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- L'ARGENT DANS LA CIRCULATION DU CAPITAL INDUSTRIEL

Dans le document LE CAPITAL FINANCIER. Rudolf Hilferding (Page 46-55)

Voyons maintenant le rôle que joue l'argent dans la circulation du capital industriel. Laissons de côté l'usine capitaliste avec ses merveilles techniques et dirigeons notre attention vers la monotonie du processus d'échange par lequel, toujours de la même façon, l'argent se transforme en marchandise et celle-ci en argent.

Seul l'espoir qu'il sera possible par ce moyen de trouver le secret qui nous fera comprendre comment, du processus de la circulation même, naît cette puissance qui en tant que crédit capitaliste parvient à dominer les échanges sociaux, peut encourager le lecteur à gravir avec patience le chemin de croix que représente le présent chapitre.

Dans la circulation, l'argent serait superflu si le montant de la somme totale des prix restait constant, si par conséquent masse et prix des marchandises ne variaient pas et si chaque marchandise s'échangeait toujours contre l'autre à sa valeur. C'est une condition irréalisable à l'intérieur d'un mode de production non réglementée, anarchique. D'un autre côté, le règlement conscient de la production sociale rendrait impossible l'apparition de la valeur en tant que valeur d'échange, par conséquent le rapport social de deux choses et, par là, l'argent. Des bons sur des produits sociaux établis par la société sont aussi peu de l'argent que des billets de théâtre donnant droit à un fauteuil d'orchestre. Bien plutôt, le caractère de la production des marchandises ne fait que rendre l'argent nécessaire en tant que mesure de la valeur et, par là, moyen de circulation1.

Si l'argent fonctionne comme moyen de paiement, une compensation complète de tous les paiements à un moment donné apparaît d'avance comme un pur hasard, qui en réalité ne se produira jamais. L'argent achève ici spontanément le processus du changement de place de la marchandise. Peu importe quand l'argent reçu en paiement est transforme a son tour en marchandise, et par conséquent la valeur de la première marchandise remplacée définitivement par une autre marchandise. Le lien qui existe dans le processus M-A-M est ici rompu.

L'argent doit nécessairement intervenir pour donner satisfaction au vendeur de la marchandise, qui de son côté ne doit pas nécessairement être acheteur d'une autre marchandise.

Mais cette rupture du processus de circulation, qui dans le domaine de la simple circulation des marchandises nous paraît encore fortuit et arbitraire, devient nécessaire dans le domaine de la circulation capitaliste des marchandises. C’est ce que nous montre l'étude de la circulation du capital.

La valeur devient capital en devenant valeur productrice de plus-value. C'est ce qui arrive dans le processus de production capitaliste, dont la condition est le monopole des capitalistes sur les moyens de production et l'existence d'une classe de salariés libres. Ces derniers vendent au capitaliste leur force de travail, dont la valeur est égale à la valeur des moyens de subsistance nécessaires au maintien et à la reproduction de la classe ouvrière. Leur travail crée une nouvelle valeur, dont une partie remplace pour le capitaliste la partie du capital qu'il a avancée pour l'achat de la force de travail - Marx l'appelle la partie variable du capital - tandis que l'autre partie lui revient comme plus-value. Étant donné que dans le processus du travail la valeur des moyens de production - le capital constant - est transférée dans le produit, la valeur que le capitaliste a avancée pour a production s'est accrue, est devenue valeur engendreuse de valeur, s'est avérée comme capital.

Chaque capital industriel passe par un mouvement circulaire, dont seules nous intéressent ici les changements de forme. Car le contenu du processus est la formation de la plus-value, par conséquent la mise en valeur du capital, et celle-ci a lieu dans le processus de la production, qui dans la société capitaliste a une double fonction : il est, comme dans toute forme de société, processus de travail, qui livre des valeurs d'usage, mais il est en même temps, ce qui est caractéristique de la production capitaliste, processus de mise en valeur où les moyens de production fonctionnent en tant que capital et où est créée de la plus-value. Ce processus, Marx l'a

1 Dans une lettre à Rudolf Mayer, Rodbertus écrit : « L'argent métallique n'est pas simple mesure de valeur et moyen de paiement - dans ce sens, il ne correspond qu'à l'idée de l'argent, dans laquelle il n'est pas nécessaire que cette quittance, « bon sur une valeur de marchandises », soit inscrite sur une matière aussi chère que l'est le métal noble - mais sert aujourd'hui également de régulateur de la production et ne joue ce rôle que grâce à la matière précieuse dont il est fait. Vous devriez également pouvoir dire à chaque entrepreneur combien il doit produire si vous voulez introduire le bon de marchandises. L’idée de ce bon de marchandises porte sur le point le plus intéressant de l'économie politique mais, en tant que moyen de circulation permanent (et pas seulement de bon de caisse provisoire), il n’est possible, que si la valeur des marchandises est fondée sur le travail et si le bon de marchandises est libellé sur la valeur des

marchandises fondée sur le travail. Je ne mets pas en doute la possibilité d’une telle monnaie mais, pour qu'elle soit l’unique moyen de circulation, cela suppose la suppression de la propriété du sol et du capital » (Lettres et études politico-sociales du Dr Rodbertus-Jagetzow, éditées par le Dr Rudolf Meyer, Berlin, 1811, t. II, p. 441). Ce passage, parmi d'autres semblables, montrent qu'Engels a été injuste envers Rodbertus en le mettant dans le même sac que les autres utopistes petits-bourgeois de l'argent-travail, les Gray, Bray, etc., qui croyaient possible un argent-travail sans contrôle social de la production.

analysé à fond dans le premier tome du Capital. Ce qui nous intéresse ici, c'est seulement le changement de forme de la valeur, non sa formation. Toutefois, ce changement de forme n'a rien à voir avec l'importance de la valeur, dont l'accroissement constitue plutôt le contenu du processus de mise en valeur; si ce changement est du domaine de la production, le changement de forme est, quant à lui, du domaine de la circulation. Mais il n'y a que deux formes que puisse prendre la valeur dans la société productrice de marchandises : celle de la marchandise et celle de l'argent.

Si nous considérons maintenant le mouvement circulaire du capital, nous voyons que chaque capital apparaît, dès son entrée en scène, comme capital-argent. En tant qu'argent qui doit fonctionner comme capital, il est transformé en marchandises (M) d'une certaine sorte, moyens de production (Mp) et force de travail (F). Suit le processus de production (P)... Celui-ci n'implique aucun changement de forme de la valeur: la valeur reste valeur. Mais au cours de ce processus, premièrement - ce qui n'affecte absolument pas la valeur -, la valeur d'usage de la marchandise est changée, et deuxièmement, la force de travail accroît par sa fonction la valeur, qui grandit. En tant que marchandise (M1) dont la valeur est accrue de la plus-value, la marchandise quitte le lieu de production pour subir sa deuxième et dernière transformation en argent (A1).

Le mouvement circulaire du capital se divise par conséquent en stades (A-M et M1 et A1) qui sont du domaine de la circulation et en un troisième, de la production. Dans la circulation, le capital apparaît comme capital-argent et capital-marchandises, dans la production, comme capital productif. Ce capital, qui prend successivement toutes ces formes, est du capital industriel. Le capital-argent, le capital-marchandises, le capital productif, ne caractérisent donc pas ici des sortes de capital indépendantes, mais seulement des formes de fonction particulières du capital industriel.

Il en résulte par conséquent le schéma suivant: A-M-P ... M1 P1.

Chaque capital apparaissant nouvellement en scène se présente d'abord comme capital-argent. Qu'il est capital on ne le voit pas à l'argent2. Il ne l'est que parce qu'il doit être transformé en les éléments du capital productif. Au début, il n’est qu’argent, ne peut donc exercer que des fonctions d’argent, il n’est que moyen de circulation ou de paiement.

Nous savons déjà que la fonction de l'argent en tant que moyen de paiement peut comporter des rapports de crédit. M, le premier stade du processus de circulation du capital se divise en deux parties : A-Mp et A-F. Étant donné que le salarié ne vit que de la vente de sa force de travail le maintien de celle-ci exige une consommation quotidienne et son paiement doit être répété à des échéances très courtes, afin qu'il puisse faire les achats nécessaires à sa subsistance. C'est pourquoi le capitaliste doit lui faire face constamment en tant que capitaliste d'argent, et son capital comme argent3. Ici, on le voit, le crédit ne joue aucun rôle.

Il en est autrement dans le processus A-Mp. Ici, le crédit peut jouer un rôle plus important. Les moyens de production achetés ont pour but d'être mis en valeur. L'argent qui a été dépensé pour eux n'est pour le capitaliste que prêté, il doit lui revenir, une fois terminée la période de circulation, et, en supposant que tout se passe normalement, il lui revient accru. Comme le capitaliste, par conséquent, ne fait qu’avancer son argent et que ce dernier lui revient, ll peut lui être avancé, prêté, à lui-même. Et c'est là, d'une façon générale, la condition du crédit de production : à savoir que l'argent n'est prêté qu'à celui qui ne le dépense lui-même que de telle sorte qu'il doive - toujours dans des conditions normales - lui revenir. En outre le crédit est fondé ici sur les marchandises, pour l'achat desquelles l'argent a été avancé.

Nous n'avons affaire ici qu'au crédit qui découle de la circulation des marchandises elle-mêmes, du changement de la fonction argent, de la transformation de l'argent, de moyen de circulation en moyen de paiement. Nous ne considérons pas encore le crédit qui découle du fait que la fonction du capitaliste se divise en deux, celle d’un simple propriétaire d'argent et celle d'un entrepreneur. Si l'argent est prêté à l'entrepreneur par le propriétaire d'argent, ce n'est qu'un simple transfert d'argent. Rien n'est encore changé par là à la quantité de l'argent prêté. Mais, dans le cas que nous considérons maintenant, cela peut très bien se produire. Le vendeur des moyens de production lui crédite la marchandise et reçoit en échange une promesse de paiement, par exemple une traite. Le capitaliste pourra peut-être déjà, au moment de l'échéance, payer avec le reflux hors du processus de circulation du capital qui lui a été avancé. Si c'est le cas, 2 La difficulté que comporte la notion de capital, comme les notions économiques en général, provient de l'apparence

qu'elles sont inhérentes aux choses elles-mêmes, alors qu’elles ne font que refléter des rapports sociaux déterminés, dans lesquels ces mêmes choses jouent des rôles tout à fait différents. Ainsi, l'or en tant que monnaie ne reflète, d'une part, que le rapport d'une certaine époque dans le développement de l’échange des marchandises, il est moyen de circulation ; mais, sous un autre rapport, il est capital. C'est pourquoi la question de savoir si l’or est ou non du capital est une question mal posée. Dans certains cas il est monnaie, dans d'autres il est capital. Mais capital, cela signifie qu'il ne peut en tant que tel qu’accomplir des fonctions monétaires et qu'il n'est que forme monétaire du capital, à la différence de sa forme de marchandises. Vouloir attribuer à certaines choses déterminées le caractère de capital est aussi faux que de considérer l'espace comme inhérent aux choses. Seule notre vision donne aux choses la forme spatiale, comme seuls des stades déterminés du développement social donnent aux choses forme d'argent ou de capital.

3 Marx, Le Capital, II, p. 12.

la somme de son capital-argent pourra être inférieure à ce qu'elle devrait être autrement; le crédit a accru la puissance de son capital.

Mais le crédit ne change rien au fait que le capital doit avoir forme d'argent pour pouvoir acheter une marchandise. Il diminue seulement, dans la mesure où des paiements se compensent, la quantité d'argent métallique qui, autrement, serait nécessaire pour l'échange. Mais cette quantité n'est en rien déterminée par le caractère de capital que l'argent possède dans cette transaction, elle n'est soumise qu'aux lois découlant de la nature de la circulation des marchandises. Toutes les autres circonstances supposées égales, c'est la somme des prix des marchandises qui doivent être achetées qui décide de la quantité d'argent qui doit être prêtée. Une avance accrue de capital-argent ne signifie par conséquent rien d'autre qu'un achat accru de marchandises destinées à devenir du capital productif (Mp + A), par conséquent quantité accrue de moyens de circulation et de moyens de paiement.

A cet accroissement contribuent deux tendances opposées. Avec l'accumulation plus rapide aux époques de haute conjoncture croît la demande de certaines marchandises et par conséquent leur prix. L'augmentation de la somme des prix rend nécessaire une quantité d'argent accrue. D'un autre côté, le crédit croît en même temps, car c'est une période de haute conjoncture où les reflux se font régulièrement, où la mise en valeur du capital paraît assurée, et où par conséquent il est plus facile d'accorder du crédit. L'expansion du crédit rend ici possible l'expansion rapide au-delà de la base de l'argent métallique.

Cela ne vaut bien entendu que pour le processus A-Mp, et non pour le processus A-F. Bien au contraire, avec l'accroissement du capital variable croît également et dans la même mesure la masse de l'argent supplémentaire servant à l'achat et entrant dans la circulation. Il est clair qu'avec le développement de la production capitaliste la sphère de l'utilisation du crédit s'élargit d'une façon absolue et, plus encore, relative, étant donné qu’au fur et à mesure du progrès vers une plus haute composition organique du capital, l'échange de A-Mp croît constamment par rapport à A-F et par conséquent aussi la sphère du crédit par rapport à celle de l'argent liquide.

On voit que l'étude du mouvement circulaire du capital ne présente encore aucune détermination nouvelle pour le rôle du crédit. Pas d’avantage celle de l'influence qu'exerce la durée du changement sur l'importance du capital-argent. Car il apparaîtra qu'au cours de ce mouvement circulaire des sommes d'argent sont périodiquement libérées. Mais, comme l'argent qui dort ne peut produire aucun profit, on s'efforce d'empêcher le plus possible cette mise en sommeil, tâche qui ne peut être accomplie que par le crédit, lequel reçoit ainsi un nouvelle fonction. Ce sont ces causes nouvelles de formation de rapports de crédit que nous allons étudier maintenant.

LIBERATION PERIODIQUE

ET IMMOBILISATION DU CAPITAL-ARGENT

« Le mouvement du capital à travers la sphère de production et les deux phases de la sphère de circulation s'accomplit par ordre successif dans le temps. La durée de son séjour dans la sphère de production constitue son temps de production, celle dans la sphère de circulation son temps de circulation. C’est pourquoi le temps t dans lequel il parcourt son cycle est égal à la somme du temps de production et des temps de circulation4 .

« Le mouvement circulaire du capital, déterminé non pas comme phénomène isolé : mais comme processus périodique, c’est sa transformation. La durée de cette transformation est donnée par la somme de son temps de production et de son temps de circulation. Cette somme de temps constitue le temps de transformation du capital5. »

Par conséquent, dans notre schéma, le temps qui est chaque fois nécessaire pour accomplir le processus A-A1 constitue le temps de transformation. Le temps de circulation est égal au temps qu’exigent les transactions A<F/Mp et M1-A1, tandis que le temps de production est égal au temps pendant lequel le capital est soumis en tant que capital productif au processus de mise en valeur.

Supposons que le temps de transformation d'un capital soit de neuf semaines, dont six pour le temps de production et trois pour le temps de circulation, et que 1 000 marks de capital soient nécessaires, toutes les semaines pour la production. Pour que celle-ci, à la fin de la sixième semaine, ne soit pas interrompue pendant trois semaines, le capitaliste doit, pendant les trois semaines qui constituent le temps de circulation, avancer un nouveau capital de 3 000 marks afin que la production se poursuive d’une façon ininterrompue. Car, pendant ces trois semaines durant lesquelles le capital reste dans la sphère de circulation, il se trouve en ce qui concerne le 4 Ibidem, II. p. 97.

5 Ibidem, p. 133.

processus de production dans la même situation que s’il n’existait pas6. Le temps de circulation rend par conséquent nécessaire du capital supplémentaire et ce dernier est par rapport au capital total comme le temps de circulation par rapport au temps de transformation, soit dans notre exemple 3 à 9, ce qui signifie que le capital supplémentaire représente le tiers du capital total.

Le capitaliste doit donc disposer de 9 000 marks au lieu de 6 000, s'il ne veut pas que la production soit interrompue pendant trois semaines. Mais ces 3 000 marks supplémentaires n'entrent en fonction qu'au début du temps de circulation, c'est-à-dire à la septième semaine, et restent par conséquent immobilisés pendant les six premières semaines. Cette libération et immobilisation de 3 000 marks se répètent donc constamment. Les 6 000 marks, qui dans la première période de travail ont été transformés en marchandises sont vendus à la fin de la neuvième semaine. Le capitaliste a maintenant en main 6 000 marks. Mais la deuxième période de travail a déjà commencé et est maintenant à moitié écoulée. Pendant ce temps, le capital supplémentaire de 3 000 marks a fonctionné; il ne faut donc plus que 3 000 marks jusqu'à la fin de la période de travail. Sur les premiers 6 000 marks, 3 000 ont donc été libérés et ce processus recommence toujours à nouveau.

Il a fallu par conséquent un capital supplémentaire, et même du capital-argent, étant donné qu’il doit servir à l'achat de moyens de production et de force de travail, pour maintenir la continuité du processus de la production, lequel ne doit pas être interrompu par la circulation du capital. Ce capital supplémentaire n’engendre pas lui-même continuellement de la plus-value, et par conséquent ne fonctionne pas comme capital, mais est toujours libéré pour un temps par le mécanisme de la circulation afin de pouvoir fonctionner pendant un autre temps.

« Le capital social global considéré, une partie plus ou moins importante de ce capital supplémentaire se trouvera toujours pour longtemps à l'état de capital-argent7, et cette partie libérée du capital est égale, à la partie du capital qui doit combler l'excédent de la période de circulation sur une période de travail ou sur un multiple de périodes de travail8. »

« Cette intervention du capital supplémentaire (de 3 000 marks) nécessaire pour transformer le temps de circulation de capital I (de 6 000 marks) en temps de production n’accroît donc pas seulement la grandeur du capital prêté et la longueur du délai pour lequel le capital global est nécessairement prêté, mais elle accroît d'une façon spécifique la partie du capital prêté qui a été mise de côté comme réserve d'argent, par conséquent se trouve en état de capital-argent et possède la forme de capital-argent potentiel9. »

Mais ces 3 000 marks n'ont absolument pas besoin de représenter la somme totale du capital-argent immobilisé à un moment donné. Supposons le cas10 où notre capitaliste emploie ces 6 000 marks, nécessaires pour la production, de façon à en dépenser la moitié pour l'achat de moyens de production et l'autre moitié pour les salaires. Mais il paye les ouvriers toutes les semaines, ce qui signifie que, sur ces 3000 marks nécessaires jusqu'à la fin de la sixième semaine, une partie, qui diminuera chaque semaine de 500 marks, sera toujours immobilisée. De même, il est possible aussi qu’une partie des moyens de production, par exemple le charbon, ne soit pas achetée immédiatement au début pour toute la période de production, mais seulement au cours de cette période. (Réciproquement, il pourrait aussi arriver que les conditions du marché et les habitudes de livraison obligent à acheter pour plus d'une période de production. Il deviendrait alors nécessaire de transformer un plus grand capital-argent en marchandises.)

Du fait, par conséquent, que dans le processus A<M/Mp l’argent n'est pas transformé immédiatement en force de travail et en moyens de production, il se forme du capital-argent immobilisé, même sans tenir compte du capital II supplémentaire. Une partie de l'argent accomplit l'acte A-M, tandis qu’une autre partie reste à l'état d'argent pour servir, mais seulement à un moment déterminé par les conditions du processus même, à des actes A-M simultanés ou successifs. Il n'est que provisoirement retiré de la circulation pour entrer en action, exercer sa fonction à un moment déterminé. Cette immobilisation est alors un état ou l’argent exerce une de ses fonctions en tant que capital-argent. En tant que capital-argent, car dans ce cas l'argent resté momentanément en repos est lui-même une partie du capital-argent C, qui est égal à la valeur du capital productif, d'où part le mouvement circulaire. D'autre part, tout l'argent retiré de la circulation se trouve sous forme de trésor. « La forme de trésor de l'argent devient par conséquent ici fonction du capital-argent, tout comme dans A-M la fonction de l'argent en tant que moyen d'achat ou de paiement devient fonction du capital-argent, et cela parce que la valeur du capital existe ici en forme d'argent, l'état d'argent est, par le lien du mouvement circulaire, un état déjà décrit du capital industriel dans un de ses stades. Mais il apparaît ici de nouveau que le capital-argent à l’intérieur du cycle du capital industriel n'exerce d’autres fonctions que des 6 Ibidem, p. 243.

7 Ibidem, p. 248.

8 Ibidem, p. 262.

9 Ibidem, p. 248. L'exemple chiffré est chez Marx différent de celui que nous avons adopté, pour rendre les choses plus simples.

10 Nous ne pouvons mentionner ici que les facteurs les plus importants. Dans le tome II du Capital, Marx a étudié le problème jusque dans les détails, que des pédants pourraient du reste multiplier encore. Mais on a négligé jusqu’ici l’importance fondamentale de ces études pour la compréhension des rapports de crédit.

Dans le document LE CAPITAL FINANCIER. Rudolf Hilferding (Page 46-55)