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Section 1 : La théorie du signal : la détection des emprunteurs de bonne qualité une condition de solidité bancaire

II. 2.2- L’avantage informationnel du suivi de l’emprunteur

La relation bancaire s’articule autour de plusieurs dimensions comme celle de l’information privée sur la situation financière du client. La fonction de la banque fait qu’elle soit considérée, sans suivre une procédure au préalable et de manière non officielle comme le comptable ou le « teneur de livres » de son client. Cette fonction, définie autrement à travers la « théorie du compte chèque » par certains auteurs, à l’instar de Fama (1985), souligne l’importance de la relation de dépôt et du flux de l’information qu’elle génère dans la détermination des conditions des relations de long terme entre la banque et son client. Guigou et Vilanova (1999) estiment que les banques, en début de relation avec les nouveaux clients, ne disposent pas encore d’avantage informationnel significatif par rapport aux autres investisseurs. En revanche, la banque accède à une information privilégiée si la relation se poursuit dans le temps. Cette interprétation s’inscrit dans la lignée de la pensée de Fama (1985), selon laquelle, un créancier accumule de l’information en maintenant une relation étroite et durable avec son client. D’une part, le banquier peut observer l’évolution des

différents comptes du débiteur ainsi que sa capacité à honorer les échéances de prêt. D’autre part, l’acquisition d'information par la banque étant sans doute moins coûteuse chez un ancien client que chez un nouveau, le banquier est davantage incité à octroyer le crédit à l’emprunteur dont la relation de prêt est établie soit par le renouvellement du prêt soit par une relation de proximité.

Il est généralement admis que le crédit scoring est un outil de gestion des risques qui vise à prédire la probabilité de défaut d'un nouveau prêt en utilisant le contenu des informations des prêts précédents. D'ailleurs, le modèle de crédit scoring est considéré comme un moyen aidant les analystes à obtenir une image complète des caractéristiques de l'emprunteur. Il s'agit, dans ce cas, d'un processus complexe qui implique une analyse attentive des informations concernant les emprunteurs pour estimer la probabilité que le prêt demandé soit régulièrement remboursé. En effet, le crédit scoring est le processus d'assignation d'une note ou d'un score à un emprunteur potentiel pour estimer la performance future de son prêt. Ce processus utilise des mesures quantitatives de performance et les caractéristiques des prêts précédents pour prédire la performance des prêts futurs avec des caractéristiques similaires. Le crédit scoring est un ensemble de modèles de décisions et des techniques sous-jacentes qui aident à la prise de décision d'octroi des crédits.

Pour cette section portant sur la détermination de la qualité du portefeuille de crédits, nous avons établi d’abord la nature de l’emprunteur, car il y a plusieurs éléments qui permettent à la banque de distinguer la nature des emprunteurs dont dépend la qualité du crédit. Dans la littérature, il ressort que la qualité d’un débiteur dépend de la nature de l’entreprise, la qualité de ses bilans, celle de ses dirigeants, sa surface financière, sa rentabilité, la nature de l’opération financière, les garanties présentées, etc. Ensuite, nous avons identifié quelques indicateurs attachés aux débiteurs sains. Ces indicateurs sont nombreux, c’est pour cette raison, qu’il est important de savoir que les variables déterminantes dans la décision de la banque à offrir un prêt n'est pas seulement le taux d'intérêt ou bien le rendement du prêt, il y a aussi la probabilité de remboursement de l'emprunteur. C’est ainsi que nous étudions d’une part les indicateurs de la qualité d’un nouveau débiteur, et d’autre part la relation de long terme entre la banque et son client. D’après la théorie contemporaine, la relation de long terme permet de réduire les effets de l’asymétrie d’information. Elle permet à la banque d’obtenir un avantage informationnel. De ces analyses, il ressort que les emprunteurs ont la possibilité d’envoyer des signaux à la banque sur la qualité de leurs signatures. Quant aux banques, il y a plusieurs éléments qui leur

permettent de détecter les emprunteurs de bonne qualité. Ainsi, lorsque les différents protagonistes de la relation banque – client appliquent objectivement les éléments de la théorie du signal, les mauvais débiteurs vont s’auto-exclure progressivement du marché de crédit. Il apparaît donc important d’étudier l’influence de l’exigence en qualité d’actifs en matière de crédit.

Section 2 : La justification théorique de l’exigence de la qualité d’actifs pour la solidité bancaire

Si nous faisons appel à l’adage populaire qui dit : « on ne prête qu’aux riches », il est clair que l’octroi de crédit est fondé sur la qualité de l’emprunteur. Certainement, cela provient de la capacité du riche à honorer ses engagements. Si l’octroi de crédit repose essentiellement sur la confiance, on peut se poser la question de savoir pourquoi ne prête-t-on seulement qu’aux riches. En effet, ceci se justifie non pas, par la capacité du débiteur à honorer ses engagements, mais plutôt par l’asymétrie d’information qui existe entre le prêteur et l’emprunteur. Cette asymétrie d’information ne permet pas aux prêteurs de distinguer les bons emprunteurs des mauvais emprunteurs. C’est pourquoi, certaines exigences sur la capacité à rembourser et le degré de confiance à attribuer à l’emprunteur pour s’assurer de sa solvabilité et de sa volonté d’honorer ses engagements sont indispensables pour l’activité de crédit (Matoussi et Abdelmoula, 2010). Pour cela, les institutions dont l’octroi de crédit est l’une des principales activités, ont intérêt à prendre des mesures pertinentes pour l’appréciation et le contrôle du risque de crédit en tenant compte de la qualité de l’emprunteur.

Une mauvaise appréciation du risque provenant de la qualité de l’emprunteur, conduit parfois, selon Godlewski (2005), aux prêts non performants qui à leur tour détériorent la qualité du portefeuille de crédits de l’institution. Par conséquent, il est important d’améliorer l’analyse du risque lors des études des dossiers de crédit, afin de réduire les créances douteuses.

La mission principale de la banque est la réduction des asymétries d’information entre le prêteur individuel (le déposant) et l’emprunteur (le débiteur). Ainsi, la banque doit chercher à réduire l’asymétrie d’information qui existe entre elle et l’emprunteur, c’est-à-dire, le débiteur par sa capacité de collecte et de traitement de l’information.

L’objectif de cette section est de ressortir l’importance de la prise en compte de la qualité du débiteur dans l’activité d’octroi de crédit. Ceci, afin d’apprécier le caractère solide de l’intermédiaire financier, c’est-à-dire, la banque. Pour y parvenir, notre travail est organisé comme suit : dans un premier temps, nous mettons en évidence l’importance de la circulation et la détention de l’information dans l’activité d’octroi de crédit. Nous présentons les fondements de l’asymétrie d’information en milieu bancaire, avant de faire un bref état des lieux de ce phénomène dans notre contexte. Ensuite, nous soulignons les exigences de la qualité des actifs. Ceci passe par la présentation des exigences réglementaires et les conditions de performance.

I- Le phénomène de l’asymétrie d’information : des conflits d’intérêt à la solidité

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