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L'extrapolation d'un village à l'ensemble d'une région

Statistiques et toponymie

L'étude d'un lieu en particulier nous a servi d'étalon pour appréhender les autres lieux de la région. Comme nous ne pouvions passer des semaines dans chacun d'entre eux, il nous a fallu déterminer à partir de ce lieu principal quelles informations étaient les plus nécessaires et comment les collecter. C'est dans cette perspective que nous avons recueilli les données statistiques sur la région. L'ONS nous a fourni les données par village des trois recensements de la population. Parmi ces données, seule le référencement des localités et leur population nous ont intéressés. Savoir combien d'habitants vivent dans tel village est aussi important que de savoir quels village ont été recensés. Les services de l'hydraulique nous ont permis d'avoir une idée assez précise de l'importance des points d'eau et surtout de leur localisation d'après les coordonnées géographiques. Néanmoins, tous les puits ne sont pas réalisés avec l'accord de la direction de l'hydraulique et ne sont pas conséquent pas référencés. Ensuite, les données concernant le nombre d'élèves et le nombre de classes étaient disponibles auprès du ministère de l'éducation nationale. Enfin, de nombreuses données complémentaires étaient fournies par les documents des organismes de développement. Ils comportaient notamment des informations sur le financement d'aménagement et le nom des responsables locaux de ces aménagements.

Cet ensemble a constitué une première base permettant des comparaisons entre localités de l'ensemble de la wilaya. Cependant, il nous a fallu la compléter par des informations souvent qualitatives que nous ne pouvions pas obtenir pour toutes ces localités (date de création de la localité, dominante tribale, présence d'un élu). Les compléments ont été obtenus lors de visite dans les localités ou bien, suite à de nombreux entretiens avec des habitants rencontrés à Ayoun. De la sorte, nous avons couvert l'ensemble de trois communes, Agjert, Benaman et Hassi Ehel Ahmed Bichna et partiellement quatre autres, Ayoun El-Atrouss, Oum Lahyadh, Timzin et Tenhamad (Cf. fig. 2). Le croisement de toutes les sources pour compléter les données par localité nous a posé un problème de toponymie. D'un recensement à l'autre, une même localité peut s'orthographier de plusieurs manières. Par ailleurs, une même localité peut être

répertoriée sous deux toponymes différents. Chacune d'entre elles n'étant pas systématiquement mentionnée avec ses coordonnées géographiques (seule la direction de l'hydraulique et le recensement de 2000 les fournissent), il a parfois été nécessaire de s'informer auprès de personnes connaissant la région pour ne pas confondre deux localités différentes et pour ne pas en dissocier deux qui sont en réalité la même. Malgré cela, il est possible que des erreurs se soient glissées dans nos données, nous amenant, par précaution, à éliminer certaines localités des traitements statistiques. Dans notre présentation, nous avons en général retenu les toponymes administratifs, parfois complétés par ceux plus utilisés par les habitants.

Enquêtes par questionnaire et entretien

Ces données nous ont permis de dresser des tableaux comparatifs et de réaliser des cartes des communes concernées, mais seules, elles ne pouvaient nous permettre de répondre à nos questionnements. Outre l'observation prolongée d'un village, nous avons réalisé plusieurs enquêtes. La première a concerné les quarante et une localités situées aux abords de la route goudronnée sur un tronçon de 70 km entre Ayoun El-Atrouss et N’Beika183. Le questionnaire comportait une vingtaine de questions, certaines fermées et d'autres ouvertes. Elles ont été posées, la plupart du temps, au mess'oul (responsable) de la localité. La seconde enquête a concerné les “propriétaires” de puits travaillant en ville ou à l'étranger184. L'entretien débutait par un questionnaire puis se prolongeait par un entretien semi-directif puis libre. La première partie permettait d'emmagasiner des données comparables et la seconde d'ajuster nos problématiques et de faire évoluer notre réflexion. Une troisième enquête moins exhaustive (moins de dix entretiens), s'est intéressée aux rapports qu'entretiennent les résidents à la capitale avec leur localité d'origine185. Enfin, pour appréhender le fonctionnement des programmes d'aménagement et des projets de développement, nous en avons recensé dix dont les applications concernent nos localités. Nous avons dégagé pour chacun l'origine du financement, le rôle de l'État dans la mise en œuvre, les instances décisionnelles dans le choix des localités bénéficiaires et les critères de sélection186.

183 Nous la dénommerons : "enquête de la route goudronnée". Cf. annexe 1 184 Nous la dénommerons : "enquête sur les puits". Cf annexe 3

185 Cf annexe 4

Toutes ces enquêtes systématiques laissaient des vides ou des blancs. Les réponses posaient également de nouveaux problèmes, de sorte qu'il restait toujours des questions en suspens. Pour y répondre, nous choisissions deux ou trois personnes que nous supposions compétentes pour nous entretenir avec elles de points particuliers. Lors de chacun de ces entretiens, les questions étaient personnalisées, exclusivement adressées à nos interlocuteurs.

En règle générale, les enquêtes ont été menées sans enregistrement sonore. L'objectif n'étant pas de réaliser des analyses de contenu, cet outil s'est avéré souvent plus handicapant. Non seulement les grains de sables grippaient la bande, mais surtout, l'appareil donnait un aspect trop solennel à l'entrevue pour pouvoir discuter sereinement. Par ailleurs, les échanges se sont déroulés avec des interlocuteurs francophones et hassanophones. Pour les questions fermées ou celles à réponses simples, nous nous passions d'interprète mais pour les entretiens semi-directifs ou libres, nous avions besoin d'une traduction. Celle-ci était assurée par une personne connue de notre interlocuteur et par fois choisie par lui. En aucun cas, nous n'avons emmené dans nos valises un interprète aussi étranger à la localité que nous. Si la méthode nous a parfois bloqué faute de trouver un francophone, elle a permis d'établir des contacts moins protocolaires et peut-être plus approfondis.

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