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Explicitation des termes de web 2.0, médias sociaux, réseaux sociaux et réseautage social

INTERNET, RESEAUX SOCIAUX ET COMMUNAUTES VIRTUELLES

5.5. Explicitation des termes de web 2.0, médias sociaux, réseaux sociaux et réseautage social

5.5.1. Web 2.0 et médias sociaux

Les « médias sociaux » appelés encore « nouveaux médias » sont des applications reposant sur les valeurs et les technologies du web 2.0 : la participation, le partage, la contribution sont facteurs de multiplication des échanges entre les individus. Ce que l’on nomme « médias sociaux » n’est pas parfaitement défini en France, où on les confond encore avec les « réseaux sociaux ». Il s’agit des outils et des services qui permettent à des individus de s’exprimer en ligne, de rencontrer des pairs, de partager ou de créer des contenus avec eux. La définition de Kaplan et Haenlein (2010) est la plus communément admise : « a group of Internetbased applications that build on the ideological and technological foundations of Web 2.0, and allow the creation and exchange of user-generated content». Comme le terme de “medias sociaux” ne synthétisait pas la complexité de ce qu’il recouvrait, Stenger et Coutant ont proposé en 2011 l’expression plus neutre « réseaux socionumériques » qui génère moins de confusions.

Le web 2.0 popularisé par Tim O’Reilly, dans son texte de 2005, « What is Web 2.0 ». n’est pas à confondre avec les « médias sociaux » ceux-ci regroupant seulement certaines formes d’applications. Le web 2.0 ne correspond à aucune application en particulier : il s’agit d’une plate-forme dont les contenus et les fonctionnalités sont en constante évolution grâce aux apports de ceux qui la fréquentent. Ses atouts principaux sont sa créativité, et son ouverture au public. On y distingue six types de médias, selon Kaplan & Haenlein (2010) : ceux qui favorisent les projets collaboratifs (Wikipédia), les blogs (Wordpress) et microblogs (Twitter), les communautés de contenus (You tube, Flickr), les sites de réseaux sociaux (Facebook, Linkedln), les jeux virtuels (World of Warcraft) et les mondes virtuels (Second Life). A ces types correspondent sept fonctionnalités structurantes élaborées par Kietsmann et al. (2011) : l’identité, les conversations, le partage, la présence, les relations, la réputation et les groupes. Notre travail d’élaboration des construits théoriques s’appuie sur leur théorie que nous développons dans le chapitre 16 (16.1) de notre thèse.

5.5.2. Réseaux sociaux et réseautage social

L’analyse des réseaux sociaux qui s’est constituée depuis John A. Barnes en 1954, un domaine propre au sein des sciences sociales (Mercklé 2011), s’est développée autour de ses fonctionnalités. Boyd et Ellison (2007), en distinguent trois:

- définir un profil public ou semi-public au sein d’un système - gérer une liste de contacts avec lesquels on partage un lien

- voir et naviguer sur une liste de liens et sur ceux établis par les autres au sein du système.

Stenger et Coutant (2011), quant à eux distinguent les réseaux socionumériques, en fonction des activités pratiquées: celles qui sont centrées plutôt sur l’amitié et la sociabilité et celles favorisant des activités focalisées sur un intérêt en particulier.

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Selon la définition proposée par Boyd et Ellison (2007), les réseaux sociaux sont des espaces d’échange sur Internet qui permettent aux individus de construire des profils publics ou semi publics, associés à une liste de contacts inscrits sur le même site. La nature et les modalités d’échange et de communications entre les utilisateurs varient en fonction du site. Les auteurs évoquent aussi pour désigner ce type d’environnement, l’appellation de « site de réseautage social » ou « social networking » qui se différencient essentiellement des réseaux sociaux par les types de relation mis en jeu. Selon eux, les sites de réseautage social mettent l’accent sur la construction et le développement de son réseau social dans un objectif professionnel ou autre, impliquant le plus souvent la mise en contact avec des personnes que l’on ne connaît pas, alors que les réseaux sociaux poursuivent davantage le but de l’échange interpersonnel et amical. Sur les réseaux sociaux, on insiste sur la visibilité que l’utilisateur peut donner à son profil et à son cercle de connaissances, et non pas à sa quête de nouvelles rencontres. Selon (Haythornthwaite, 2005), les réseaux sociaux permettent une réactualisation de liens existant à l’état latent. Il peut s’agir d’amis d’enfance, de camarades de classes ou d’anciens collègues perdus de vue. Le terme de réseaux sociaux réfère à ce mode d’organisation réticulaire articulé autour des réseaux personnels des utilisateurs et déployés sur des sites de type CMS. « Un CMS est un script permettant de gérer du contenu dans différents formats (texte, image, vidéo, ...) » (Guide CMS, janvier 2012). Le CMS a pour but de permettre à l'utilisateur de mettre facilement en ligne du contenu, c'est dans ce but que les fonctionnalités ont tellement été améliorées dans certain cas, que l'on pu apercevoir l'apparition de nouveau CMS que l'on pourrait catégoriser comme «Lite » car dépourvus d'un tas de fonctionnalités jugées inutiles par certains. Facebook est le réseau social le plus utilisé en France. Créé en 2004, il s’agissait à l’origine du réseau social fermé des étudiants d'Harvard, devenu ensuite accessible aux autres universités américaines. Le nom du site provient des albums photo (trombinoscope ou Facebooks en anglais). Il regroupe aujourd'hui plus d’un milliard de membres (le monde, 02/10/2012). Son fonctionnement repose sur les théories de Frigyes Karinthy et de Dunbar et Ross Mayfield. Frigyes Karinthy

,

hongrois, a suggéré en 1929 l’idée que toute personne sur le globe peut être reliée à n'importe quelle autre, au travers d'une chaîne de relations individuelles comprenant au plus cinq autres maillons : c’est la théorie des six degrés de séparation. Robin Dunbar est un anthropologue anglais, qui s’est intéressé au nombre limite de personnes pouvant constituer un groupe cohérent, ayant des relations stables.

5.5.3. Les principales fonctionnalités des réseaux sociaux

De nombreuses fonctionnalités et applications se développant d’une façon vertigineuse, sont associées aux sites de réseaux sociaux. Néanmoins, le point d’ancrage de ces sites est le profil du membre et la liste de contacts (ou liste d’amis) qu’il peut partager avec d’autres membres inscrits sur le même réseau. Le profil d’un utilisateur consiste en la création d’une page unique à travers laquelle il révèle son identité numérique, celle qu’il souhaiterait faire véhiculer sur le réseau. (Sundén, 2003, p. 3). Les sites de réseaux sociaux proposent au nouveau membre de fournir une série d’informations personnelles : âge, adresse, établissement scolaire ou lieu de travail mais aussi, ses goûts, ses recherches, son statut (célibataire, en couple…). Sur certains réseaux tel que Facebook, les utilisateurs ont la possibilité d’intégrer des applications et de paramétrer leur profil afin de restreindre l’accès public aux contenus personnels. Ainsi, les réseaux sociaux se

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différencient essentiellement par leurs politiques de confidentialité et par les types d’interactions qui s’y déploient. (Delcroix et Martin, 2008)

Lorsqu’une personne s’inscrit sur un réseau social, il lui est généralement demandé de rechercher des membres de son entourage et de les ajouter à sa liste de contacts. C’est ainsi qu’elle commence à construire son réseau. Le terme « amis » est souvent utilisé pour désigner les contacts faisant partie de son réseau, mais cela ne signifie pas pour autant que ces personnes sont en réalité des amis. (Boyd, 2006a). Sur Twitter, il s’agira des « followers » (les personnes qui suivent votre actualité), sur You Tube, le terme utilisé est « fan ». Les réseaux sociaux favorisent une course à l’augmentation du réseau de contact, dans le but inconscient peut-être de se rapprocher d’un modèle économique de traîne. Signalons au passage que la quantité peut être ennemie de la qualité. Ceci étant, les réseaux sociaux sont souvent valorisés par la taille de leur communauté.

La plupart des sites de réseaux sociaux, offrent aux utilisateurs la possibilité de rédiger un post sur les profils de leurs contacts. Ces commentaires sont généralement visibles par tous les contacts de l’utilisateur, à moins que celui-ci n’ait restreint la lecture du profil à une liste précise de contacts. (Fonction disponible sur certains sites)

La messagerie privée, est également une fonctionnalité commune à la plupart des sites de réseaux sociaux. Cet outil permet un échange privé entre deux utilisateurs.

Les sites de réseaux sociaux intègrent en règle générale des fonctionnalités de partage de photos et vidéos. Ces outils comportent des possibilités d’interaction. Les personnes représentées sur les photos publiées, peuvent par exemple être identifiées grâce à un hyperlien inséré sur la photo, conduisant vers la page profil de la personne en question. En outre, le lieu de la prise de vue peut être indiqué grâce aux fonctionnalités de géo localisation. Néanmoins, les personnes identifiées contrôlent l’accès à ces informations et peuvent les supprimer à tout moment ou en restreindre l’accès.

Mais certains sites de réseaux sociaux proposent des modalités d’interaction différentes. Skyrock (www.skyrock.com), par exemple, sur lequel nous avons conduit une observation pendant six mois, se présente sous forme de mini blogs personnels. D’autres, tels que le «Forum des Ados» (www.forumdesados.net ), que nous avons également observé, s’articulent autour de l’outil « forum » qui favorise des discussions asynchrones, abordant divers thèmes et sujets, définis par les modérateurs ou par les utilisateurs et proposant une arborescence des fils de discussion.

5.5.4. Vivre ensemble sur les réseaux sociaux

En règle générale, les sites de réseaux sociaux regroupent des communautés hétérogènes (Delcroix et Martin, 2008). Mais certains réseaux sont construits autour de personnes partageant des centres d’intérêt commun ou appartenant à des catégories spécifiques de la population (Borel 2012). Ainsi, nous pouvons retrouver des réseaux sociaux adressés à des personnes de même confession, de même ethnie, du même âge, ayant la même orientation sexuelle, ayant une passion ou un talent commun etc. Mais tout individu ayant tendance spontanément à percevoir la société comme étant segmentée en fonction de certaines catégories, nous remarquons que les utilisateurs passent souvent outre les politiques initiales des constructeurs des sites et qu’ils sont amenés d’une façon

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souvent inconsciente, à recréer des sous-communautés en fonction de l’âge, du sexe, du niveau d’études, de l’origine ethnique etc. (Borel 2012)

Les interactions déployées au sein des communautés ont amené les créateurs des réseaux sociaux à veiller aux libertés individuelles et au respect de chacun. A cet effet, la création d’une « charte4 » des droits et devoirs des membres de la communauté crée un contrat entre les individus permettant un mode de fonctionnement optimal. Par ailleurs, grâce à la « modération », forme de censure des incivilités et agressions verbales des individus, la communauté virtuelle devient un espace plus sécurisé et cadré. Le modérateur se réserve le droit de supprimer des interventions nuisibles à priori, c’est-à-dire par un filtrage avant publication, ou à postériori, c’est-à-dire en les supprimant après publication (Delcroix et Martin, 2008).