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L‟ ACQUISITION D ‟ UN STATUT SOCIAL PLUS ÉLEVÉ AU SEIN DU VILLAGE

4. L’ACQUISITION DE RESSOURCES DANS LE CADRE DE LA MIGRATION

4.2 L‟ ACQUISITION D ‟ UN STATUT SOCIAL PLUS ÉLEVÉ AU SEIN DU VILLAGE

L‟acquisition de différentes ressources par l‟entremise de la migration transnationale contractuelle situe les pratiques des travailleurs dans des logiques sociales qui dépassent leur dimension purement économique. À cet égard, l‟analyse des entretiens révèle que

une autre. [...] Le gremio passe dans la place centrale avec de la musique et des feux d‟artifice et ceux qui viennent d'ailleurs et tout le monde arrive. C‟est similaire pour tout le monde. Les plus chers, ce sont les derniers gremios, parce qu‟ils sortent l‟image [de Santa Clara], et ils font le tour du parc avec.

155 Je me suis engagé cette année, par exemple, à faire un gremio. Il s'agit d‟un gremio de la procession. Je

dois faire une procession de l'image [de Santa Clara]. Alors là, on prend en charge les feux d'artifice. [...] À la maison, les gens viennent. Les frères viennent manger. Ma responsabilité est de nuit et de jour. C'est le jour de la procession, le onzième jour. Un gremio est la responsabilité de ceux qui veulent qu‟un vœu soit exaucé.

111 plusieurs travailleurs comprennent bien le phénomène d‟augmentation des inégalités sociales dans le village et la position sociale à laquelle ce phénomène les confine avant la migration. Sans qu‟ils l‟affirment ouvertement, l‟acquisition d‟un statut social plus élevé dans le village représente la plupart du temps une ressource implicitement recherchée par l‟entremise de la migration.

Les contraintes du marché du travail local auxquelles les travailleurs interviewés doivent faire face les restreignent à une situation socioéconomique relativement désavantageuse. À titre d‟exemple, bien qu‟il estime que sa famille ne fasse pas partie de la strate socioéconomique la plus pauvre du village, Jesús avoue que ses conditions socioéconomiques ne sont pas aussi stables que celles des individus qui ont une profession plus lucrative (comme celle des enseignants par exemple) ou qui ont eu la chance d‟avoir un héritage.

Los que están más o menos estables son los maestros. Los doctores, son los que son más o menos estables. […] los que tienen profesiñn, pero la gente que así que digamos rica pues, que hace mucho dinero. Serían unas pocas, pero porque desde años, viene así. No es que ellos hayan hecho… son herencias que van trayendo ellos. Traen ranchos, traen… O sea, así es. Herencias156 (Jesús, travailleur).

Les entretiens indiquent aussi que les travailleurs interviewés ont développé des représentations particulières des causes de leurs conditions socioéconomiques. Selon eux, celles-ci sont, en grande majorité, liées à des causes individuelles plutôt que structurelles157. Par exemple, Jesús explique les inégalités socioéconomiques présentes à Dzidzantún non pas en mettant l‟accent sur des causes structurelles, mais en se basant plutôt sur des différences d‟attitudes et de comportements entre les personnes plus riches et les personnes plus pauvres. Selon lui, les personnes plus pauvres du village n‟auraient pas développé des

156 Ceux qui sont plus ou moins stables sont les enseignants. Les médecins sont ceux qui sont plus ou moins

stables. [...] Ceux qui ont une profession, mais les gens qui sont riches ou qui font beaucoup d'argent. Ils sont quelques-uns, mais depuis des années, c‟est comme ça. Ce n‟est pas parce qu'ils ont fait ... c‟est parce qu‟ils ont eu un héritage. Ils ont des ranchs, ils ont ... C‟est comme ça. Héritages.

157 Ici, nous pensons qu‟il importe de replacer ces représentations des inégalités socioéconomiques dans leur

contexte local. Comme nous l‟avons mentionné dans le deuxième chapitre, nous avons pu constater sur le terrain que les dynamiques sociales dans le village de Dzidzantún sont plutôt empreintes d‟individualisme et les associations civiles y sont relativement peu présentes. Qui plus est, peu de travailleurs interviewés sont affiliés à des organisations communautaires ou à des syndicats, ce qui peut influencer la lecture qu‟ils se font des causes de leurs conditions socioéconomiques.

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stratégies appropriées de dépenses et d‟épargne, ce qui permettrait de comprendre leur situation socioéconomique désavantagée. Il lie ensuite sa propre situation au fait d‟avoir géré son budget de façon plus judicieuse.

Es decir pues, si hoy tengo mil pesos, pues voy a comprar un poco de material para mi casa, o voy a comprar esto para darle más de eso. Se puede decir que la gente que está así más pobre porque pues, digamos que les gusta estar así porque a veces, tienen un cuartito así, pero tienen su buen equipo de sonido, tienen su buena telé plasma, tienen su buen refri158 y aunque hayan chocado así con el trabajo, pues así son. En cambio, yo no, pues mi tele tiene catorce años. Mi televisión, esa computadora de mis hijos, las compramos hace como dos años. Ese ropero tiene como ocho años y así, hemos estado159 (Jesús, travailleur).

Jesús croit aussi qu‟il est important que ses enfants ne développent pas un sentiment d‟infériorité par rapport aux enfants du village qui sont nés dans des familles mieux nanties, lesquelles leur procurent des conditions matérielles stables et leur donnent la chance d‟étudier la profession de leur choix.

Me preocupo para que [mis hijos] tengan más o menos un techo firme, que se sientan bien ellos, que no se sientan menos que nadie, más que nada, no tanto por lo económico, por el nivel de vida, sino porque pues así debemos ser nosotros, no dejar que nos sentimos menos, sentir que somos iguales con un rico o con un pobre160 (Jesús, travailleur).

Pour certains travailleurs qui ont un niveau de scolarisation plus élevé, comme Javier, les causes des inégalités socioéconomiques au sein du village sont en partie liées au niveau de corruption qui existe au Mexique, entre autres en ce qui a trait à la profession d‟enseignant. Bien qu‟il ait lui-même terminé les études donnant accès à cette profession, il n‟a pas été en mesure d‟obtenir le poste convoité. Il associe cette difficulté de se trouver un emploi au niveau élevé de corruption.

158 Refrigeradora.

159 C‟est-à-dire que, si j'ai mille pesos aujourd'hui, je vais acheter des trucs pour ma maison, ou je vais acheter

ceci pour lui donner plus de ça. On peut dire que les gens qui sont plus pauvres, parce que disons qu'ils aiment vivre de cette façon, ils ont une petite chambre comme ça, mais ils ont un bon système de son, ils ont une bonne télé plasma, ils ont un bon réfrigérateur et même s‟ils ont de la difficulté avec le travail, ils sont comme ça. Cependant, moi non, parce que ma télé a quatorze ans. Ma télévision, l'ordinateur de mes enfants, on les a achetés il y a deux ans. Ce meuble a environ huit ans et on s‟est arrangé comme ça.

160 Je me préoccupe du fait que [mes enfants] aient un toit plus ou moins solide au-dessus de leur tête, qu‟ils

se sentent bien, qu‟ils ne se sentent pas moins que quiconque, au-delà de tout, non pas tant par rapport à l‟économie, ni par rapport au niveau de vie, mais parce qu‟on doit être comme ça nous, on ne doit pas se permettre de se sentir moins que les autres, on doit se sentir égal à un riche ou à un pauvre.

113 En primera, el magisterio es un poquito complicado ahorita porque, si tú no tienes una buena palanca, no tienes el dinero para comprar una plaza, es difícil. [...] Aquí, desgraciadamente, nos mueve un sistema de gobierno corrupto por decirlo así. ¿Por qué? Porque si yo salgo como maestro, en vez que el gobierno me diga: "¿Sabes qué? Ahí, te voy a dar una plaza, ándate a tal lugar, ahí vas a tener tu fuente de trabajo". Pero aquí, no. Aquí, salen un montón de maestros que no hay para repartir plazas y las plazas que hay, desgraciadamente, el gobierno las vende o las dan de herencia a sus hijos. Así es el sistema de México161 (Javier, travailleur).

Toutefois, outre l‟omniprésence de la corruption dans le secteur de l‟enseignement, Javier croit, comme Jesús, que les inégalités socioéconomiques dans le village sont dues à des causes individuelles plutôt que structurelles. C‟est pourquoi il se différencie lui-même des autres travailleurs du village qui, selon lui, ne « pensent pas avec leur tête ».

Desafortunadamente, la gente de acá, yo, la verdad, no sé cómo piensan. Yo conozco a muchas gentes que son pescadores, pero si usted ha sido un poquito observador y ha pasado como a las doce, una, doce, por las cantinas, todo el tiempo, están llenas. [...] Yo sé que ganan y cuánto ganan, ahí se van a encerrar en la cantina. Yo no tomo. No fumo. No me drogo. Nada. Yo les digo a ellos. Ellos me dicen: "¿Cómo lo haces que tú prosperas?" 162(Javier, travailleur).

Nous pensons que les représentations que se font les travailleurs agricoles migrants interviewés des causes de la précarité économique à Dzidzantún orientent le sens qu‟ils donnent à leur migration. En effet, leurs discours révèlent qu‟ils se concentrent davantage sur les facteurs individuels de la pauvreté au détriment de ses causes structurelles. Cela contribue à nous aider à mieux comprendre pourquoi ils croient avant tout en la valeur des stratégies économiques individuelles comme celle de la migration pour sortir de leur précarité et de leur instabilité économique. En ce sens, sans qu‟ils le mentionnent explicitement dans leur discours, il nous semble que les achats, les remboursements de

161 Dans un premier temps, l'enseignement est un peu compliqué en ce moment parce que si tu n‟as pas de

bons contacts, si tu n‟as pas l'argent pour acheter un poste, c'est difficile. [...] Ici, malheureusement, nous avons un système de gouvernement corrompu pour ainsi dire. Pourquoi? Parce que si je deviens enseignant, au lieu que le gouvernement me dise: « Tu sais quoi? Je vais te donner un poste, va à tel endroit, là-bas tu vas avoir ton travail ». Mais ici, non. Ici un grand nombre d'enseignants sortent [de l‟Université], mais il n‟y a pas de postes et les postes qu‟il y a, malheureusement, le gouvernement les vend ou les donne en héritage à leurs enfants. Le système est comme ça au Mexique.

162 Malheureusement, les gens d'ici, moi, franchement, je ne sais pas comment ils pensent. Je connais

beaucoup de gens qui sont des pêcheurs, mais si vous avez été un peu observateur et vous avez passé à midi, une heure, midi, devant les cantines, elles sont toujours pleines. [...] Je sais qu'ils gagnent de l‟argent et combien ils gagnent, ils vont s‟enfermer dans la cantine Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne me drogue pas. Rien. Je leur dis à eux. Eux, ils me demandent: « Comment fais-tu pour prospérer? ».

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dettes et les investissements auxquels la migration leur donne accès s‟inscrivent dans une logique sociale de distinction basée sur le mérite individuel et, dans certains cas, sur l‟acquisition d‟une certaine autorité morale individuelle.

Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons montré comment les représentations dominantes d‟un groupe de travailleurs journaliers de Dzidzantún par rapport aux inégalités socioéconomiques de leur village en mènent plusieurs à concevoir la migration transnationale contractuelle comme un moyen de résister individuellement au sort qui leur serait potentiellement réservé s‟ils ne migraient pas. Dans cette optique, le fait de permettre à leurs enfants d‟accéder à une éducation de qualité et à une profession est sans contredit une voie privilégiée par les travailleurs agricoles migrants. Pour eux, cette stratégie économique vise à améliorer leurs chances d‟atteindre un statut socioéconomique plus élevé que celui qu‟ils ont eux-mêmes atteint. Il s‟agit d‟une des principales sources de sens à la base de la migration transnationale contractuelle des travailleurs journaliers de Dzidzantún, malgré les multiples difficultés vécues tout au long du processus qui lui est associé (séparation de la famille, sentiments d‟isolement et de nostalgie, promiscuité avec les autres travailleurs, épuisement, harcèlement, etc.). Dans une certaine mesure, l‟investissement dans l‟avenir de leurs enfants constitue aussi une stratégie de distinction sociale.

Tel que mentionné dans plusieurs recherches portant sur les motifs de la migration transnationale (Massey et coll., 1993; Durand et coll., 1996a; Durand et coll., 1996b; Conway, D. et J. Cohen, 1998; Cohen, J., 2001; Basok, 2002; Malkin, 2004; Ambrosetti et Tattolo, 2008), les travailleurs agricoles migrants que nous avons interviewés ont aussi exprimé vouloir migrer afin d‟acquérir l‟argent nécessaire pour acheter des matériaux servant à la construction de leur maison, afin de construire divers éléments autour ou faisant partie de leur propriété (puits artésien, deuxième étage, revêtement extérieur de leur maison, etc.), pour l‟achat de biens de luxe (ordinateurs, cellulaires, chaînes stéréo, etc.) et pour l‟organisation d‟une fête communautaire.

115 Dans de rares cas, l‟argent gagné au Canada est investi dans une terre. Les travailleurs qui possèdent déjà une terre s‟en servent pour se procurer des outils pour en améliorer la productivité tel qu‟un moteur à essence afin d‟améliorer leur système d‟irrigation ou pour diversifier leurs activités agricoles. Ils utilisent aussi cet argent pour se procurer insecticides et fertilisants et pour sous-contracter de la main-d‟œuvre locale afin d‟augmenter leurs niveaux de production. Cependant, la plupart des travailleurs avec qui nous avons pu nous entretenir de manière formelle ou informelle nous ont aussi mentionné qu‟ils considéraient que l‟investissement dans des activités agricoles ne constitue pas une option intéressante parce que la qualité des sols autour de Dzidzantún est faible et par conséquent, une augmentation de leur productivité nécessiterait trop d‟investissements. Dans le même ordre d‟idées, certains migrants interviewés investissent l‟argent gagné au Canada dans le matériel nécessaire au démarrage et/ou au fonctionnement d‟une entreprise dans les secteurs de la construction et de la pêche commerciale (outils, camionnette, équipement de plongée, moteur d‟embarcation de pêche, etc.). Toutefois, les sommes investies ne sont pas suffisantes pour assurer la pérennité des entreprises créées. C‟est pourquoi ils se disent contraints de continuer à migrer afin d‟améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille.

Avant d‟être en mesure d‟effectuer n‟importe laquelle des dépenses précédemment mentionnées, les travailleurs doivent d‟abord utiliser une partie de l‟argent gagné au Canada afin de rembourser l‟accumulation de dettes contractées au Mexique. Or, étant donné qu‟une grande partie de ces dettes est contractée auprès des membres de leur réseau, le remboursement rapide de celles-ci ne vise pas à minimiser l‟accumulation des intérêts, mais plutôt à honorer des engagements. Ces remboursements de dettes ne s‟inscrivent pas dans une logique purement économique, mais plutôt dans une logique d‟honneur et de réciprocité. De plus, contrairement à une étude comparative réalisée dans d‟autres régions du Mexique par rapport aux travailleurs du PTAS (Basok, 2003), les entretiens réalisés révèlent que ces remboursements peuvent même s‟étendre au-delà des premières années de migration puisque, comparativement aux Mexicains originaires d‟autres États, les

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travailleurs yucatèques partent pour de moins longues saisons de travail et par conséquent, ont moins la possibilité de mettre de l‟argent de côté d‟une année à l‟autre.

Mentionnons aussi que dans ce chapitre, nous avons fait état de certaines représentations des travailleurs par rapport aux inégalités socioéconomiques présentes dans leur village. Ces représentations accordent généralement beaucoup moins d‟importance aux facteurs structurels qu‟aux facteurs individuels à l‟origine des inégalités. Même si certains ont développé des représentations plus structurelles des motifs de la pauvreté (la corruption dans le secteur de l‟enseignement, par exemple), leur discours laisse tout de même présager qu‟ils continuent de croire que les facteurs expliquant leur position sociale dans le village sont d‟abord et avant tout d‟ordre individuel.

Nous avons ensuite proposé que ce qui découle de ce type de représentations des inégalités socioéconomiques, c‟est d‟abord que plusieurs travailleurs agricoles migrants tendent à vouloir acquérir une certaine reconnaissance sociale en cherchant à se distinguer de manière individuelle et familiale des autres travailleurs journaliers du village163. Pour ce faire, nous avons affirmé qu‟ils tendent à élaborer prioritairement des stratégies individuelles pour se sortir d‟une position désavantageuse, entre autres par l‟entremise de la migration transnationale contractuelle. Dans le même ordre d‟idées, bien que la majorité des travailleurs agricoles migrants interviewés ne cherchent pas à montrer l‟ampleur de l‟aisance acquise grâce à l‟argent amassé au Canada, nous avons constaté que certains d‟entre eux se procurent des biens de luxe et organisent des fêtes qui leur donnent un certain prestige au sein de leur village.

Nous avons aussi pu constater dans notre recherche qu‟un nombre important de travailleurs ont besoin de revenir travailler plusieurs années au Canada parce qu‟ils sont coincés dans un « syndrome du migrant » qui les oblige à accepter les conditions de vie et de travail imposées par les producteurs agricoles canadiens. Ce sont, pour la plupart, des travailleurs

163 Nous tenons ici à souligner que le fait de rechercher de la reconnaissance sociale n‟entre pas en

contradiction avec le fait de vivre dans un village caractérisé par des comportements individualistes comme Dzidzantún. Au contraire, nous pensons qu‟une toile de fond individualiste renforce le désir de « […] gratifications sociales qui fondent l‟existence sociale de chaque individu, son appartenance à un groupe, son identité sociale, son utilité pour une communauté donnée […] » (De Gaulejac, 2009 : 169).

117 qui ont très peu de ressources financières à investir de manière durablement productive. À cet égard, les résultats de notre recherche se rapprochent de ceux de Basok lorsqu‟elle mentionne que

[...] most program participants are landless jornaleros, when they first apply to join the program. But despite the relatively high levels of income earned in Canada, for most of them their occupational status remains the same even after they have worked in Canada for several years. Money earned in Canada is used to build houses, to pay for medical services and school and to purchase cars, clothes and appliances. Very little of this income is invested in productive activities that could cover the household's expenses in the future (Basok, 2002: 130).

Au-delà de leur désir de distinction et de reconnaissance sociale, le salaire que les travailleurs journaliers de Dzidzantún gagnent par l‟entremise de la migration transnationale contractuelle ne représente qu‟une partie de leurs revenus annuels, car la durée de leur migration est restreinte et ils ne sont pas assurés de continuer à migrer d‟une année à l‟autre. Leur expérience au Canada ne leur donne pas non plus un véritable avantage en termes de statut d‟emploi dans leur village d‟origine puisque peu de connaissances acquises au Canada sont transférables d‟un contexte à l‟autre. Étant donné qu‟ils sont déjà dans une situation économique précaire avant de migrer et que cette situation ne s‟améliore pas durablement suite à leurs premières migrations, il s‟avère que l‟argent gagné au Canada sert principalement à des dépenses stratégiques dont nous avons fait état dans le présent chapitre.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

La migration transnationale contractuelle constitue une stratégie encore marginale, mais de plus en plus convoitée par les travailleurs journaliers de Dzidzantún, lesquels doivent faire face à une pression économique importante dans leur village d‟origine. Or, dans ce mémoire, nous avons pu établir deux constats principaux par rapport à cette réalité. Le premier constat concerne la mobilisation de certaines ressources dans le cadre du processus de migration transnationale contractuelle, laquelle influence leur expérience migratoire. Nous avons vu, dans le troisième chapitre, que ces travailleurs doivent mobiliser un