• Aucun résultat trouvé

Chapitre III. L’émergence des écomusées et des musées de société

2. Présentation du corpus de recherche

2.1. L’exposition permanente

2.1.1. Un dispositif dédié à l’histoire de la ville nouvelle

Inspiré des centres d’interprétation171 québécois, cet espace d’exposition permanente

sert d’outil de compréhension de l’histoire et de la construction des sept communes du territoire. Plus précisément, il retrace les grandes étapes du développement de l’urbanisme et de l’architecture dans la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, du début du XXe siècle jusqu’à sa labellisation en « Ville et Pays d’art et d’histoire ». L’approche globale du centre d’interprétation est à la fois ludique et didactique. À côté des bornes interactives, l’exposition est faite de supports écrits et visuels qui lui donnent un aspect évolutif : photographies, vues aériennes contemporaines, plans, cartes postales anciennes, etc. Cette démarche est « compréhensive », dans le sens où elle pose des questions et aide à y répondre.

2.1.2. Une approche métaphorique de l’objet

Quatre objets insolites racontent, à la première personne, de façon ludique, les quatre étapes de la construction de la ville et l’évolution de la vie quotidienne (voir annexe 17, p.313- 314). Ce sont des référents majeurs qui aident à la réflexion et sont symboliques des quatre thèmes évoqués.

171 Notion d’origine nord-américaine, théorisée par Freeman Tilden dans les années 1950 à propos de l’exemple

des parcs nationaux. « L’interprétation » consiste à valoriser le patrimoine en transmettant au visiteur, par le moyen d’animations et d’échanges, les valeurs du patrimoine naturel et culturel, afin qu’il se sente concerné. Selon les propos de Tilden : « Le propre de l’interprétation est de stimuler chez le visiteur un désir d’élargir l’horizon de ses intérêts et de ses connaissances et de l’aider à comprendre les grandes vérités qui gisent derrière tout constat des faits… ». Plus particulièrement, la notion d’interprétation accorde à l’objet une valeur différente de celle qu’il aurait « dans un musée “traditionnel” où il est conservé et exposé pour sa valeur intrinsèque et sa dimension esthétique » (Scipion : 1999).

168

1- « La lente évolution d’un territoire agricole » (1682-1914) : la proximité de

Versailles a joué un rôle important dans l’évolution du territoire de Saint-Quentin-en-Yvelines, de l’installation de Louis XIVà Versailles jusqu’en 1914.

Objet d’illustration : le médaillier Pluchet, un objet agricole évoquant le passé rural du territoire.

Texte explicatif :

« Je suis un médaillier ; vous me direz “c’est quoi un médaillier ?” C’est un tableau où sont incrustées les 99 médailles agricoles gagnées par mon propriétaire, Emile Vincent Pluchet. J’ai été fabriqué sous Napoléon III même si ma famille a réuni ses premières terres pendant la Révolution française, lors de la vente des biens nationaux ».

2- « Les débuts du développement industriel et urbain » (1914-1960) : le XXe

siècle a vu des mutations importantes, notamment du fait de l’arrivée du chemin de fer.

Objet d’illustration : le casque de « Du Guesclin », un ancien téléphone de voie, outil de cheminots.

Teste explicatif :

« Non, malgré les apparences, je ne suis pas le casque de Du Guesclin, sorti tout droit du Moyen Âge…Je n’ai qu’une cinquantaine d’années et je suis venu en train de la gare de Trappes. Quand on m’ouvre, on découvre que je renferme un téléphone d’alarme local qui servait aux cheminots pour communiquer entre eux ».

3- « La ville nouvelle en projet » (1965-1975) : en 1965 a démarré, à l’instigation du

général de Gaulle, la réflexion politique sur l’aménagement du territoire, destinée à restructurer administrativement la région parisienne et à créer de nouveaux centres urbains harmonieux qui répondent aux besoins des habitants (logements, espaces verts, emplois et services). Saint- Quentin-en-Yvelines, partie prenante de cette opération, s’est dotée en 1970 de son Établissement public d’aménagement (EPA), chargé par l’État de la construction de la ville.

169

Texte explicatif :

« Ma sœur jumelle et moi, on forme une paire de bottes en caoutchouc. Non, on ne sert pas uniquement à aller ramasser des moules à marée basse ; on est aussi l’objet indispensable de tout bon pionnier qui, vers 1970, a décidé d’habiter à Saint-Quentin-en- Yvelines au milieu des chantiers ».

4- « Une ville sortie des champs et des chantiers » (de 1975 à nos jours) : pendant

trente ans, les chantiers se succèdent, des quartiers sortent de terre sans interruption. Le territoire urbain de Saint-Quentin-en-Yvelines est dessiné et englobe sept communes qui, pour la plupart, sont encore, à l’époque, des villages : Élancourt, Guyancourt, La Verrière, Saint-Quentin-en- Yvelines, Magny-les-Hameaux, Montigny-le-Bretonneux, Trappes, Voisins-le-Bretonneux.

Objet d’illustration : L’hélicoptère, objet anecdotique.

Texte explicatif :

« Comme vous le voyez, je suis un hélicoptère, mais pas un hélicoptère comme les autres… On raconte que par un beau jour de 1962, j’ai survolé l’Île-de-France en compagnie du général de Gaulle (alors président de la République) et de Paul Delouvrier (chargé de l’aménagement de la Région parisienne). Vu d’en haut, ça fait désordre… On dirait qu’une petite main a semé au hasard immeubles et maisons. Devant un tel spectacle, le général de Gaulle s’est tourné vers son compagnon et s’est écrié : “Mettez-moi un peu d’ordre dans tout ce b… bazar !”. En fait, le véritable père des villes nouvelles c’est moi ! ».

La dimension symbolique prend une importance considérable dans le choix des quatre objets contemporains de l’exposition permanente. C’est leur valeur symbolique qui leur confère le rôle de témoins historiques. Proposés comme supports métaphoriques, ils ont été choisis dans la perspective d’une appréhension ethnologique du présent de la ville. L’objet ethnographique ne revêt donc pas, en l’espèce, une qualité intrinsèque de reliquat du passé.

Pour sortir du cliché qui voudrait que les villes nouvelles n’aient pas de mémoire à conserver, on a utilisé des objets insolites dépourvus de valeur matérielle, mais symboliques de l’histoire de la création de la ville. Ainsi, la botte en caoutchouc évoque la boue des chantiers que piétinaient les premiers habitants de la ville nouvelle ; quant à l’hélicoptère miniature, il fait

170 référence au fameux survol de la région parisienne effectué par le général de Gaulle, lequel, découvrant d’en haut l’urbanisation chaotique de la banlieue, a encouragé la naissance des villes nouvelles. Chacun des quatre objets est décrypté par un texte narratif rédigé à la première personne, figure de style susceptible de mieux accrocher l’attention du public.

Les expositions temporaires

Le corpus des expositions temporaires étudiées se compose de quatre expositions : ● L’appartement témoin de son temps (présentée d’octobre 2006 à septembre 2008).

● Photos de famille : toute une histoire ! (Présentée du 7 novembre 2007 au 21

septembre 2008).

● Vous avez de beaux restes ! Objets et modes de vie du XXe siècle (présentée du 15

octobre 2008 au 5 juillet 2009).

● L’art public à Saint-Quentin-en-Yvelines : des œuvres qui ne manquent pas d’air !

(Présentée du 19 septembre 2009 au 3 octobre 2010).

Documents relatifs