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PARTIE II : CADRE THÉORIQUE ET PROBLÉMATISATION

CHAPITRE 4 : LA QUESTION DE L’EFFICACITÉ DE L’ENSEIGNEMENT

5. L’efficacité des pratiques pédagogiques

Les pratiques pédagogiques des enseignants jouent un rôle important dans l’efficacité dans l’enseignement. Ces pratiques ont des effets plus ou moins directs sur les acquisitions des élèves. Les pratiques pédagogiques enseignantes ont plutôt des effets positifs sur les acquisitions des élèves lorsqu’elles sont en accord avec le rôle principal de l’enseignant qui a pour fonction de faire réussir tous les élèves scolarisés en tenant compte de leurs caractéristiques socioculturelle et économique et de celles de l’établissement.

Pour cela, Vause, Dupriez et Dumay (2009)130, à partir de données sur l’enseignement

primaire recueillies dans la communauté française de Belgique, s’interrogent sur les causes des différences entre les classes et entre les écoles au niveau des connaissances acquises des élèves.

Quant à Campbell et ses collaborateurs (2004), ils envisagent cinq dimensions de différenciation des pratiques pédagogiques relatives à l’efficacité des enseignants.

- Les premières différences concernent le type d’activité organisée par les enseignants et proposée aux élèves. Les enseignants efficaces sont ceux qui savent varier les activités de cours et créer différentes situations d’apprentissage en fonction des besoins et attentes de leurs élèves. Si les enseignants utilisent les mêmes activités de cours, leurs élèves s’ennuient et ils ne veulent pas y participer.

- Les deuxièmes différences concernent les sujets. Il s’agit ici du public accueilli dans l’école tout au long du cursus scolaire.

- Les troisièmes différences concernent les caractéristiques personnelles des élèves comme la personnalité, le style cognitif, l’estime de soi et la motivation de chacun des élèves vis-à-vis de leurs apprentissages. Si les enseignants peuvent tenir compte de ces caractéristiques chez leurs élèves, ces derniers ont beaucoup plus de chance dans la réussite scolaire.

- Les quatrièmes différences concernent le contexte culturel et organisationnel de l’école. Comme nous l’avons soulevé dans la partie précédente, l’école est un des facteurs essentiel qui a les effets positifs ou négatifs sur les acquisitions des élèves en fonction de son contexte. - Les dernières différences concernent le background des élèves. Les différences de capacité,

d’âge, de sexe et d’origine socio-économique et ethnique des élèves influencent les pratiques pédagogiques des enseignants. La plupart des recherches ont montré que tous les élèves ne profitent pas de la même manière des différents styles et méthodes pédagogiques. Les élèves les plus faibles sont plus fortement affectés par la qualité de l’enseignement que les bons

130 Vause, A., Dupriez, V. et Dumay, X. (2008). L’efficacité des pratiques pédagogiques: la nécessité de prendre

élèves (Brophy, 1986, 1992 ; Muijs, Campbell, Kyriakides et Robinson, 2005131 ;

Kyriakides, 2007). Brophy et Good (1986) confirment :

« Les élèves provenant de familles peu aisées sur le plan socio-économique et ayant des capacités cognitives plus limitées ont besoin d’un enseignement plus structuré et de renforcements positifs. Par ailleurs, ils apprennent mieux lorsque l’enseignant enseigne de manière progressive et leur fournit rapidement un feed-back ».

Creemers et Kyriakides (2006) soulignent que les enseignants efficaces sont ceux qui restent conscients que leur style d’enseignement n’a pas le même impact chez tous ces élèves face à leurs origines sociales et aptitudes différentes. Ils sont donc capables de différencier leurs pratiques pédagogiques selon leur public.

L’efficacité de l’enseignement se différencie aussi en fonction des caractéristiques des classes et de l’environnement scolaire de l’école. Les pratiques pédagogiques des enseignants peuvent être changées et adaptées en fonction de la proportion des élèves ayant des besoins spécifiques ou non. Si dans une classe, la plupart des élèves ou presque la totalité d’entre eux ont des besoins spécifiques et si les enseignants ont un comportement différencié, alors les résultats des élèves seront meilleurs. Le comportement des enseignants influence moins les bons élèves car ces derniers reçoivent plus de soutien de leurs parents comme soulignent Muijs et al. (2005) :

« Dans les écoles avec une faible proportion d’élèves ayant des besoins spécifiques et une forte proportion d’élèves ayant beaucoup de capacités, les corrélations entre le comportement des enseignants et les résultats des élèves sont faibles. Les bons élèves reçoivent sans doute plus de soutien de la part de leurs parents et sont moins influencés par le comportement des enseignants ».

Quant au rattrapage scolaire, puisque toute la classe a des besoins spécifiques afin de rattraper leurs études dans le cycle primaire, les instituteurs doivent adopter leurs comportements différents selon des situations d’enseignement.

En conclusion, les pratiques pédagogiques des enseignants ont des effets importants sur les acquisitions des élèves. Face à des origines socio-culturelle et économique et à des caractéristiques personnelles des élèves, les enseignants sont obligés de différencier leur style d’enseignement et leur pratiques pédagogiques.

Les enseignants efficaces sont ceux qui savent également adapter leur comportement en fonction du public à qui ils s’adressent. L’enquête de Carette (2008) donne des résultats importants

131 Muijs, D., Campell, J., Kyriakides, L. et Robinson, W. (2005). « Making the case for differentiated teacher

sur le travail des enseignants efficaces. Nous citons ici deux caractéristiques des enseignants efficaces dans une perspective plus constructiviste issues de son enquête.

- Par rapport au principe d’éducabilité, les enseignants efficaces défendent l’idée que tous les élèves peuvent apprendre malgré des difficultés liées entre autres à l’influence du milieu social. Ils défendent plutôt l’idée qu’« il n’y a pas des élèves intelligents et d’autres qui ne le sont pas » et estiment plutôt que l’école contribue à la progression de l’intelligence des élèves. Ils défendent plutôt une école orientée vers une préparation à la vie et ont pour la plupart d’entre eux une vision assez optimiste des élèves d’aujourd’hui. Ils sont partagés sur la question de la pratique du redoublement.

- Par rapport à la gestion de la classe, ils défendent l’idée que l’apprentissage doit se réaliser dans l’action. Ils proposent régulièrement des problèmes aux élèves, que ce soit sous la forme de défis ou de projets qui donnent du sens et de la cohérence aux apprentissages. Ces projets doivent, toutefois, à leurs yeux, être orientés vers l’apprentissage plutôt que vers la production. Ils ne négligent pas l’automatisation des procédures, car ils défendent l’idée que les élèves, sans cet outillage, risquent d’être complètement démunis face aux problèmes. Ils insistent sur le principe que les élèves doivent régulièrement confronter ce qu’ils pensent aux conceptions des autres élèves et avec celles de l’enseignant Pour favoriser cette confrontation, un climat de classe où les élèves se sentent bien est nécessaire. Ce climat doit permettre d’établir une bonne communication.

Conclusion

L’enseignant efficace est celui qui sait adapter son style d’enseignement et différencier ses pratiques pédagogiques face aux origines socioculturelles et économiques et aux caractéristiques personnelles des élèves. La direction de l’école et la culture de l’établissement scolaire ont des effets sur les acquisitions des élèves.

L’effet-école, l’effet-classe et l’effet-maître ont des effets sur le travail effectif de l’enseignant et sur la réussite des élèves car la différence de ces effets oblige à interroger la responsabilité collective des acteurs mais l’enseignant n’est pas le seul critère pour expliquer l’échec scolaire car la réussite scolaire se construit dans la relation des élèves avec la classe et à l’école dans laquelle ils sont scolarisés.

Lorsque nous parlons de l’efficacité dans l’enseignement, nous nous intéresserons à la façon dont la pédagogie contribue à l’efficacité de l’enseignement. Nous allons donc chercher à savoir quelles ressources et démarches pédagogiques l’enseignant peut mobiliser pour garantir l’acquisition des apprentissages de tous les élèves.