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L’amour vise une personne concrète de manière inconditionnelle

Chapitre II : Quelques traits essentiels de l’amour (erôs)

8. L’amour vise une personne concrète de manière inconditionnelle

Si l’amour implique une reconnaissance mutuelle et que cette reconnaissance ne peut être accordée que par une autre conscience bien réelle, comment pourrait-on penser l’amour sans que celui-ci ne soit dirigé vers une personne concrète? Comme l’illustre Shakespeare, Juliette n’aime pas Roméo en tant qu’il est un Montaigu (comme elle ne l’aimerait pas en tant que personne riche ou de belle apparence, etc.), mais en tant qu’il est lui, c'est pourquoi elle déclare : « O Romeo, Romeo, wherefore art thou Romeo? / Deny thy father and refuse thy name; / Or, if thou wilt not, be but sworn my love / And I'll no longer be a Capulet229. » De ces célèbres lignes, on comprend que, peu importe comment s’appelle son amant, c'est lui concrètement, c'est cette personne-ci qu’elle aime. Mettant de l’avant cette idée, Thomas De Koninck affirme que « [l]’amour véritable – et réciproque – va ainsi d’emblée au concret, cet être-ci, ineffable, à l’exclusion de tout autre – et pour toujours230. » L’amour

atteint la singularité de cette personne-ci, c'est-à-dire de l’être singulier. Comme l’explique bien Hegel dans la Phénoménologie de l’esprit – idée sur laquelle nous reviendrons au chapitre III –, on ne peut jamais dire, décrire, atteindre une personne particulière avec des mots, car ceux-ci expriment toujours un universel (jamais un singulier, cette chose-ci). On peut toutefois la rejoindre par l’amour puisqu’il vise la concrétude indicible de la personne singulière, c'est-à-dire son essence. Pareillement, Jankélévitch écrit que « [l]’amour va tout droit, par visée infaillible et gnose infuse, à cette ipséité231 ». Cela dit, même si l’on parle

d’une personne concrète, ce ne sont pas les yeux qui voient l’être aimé mais l’esprit, car « [l]a personne comme telle n’est pas visible aux yeux232 », précise Thomas De Koninck, tout comme c'est l’esprit – et non pas les yeux – qui voit que cette personne-ci est ma sœur

229 W. Shakespeare, The Tragedy of Romeo and Juliet, op. cit., p. 37 (acte II, scène 1, lignes 75-78). 230 T. De Koninck, « Shakespeare, chantre de l’amour », art cit.

231 V. Jankélévitch, Les Vertus et l’amour – Tome 2 (Traité des vertus II), op. cit., p. 210. 232 T. De Koninck, « Shakespeare, chantre de l’amour », art cit.

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ou que cette image-ci près de mon bureau représente un paysage d’été. Dans le mouvement amoureux, on voit (avec l’esprit) tout entière la personne concrète dont il s’agit, c'est pourquoi on ne s’arrête pas à un ou plusieurs de ses traits (son physique, son sens de l’humour, etc.) ni à ses défauts (on voit au-delà d’eux). C'est d’ailleurs pourquoi, fait remarquer C. S. Lewis, lorsqu’on tombe amoureux, on est attiré par une personne, puis viendra un désir sexuel, car on aime la personne concrète : « Very often what comes first is simply a delighted pre-occupation with the Beloved – a general, unspecified pre-occupation with her in her in her totality. A man in this state really hasn’t leisure to think of sex. He is too busy thinking of a person. The fact that she is a woman is far less important than the fact that she is herself. He is full of desire, but the desire may not be sexually toned233. » On

comprend et déduit des propos de Lewis que le fait d’avoir simplement de l’attirance sexuelle pour une personne signifie qu’on la désire pour son corps et donc, de façon incomplète (ce n'est pas la personne en tant que telle qui nous plaît). Si l’amour-passion se résumait à n’être qu’un intérêt sexuel, on pourrait aimer à peu près n’importe quel beau corps, mais l’erôs, assure Lewis, nous attire vers une personne particulière : « Now Eros makes a man really want, not a woman, but one particular woman234. » Lorsqu’on aime quelqu'un, ce n'est pas parce qu’on estime qu’il nous procurera plus de plaisir sexuel qu’un autre. On l’aime parce qu’il est lui-même, tout simplement. Mais pourquoi j’aime cette personne-ci? Est-elle universellement aimable?

Pour Max Scheler, tel qu’indiqué dans la section sur la passivité par rapport au sentiment amoureux, l’amour est non rationnel. Par conséquent, même si l’on pouvait justifier pourquoi on aime quelqu'un et trouver un objet ayant les mêmes qualités que celles énoncées, cela n’impliquerait en rien que l’on aimerait cet autre objet235. De fait, l’amour n'est pas amour de ces qualités retrouvées en nombre important dans d’un objet, mais plutôt amour de cet objet lui-même (personne) qui est unique : l’amour « ne se porte pas sur des choses (ou des personnes réelles) données, à cause des valeurs positives qui leur seraient inhérentes et antérieures à l’éclosion de l’amour236. » Comme le fait valoir pour sa part

233 C.S. Lewis, The Four Loves, op. cit., p. 108. 234 Ibid., p. 109.

235 M. Scheler, Nature et formes de la sympathie, op. cit., p. 208. 236 Ibid., p. 214.

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Jean-Luc Marion, si j’aime cette personne, c'est parce qu’elle suscite en moi des sentiments très positifs comme aucun autre objet ne peut le faire (et de loin) et, elle ne suscitera pas ces effets positifs pour la grande majorité des autres personnes (elle me fait de l’effet, comme le veut l’expression populaire). De manière semblable, Stendhal soutient que la personne aimée est unique et irremplaçable, car « [e]lle me donnerait des plaisirs qu’elle seule au monde peut me donner237. » Par conséquent, ce n'est pas tant parce que la personne est spécialement aimable que je l’aime, mais parce qu’elle provoque en moi des effets singulièrement et fortement agréables, car ce sont des vécus que je recherche238, explique Jean-Luc Marion en ses mots :

Si cette figure s’impose à moi, la raison s’en trouve donc moins en elle, d’ailleurs inconnue, qu’en moi : j’éprouve en elle le maximum de vécus que tolère et réclame ma conscience ; l’amour comble ma conscience parce qu’il en prend la mesure et se soumet à sa mesure ; devant ce que je nomme l’autre, je vois non lui, mais la somme des vécus, dont il n'est que la cause occasionnelle et dont ma conscience est la mesure réelle. Bref, si j’aime tel et non tel autre, c'est parce que le premier reflète plus exactement la mesure de mon désir de vécus, donc de ma conscience239.

On peut déduire des propos de Marion que, sans la perception de la conscience, tous tomberaient amoureux des mêmes très belles personnes. À l’opposé, personne n’aimerait les personnes laides; pourtant, « on peut aimer d’amour pur ce qui ne mérite pas d’être aimé240. » Scheler va dans le même sens que Marion : dans le mouvement amoureux, on perçoit la valeur de quelque chose. Ainsi, seules, les qualités de l’objet ne suffisent pas; l’intentionnalité est déterminante. Lorsqu’on est amoureux, on ne perçoit pas seulement de manière neutre ces valeurs ou qualités; on leur accorde également un statut supérieur et unique. « [À] la valeur donnée comme réelle, avance Scheler, s’ajoute un mouvement intentionnel vers des valeurs de plus en plus hautes241. » Bref, c'est l’amour comme vécu de conscience qui donne de la valeur à l’être aimé.

Bien que le sentiment amoureux prenne sa source dans mes vécus de conscience, il n’en reste pas moins que ceux-ci ont pour origine un individu en particulier (cet individu-ci) qui

237 Stendhal, De l’amour, op. cit., p. 36.

238 J.-L. Marion, « L’intentionnalité de l’amour », art cit, p. 229. 239 Ibid.

240 V. Jankélévitch, Les Vertus et l’amour – Tome 2 (Traité des vertus II), op. cit., p. 207. 241 M. Scheler, Nature et formes de la sympathie, op. cit., p. 214.

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est bien réel et qui m’est étranger242. Seulement me l’imaginer serait insuffisant, car il serait alors ma représentation. Dans le processus amoureux s’opère une sorte d’idéalisation de l’être aimé, certes, mais il ne s’agit pas là d’illusion. Quoique puisé dans des qualités ayant un fondement réel, l’idéal lui-même n’existe pas en ce sens que « son existence ne [fait] pas encore partie de notre perception243. » Idéaliser est le fait d’accorder une importance toute particulière à des valeurs réelles, voire d’adorer ces valeurs qui seraient normalement simplement appréciables (le rire, la générosité, la grâce, etc.). En d’autres mots, dans l’amour, il y a ce mouvement de passation des valeurs réelles (c'est-à-dire celles généralement perçues par des gens de bonne foi – pas par les gens haineux par contre, car la haine opère un mouvement contraire à l’amour, soit celui de ne pas reconnaître la valeur de l’objet de haine, tel que le souligne Jankélévitch : « Tout est obstacle quand on hait, mais tout est raison quand on aime; et si la malveillance inspire les objections, la bienveillance suggère les arguments244. ») vers des valeurs supérieures non-illusoires245. Il n’y a pas dans ce processus une création – au sens premier du terme – de valeurs que l’on attribuerait à l’être aimé246. En effet, Scheler précise que « [l]es valeurs dont il [l’amour] rend possible l’existence ne sont supérieures et nouvelles que par rapport à notre perception247 ». Cette idéalisation ne signifie pas non plus que l’amour constitue une sorte de quête sans fin vers des valeurs plus élevées (cette idée se rapportant davantage à l’insatisfaction qu’à l’amour) ni qu’il constitue un désir d’élévation de la valeur de l’objet aimé. Cela dit, l’idéalisation ne saurait se réaliser sans qu’il y ait au préalable une constatation des valeurs réelles. Justement, l’amour provoque d’emblée une ouverture, une attention pénétrante à la valeur de l’être aimé et à son essence, souligne Jankélévitch écrivant que « les amants, eux, possèdent la promptitude du regard et le sens aigu de la contemporanéité flagrante : car les amants, en ces choses, ont des yeux de lynx248. » Les yeux du cœur – dirait-on – permettent de voir ce que les autres qui n’aiment pas cet objet ne sont pas en mesure de découvrir, sans que l’on parle là d’un fantasme. Pour Scheler, loin de nous « aveugler », l’amour a pour conséquence de nous rendre plus apte à voir l’être aimé tel qu’il est vraiment et de l’aimer

242 J.-L. Marion, « L’intentionnalité de l’amour », art cit, p. 229. 243 M. Scheler, Nature et formes de la sympathie, op. cit., p. 214.

244 V. Jankélévitch, Les Vertus et l’amour – Tome 2 (Traité des vertus II), op. cit., p. 219. 245 M. Scheler, Nature et formes de la sympathie, op. cit., p. 214.

246 Ibid., p. 222. 247 Ibid., p. 215.

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pour ce qu’il est249 : « Sans doute, l’amour ouvre les yeux spirituels pour des valeurs de plus en plus hautes de l’objet aimé ; sans doute, l’amour permet d’apercevoir ces valeurs, rend clairvoyant et pénétrant, et non “aveugle250” ».

Qui plus est, l’amour ne fait pas en sorte de provoquer un aveuglement par rapport aux traits de l’être aimé que plusieurs appelleraient « défauts ». L’amant est conscient de ces caractéristiques, mais celles-ci ne minent pas l’amour qu’il lui porte. Au contraire, elles font partie de la personne entière, et, pour cette raison, il les aime aussi, défend Jankélévitch : « ce qui devait le décourager n'est-il pas justement ce qu’il aime? L’amour assimile le “malgré” pour en faire un “parce que251” ». Il n’aime pas non plus cet être pour

les qualités qu’il aurait ou qu’il devrait avoir. Il l’aime tel quel. Son amour est inconditionnel252. Ceci est un trait fondamental de l’amour selon plusieurs auteurs dont

Scheler : « ce qui caractérise essentiellement l’amour, c'est que nous aimons l’objet tel qu’il “est”, “avec les valeurs qu’il possède” ; et nous nions que l’amour implique une valeur que l’objet “doit” posséder. “Tu dois être ceci ou cela” : cette “condition” de l’amour détruit sa nature et son essence253. » Scheler insiste : ce n'est pas les qualités d’une personne qui font qu’on l’aime. On l’aime et, pour cette raison, on aime tout ce qu’elle est. Pareillement, Jankélévitch expose clairement le caractère inconditionnel et totalisant de l’amour écrivant que « l’autre n'est pas aimé en tant qu’il est ceci ou cela, en tant qu’il possède certains talents ou exerce telles activités particulières, mais parce qu’il est celui qu’il est. […] L’amour est comme l’Absolu qui n'est jamais “en tant que”, mais toujours totalisant, enveloppant et indivisible254. » et ajoutant que « [l]e bien-aimé est celui qu’on aime d’un amour inconditionnel et anypothétique; le bien-aimé est aimé pour lui-même255. » C'est pour cette raison que les défauts importent peu l’amant; il aime de manière inconditionnelle la personne toute entière256 : l’amour, souligne Scheler, « ne tient compte et de ces particularités et de ces activités et de ces dons, etc., que parce qu’ils appartiennent à la

249 M. Scheler, Nature et formes de la sympathie, op. cit., p. 218‑220. 250 Ibid., p. 219‑220.

251 V. Jankélévitch, Les Vertus et l’amour – Tome 2 (Traité des vertus II), op. cit., p. 235. 252 M. Scheler, Nature et formes de la sympathie, op. cit., p. 220.

253 Ibid., p. 221.

254 V. Jankélévitch, Les Vertus et l’amour – Tome 2 (Traité des vertus II), op. cit., p. 213. L’italique est de

l’auteur.

255 Ibid., p. 222. L’italique est de l’auteur.

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personne individuelle et qui les aime pour autant. C'est l’amour “absolu”, parce qu’il ne dépend pas des changements possibles de particularités, activités et dons en question257. » Aristote défend déjà cette idée dès l’Antiquité. Il fait valoir que les amis « ne s’aiment pas par accident258. » Lorsqu’on est ami avec quelqu'un, c'est la personne en tant que telle que l’on aime (et non pas ses attributs accidentels) : « son ami l’aime pour lui-même, non parce qu’il est autre259 », énonce encore Aristote. C'est là un trait essentiel de l’amitié mais aussi de l’amour en général.

Les contraires sont éclairants. À l’inverse, l’affection qui serait conditionnelle ne peut être appelée « amour », compte tenu que cette manière d’« aimer » refuse une partie de la personne et, ce faisant, loin de tendre vers son bien, mène plutôt à sa destruction. Alice Miller décrit avec perspicacité les conséquences d’un tel « amour » toxique dans Le drame de l'enfant doué, à la recherche du vrai Soi. Elle y dépeint le trouble narcissique260 qui peut se développer chez l’enfant en manque d’amour. Ce dernier, voulant plaire à ses parents (étant totalement dépendant d’eux, cet amour est vital261) agit selon ce qu’on exige et attend de lui et, à force d’être gentil, de se tenir droit, de jouer sagement, de ne pas se lamenter, etc., il en vient à développer un « faux Soi262 », car, consciemment ou non, le parent offre un amour qui est conditionnel au maintien de ce faux-semblant263 : « l’admiration de sa beauté et de ses prouesses n’[est] pas destinée à l’enfant qu’il [est] mais à la beauté et aux prouesses264. » Ce « faux Soi » reflète la personnalité que veulent voir les parents. L’enfant se sent obligé de porter ce masque (en tout temps) afin d’être aimé et réprime alors son vrai Soi (celui-ci ne s’éteint pas mais est frustré puisqu’il ne peut s’exprimer) : « il est aliéné de lui-même265 ». Voilà pourquoi l’enfant, n’étant pas aimé pour ce qu’il est vraiment mais pour ce qu’il devrait être, en vient à ne pas s’aimer non plus et c'est précisément là qu’est le

257 Ibid.

258 Aristote, Éthique à Nicomaque, op. cit., p. 416 (1156 b 11). 259 Aristote, Éthique à Eudème, op. cit., p. 162 (1237 b 4).

260 Nous reviendrons sur le narcissisme et le mythe de Narcisse au chapitre 3.

261 Alice Miller, Le drame de l’enfant doué, à la recherche du vrai Soi, traduit par Bertrand Denzler, 4e éd.,

Paris, Presses universitaires de France, 1988, p. 49.

262 Ibid., p. 24. 263 Ibid., p. 26. 264 Ibid., p. 27.

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drame, car ne pas s’aimer et refouler ainsi sa personne revient à se tuer266. Alice Miller explique ainsi cette auto-violence anéantissante qu’elle a constatée chez ses patients : enfant, « [i]l “tue” donc sa colère, et par là même une partie de son âme, afin de conserver l’amour de l’objet narcissique, la mère267. » En effet, l’enfant, plutôt que de laisser son Soi se développer librement et naturellement a été conduit à se développer d’une façon qui n'est pas la sienne et qui est dépendante du regard d’autrui. Cela a pour conséquence que, chez ces enfants devenus adultes, « [i]l y a eu un véritable appauvrissement, un anéantissement partiel de leurs propres possibilités, lorsqu’a été amputé ce qu’ils avaient de vivant et de spontané268. » En substance, à l’opposé de l’amour vrai qui aime tout entier et vise à préserver autrui et à lui faire le bien, dans l’amour conditionnel, on n'aime pas la personne pour elle-même mais pour ce qu’elle devrait supposément être; rejetant une partie de l’autre, on le pousse à se nier et à se détruire.

En somme, l’amour est tourné vers une personne concrète (cette personne-ci) et dans son intégralité, peu importe ses caractéristiques. Bien difficile, donc, d’analyser ou de rationaliser le sentiment éprouvé. Avec raison, on ne se serait certainement pas en mesure de justifier pourquoi on aime telle personne si quelqu'un nous le demandait, car on ne peut pas expliquer l’amour en disant qu’on aime tel ou tel trait; c'est la personne tout entière que l’on aime (« je l’aime parce que c'est lui », répondra-t-on269). C'est cette personne qui atteint ma conscience et qui l’ébranle; elle suscite en moi un désir fiévreux et un plaisir comme nulle autre personne ne peut le faire du simple fait de sa présence. C'est pour cette raison qu’elle est unique et irremplaçable et que j’accorde une grande valeur à tout ce qu’elle est. Dans une sorte de cercle vertueux, mon amour amplifie mon attirance pour elle, car il m’ouvre les yeux sur sa beauté réelle et m’amène à être insensible à ce que les autres appellent ses défauts. Mon amour étant total, il est inconditionnel. Je n’aime pas des traits particuliers que je recherche, que je retrouve en grande partie en elle et que je pourrais même lui exiger; j’aime cette personne, telle qu’elle est et peu importe ce qu’elle deviendra. Peut-on en déduire que l’amour s’inscrit toujours dans la durée?

266 Ibid., p. 24‑25. 267 Ibid., p. 25. 268 Ibid., p. 24.

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