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L’ACP appliquée à la personne en situation de handicap

Résumé du chapitre

2. La personne et le handicap

2.3 L’ACP appliquée à la personne en situation de handicap

Nous avons vu que l’ACP et la psychologie de la santé mentale ou psychologie positive148 se complètent car l’une et l’autre mettent « l’accent sur de nouvelles

croyances adaptées et réalistes plutôt que sur les anciennes dysfonctionnelles.»149( Firouzeh, p 187, 2010).

2.3.1 Une expérience subjective

L’accompagnement psychologique avec une personne en situation de handicap est d’abord et avant tout, une expérience subjective qui s’appuie sur un vécu interpersonnel.

Expérience unique vécue dans l’ici et maintenant, permettant d’entrevoir et de créer un avenir (plutôt que de s’appesantir sur le passé).

Changement paradigmatique qui reconnaît où va chercher les forces là où les faiblesses occupent en premier lieu, toute la place.

Ce n’est pas dans l’antagonisme des polarités que la psychologue va vivre l’accompagnement qui serait alors façonné de manière manichéenne mais dans leur complémentarité.

« Seule une vision équilibrée, empirique et théoriquement riche de l’expérience

humaine peut remplir la mission de cette démarche, conformément à l’expression de William James qui définissait la psychologie comme « la science de la vie mentale, à la fois de ses phénomènes et de leurs conditions d’existence. »150

(Gable, Haidt, p 39, 2011)

Touchée par des blessures narcissiques, la personne en situation de handicap a d’abord besoin d’une écoute bienveillante151

qui va lui permettre de lâcher prise sur sa tristesse et sa résignation initiale, d’activer sa confiance en l’autre et en soi pour finir à réussir à mobiliser ses ressources face à l’Epreuve.

146

Schützenberg, Anne Ancelin, Le plaisir de vivre.

147 Firouzeh Mehran, Psychologie positive et personnalité. 148

Krumm Charles-Martin, Tarquinio Cyril, Traité de psychologie positive.

149

Firouzeh Mehran, Psychologie positive et personnalité.

150 Krumm Charles-Martin, Tarquinio Cyril, Traité de psychologie positive. 151

Le cadre sécurisant, l’ambiance chaleureuse et les feed back de reconnaissance prononcés en mode verbal ou non verbal vont s’inscrire avec spontanéité et simultanéité dans un lien initialement « obligé » qui devient peu à peu élan, attente puis demande.

L’affiliation, primordiale, est une condition à cette qualité du lien.

L’approche ACP, dans ce cadre, suscite l’engagement personnel d’un vécu tant de la personne que de la psychologue, cette approche cherche à transformer par des outils de communication et des supports adaptés des capacités repérées en réelles compétences.

Le handicap est parfois abordé mais en aucun cas, il est et devient LE sujet principal des rencontres régulières.

Dans une recherche d’ouvertures sur d’autres thèmes à imaginer puis à expérimenter, l’accompagnement propose des suggestions de façon consciente ou non consciente152, la personne les reçoit et dispose de celles-ci pour se modifier et s’ajuster différemment, si elle le souhaite.

La responsabilité de tendre vers un cheminement au bien –être subjectif

153

(Kesebir, Diener, p 62, 2011) revient à la personne concernée mais elle est initiée, dans l’ACP, par la praticienne qui joue un rôle actif pour que ses croyances à elle envers son interlocuteur(trice) puissent être reconnues en tant que telles.

Une fois encore, nous insistons sur cette interaction reposant sur une aventure humaine qui se joue à deux, l’un initiant, l’autre intégrant si envie et si besoin.

2.3.2 Passer du ils au je

Accueillir un enfant de façon phénoménologique « comme si c’était la première fois » à chaque séance, permet de l’identifier et de faire en sorte qu’il s’identifie lui –même par un je facilitant un processus d’individuation.

Refuser de parler de tous « les TED », de tous « les troubles du comportement », de tous les « trisomiques » de façon collective par un « ils » indéfinis, c’est offrir de la singularité à chacun d’entre eux.

Passer du ils au je, c’est dénoncer les classements abusifs par catégories statistiques qui permettent à certains employeurs de tirer profit d’un nombre de « déficients repérés ou imaginés » en niant sur un plan éthique et l’évolution de l’enfant et la spécificité du ou des professionnels concernés par les éléments renseignés.

152 Desoille Robert, Fabre Nicole, Le rêve éveillé dirigé en psychothérapie. Ces étranges chemins

de l’imaginaire.

153

Employés un pluriel pour parler des personnes en situation de handicap, en disant « les handicapés » présente une insignifiance car cela insère le singulier dans un pluriel qui se délie et se perd dans la masse.

Contribuer à la quête d’une concentration voire centration sur soi accompagné sur un plan psychothérapeutique permet de « découvrir le sens de la vie » (Seligman, Csikszentmihalyi citent Jung, p 24, 2011) et de recourir à des expériences subjectives pour conforter un je, une première personne du singulier qui va commencer « à militer pour un autre possible »154 (Parisot, p 51, 2009). Nous verrons comment à partir de supports comme l’Epreuve des Trois Arbres155

et le cahier de l’arbre, l’expression de la personne va pouvoir se révéler sous forme discursive et graphique et « comment les affects largement sollicités vont

faire émerger un vécu, une expérience subjective engagée »156.

Le handicap est subordonné à la personne et ce qui prévaut, c’est de trouver un équilibre entre ce qui est frein et ce qui est moteur afin de faciliter « un

fonctionnement optimal, c'est-à-dire à l’actualisation de son propre potentiel »157 (Rashid, Csillik citent Maslow et Rogers, p 483, 2011).

L’expérience subjective peut être support et ressource au service du développement de la personne en situation de handicap; l’ingrédient actif demeure l’intersubjectivité bienveillante, sécurisante, porteuse et respectueuse ; le bien être est la cause et la conséquence d’un sens et d’un goût (re)trouvé.

2.3.3 Le sens de l’existence

Le sens donné à l’existence se renforce avec et par le regard de la psychologue sur l’enfant mais aussi avec et par ce que l’enfant va en faire à son propre égard. Une relation psychothérapeutique, version ACP, est impossible sans chaleur humaine, considération et reconnaissance de l’autre.

L’interaction invite à nourrir la vie intrapsychique; la subjectivité et l’intersubjectivité sont issues et conditionnées par la qualité du lien des relations interpersonnelles en cours.

La psychologue ne peut être et ne veut pas s’installer dans une idée de neutralité , quant à la nécessité de descendre d’une image du tout savoir a fortiori sur l’autre est entretenue car c’est la personne elle-même qui connaît le mieux ce dont elle a besoin, c’est la personne elle-même qui connaît le mieux ce qui lui permettrait de se sentir libre.

154

Gardou Charles (sous la direction de), Le handicap par ceux qui le vivent.

155

Fromage Benoît, L’Epreuve des Trois Arbres Bilan de situation, accompagnement et

développement de la personne.

156

Ibid.

157

Car «l'Homme est né pour la liberté. C'est vrai pour tous les êtres humains et

ceux qui vivent le handicap au quotidien n'y font pas exception »158.

158

Chapitre III : La problématique