmatiques et associatives » (Houdebine, 2007 : 211). Dans une démarche empirico-déductive, l’approche sémiologique indicielle tente de mettre au jour la grammaire qui régit le corpus, son système sous-jacent. Houdebine comprend ce système sémiologique comme « une somme de différences (au plan formel en suivant Hjelmslev (1968) formes d’expression et formes de contenus), et ‘ensemble de conventions de nature sociale’ s’imposant au sujet parlant sans qu’il en ait la maitrise consciente ou intentionnelle » (Houdebine, 2007 : 14). Il s’agit davantage de plusieurs systèmes en coprésence, à l’instar de la proposition de Barthes dans son article « Rhétorique de l’image », d’analyser d’abord le message linguistique, puis le message iconique littéral et enfin le message iconique connoté (Barthes, 1964).

Cette première étape permet la description minutieuse du corpus en fonction de la méthode phonologique de commutation afin de mettre au jour la grammaire, le système de l’Objet. Houdebine met cependant l’accent sur le fait que, puisque les Objets de recherche investis par la sémiologie interprétative se veulent « flous et imprécis », le système peut également être, non pas flous et imprécis, mais non saturable, souple, à l’inverse du système phonologique, structure ferme et saturable, comme l’est le code de la route. Sont nommés par la linguiste la structure souple structuration et la structure ferme code.

Louis Hjelmslev emprunte certains concepts saussuriens pour les remodeler en fonction de sa propre théorie, la glossématique.

A la théorie de Hjelmslev, Houdebine emprunte d’abord le principe d’immanence. En effet, elle acquiesce à la remarque de Mounin lorsque ce dernier propose une sémiologie de la communication, concernant l’obligation de scientificité et d’objectivité de la sémiologie. Elle conçoit cette scientificité en montrant que le corpus à analyse peut tout à fait l’être de manière

immanente, sans avoir recours – dans un premier temps – au contexte énonciatif, tout en

recherchant le système caché régissant les signes en présence. « Pour ce faire, il [le cadrage] doit penser ses conditions de scientificité d’autant que nous avons affaire à des objets aux contours mal définis, c’est-à-dire à ce que A. Moles désigne comme une “science de l’imprécis” » (Houdebine, 1999 : 219). Par sa rigueur et sa scientificité, le structuralisme saussurien offre ainsi un recours précieux à cette sémiologie qui se veut interprétative.

Le signifiant et le signifié saussuriens sont remplacés respectivement par l’expression et le

contenu. La nuance qu’introduit Hjelmslev est la relation qu’entretiennent expression et contenu

à travers ce qu’il appelle la fonction sémiotique. En créant son propre métalangage, concept qu’il a par ailleurs inauguré dans son ouvrage Prolégomènes à la théorie du langage, Hjelmslev explique la notion de fonction comme une relation de dépendance étroite entre ce qu’il appelle des fonctifs ; des objets ayant une fonction par rapport à d’autres objets. Cette ‘dépendance étroite’ correspond à l’indissociabilité de la relation signifiant / signifié de Saussure. Le signe hjelmslevien peut se résumer ainsi :

« la fonction sémiotique posée entre deux grandeurs : expression et contenu […] il ne pourrait y avoir de fonction sémiotique sans la présence simultanée de ces deux fonctifs, de la même façon que ni une expression et son contenu, ni un contenu et son expression ne pourront jamais exister sans la fonction sémiotique. » (Hjelmslev, 1971 [1943 1ère édition en danois] : 66).

A travers cette segmentation des éléments construisant le signe, Hjelmslev stratifie le langage. Il considère également que « expression et contenu sont des grandeurs de même ordre, égales à tous les égards » ((Hjelmslev, 1971 [1943 1ère édition en danois] : 79). Selon Hjelmslev, « la

description doit être non contradictoire, exhaustive et aussi simple que possible » (Hjelmslev, 1984 : 19).

Figure 17 : Le signe hjelmslevien

Houdebine emprunte également le concept de stratification pour appréhender le corpus sémiologique. La stratification est un processus de déconstruction du corpus, il rejoint l’idée d’une catégorisation inconsciente que l’on opère, parfois sans s’en rendre compte. La stratification que propose la sémiologie interprétative indicielle prend corps dans la proposition barthésienne d’analyser de façon distincte le texte, l’image et la mise en scène. Ainsi l’inventaire des éléments se fait-il en fonction d’une stratification, non pas dans l’épaisseur du corpus, mais comme agent de déconstruction et de classification des éléments susceptibles d’être pertinents quant à la construction des effets de sens et à la mise au jour des insus culturels. Il s’agit d’un découpage du corpus selon les éléments qui le constituent et qui sont de différentes natures, cette démarche répondant au principe d’homogénéisation des corpus. L’idée est de comparer les mises en scènes, puis les couleurs, puis la syntaxe etc. Cette démarche descriptive est nommée l’analyse systémique immanente. Houdebine nomme les éléments dégagés par cette analyse des

indices ou des proto-signifiants. Trois différentes strates, décomposables en autant de sous-

strates que nécessaire, sont proposées pour l’analyse systémique immanente. « Inspirée de Hjelmslev (1972), la méthode de stratification est souple : les strates en question sont définies de façon ad hoc, selon les objets analysés, en termes de formes d’expression et de formes du contenu (phrastiques, discursives, énonciatives, sémantico-référentielles) » (Houdebine, 2007 : 215). La linguiste défend l’idée que l’analyse doit débuter par la strate qui porte a priori le moins d’éléments susceptibles de produire des signifiants indiciels, et doit surtout se clore par la strate considérée par la linguiste comme la plus signifiante : la strate linguistique (Houdebine, 1994a : 32). Notons que le signifiant indiciel est l’unité de description qui n’intervient qu’à la suite des inventaires. Théoriquement, rien ne permet de dire lors de la description les éléments qui joueront un rôle dans l’interprétation.

Difficile, dans ce contexte, d’appliquer le principe de pertinence cher à Martinet au corpus sémiologique. Martinet explique que « toute description suppose une sélection » (Martinet,

FONCTION SEMIOTIQUE R Plan de l’expression Projection de la forme sur la substance Projection de la forme sur la substance Substance de l’expression Forme de l’expression Substance du contenu Forme du contenu Plan du contenu

1970 : 31). La sélection dont il parle détermine le point de vue adopté par l’analyste, selon ce qu’il souhaite mettre au jour. « Toute description sera acceptable à condition qu’elle soit cohérente, c’est-à-dire qu’elle soit faite d’un point de vue déterminé » (Martinet, 1970 : 31). Cependant, partant d’une démarche empirico-déductive, sans hypothèse préétablie, le principe de pertinence voudrait que l’analyste décrive dans une grande minutie l’ensemble des éléments qui composent les unités du corpus. « Une description est nécessairement finie, ce qui veut dire que seuls certains traits de l’objet à décrire pourront être dégagés » (Martinet, 1971 : 31). L’exhaustivité de la description apparaît alors comme nécessaire, bien que la démarche puisse se prévaloir ensuite comme hypothético-déductive.

La première strate à analyser est la strate scénique, qui décompose les éléments de la mise en scène d’une image ou d’un texte. Nous aborderons cette strate spécifique dans le chapitre six concernant le corpus et sa sélection car, pour une ‘Une’ de quotidien, la mise en scène est autant une gageure que le titre ou l’image sélectionnés. Pour cette raison, nous considérons que cette strate peut comporter autant de proto-signifiants susceptibles de devenir des signifiants indiciels que les autres strates. La deuxième strate concerne l’élément principal de l’image, ce que l’image offre à voir : produit ou situation d’utilisation du produit pour la publicité, événement médiatique ou illustration de cet événement pour les photos et dessins de presse, personnage jouant un rôle dans l’événement, etc. Enfin, la strate linguistique s’attache à décrire par le menu l’ensemble des éléments qui constitue le texte autour de l’image : le slogan pour la publicité, les éléments de titraille, mais également les légendes et le corps du texte pour la presse. Rappelons que chaque texte peut également constituer une image. Pour cette raison, la primauté signifiante du texte ne tient plus. Chaque aspect du corpus sera décrit indépendamment des autres.

L’inventaire minutieux des éléments du corpus permet leur classification en fonction de leur récurrence dans le corpus et en fonction de rapprochements de traits distinctifs en ensembles à l’intérieur du corpus. Pour expliquer cette démarche, Houdebine utilise les notions de convergence et de périphérie. La convergence permet de construire une norme, voire un stéréotype culturel selon la spécification de l’Objet eu égard à d’autres objets. La périphérie offre une lecture des représentations en devenir ou en cours de disparition. « Les éléments périphériques sont aussi spécifiants ; ils fonctionnent comme des traits distinctifs manifestant une dissemblance par rapport à l’ensemble des autres formes (…) indicatrice d’une dynamique de la structure (code ou structuration) » (Houdebine, 2007 : 216).

Une autre voie est possible : celle d’un équilibre entre les différentes utilisations des moyens de représentation d’un même Objet. Dans ce contexte, il s’agira de divergences qualifiées « d’une indécidabilité descriptive, d’une hétérogénéité binaire en quelque sorte (50%/50%) ou

tout du moins équilibrée (20%/20%/20%/20%/20%) et par là même indécidable au niveau de la formalisation » (Houdebine, 1994a : 49). La divergence ne semble donc pas pouvoir porter des éléments susceptibles de devenir des signifiants indiciels à utiliser lors de l’interprétation, sauf à considérer que cette divergence même est pertinente.

La mise au jour des convergences, périphéries et divergences permet de mettre en évidence les modèles les plus courants, ceux qui sont en ascension et ceux qui sont voués à disparaître, selon le concept de synchronie dynamique d’André Martinet et développé par Anne-Marie Houdebine, à travers, notamment, la notion d’épaisseur synchronique. Il s’agit de montrer, au travers de ce terme, « le non statisme de la synchronie » (Houdebine, 1985 : 19) d’une part, et