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Section 1 : La théorie du signal : la détection des emprunteurs de bonne qualité une condition de solidité bancaire

II- Détermination de la qualité de l’emprunteur et la solidité bancaire

Les indicateurs de la qualité des débiteurs sont multiples. La variable qui détermine l'offre de prêt de la banque n'est pas seulement le taux d'intérêt, il y a aussi la probabilité de remboursement de l'emprunteur. En effet, si la banque, face à un excès de demande sur le marché du crédit, cherche à élever le niveau du taux d'intérêt afin d’augmenter sa marge d’intermédiation pour améliorer sa solidité, elle doit savoir qu’en même temps elle va augmenter son niveau de risque en attirant les mauvais emprunteurs. Ceci s’explique par la décroissance de la qualité des emprunteurs, car les bons emprunteurs sont découragés par

l’augmentation du taux d’intérêt. Le rendement attendu des prêts15

ne sera donc pas une fonction monotone croissante du taux d'intérêt et permettant d’améliorer la solidité de la banque, mais elle sera représentée par une courbe en cloche passant par un maximum (Diatkine, 2002).

Figure n° 2 : la courbe du rendement attendu d’un crédit

Source : Stiglitz et Weiss (1981)

En principe, c'est le taux d'intérêt (

t

*) qui maximise le taux de rendement des prêts (

a

r

) (le point ultime de la courbe en cloche) qui doit être facturé par la banque. Un taux d'intérêt supérieur fait encourir à la banque un profit plus faible. Stiglitz et Weiss (1981) approfondissent cette idée en indiquant que ce taux maximum peut conduire au rationnement de crédit. En effet, pour ces auteurs, si au niveau de ce taux maximum rentable pour la banque, il subsiste un excès de demande de crédits de la part de l'ensemble des emprunteurs (bons et mauvais), et que l'offre n'augmente pas, il y aura rationnement du crédit.

Tout comme il est important de savoir que les banques disposent de plusieurs indicateurs leur permettant de connaître la qualité de leurs emprunteurs. Il en est de même pour la connaissance de leurs déterminants. A cet effet, il est nécessaire d’apprécier le signal envoyé par l’emprunteur à la banque sur la qualité de sa signature, et le signal reçu des autres partenaires du débiteur.

15 Nous considérons comme le rendement attendu du prêt, le produit issu de la multiplication du taux d’intérêt par le montant probable du remboursement.

A

Zone de rendement décroissant

II.1- Les indicateurs de la qualité d’un nouveau débiteur : les contrats incitatifs

Il existe plusieurs indices qui permettent à la banque de détecter la qualité des différents types d’emprunteurs. Les banques fixent souvent des taux d'intérêt assez élevés pour leur permettre de se couvrir contre le risque de choisir les mauvais emprunteurs. La conséquence de ces taux élevés est la fuite des bons emprunteurs, c’est-à-dire les débiteurs sains qui méritent des taux d'intérêt plus faibles. Toutefois, comme les mauvais emprunteurs ont une demande de crédit moins élastique au taux d'intérêt, la banque risque de sélectionner involontairement les mauvais emprunteurs et se voir dans l'obligation d'augmenter encore ses taux (Diatkine, 2002). Stiglitz et Weiss (1981) considèrent qu’il existe un seuil au-dessus duquel l'augmentation du risque est plus forte que l'augmentation du taux. Pour ces auteurs, il existe un taux au-dessus duquel l’exigence de la rentabilité a un effet négatif sur la solidité de la banque. Pour cela, à partir du taux d’intérêt maximum, la banque est appelée à revoir sa stratégie. En effet, le crédit est rationné au-dessus de ce taux débiteur optimal, en plus de la perte des bons emprunteurs, les banques ne vont pas financer tous les emprunteurs à haut risque. En conséquence, les banques renoncent à augmenter leur taux d'intérêt au-delà de ce seuil.

Selon Diamond (1984), une autre solution en situation d’asymétrie d’information consiste à construire un « contrat incitatif ». Si le débiteur rembourse un montant A, une pénalité non « monétaire » f(A), lui est infligée. La pénalité f(A) peut être interprétée comme une perte de réputation ou de considération pour l’emprunteur. Étant donné cette fonction de pénalité, le débiteur choisira d'effectuer le paiement qui maximise son profit net. Diamond montre que le contrat optimal, prend la forme suivante : tant que le débiteur paie un montant fixe A, il n'est pas puni, c'est-à-dire que f(A) = 0 pour tout versement supérieur ou égal à A. A

contrario, s’il paie un montant B inférieur à A, alors la punition est de f(A) = A - B. Etant

donné ce schéma de punition, l’emprunteur choisira de payer le montant A tant que le rendement du projet C est supérieur au montant A. Si le rendement du projet C est insuffisant pour payer le montant A, le débiteur paie le montant C et encourt une pénalité de f(A) = A - C. Il s'agit donc d'un contrat de dette standard avec un paiement fixe du montant A. Si le débiteur ne paie pas le montant A, il est mis en faillite et il ne peut conserver aucun profit C qui est saisi pour la perte infligée au prêteur en cas de défaut.

Pour Leland et Pyle (1977), la volonté de l’emprunteur d’investir dans son projet est aussi un signal important sur la qualité de son projet et indirectement la qualité de sa signature. En d’autres termes, pour ces auteurs, la structure du capital du projet peut servir de

signal pour les prêteurs. Pour Ross (1977) tous les éléments qui ont une influence sur la structure financière du projet ou de l’emprunteur, envoient un signal sur la qualité de cet emprunteur. En fait, pour lui les acteurs du marché, préoccupés par la valeur de marché de l’entreprise prêtent une attention particulière aux éléments qui influencent cette valeur. Les écarts de coût du crédit entre les emprunteurs peuvent ensuite renvoyer aux garanties offertes par ceux-ci lorsqu'ils s'endettent. Les bons emprunteurs utilisent tous les moyens possibles pour se signaler auprès de leurs investisseurs et pour se distinguer des autres en acceptant notamment les garanties importantes exigées par la banque (Bédué et Lévy, 1997). L'introduction des garanties dans les contrats de prêts permet donc de discriminer les emprunteurs. Les banques peuvent associer à des fortes garanties des taux débiteurs faibles.

Il s’avère important d’étudier les différents instruments qui permettent à la banque de mettre en œuvre une stratégie fondée sur le taux d’intérêt ou d’appliquer la méthode de contrat incitatif telle que proposée par Diamond (1984).

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