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2.1 1945-53 : l’apparition précoce de conflits.

Dans le document L'UNESCO de 1945 à 1974 (Page 173-200)

Dans le monde de l’après-guerre en proie aux tensions politiques et aux clivages idéologiques les plus vifs, l’Unesco connaît très vite l’extrême difficulté de respecter son apolitisme de principe3.

Une politisation précoce.

Dès les toutes premières années, on observe une politisation. Durant son mandat, Julian Huxley s’efforce de faire abstraction des enjeux politiques4. Pourtant, ceux-ci font rapidement leur apparition, de manière plus ou moins dissimulée, dans les débats et dans l’exécution des programmes, et empêchent souvent les réflexions de suivre leur cours naturel. Cette tendance est déplorée dès la conférence générale de 1946, notamment par Léon Blum, président de la conférence5, par les membres de la commission nationale française6, par

1 DG/212, 5 déc. 1958, p. 5.

2 Les articles de presse ont été en général analysés dans le chapitre 4 ; cependant, ceux qui traitent des aspects

politiques sont évoqués dans ce chapitre.

3

W. Preston, Hope and Folly. The US and Unesco, 1945-85, p. 81.

4 EU, box 2248 : rapport confid. de la délégation américaine à Beyrouth au département d’état, 27 avril 1948 ;

W. Preston, op. cit., p 48 : Huxley « seemed singularly absent-minded about the Cold War realities that accompanied the birth of Unesco » ; Julian Huxley, Memories II, op. cit., chap. 2 (p. 37-52).

5 Discours de Léon Blum à la première conférence générale, doc. cit.

6 FR, NUOI 1946-1959, (S 50), carton 333 : commission nationale provisoire pour l’éducation, la science et la

culture, fév. 1947 : rapport sur la conférence générale de l’Unesco, Paris, nov.-déc. 1946, 11 p., p. 1. Ils observent que « cette conférence, qui devait être avant tout culturelle, a été essentiellement politique », que « le

William Benton1, et par le ministre français des Affaires Etrangères, qui écrit dans un document confidentiel :

« Les délégations […] sont retournées dans leur pays avec le sentiment mêlé d’amertume que, même dans le domaine culturel, les grandes assises internationales sont dominées par les rivalités de puissances et que la voix des éducateurs et des savants est trop facilement couverte par celle des gouvernements. Le plus grave est que l’on n’a pas senti dans les salles de l’Hôtel Majestic cette foi mise au service d’une grande cause internationale qui, seule, peut assurer le succès de la nouvelle organisation intellectuelle mondiale. Quant à l’esprit international qui aurait dû constamment dominer les débats, force est de reconnaître qu’il s’est très peu manifesté. »2

En août 1947, le ministre français des Affaires Etrangères, Robert Schuman, estime qu’« il convient de se montrer encore réservé en ce qui concerne l’avenir de l’Organisation », et évoque les « sérieux obstacles » que constitue la politisation de l’Unesco, estimant : « l’Unesco est beaucoup plus une organisation gouvernementale que l’Assemblée des savants et des peuples que la délégation française voulait réaliser. Elle risque, par conséquent, d’être plus politique que culturelle »3. La politisation est déplorée par un nombre croissant de délégués à la conférence générale de 19474. M. H. Holcroft, représentant de la Nouvelle- Zélande à la conférence générale de 1948, y observe l’importance des tensions politiques, qui font obstacle à la véritable réflexion5. De même, Milton Eisenhower, membre de la délégation américaine, se sent découragé par « la manipulation politique » et « le vote par blocs » qu’il observe à cette conférence6. L’observateur des États-Unis à la conférence de Nankin sur l’éducation de base en 1947 déplore le caractère superficiel et timoré des discussions, qui auraient éludé les vrais problèmes et les vrais débats, par peur de se retrouver impliquées dans des enjeux politiques : « A chaque fois que la discussion s’approchait de ces enjeux plus vastes, elle s’empressait de s’en détourner par peur de conséquences politiques désagréables »7. De même, Paul Rivet, qui participe à la conférence d’Iquitos sur la création de l’IIHA, en 1948, déplore la prédominance d’enjeux d’intérêts nationaux, qui handicapent la progression du projet8. En 1949, Torres Bodet reconnaît que, bien que l’Unesco soit en théorie « étrangère à la politique », en réalité « la politique n’en possède pas moins une indéniable réalité, et les conflits d’intérêts et de passions qui en découlent réduisent souvent l’Unesco à climat politique dans lequel s’est réunie la conférence était moins bon que celui de novembre 1945 », date de la conférence constitutive (Ibid., p. 5-6) ; « L’aspect flou qu’a revêtu le programme adopté par la conférence a été dû, pour une large part, aux préoccupations politiques qui ont pesé sur elle et qui ont poussé trop de délégations à affadir ou minimiser, par manque de confiance, la plupart des décisions qu’il leur était demandé d’adopter. » (Ibid., p. 4) ; « Méfiances et réactions d’auto-défense » ont prévalu (Ibid., p. 5-6).

1 EU, box 2241 : statement by the honorable William Benton, assistant secretary of state, before the Chicago

Council of foreign relations, 9 janv. 1947, 7 p. Benton déclare que cette conférence était beaucoup plus politique qu’éducative, culturelle et scientifique, et que les délégués ont cherché avant tout à défendre leurs intérêts nationaux (« behind many of the assembled scholars, scientists, educators, and administrators of cultural agencies, stood their governments seeking to advance and protect specific national interests »).

2

FR, NUOI carton 355 : compte rendu d’un diplomate français, non signé, non daté, début 1947.

3 FR., Nantes, carton 117 : rapport du ministre des affaires étrangères français aux agents diplomatiques de la

République française à l’étranger, confid., 3 août 1947, intitulé : « La deuxième session du conseil exécutif et le rôle de la France à l’Unesco », p. 12-13.

4

Journal de la conférence générale de 1947, vol. I : compte-rendu des débats, 4e séance plénière, 8 nov. 1947, p. 67 : intervention du délégué d’Haïti, Arthur Bonhomme.

5 M.H. Holcroft, Lebanon..., op. cit., p. 33 et 61.

6 EU, box 2254 : rapport confid. de Milton Eisenhower à George V. Allen sur la 3e conférence générale, déc.

1948, 5 p., p. 3-4 : « political manipulation, block voting, and hobby-horse racing ».

7 EU, box 2243 : mémorandum confidentiel de Josiah Bennett, à l’ambassade américaine de Nankin, 18 sept.

1947, 14 p., p. 14. « Whenever the discussion approached these larger issues, it veered away for fear of unpleasant political consequences ».

8

jouer le rôle de témoin muet »1. Dans ses Mémoires, il déplore la langue de bois de la conférence générale, ainsi que l’intérêt national qui oriente le comportement de nombreux fonctionnaires et délégués2. La délégation de l’ONU à la conférence générale de 1949 observe que « les délégations semblent avoir été composées […] avec le souci apparent d’éviter les personnalités trop brillantes ou trop vigoureuses. Les gouvernements paraissent avoir souvent préféré fonctionnaires et diplomates aux intellectuels proprement dits, écartés aussi au profit d’hommes politiques »3. La presse internationale affirme elle aussi très tôt que l’Unesco est malgré elle soumise aux enjeux politiques, ce qui la met dans une postion de « porte à faux »4 ; en 1951, le Journal de Genève observe : « si libre qu’elle se veuille des influences gouvernementales, elle n’en est pas moins sous le contrôle des États, risquant ainsi trop souvent d’y laisser le cadre culturel à la merci du cadre politique »5 ; la même année, Le

Monde observe que « Torres Bodet s’est efforcé jusqu’à présent de maintenir l’organisation à

l’écart des conflits idéologiques pour que l’Unesco ne devînt pas un instrument de propagande politique », mais observe que cela est de plus en plus difficile6. En 1952, au moment de la démission de Torres Bodet, Le Monde affirme que les institutions internationales « apparaissent de plus en plus comme des champs clos où s’affrontent les propagandes »7 ; et

Combat regrette : « les grands courants politiques se sont infiltrés à l’Unesco »8. En 1953, Walter Laves, président de la commission nationale américaine, déplore dans un discours que chaque État membre cherche à tirer de l’Unesco un intérêt national, et que « chacun n’attend pas la même chose de l’Unesco »9. Cependant, il faut interpréter avec prudence ces jugements : le sentiment de la politisation par les contemporains n’est pas forcément la preuve de l’existence de celle-ci.

2.1.1. « Clan latin » vs. « clan anglo-saxon ».

Les rivalités entre clan latin et clan anglo-saxon sous Huxley.

L’intérêt du « clan anglo-saxon » pour l’Unesco.

L’intérêt du gouvernement américain pour les relations culturelles internationales est né tardivement. Aux États-Unis, l’action culturelle est traditionnellement le fait d’associations et de fondations privées10. Durant l’entre-deux-guerres, les États-Unis ont refusé de participer à la SDN et à ses institutions culturelles. Une « Commission nationale de coopération intellectuelle internationale» avait pourtant été créée aux États-Unis : chargée de mobiliser

1

DG/9/49, 11 avril 1949, p. 6.

2

J. Torres Bodet, Memorias III, p. 120, p. 17 : « chez beaucoup d’employés [de l’Unesco], la dévotion nationale prévalait sur la volonté de l’action internationale » (« En muchos de los empleados prevalecia la devocion nacional sobre la voluntad de accion internacional. ») ; p. 210. Tout au long de la conférence générale de 1951, de nombreux délégués viennent voir Torres Bodet, pour lui demander des faveurs pour leur pays.

3

ONU, RAG-2/76, box 11 : rapport de Louis Gros, chef de la délégation des Nations Unies, à M. Sze, sur la 4e session de la conférence générale, 7 nov. 1949, p. 4.

4 RP, 19 mai 1953 : Revue de Paris, mai 1953 : article de P.-L. Bret.

5 RP, 7 déc. 1951 : Journal de Genève , 21 nov. 1951 : Eugène Fabre ; cf. aussi RP/21, 8 avril 1948 : article

critique dans le Age Herald de Birmingham, Alabama, 26 mars 1948. L’article accuse les délégués aux conférences générales d’être des « agents gouvernementaux » (« government agents »).

6 RP, 22 juin 1951 : Le Monde.

7 Le Monde, 23-24 nov. 1952 : « Le directeur de l’Unesco donne sa démission ». 8

RP, 12 déc. 1952 : Combat, 25 nov. 1952 : « Après la demission de Torres Bodet, où va l’Unesco ? »

9 Unesco and the US National Interest, discours de Walter H.C. Laves, 9 juin 1953, 10 p., p5 et 9 : « not all

expect the same thing from Unesco ».

10 C’est le président Roosevelt qui inaugure l’entrée de l’Etat américain dans les préoccupations culturelles, avec

l’intérêt de cercles intellectuels pour l’idée de la coopération culturelle internationale, elle avait collaboré avec l’IICI en tant qu’organisme privé1.

La Seconde Guerre Mondiale déclenche dans l’esprit du gouvernement américain une prise de conscience de la nécessité de s’impliquer davantage, désormais, dans les affaires internationales, notamment dans le domaine culturel. Entre 1941 et 1945, les États-Unis participent activement à la création de l’ONU. Parallèlement, ils montrent un intérêt marqué pour le processus de création de l’Unesco, entre 1942 et 1945. En septembre 1945, dans un message officiel, le président Truman exprime son intérêt pour la future Unesco2. À cet intérêt gouvernemental s’ajoute celui de nombreuses organisations privées américaines et des milieux du cinéma3. Au Congrès, la thèse de l’adhésion des États-Unis à l’Unesco, défendue avec éloquence et conviction par des personnalités telles que William Benton, Archibald MacLeish, Charles Thomson, Frederick G. Hochwalt, William Carr, l’emporte4. Cet intérêt, loin d’être désintéressé, répond essentiellement à des motivations politiques et économiques5.

Le département d’Etat, qui considère l’Unesco comme une agence d’une très grande importance pour les intérêts américains, crée dès 1946 en son sein un « Comité sur les relations avec l’Unesco »6. Ce comité, dirigé par W. Benton puis à partir de 1950 par George V. Allen (secrétaire d’Etat adjoint pour les Affaires publiques en 1948-49), présente les idées de l’Unesco comme inspirées par les idéaux démocratiques américains. Benton, dans ses discours à la radio, identifie les valeurs de l’Unesco avec celles des États-Unis7. Ses propos sont teintés d’un fort nationalisme8 ; il n’hésite pas à déclarer qu’il conçoit l’Unesco comme une « force politique de première magnitude »9, « une force majeure pour le programme de sécurité des États-Unis et pour l’accomplissement des objectifs de la politique étrangère américaine »10. Allen lui aussi conçoit l’Unesco comme un instrument servant à diffuser dans le monde l’idéologie américaine11. De plus, le Département d’état joue un rôle majeur dans la création en 1947 de la commission nationale américaine, qu’il finance largement et dont il nomme les membres12. Des tensions se développent d’ailleurs en 1947 entre la commission nationale américaine et le Département d’état, celui-ci reprochant à celle-là de manifester une autonomie excessive par rapport à sa ligne politique13. L’incident aboutit à la soumission de la

1 Albert Rosenthal, Administrative problems in the establishment of the Unesco, Unesco relations staff,

department of state, 1948, 410 p., p. 12.

2 EU, 501.PA/9-45, « What the president thinks about the United Nations Conference on Education and Cultural

Affairs », par Harry S. Truman, 5 septembre 1945.

3 Gail Archibald, op. cit., p. 64.

4 Gail Archibald, op. cit., p. 80 ; Congrès, vol. 91, 79e congrès, 1e session, 3 janv-21 déc. 1945 : remarks in

House relative to the UN conference for establishment of an educational, scientifc and cultural organisation, p. 10997.

5 Cf. William A. Scott et Stephen B. Whitey, The United States and the United Nations : the public view, 1945- 55, New York, Manhattan Publishing Company, 1958.

6 « Unesco relations staff ». cf. Albert Rosenthal, op. cit. ; EU, box 2242, mémo de Benton à Lovett, 3 juillet

1947.

7 Gail Archibald, p. 130 ; EU, box 2241 : statement by the honorable William Benton, assistant secretary of state,

commemorating W. Wilson’s birthday, broadcast over the American broadcasting system, 28 déc. 1946, 3 p.

8 W. Preston, op. cit., p. 48. 9

EU, box 2241 : statement by the honorable William Benton, broadcast over the Columbia broadcasting system, 23 déc. 1946, 7 p., p. 2. « a political force of the first magnitude ».

10 Ibid., p. 2-3. : « a major force in the security program of the US, and in the furtherance of the objectives of

American foreign policy ».

11

G.V. Allen, « The Place of Unesco in American Foreign Policy », 3 oct. 1949, article cité par G Archibald p. 130.

12 EU, box 1556 : Questions and answers about Unesco, US national commission for Unesco, 1955, 25 p., p 17.

Les membres de la commission nationale sont nommés par le secrétaire d’état ; G. Archibald, p. 142. Son premier secrétaire exécutif est Charles A. Thomson. EU, box 2241 : lt. de Herman A. Bennink à Charles A Thomson, secrétaire exécutif de la commission nationale américaine, 8 juin 1947.

13 La commission nationale américaine s’efforce de trouver des financements privés pour ne pas dépendre

uniquement de ceux fournis par le département d’état (EU, box 2243 : lt. confid. de Benton au secrétaire d’état, 22 sept. 1947 ; G. Archibald, op. cit., p. 142). La première conférence nationale de la commission nationale

commission nationale devant le Département d’état1. En 1948, le département d’état crée le poste de « représentant permanent des États-Unis à l’Unesco », confié à Kenneth Holland2. La création de ce poste est révélatrice de l’importance que cet État accorde à l’Unesco. En outre, la délégation américaine aux conférences générales de l’Unesco est composée principalement de fonctionnaires du département d’état. Ainsi, Howland Sargeant, président de la conférence générale en 1951 et 1952, a été en 1947-48 vice-secrétaire d’état adjoint pour les affaires publiques3. En 1949, le président Truman, rencontrant Torres Bodet, lui parle de l’Unesco avec intérêt et « sympathie »4.

Les États-Unis s’efforcent d’orienter le programme dans un sens qui favorise leurs intérêts. Ainsi, s’ils insistent pour que l’Unesco développe son action au moyen des mass

media, cela s’explique par le fait qu’ils voient dans l’organisation la possibilité de diffuser

leur idéologie et leurs produits culturels dans le monde5.

Cependant, ces véritables motifs d’intérêt pour l’Unesco doivent rester cachés. En mai 1950, Walter Laves, alors sous-directeur général, rappelle à l’ordre Benton qui tient des propos trop explicites sur l’intérêt politique des États-Unis pour l’Unesco : « Vous ne pouvez quand même pas dire ouvertement que l’Unesco doit être au service de la politique étrangère américaine », lui dit-il6. Pourtant, les arguments évoqués devant les milieux politiques et les milieux d’affaires reposent bien sur ces éléments. D’ailleurs, en 1953, le même Walter Laves, alors président de la commission nationale américaine, dans des discours devant des hommes politiques et des hommes d’affaires américains, souligne l’intérêt économique que présente l’Unesco pour les États-Unis, évoquant la possibilité pour ce pays d’obtenir grâce à l’organisation « de nouveaux marchés et des possibilités d’investissement outre-mer ». « Il n’y a pas à en avoir honte », affirme-t-il. « Le développement économique de ces pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du sud […] est une nécessité non seulement pour la satisfaction de leurs aspirations mais aussi pour le maintien et l’enrichissement de l’économie américaine ». Il fait valoir que « la contribution unique et de grande valeur » faite par l’Unesco à l’éducation dans le monde stimule le développement économique des pays en voie de développement et crée par là des marchés nouveaux et fructueux pour les États-Unis7. « Ne vous y trompez pas : notre participation à l’Unesco sert nos intérêts nationaux », assure-t-il8.

américaine, en septembre 1947, donne lieu à des tensions entre la commission nationale et le département d’état, celui-ci reprochant à celle-là de manifester trop d’autonomie et d’usurper ses droits en prétendant passer au- dessus de lui (EU, box 2243 : office memorandum de Loy W. Henderson à MM. Woodward, Hickerson et Butterworth, 21 oct. 1947).

1 Benton s’efforce d’apaiser le département d’état, l’assurant de la confiance que lui manifeste la commission

nationale (EU, box 2243 : lt. confid. de Benton au secrétaire d’état, 22 sept. 1947).

2

X 07.83 Maheu, V : note sur la visite du directeur général à Washington, oct. 1967, 32 p., en anglais, p. 1-2.

3 Press release n°466, 19 juin 1951. Sargeant s’occupe notamment de la radio « Voice of America », des services

d’information outre mer, et des programmes d’échanges éducatifs du département d’état ; US National Commission for Unesco, Informal report of the US Delegation to the seventh session of the general conference

of Unesco, november 12th-december 11, 1952, Paris, 30 p. 4 J. Torres Bodet, Memorias III, p. 31-32. « simpatia ».

5 EU, box 2241 : statement by the honorable William Benton before the Chicago Council of Foreign Relations, 9

janv. 1947, 7 p.

6

G Archibald, p. 143.

7 Unesco and economic development, an adress by Walter H.C. Laves, 12 p., 10 juin 1953. p. 4 : « We need

markets overseas and opportunities for investments. There is nothing to be ashamed of in this » ; p. 5 : « The economic development of these countries of Africa, Asia, and South America, which comprise more than half the populaiton of the world, is a necessity not only for the satisfaction of their aspirations but also for the maintenance and enrichment of the American economy » ; p. 7-8 : « unique contribution and a most valuable one ».

8 « Unesco and the US National Interest », an adress by Walter H.C. Laves, doc. cit., p. 4 : « Make no mistake

Cet intérêt politique et économique des États-Unis pour l’Unesco entraîne le développement d’une attitude militante du département d’état pour promouvoir l’organisation, à la fois aux États-Unis et dans les autres États membres. En 1950, le département d’état affirme à l’assistant secrétaire général de l’ONU, Benjamin Cohen, être très confiant dans les efforts du système de l’ONU pour éviter une nouvelle guerre et pour promouvoir « un sentiment croissant de solidarité humanitaire et une force morale parmi les peuples »1. La même année, le département d’état se renseigne, par l’intermédiaire de ses diplomates, sur le degré d’intérêt des autres États membres pour l’Unesco, et charge la délégation américaine et la commision nationale américaine de se consacrer à stimuler cet intérêt des États membres, en touchant les autres délégations et les autres commissions nationales2.

Cette attitude du département d’Etat ne suscite pas uniquement de l’approbation, mais aussi des critiques dans la presse des autres États membres et notamment de la France. En 1952, Combat affirme que les États-Unis sont en train d’essayer de faire de l’Unesco « un terrain annexe de la politique mondiale où se noueraient des ‘alliances’ et s’opposeraient des ‘groupes’»3.

Quant au Royaume-Uni, s’il s’est beaucoup impliqué dans la gestation de l’Unesco (1942-45), et s’il est dans les premières années (jusqu’à l’adhésion de l’URSS en 1954) le deuxième plus important contributeur au budget de l’Unesco, il se serait cependant, selon Elhem Chniti, rapidement désintéressé de l’Unesco, à partir de l’installation de celle-ci à Paris ; selon elle, il aurait renoncé à utiliser cette organisation comme un instrument de prestige national, préférant compter sur le Commonwealth et sur son alliance bilatérale avec les États-Unis4. Ce jugement prononcé par Elhem Chniti apparaît contradictoire avec l’idée de « clan anglo-saxon » unifié.

Ainsi, le « clan anglo-saxon » et en particulier les États-Unis nourrissent un intérêt précoce pour l’Unesco. Cet intérêt est essentiellement stratégique. Qu’en est-il du « clan latin » ?

L’intérêt du « clan latin » pour l’Unesco.

La France, quant à elle, est très intéressée par l’Unesco, en grande partie pour des raisons de prestige national5. La politique française à l’égard de l’Unesco s’inscrit dans la

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