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L’Allocation des fonds propres économiques

CHAPITRE 2 : L’APPROCHE ALM

2.4. L’Allocation des fonds propres économiques

Quelles que soient les mesures prises, il subsistera toujours des risques qui se traduiront, directement ou indirectement, par des pertes. Ces pertes, dites « attendues » doivent normalement être absorbées par le bénéfice courant de l’activité. Mais ce bénéfice peut s’avérer insuffisant pour couvrir des pertes anormales ou dites « inattendues ». C’est donc le rôle des fonds propres (avoirs des actionnaires) de les absorber afin d’éviter la défaillance de l’établissement. La question cruciale est d’estimer le montant des fonds propres aptes à absorber toutes les pertes potentielles qui risquent de survenir avec une probabilité donnée. Pour L’AFGAP: Commission Fonds Propre (2008 :10), la constitution des fonds propres doit être prudent car : « il n’existe pas d’indicateur universellement adopté pour la gestion ALM ni même de méthodologie commune à l’ensemble des établissements. Si bien que les résultats des calculs de capital économique dépendent très largement des hypothèses sous-jacentes, elles-mêmes fonction des choix stratégiques retenus par les établissements :

- conventions d’écoulement de certains produits (dépôts à vue et épargne-logement notamment) ;

- modalités de prise en compte des options cachées ; - choix de modélisation ;

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- choix de la méthodologie utilisée;

- modalités de prise en compte du coussin pour déterminer le besoin de capitalisation effectif : distinction entre capital économique brut et capital économique net ».

2.4.1. L’allocation notionnelle des fonds propres économiques

Pour notre part, l’allocation notionnelle des fonds propres consiste, au sein d’un même établissement, à affecter un montant de fonds propres à une activité qui reflète le niveau de risque pris par cette activité. Cette allocation est nécessaire pour vérifier, d’une part, que le montant total de fonds propres en risque (consommation de fonds propres), d’autre part, pour mesurer les performances de chaque activité sur une même base.

Le modèle d’allocation des fonds propres notionnels peut être plus ou moins sophistiqué. Ce qui est important, c’est qu’il en existe un. À ce titre, vu les difficultés de mise en œuvre, il vaut mieux implanter un modèle simple que de chercher à construire un modèle sophistiqué. En effet, le modèle d’allocation des fonds propres doit irriguer toute la structure de l’établissement, de la direction financière au système de gestion commerciale du réseau. Dans les modèles simples, on trouve ceux qui reposent sur une approche réglementaire ou l’allocation ne dépend pas des risques tels que pourrait les mesurer l’établissement, mais est forfaitaire par grandes catégories d’actifs. Parmi les modèles sophistiqués, on trouve ceux dans lesquels l’allocation est fonction des risques effectivement pris (Raroc / Risk Adjusted Return On Capital) DUBERNET (1997 : 186).

Nous, nous opterons pour les modèles sophistiqués dans la suite de notre développement, car selon SARDI (2002 : 159), « les fonds propres économiques sont rares et doivent être affectés de façon rationnel ». Pour avoir les effets positifs de cette rationalité, les fonds propres doivent être affectés en fonction des risques pris ; puisque, si nous nous référons à l’éclatement notionnel développé un peu plus haut, dans la recherche d’une allocation prudente et saine des fonds propres, le centre « collecte » quel que soit son niveau de consommation et ses objectifs de rentabilité doit avoir un niveau de fonds propres nettement inférieur au centre « crédit » car il n’inclut pas le risque de contrepartie. De plus, pour le centre ALM l’allocation des fonds propres se tient le plus souvent à la limite des risques du marché.

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2.4.2. Le RAROC

Cette méthode d’allocation de fonds a été diffusée au début des années 90, et est adoptée aujourd’hui par plusieurs établissements de crédit.

Pour ERRERA & JIMENEZ (1999 : 135), la méthode RAROC consiste à « établir une base de données des risques la plus complète possible sur les crédits et les marchés, à tarifier chaque opération en incluant son profil de risque propre mais aussi son incidence sur le portefeuille de risque global de la banque et à allouer les fonds propres nécessaires, opération par opération».

Quant- à, ARVINENET (2008 : 95), il fait ressorti le niveau de seuil de rentabilité attendue des opérations en fonction de l’allocation des fonds propres économiques attribués. Il l’exprime à travers la formule suivante :

Les provisions économiques reflètent les pertes moyennes, il s’agit des pertes statistiques ; les fonds propres économiques correspondent aux pertes maximales pour un seuil de confiance retenu. Cela permet de fixer un seuil de rentabilité pour les opérations.

De COUSSERGUES & BORDEAUX (2010 : 228), la méthode RAROC d’allocation des fonds propres aux risques a ouvert la voie à une gestion globale des risques. Pour déterminer les fonds propres économiques, il convient de classer les différentes activités ou métiers d’une banque par niveau de risques. À nouveau, le recours aux séries historiques qui indiquent les activités ou métiers à résultats particulièrement instable facilite cette classification. Une allocation calculée des fonds propres en fonction des risques est ainsi opérée.

Nous pouvons conclure que le RAROC permet une allocation des fonds propres en fonction des risques ; donc la rentabilité d’une activité est rapportée non pas au fonds propres requis par la règlementation mais aux fonds propres nécessaires pour couvrir les risques de l’activité. Néanmoins, malgré son efficacité pour la modélisation et la quantification des risques l’expérience montre que sa mise en place peut être très longue et très coûteuse.

RAROC = (Résultat – Provision économique) / Fonds propres économiques

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Conclusion

L’ALM se trouve au centre des préoccupations d’équilibrage de l’activité bancaire, aussi bien par la maitrise des durées et des taux que la surveillance des performances ou de la rentabilité des fonds propres.

Dans les méthodes pratiquées, il apparaît que certaines ont un caractère opérationnel assuré mais que d’autres cherchent encore leur fiabilisation, en particulier pour la tarification. L’aspect important de l’ALM repose sur son approche globale de la banque, siège et agences confondus. Pour s’assurer la maîtrise des résultats globaux, il est nécessaire de décliner cette démarche en fonction de l’organisation de la banque.

Avant d’aborder cet aspect de l’activité, il est important de réunir les différents éléments de la gestion financière jusqu’à présent décrits, dans le pilotage financier de la banque.

Dans le prochain chapitre, nous allons étudier les différentes méthodes ou approches à suivre afin d’évaluer le dispositif ALM mis en place à la SGBS et de formuler des recommandations adéquates dans la deuxième partie de notre étude.

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