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L’autonomie au cœur des enjeux d’une une société en mutation

INTERNET, RESEAUX SOCIAUX ET COMMUNAUTES VIRTUELLES

9.1. L’autonomie au cœur des enjeux d’une une société en mutation

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9.1. L’autonomie au cœur des enjeux d’une une société en mutation

9.1.1. L’évolution des compétences du citoyen et leur adéquation avec les exigences

d’une société en mutation

Les individus évoluent dans un monde devenu de plus en plus complexe, interdépendant et en perpétuel changement (OCDE,2011). Cette réalité les confronte à des défis de réussite dans tous les domaines de leur vie, aussi bien sur le plan individuel que collectif. Conscients de ces faits, les pays membres de l’OCDE5 s’intéressent de près depuis une dizaine d’années, à l’évolution des compétences des adolescents, et des adultes et à l’adéquation de celles-ci avec les exigences d’une société en mutation. Le but de leur programme6 est d’identifier « les défis universels de l’économie et de la culture mondialisée et des valeurs communes qui étayent la sélection des compétences tout en reconnaissant la diversité des valeurs et des priorités des différents pays et cultures » (OCDE, 2009). Leur préoccupation est d’amener à une définition de compétences requises par un citoyen en vue d’évoluer et de réussir dans une société exigeante, en s’adaptant plus particulièrement à l’évolution fulgurante des technologies. Leur réflexion place l’individu au centre de ce processus, lui conférant le rôle de bâtisseur de la société qui « façonne le monde ». Cette approche orientée sur les exigences est associée à l’idée qu’ils soutiennent, selon laquelle la somme des compétences individuelles aurait une influence sur la réalisation d’objectifs communs, notamment sur le plan de la productivité économique, sur les processus démocratiques, sur la cohésion sociale, l’équité et les droits de l’homme et sur la durabilité écologique. Ainsi, une personne ayant assuré la sécurité de l’emploi, du logement, de la santé, étant impliqué dans la vie politique et ayant acquis la maîtrise des réseaux sociaux serait en mesure d’investir cette réussite personnelle dans la réussite

5 Le 14 décembre 1960, vingt pays ont signé la Convention relative à l'Organisation de coopération et de développement économiques. Depuis lors, 14 autres pays ont adhéré à l'OCDE. (http://www.oecd.org/fr/general/listedespaysdelocde-ratificationdelaconventionrelativealocde.htm)

6 « Le projet DeSeCo (définition et sélection de compétences clés) de l’OCDE (1997-2003), piloté par le bureau fédéral suisse des statistiques, a réuni divers experts pour dresser des "états de l’art" du concept de compétences, confronter les définitions, établir des convergences et lister une série de compétences clés pour le développement des sociétés et des individus, ayant vocation à constituer des objectifs majeurs de l’éducation. » (http://www.inrp.fr/vst , Dossier d'actualité n° 34 – avril 2008)

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collective, à condition d’avoir acquis certaines compétences individuelles et institutionnelles et d’avoir également la capacité de les exploiter au service des objectifs collectifs. La sélection des compétences clés repose sur un cadre conceptuel, fondé sur les valeurs communes et accorde une place centrale à l’autonomie de l’individu.

Au-delà des savoirs et des savoir-faire, les pays de l’OCDE prêtent une attention particulière à la capacité d’entreprendre, de s’adapter avec flexibilité, de faire preuve d’initiative et d’innovation, en développant des attitudes axées sur l’effort et la motivation. La maturité morale et intellectuelle de l’individu devrait le conduire à penser et à réfléchir par lui-même, à prendre des décisions et à agir avec responsabilité. Sur le plan cognitif, les défis de notre société appellent à des capacités mentales complexes qui permettent de remplacer la simple reproduction des savoirs acquis, par un processus plus global favorisant l’auto apprentissage, la création et la réflexivité. Cette dernière compétence fait appel à des savoir-faire métacognitifs, placés dans ce programme, au cœur des exigences. La pensée réflexive amène l’individu à prendre du recul par rapport à ses expériences, à les analyser dans un contexte général en se libérant des pressions sociales. Sa pensée personnelle, ses sentiments et ses relations avec les autres guident le processus réflexif et l’amène à porter un jugement sur ses propres actes, à prendre des décisions, à réguler son comportement et l’adapter au contexte. (Flavell, 1979 ; Lafortune et St-Pierre 1994).

9.1.2. L’autonomie au centre des enjeux éducatifs dans une société complexe

Dès lors, l’acquisition de l’autonomie devient un enjeu académique. L’élève étant impliqué, devient un acteur clef de son apprentissage, processus nécessitant la mobilisation de diverses ressources et compétences à différents échelons.

Sur le plan personnel, il s’agit de savoir se situer par rapport aux apprentissages en s’évaluant et en trouvant les méthodes adaptées. En ce qui concerne l’aspect relationnel, le débat est un exercice à assimiler, passant par l’écoute, l’argumentation, l’échange de points de vue, le respect du principe de la majorité dans la prise de décision. D’un point de vue organisationnel, l’élève apprend à gérer son temps, son matériel, à rechercher des informations. La mise en place de cet apprentissage en classe implique des choix pédagogiques encadrés par des textes officiels.

9.1.2.1. Vers plus d’autonomie dans le parcours scolaire

Plusieurs étapes ont marqué l’évolution de la scolarité en France qui a vu progressivement naître dans les programmes la notion d’autonomie qui devient aujourd’hui l’un des piliers de l’éducation. En instituant l’obligation et la gratuité de l’instruction, Jules Ferry, l’un des pères fondateurs de l’école moderne, auteur des lois de la IIIème République, est devenu plusieurs décennies après sa mort, l'un des pères fondateurs de cette institution républicaine, dont la laïcisation a eu pour but d’affranchir les consciences de l'emprise de l'Eglise pour former des citoyens issus de toutes les classes sociales.

A partir des années 1970, le travail indépendant né aux Etats-Unis, prend ancrage en France en recouvrant un ensemble d’expérimentations pédagogiques sous la forme de l’individualisation de l’enseignement, du travail dirigé orienté vers l’acquisition de méthodes personnelles de travail et

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des méthodes issues de la pédagogie active. La circulaire du 27 mars 1973 du MEN met ainsi au service du travail indépendant dans les lycées et collèges 10% de l’horaire annuel. En 1975, la notion de "travail autonome" se substitue à celle de travail indépendant sous l’influence du conseil de l’Europe. Ce dispositif vise l’éducation à l’autonomie et une participation responsable et non plus passive de l’élève à sa formation, à l’élaboration de son savoir.

Dans les années 80, la logique de projet se développe fortement avec la mise en place des projets d’action éducative (PAE) initialement appelés projets d’action culturelle et éducative (PACTE), à ne pas confondre avec le projet d'école. Il s’agit ici d’une action innovante à valeur culturelle, aboutissant à une réalisation concrète (spectacle, exposition) et permettant de motiver les élèves. Les PAE s'intègrent autant que possible dans le projet d'établissement. Leur mise en œuvre fait appel à une démarche d'apprentissage par projet, intégrant des activités interdisciplinaires qui favorisent l’implication de l’élève et son ouverture sur son environnement (circulaire 26 juin 1989). La notion de différenciation quant à elle, apparaît dans le cadre de la réforme des lycées de 1992, avec les modules institués sous la forme d’activités différenciées avec comme objectif de permettre une meilleure prise en compte des besoins des élèves, l’acquisition de méthodes de travail et le développement de l’autonomie. (note de service du 25 mai 1992)

La fin des années 1990 marque une volonté généralisée d’accorder plus d’autonomie aux élèves avec la mise en place de pratiques pédagogiques motivantes et mobilisant l’activité des élèves. A la suite de la consultation de 1998, trois dispositifs novateurs sont instaurés: les itinéraires de découverte en collège (IDD), les TPE (Travaux personnels encadrés) au lycée général, et les PPCP (projets pluridisciplinaires à caractère professionnel) au lycée professionnel. Ceux-ci ont subit des évolutions diverses au fil des années : en 2004/2005, les TPE ont été supprimés en terminale, les itinéraires de découverte sont abandonnés dans de nombreux collèges par manque de moyens financiers et le caractère pluridisciplinaire des PPCP n’est pas convaincant.

Depuis une dizaines d’années, les recherches sur l’apprentissage ont inspiré avec succès, les réformes françaises dans l’enseignement primaire et la mise en œuvre de dispositifs renvoyant tous à des formes de méthodes actives (Liquette et Maury, 2007). Au niveau de l’école secondaire, de nouvelles pratiques pédagogiques ont été mises en œuvre et visent le développement de l’autonomie. Elles ont pris place dans le système sous des appellations diverses reflétant une forme de représentation de l’autonomie nourrie par le souci de préparer les individus - et donc les élèves - à s’adapter en permanence à une société en développement continu, marquée par la place croissante de l’information.

A l’heure actuelle, le socle commun de connaissances et de compétences publié en 2006 (BO n° 29 du 20 juillet 2006, chapitre 7) accorde une place centrale aux compétences liées à l’autonomie et à l’initiative en rappelant que « l’autonomie ne relève pas du seul domaine de l’école mais bien d’une intention sociale qui déborde sur tout le secteur professionnel et le monde du travail ». Ce 7ème pilier est essentiel car l’éducation aurait manqué son but si elle ne parvenait pas à former des individus autonomes, capables de juger par eux-mêmes, de se prendre en main et de transférer les compétences scolaires dans des diverses situations de la vie, pour mieux s’insérer dans la société. L’autonomie et l’esprit d’initiative seront enfin de bons atouts pour leur vie professionnelle leur

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permettant de concevoir des projets, de les mettre en œuvre et d’innover, dans un monde où l’innovation incessante est le moteur du progrès.

9.1.2.2. Le rôle de l’enseignant orienté vers l’autonomie

L’autonomie ayant été au cœur des enjeux sociétaux et éducatifs pendant ces dernières décennies, celle-ci devient la base d’un apprentissage visant le développement de l’élève dans la globalité de sa personne centré sur les dimensions psycho affective, sociale, comportementale, cognitive. Cette évolution de la conception de l’apprentissage constitue un défi pour les enseignants qui doivent repenser leurs pratiques dans cette perspective de manière à permettre à l’élève d’être confronté à des problèmes, de se poser des questions, d’apprendre à les résoudre seul ou avec ses pairs, d’expérimenter par ses erreurs, d’apprendre en se confrontant à la pensée d’autrui, de rechercher les informations adéquates, d’inventer des solutions.

Cette approche d’une éducation par l’expérience revêt un aspect multidimensionnel qui pousse l’enseignant à s’intéresser à toutes les dimensions du développement de l’enfant et de l’adolescent dans lesquelles il pourra déployer et renforcer son autonomie. Les frontières entre l’école, la famille et l’éducation informelle deviennent de ce fait moins étanches, les missions de chacun étant complémentaires. Ce nouveau regard posé sur l’élève lui confère un statut de citoyen, celui d’une personne responsable, ayant la capacité d’agir avec la conscience des enjeux de ses actes. C’est un élève qui s’investit dans son parcours scolaire en poursuivant un but, en se prenant en charge, en se fixant des objectifs réalisables. Il est curieux, avide d’apprendre, de découvrir par l’action, l’initiative, la recherche personnelle. C’est un élève inventif qui utilise avec originalité les outils qui lui sont offerts en fonction du besoin. Il est de ce fait capable de ne pas respecter toujours les prescriptions de l’outil, son regard étant porté sur la finalité et non pas sur l’utilisation de l’objet. Les enseignants qui encouragent l’autonomie de l’élève, se voient ainsi repenser leur rôle, leur manière d’être et d’agir avec l’élève. Plutôt que d’imposer une manière de faire, les enseignants sont amenés davantage à guider l’élève à calquer ses propres stratégies d’apprentissage sur un environnement propice qui offre un espace de liberté et d’initiative, un champ d’expérience où il est encouragé à se poser des questions et à y répondre en faisant un choix adéquat d’utilisation des moyens mis à disposition, un environnement socialement riche où les interactions de tous types l’amènent progressivement vers une co-construction du savoir et de la connaissance.

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Au cœur de ces enjeux sociétaux et éducatifs plaçant l’autonomie au centre des préoccupations, la montée en puissance des nouvelles technologies et la massification des usages des réseaux sociaux, interrogent la manière dont ces nouveaux outils se combinent avec les réalités d’une société en pleine mutation.