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Section 2: Le niveau de capitalisation : le nœud de la solidité bancaire

I. 2.3- Les données utilisées

II.1- Interprétation et discussion des résultats des estimations du modèle

Ici, nous allons mettre en exergue les résultats obtenus afin, de mettre en lumière les différentes liaisons statistiques qui existent entre les différentes variables explicatives et la variable à expliquer pour nos différentes estimations.

Le caractère dynamique de notre modèle est validé dans l’ensemble de nos équations. En effet, l’ensemble des résultats obtenus de nos différentes estimations montrent que la solidité bancaire est dynamique, car la variable retardée de la variable à expliquer (L.Zscore) est statistiquement significative. Une solidité antérieure élevée entrainerait une augmentation du niveau de solidité de la banque, ce qui confirme l’importance de la prise en considération de l’aspect dynamique dans la détermination des exigences de solidité prôné par certains auteurs (Kim et Santomero, 1988 ; Koehn et Santomero, 1980 ; Saadaoui, 2010). Pour ce qui est de notre relation d’intérêt, nos estimations montrent qu’il existe bien sur la période étudiée une relation statistiquement significative entre les exigences de capital représentée par le niveau de capitalisation (FPTA et FPTCR) et la solidité bancaire (Z-score). Les signes positifs des variables représentant le niveau de capitalisation est également conforme aux prédictions théoriques et à nos attentes. Ceci dit une augmentation du niveau de capitalisation entraine une augmentation significative au seuil de 1% de la capacité de la banque à résister aux chocs défavorables. Ce résultat rejoint celui d’Avery et Berger (1991) qui trouvent qu’un ratio (capitaux propres sur total actifs) plus élevé est associé à une probabilité de faillite plus faible. Ceci confirme l’idée défendue par Saadaoui (2010), qui pense qu’en appliquant une norme de fonds propres l’organe de régulation a la possibilité d’éviter une prise de risque excessive par les banques et de les obliger à adopter un comportement prudent. On peut donc dire que les exigences de capital selon la réglementation COBAC calquée sur le type des Accords de Bâle II semblent être bien adaptées au contexte, en ce sens, qu’elles conduisent effectivement à l’amélioration de la solidité des banques dans la sous-région.

L’objectif de notre recherche est d’examiner la relation qui existe entre le niveau de capitalisation et la solidité bancaire, afin de proposer un modèle permettant de maintenir, voire d’améliorer la solidité des banques dans la CEMAC. C’est ainsi que nous introduisons d’abord individuellement les variables de contrôle pour apprécier leur effet sur notre relation d’intérêt et ensuite nous introduisons successivement ces variables pour voir leurs effets simultanés sur la relation de base. Les résultats du modèle résumés dans le tableau n° 14, indiquent pour l’équation (2) que la prise en considération des variables tenant compte de la liquidité de la banque (DEPTA et TCRDEP) permet de maintenir le niveau d’influence de la capitalisation au seuil de 1%. Cette estimation révèle aussi que la capacité de la banque à collecter les dépôts et à les transformer permet de stabiliser l’influence du niveau de capitalisation sur la solidité bancaire, car les coefficients des variables représentant le niveau de capitalisation restent sensiblement les mêmes.

Pour ce qui de la qualité de gestion, lorsqu’on introduit les indicateurs quantitatifs retenus par la COBAC (PROECRED, PROCCRED, PROETCR et PROETA) dans notre modèle, on constate qu’aucune d’entre ces variables n’est significative et que le niveau de significativité de l’influence de la capitalisation reste au seuil de 1%. De plus, on retrouve presque les mêmes coefficients (4,175) pour la variable fonds propres sur total actif (FPTA) et (0,264) pour les fonds propres sur total des crédits (FPTCR). Ceci montre que certes, la prise en considération de la qualité de gestion n’a pas un effet amplificateur sur la relation capitalisation et solidité bancaire, mais elle permet de maintenir la contribution de la capitalisation à la solidité à un niveau significatif.

Lorsqu’on introduit les indicateurs de la rentabilité (ROA et ROE) dans le modèle initial, il ressort de l’estimation que la contribution du niveau de capitalisation à la solidité reste significative au seuil de 1%. Le rendement des actifs (ROA) et la rentabilité des fonds propres (ROE) ne sont pas significatifs dans l’explication de la solidité. Ceci peut être expliqué par le fait que la rentabilité de la banque dépend du résultat net de cette dernière, or la banque peut garder une partie de ce résultat comme réserve. Tout en sachant que les réserves sont intégrées dans les fonds propres, la rentabilité de la banque peut améliorer le niveau de capitalisation de celle-ci.

L’équation (5) dans laquelle nous introduisons les variables relatives à la qualité du portefeuille de crédits (CRNTA, CRESTCR, CREDTCR et CREDTA) révèle que la prise en considération de ces variables dans le modèle permet de maintenir le niveau de significativité de la contribution de la capitalisation à la solidité bancaire au seuil de 1%. Par ailleurs, on constate qu’aucune de ces variables n’est significative dans l’explication de la solidité bancaire dans la CEMAC. En effet, lorsque les actifs sont de bonne qualité, le niveau de provision de la banque baisse. Ceci permet de maintenir ou d’améliorer le niveau de capitalisation de la banque. De plus, les banques dans la CEMAC sont frileuses. En moyenne, elles distribuent en crédits nets moins de la moitié de leurs actifs (la moyenne de la variable CRNTA est de 35%).

Pour ce qui est des variables macroéconomiques (PIB et IPC), nous constatons que leur prise en considération dans le modèle maintient au seuil de 1% le niveau de significativité de l’influence du niveau de capitalisation sur la solidité bancaire. Nous retrouvons presque les mêmes coefficients initiaux pour les variables représentant le niveau de capitalisation. Tout comme les variables liées à la qualité du portefeuille de crédits, aucune

variable macroéconomique n’est significative. Ceci dit dans la CEMAC, les banques ne sont pas procycliques.

Les résultats présentés ci-dessous sont issus des introductions individuelles des variables de contrôle, ce qui nous a permis d’apprécier leurs effets individuels sur notre relation d’intérêt. Pour apprécier l’effet collectif de certaines variables, voire de l’ensemble de nos variables de contrôle, nous avons introduit successivement ces variables dans notre modèle initial. Les résultats issus des estimations des différentes équations imbriquées sont proches de ceux présentés précédemment, ce qui confirme les effets individuels de certaines variables.

L’équation (7) nous permet d’apprécier l’effet collectif des variables liées à la liquidité (DEPTA et TCRDEP) et celles de la rentabilité (ROA et ROE). L’estimation de cette équation montre qu’en plus de la variable retardée, il n’y a que les variables liées à la capitalisation qui sont significatives dans l’explication de la solidité bancaire. On constate que le niveau de significativité de la contribution du niveau de capitalisation à la solidité reste à 1%. Par ailleurs, la capacité de la banque à collecter les dépôts, à les transformer et sa rentabilité ne sont pas significatives. La prise en compte simultanée de ces variables n’a qu’un effet stabilisateur de la relation qui existe entre le niveau de capitalisation et la solidité bancaire, car les coefficients des variables d’intérêt restent sensiblement les mêmes.

Lorsqu’on ajoute à l’équation (7) les variables liées à la gouvernance (équation 8), on se rend compte que l’une des variables liées à la qualité de gestion (PROETCR) devient significative au seuil de 10%. Le niveau de significativité des variables liées à la capitalisation reste à 1%. Au vu de ces seuils de significativité et des signes des coefficients, on peut conclure que la prise en considération simultanée de ces variables améliore la solidité des banques.

Dans l’équation (9), nous intégrons les variables liées à la qualité du portefeuille de crédits. Il ressort de l’estimation de cette équation au moins deux constats remarquables. On constate qu’en dehors de la variable retardée et des variables liées à la capitalisation, la variable liée à la capacité de la banque à provisionner les créances en souffrances (PROETCR) devient significative au seuil de 5%. On retrouve les mêmes résultats à l’estimation de l’équation (10) dans laquelle on ajoute les variables macroéconomiques à l’équation (9). Il ressort donc de ces deux équations que la prise en compte simultanée des variables individuelles et des variables macroéconomiques a eu un effet stabilisateur pour la

capitalisation. Certes le coefficient d’une des variables représentant le niveau de capitalisation baisse légèrement (passant de 4,209 à 4,080 pour la variable FPTA), cela est compensée par l’amélioration de l’influence positive de la qualité de gestion sur la solidité bancaire. Sur ce point, nos résultats contredisent la recommandation d’Oung (2003) concernant le secteur industriel. Cet auteur suggère une évolution des exigences en capital assez cohérente avec la conjoncture mesurée par le taux de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB). En fait, si on se trouve dans une situation de contrat incitatif, l’exigence de capitalisation peut être un mécanisme susceptible d’inciter les banques à la prudence, sauf que dans certaines circonstances, les éléments qui poussent la banque à faire le choix de poursuivre sa rentabilité au détriment de la prudence dominent (Saadaoui, 2010). En plus, la banque est considérée comme une industrie particulière du fait de la spécificité de ses inputs et outputs. Au-delà de la stabilité de l’influence du niveau de capitalisation sur la solidité bancaire dans cette équation, on constate que la variable liée au niveau de provisionnement a un effet positif avec un coefficient de 2,577 au seuil de 5%. Ainsi, on peut dire que les variables de contrôle permettent non seulement de stabiliser la contribution du niveau de capitalisation, mais améliore la solidité bancaire dans les pays de la CEMAC. Ainsi, notre hypothèse deux intitulé : « La prise en compte conjointe l’aspect interne de la banque et de l’aspect macroéconomique améliore la contribution du niveau de capitalisation à la solidité bancaire dans la CEMAC. » est rejetée.

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