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L’histoire de l’immigration et des politiques d’immigration au Canada

Les immigrants sont le cœur de la société et de l’identité canadiennes. Tous les habitants du pays sont des immigrants ou des descendants de migrants, sauf les populations autochtones. Les plus anciens sont arrivés, il y a 450 ans. Le Canada a été bâti par des immigrants provenant principalement de bassins de populations assez homogènes : la France et les îles britanniques. Le pays se fonde sur la croyance que l’immigration est indispensable à la prospérité et la croissance (Conseil économique du Canada 1991).

Lors de la fondation de la Confédération canadienne en 1867, l’immigration est faible car la croissance démographique, due à un taux de nativité élevé, est très importante. Les habitants du Canada sont d’origine française, irlandaise, écossaise et anglaise.

De 1860 à la fin du 19ème siècle, le solde migratoire reste négatif. L’immigration

connaît une recrudescence passagère, mais importante lors de la colonisation de l’Ouest, de 1900 à 1914. Le taux de croissance de la population canadienne atteint un niveau sans

d’immigration soit les États-Unis et la Grande-Bretagne. Mais le profil ethnique des nouveaux arrivants se diversifie : ils sont issus des pays du nord (Scandinavie, Pologne) et du sud de l’Europe (Italie). L’immigration en provenance de l’Asie (Chine, Japon, Inde)

connaît une très forte progression au début du 20ème siècle (Couturier 1996 : 121).

En revanche, après la Deuxième Guerre mondiale, l’immigration devient un facteur de croissance démographique important et constant. Néanmoins, elle ne joue pas un rôle aussi grand que l’accroissement naturel dans le peuplement du pays. Le bilan du Conseil économique du Canada (1991 : 2) conclut que l’immigration n’est pas nécessairement indispensable au Canada (quelques-unes des périodes de forte immigration ont été nécessaires mais il ne s’agit pas d’apport continu). Ce serait l’alternance des périodes de prospérité et de stagnation qui fait fluctuer l’immigration et non l’inverse. Ainsi, au Canada, l’immigration ne serait pas une source de prospérité mais seulement le moyen de combler les déficits de main d’œuvre lors des périodes d’essor économique. A la fin des années 1840, les immigrants proviennent de Grande-Bretagne, d’Italie, d’Allemagne, des Pays-Bas et de Pologne. Corrélativement, la natalité est le facteur le plus important dans l’augmentation de la population canadienne dans les années 1840 et 1850 (Couturier 1996 : 276).

Dans les années 1880, le Canada compte 1 250 000 immigrants qui ont élu résidence dans les grands centres urbains. Un tiers est d’origine européenne, les autres sont originaires d’Asie, d’Afrique, des Antilles et d’Amérique du sud. Les deux traits principaux de cette décennie est l’augmentation du nombre de demandeurs du statut de réfugiés et la prise de conscience collective et gouvernementale de la chute du taux de natalité et du vieillissement de la population.

Bien que l’on signale, dès l’origine de la Fédération Canadienne, la présence de population non-caucasienne, le Canada, à l’instar de l’Australie et des États-Unis d’Amérique, mène, de 1880 aux années 1950-1960, une politique d’immigration discriminante. Le Gouvernement fédéral privilégie les immigrants des îles britanniques, des États-Unis d’Amérique, des pays du nord-ouest de l’Europe (des populations russes et

d’Europe de l’est peuplent l’ouest du Canada depuis la fin du 19e

siècle). Les Asiatiques et les populations noires de toutes provenances ne sont pas les bienvenus et même parfois sont systématiquement exclus. Les restrictions sont plus grandes encore en période de chômage. Avec le Gouvernement progressiste-conservateur élu en 1957 (qui succède au Gouvernement libéral), la politique d’immigration devient une politique active avec

l’établissement de règlements de sélection en vue de combler le manque de main d’œuvre. L’objectif de cette nouvelle définition de la politique canadienne d’immigration est d’attirer au Canada un éventail restreint de travailleurs hautement qualifiés et des entrepreneurs prêts à investir (Conseil économique du Canada 1991 : 5).

Le Gouvernement fédéral libéralise alors sa politique en matière d’immigration et la rend moins discriminatoire à l’encontre des non-Européens. Ainsi, en 1967, un nouveau régime de sélection des immigrants prévoit l’attribution de points en fonction des caractéristiques recherchées. Les critères qui guident le Ministère de l’immigration dans la sélection des immigrants ne tiennent plus compte de l’origine nationale des candidats à l’immigration mais de leurs compétences, de leur formation, de leurs ressources financières et de leur langue.

Cette nouvelle politique de sélection favorise l’arrivée des ressortissants des pays en développement : les immigrants en provenance des Antilles, d’Afrique et d’Asie atteignent 70 % entre 1977 et 1990 (ils n’étaient que 5 % entre 1946 et 1955). Les destinations privilégiées des nouveaux arrivants sont les grandes villes comme Montréal, Vancouver et Toronto (Couturier 1996 : 345). Ces dernières revêtent un visage de plus en plus cosmopolite.

En 1977, dix ans plus tard, une nouvelle loi associe les niveaux d’immigration aux caractéristiques démographiques et aux conditions du marché du travail, elle améliore le système de points comme système de sélection et elle fait concorder les prévisions d’immigration et les arrivées. Ainsi, la société canadienne devient de plus en plus diversifiée sur le plan ethnique : 33 % des Canadiens qui se réclament d’une seule origine ethnique (recensement 1981) sont de descendance autre que française ou britannique (ils n’étaient que 26 % lors du recensement de 1961) (Couturier 1996 : 345).

A la même époque, les provinces commencent à se sentir concernées par la politique d’immigration. L’accord Cullen-Couture en 1978 permet au Québec de donner son avis sur la sélection des immigrants. A la fin des années 1990, d’autres provinces vont aussi pouvoir le faire mais le Québec reste la seule province à décider entièrement du choix de la personne qu’il accueillera sur son territoire.