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I.2. Les théories de la personnalité

I.2.1. L’approche psychanalytique

La théorie psychanalytique s’applique à comprendre l’être humain. Les éléments les plus

importants de cette théorie sont résumés ainsi : « la personnalité est un ensemble dynamique

constitué des composantes sans cesse en bataille, elle est dominée par des forces inconscientes et par la sexualité » (Hansenne, 2006). La théorie psychanalytique s’intéresse à l’interaction des forces internes qui modèlent et conduisent le comportement humain. Selon cette théorie, les luttes et les compromis entre les motivations, les pulsions, les besoins et les conflits formulent le comportement. Tout en ayant une même motivation, des personnes différentes peuvent avoir des comportements divers, ou un même comportement chez des personnes différentes peut être dû à leurs motivations respectivement différentes. En outre, le comportement peut s’expliquer par un éventail de motivations chez un même individu. Cette théorie a un seul auteur, Sigmund Freud.

Le fondement de la conception dynamique du fonctionnement psychique énoncée par Freud a

été influencé par les idées de l’éminent physiologiste. Ernst Bruske. « Ces idées

représentaient l’être humain comme un système physiologique dynamique obéissant au principe physique de la conservation d’énergie »(Pervin, 2001). Pervin (2001) a proposé que la psychanalyse recèle une conception implicite de l’individu et de la société, et peut-être même une philosophie globale de la vie.

Au fond, la conception psychanalytique de l’individu considère l’être humain comme un

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une partie de cette énergie pour une fin déterminée, la quantité d’énergie disponible a diminué. C'est-à-dire que vous n’aurez pas assez d’énergie pour parvenir à vos fins. Vous devrez faire le choix entre différentes fins, à cause de votre réserve d’énergie limitée. Ce choix peut créer de la tension ou de la libération d’énergie. Alors selon Freud, le but de tout

comportement est le plaisir, c’est-à-dire la réduction de la tension ou la libération d’énergie.

Freud a affirmé que l’être humain était régi par des pulsions sexuelles et par des pulsions

agressives. La pulsion d’agression réside « au fond de tous les sentiments de tendresse ou d’amour unissant les humains » (cité par (Pervin, 2001). Il met aussi en évidence la pulsion sexuelle, de même que le conflit qui surgit entre l’expression de ces pulsions et les règles sociales à observer.

A quels éléments structuraux la théorie psychanalytique recourt-elle pour expliquer le

comportement humain ? Le premier modèle de Freud (1900), appelé premier topique, a une

structure reposant sur trois éléments : le conscient, le préconscient et l’inconscient. Le

conscient qualifie les pensées, les expériences et les sentiments que l’on a en tête. Le

préconscient est constitué des pensées, des expériences et des sentiments que nous avons

momentanément oubliés, mais qu’il est facile de rappeler à la mémoire. L’inconscient est

constitué des pensées, des expériences et des émotions dont nous ne sommes pas conscients. Il est la conséquence du refoulement (cité par (Pervin, 2001).

Les trois éléments structuraux de la théorie psychanalytique forment les trois processus

mentaux correspondants. Les processus mentaux conscients sont rationnels, orientés vers un

but et au centre du champ de conscience. Les processus mentaux préconscients représentent

ce qui pourrait devenir conscience. Les processus mentaux inconscients sont irrationnels, et

plutôt organisés en réseaux d’associations que logiquement.

Cette théorie renvoie aux conflits entre les motifs conscients et inconscients. Comment distinguer le conscient de l’inconscient ? On ne peut jamais observer directement l’inconscient. Comment est-il possible d’en confirmer l’existence ? Pour confirmer l’existence de l’inconscient, Freud a utilisé des observations cliniques. Il a constaté que l’individu sous hypnose pouvait se remémorer des événements qu’il était incapable de se rappeler auparavant et à l’état de conscience. En se basant sur ces observations cliniques, Freud a confirmé que « l’inconscient renferme des souvenirs et des désirs qui ne font pas partie de notre conscience et qui de surcroît, sont « volontairement enfouis » dans l’inconscient » (cité par Pervin, 2001).

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Dans les années 60 et 70, la recherche expérimentale a été mise en œuvre pour déterminer la

perception inconsciente, appelée également perception sans prise de conscience. Peut-on « savoir » quelque chose sans être conscient qu’on le sait ? Pour déterminer l’existence de

l’inconscience, on utilise des stimuli émis à un seuil inférieur à celui requis pour la prise de

conscience : il s’agit d’une technique appelée « perception subliminale » dans la recherche

expérimentale. Les humains ne peuvent pas avoir conscience de ces stimuli. S’ils perçoivent ces stimuli, c’est qu’il s’agit de la perception de l’inconscience.

A l’heure actuelle, la majorité des psychologues admettent que les processus inconscients

influent considérablement sur nos préoccupations et nos émotions. « Nous en avons tiré la

conclusion que les influences inconscientes sont partout. Il est évident que les gens planifient et agissent parfois d’une manière consciente. Cependant, le comportement est plus fréquemment influencé par les processus inconscients » (Jacoby et al., 1992). Et pour Lawrence A. Pervin (2005), l’idée que l’être humain obéisse à des notions inconscientes se situe au cœur de la théorie psychanalytique.

Vers 1923, Freud a élaboré la deuxième théorie, appelée second topique, qui fait reposer la

psychanalyse sur trois structures : le Moi, le Ça et le Surmoi. Le Ça représente « le réservoir

de toutes les énergies psychiques. Ces énergies sont à l’origine des pulsions de vie et des pulsions de mort, autrement dit des pulsions sexuelles et des pulsions agressives » (Lawrence

A. Pervin, 2005). Dans son fonctionnement dynamique, le Ça entretient des conflits avec le

Moi et le Surmoi. Il cherche à libérer l’excitation, la tension et l’énergie selon le principe de

plaisir : recherche du plaisir et évitement de la douleur. Ainsi, il cherche aussi une satisfaction

totale et immédiate. Il s’agit que le Ça pousse des êtres humains à rechercher cette

satisfaction totale et immédiate, et à éviter la douleur. Il les amène à l’état d’« enfant gâté » :

celui-ci veut tout ce qu’il désire, au moment où il veut. Aucune frustration ni interdiction ne peut arriver à le contrôler. Notamment, le Ça incite des hommes à chercher la satisfaction, mais ne tient pas compte de la façon dont la satisfaction est obtenue, par l’action ou par

l’imagination. La satisfaction fantasmée a la même valeur que la satisfaction réelle. Selon

Pervin et John (2005), le Ça est dénué de raison, de logique, de valeur, de morale et d’éthique. En bref, il est exigeant, impulsif, aveugle, irrationnel, asocial, égoïste et hédoniste.

Normalement, nous ne pouvons pas nous comporter selon nos désirs, parce que notre

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renfermant les idéaux que nous essayons d’atteindre et les punitions que nous prévoyons de recevoir lorsque nous ne respectons pas notre code d’éthique » (Lawrence A. Pervin, 2005). Cette structure psychique modèle notre comportement. Il nous stimule à suivre des règles établies par la société pour recevoir des récompenses quand nous observons la « bonne » conduite, et pour éviter des punitions quand nous nous alignons sur la « mauvaise » conduite. Le Surmoi fonctionne comme un outil de contrôle des désirs du Ça, pour qu’ils correspondent aux règles de la société. Mais selon Pervin et John (2005), dans quelques cas, le Surmoi peut opérer selon un mode très primitif et être incapable de passer l’épreuve de la réalité, c'est-à-dire de modifier son action selon les circonstances. Dans ce cas, l’individu est incapable de faire la distinction entre la pensée et l’action et il se sent coupable d’avoir eu en tête une pensée, même si cette dernière n’est pas concrétisée.

Le Moi est la troisième instance de la structure psychique. Si le Ça cherche le plaisir, le

Surmoi cherche la perfection et le Moi est en quête de la réalité. Le rôle du Moi consiste à

exprimer les désirs du Ça conformément à la réalité et aux exigences du Surmoi, et à les

satisfaire. Alors que le Ça fonctionne selon le principe de plaisir, le Moi agit selon le principe

de réalité : la satisfaction des pulsions est retardée jusqu’au moment où il est possible d’obtenir le plus de plaisir possible en réduisant la peur ou les conséquences négatives.

En outre, Freud a eu également une contribution importante concernant l’étude du développement de la personnalité. Selon lui, il existe cinq stades dans le développement de la

personnalité. Le stade oral (les 18 premiers mois environ) est la période où les enfants

explorent le monde par la bouche. Le stade anal (de 2 à 3 ans) est caractérisé par les conflits

avec les parents sur la conformité et par ceux liés à l’acquisition de la propreté. Le stade

phallique (de 4 à 6 ans), c’est quand les enfants découvrent qu’ils peuvent éprouver du plaisir

en se touchant les parties génitales, ou même en se masturbant. Le stade latent (de 6 à 10

ans) est celui où les enfants refoulent leurs pulsions sexuelles et continuent à s’identifier à leur

parent du même sexe. Le stade génital (à partir de 12 ans et au-delà), correspond aux années

de refoulement. Il s’agit des zones sensuelles du corps où la satisfaction d’un instinct primaire peut être obtenue. Selon Freud, la personnalité de base s’élabore à cinq ans, c'est-à-dire que les éléments importants de la personnalité sont déjà présents en dernière année de classe maternelle (Hansenne, 2006).

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Freud est reconnu à la fois comme un génie et un chercheur d’un courage remarquable. Selon Pervin et John (2005), sa théorie psychanalytique a apporté deux grandes contributions. La première contribution importante de Freud tient donc à la richesse de ses observations concernant le comportement humain. En deuxième lieu, il s’est intéressé à la complexité du comportement humain et a élaboré une théorie qui tient compte de tous ces aspects.

La théorie psychanalytique s’est imposée largement durant le 20ème

siècle. Bien qu’elle ait créé les bases fondatrices des études scientifiques de l’être humain, elle présente encore quelques problèmes. Il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’une théorie trop complexe. Elle comporte de nombreux éléments et concepts ambigus. Sa terminologie reste très floue. C’est pourquoi les recherches ont du mal à distinguer précisément certains termes utilisés.

Enfin, le problème majeur de cette théorie réside dans la difficulté de tester ou de faire des études expérimentales. Même si ses concepts sont bien définis, ceux-ci sont souvent trop difficiles à observer et à mesurer, par exemple sous la forme de perceptions d’inconscience. Le dernier problème concerne le caractère sexiste de la théorie freudienne. Cette théorie est très masculine (Hansenne, 2006). Pour lui, les hommes représentent des idéaux dont les femmes seraient jalouses. Mais plusieurs auteurs féminins, comme Horney (1967), ont

fortement condamné la position sexiste de Freud. Pour Horney (1967), « il n’y a pas de raison

que les femmes soient jalouses de l’homme », et ces proposions de Freud sont très subjectives et ne reposent sur aucune réalité (cité par (Hansenne, 2006).