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Bilan à l’aide de l’Epreuve des Trois Arbres

Photo, Julien Crasnier Japon,

6.2 Histoire de vie de Gabin

6.2.4 Bilan à l’aide de l’Epreuve des Trois Arbres

Phase I, Arbre de base

Etape 1 : Trois dessins, A1/ A2 / A3

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Fromage Benoît, Le bilan psychologique à l’aide de l’Epreuve de Trois Arbres- Manuel

A1 : un arbre normal A2 : Il est grand A3 : Il pousse

Etape 2 : E2 Polarisation d’un dessin, A+ et A- A1 + et A3 –

Etape 3 : E3 Polarisation : mot associé à chaque dessin A1, A2, A3. A1 : « un arbre normal

A2 : Il est grand A3 : Il pousse »

Etape 4 : E4 Récit associé à chaque dessin A1, A2, A3.

« Celui- là (A 2) dit à lui (A1) t’es plus gros, le plus petit (A3) dit ah mais toi (A2), t’es plus grand

Après, tous les trois sont devenus des amis parce qu’avant, ils étaient fâchés ».

Explicitation A1, A2, A3. Les trois récits sont courts.

D’emblée, l’auteur personnalise les arbres.

Relation interpersonnelle, emploi de superlatifs « plus » pour chacun des trois arbres signifiant à chaque fois, des comparaisons sur la taille et le poids « petit, gros grand ». L’apparence et la santé sont fondamentales « un arbre normal ». Dans un discours chronologique « avant » et « après » l’auteur parle d’une séparation initiale « fâchés » qui se transforme en entremise amicale « tous les trois sont devenus des amis ».

Plusieurs séquences sont nommées :

S1 : Observation et comparaison portées par un échange interpersonnel entre 2

arbres 2 et 3 « Celui- là (A 2) dit à lui (A1) t’es plus gros, le plus petit (A3) dit « ah mais toi (A2), t’es plus grand », A1 «l’ arbre normal » ne s’exprime pas mais il est celui qui se met à distance (recul) pour observer et comparer.

S2 : « Après, ils sont devenus des amis », dans un second temps « après», un

rassemblement amical s’opère, il n’y a plus de conflit au moment où la parole est prononcée.

S3 : « parce qu’avant, ils étaient fâchés », la séparation se situe donc bien

antérieurement, maintenant, il en est autrement ».

Synthèse : l’arbre de ces trois récits met l’accent sur l’aspect physique engendrant dans une dimension temporelle, une inscription collective permettant d’exister au sein d ‘un groupe amical ; le verbe devenir « sont devenus » marque un changement, un processus.

Etape 5 et 6 : E5 Explicitation de A+ (tableau) et E6 Explicitation de A- (tableau)

Matrice d’explicitation pour les arbres A+ et A- (E5 et E6)

Caractéristiques/ Arbres + et -

A 1 Arbre + A 3 Arbre -

Perçu « Ses feuilles sont

grosses

On dirait mon petit frère, il est à moitié petit

Ressenti ça me fait penser à un

copain au club de la plage

Ses feuilles sont bizarres mais pas toutes

Besoin De l’eau Du soleil

Action Lui couper un peu les

branches

Un peu d’ombre aussi

Devenir désiré Avec de l’eau L’arroser

Devenir refusé Je ne veux pas qu’il

« est » trop grand

Qu’il devienne pas grand ».

A+ : Evocation de feuilles et de branches avec une ramification amicale « ça me fait penser à un copain au club de la plage ».

A- : De nouveau, les feuilles sont évoquées avec cette fois-ci, une ramification fraternelle « On dirait mon petit frère ».

Dans l’élaboration des récits, il existe un vécu entre le perçu et le ressenti « ç a

me fait penser à … », « on dirait… ; l’auteur s’installe dans la construction d

‘un avenir qui reste mesuré, pondéré « Je ne veux pas qu’il « est » trop grand » ou « qu’il devienne pas grand »,2 énonciations a priori opposées mais qui expriment en filigrane, la même anticipation : vouloir grandir sans atteindre une trop grande démesure voire un niveau de gigantisme.

La volonté de grandir et de vivre est bien là mais elle s’énonce (dans le fond et la forme) avec parcimonie et prudence, elle annonce aussi, une ouverture récente à la démarche initiatique qui demeure encore teintée de fragilités.

Le besoin de « l’eau» rendu possible avec une intentionnalité d’être satisfait « arroser » montre que l’aide pour l’arbre vient de l’extérieur  besoin d’étayage, de tuteur, d’être soigné.

Les éléments attendus de l’extérieur sont aussi marqués par des besoins équilibrés, sans désir et action démesurés. « Du soleil et ….un peu d’ombre aussi ».

Explicitation A+ et A-

Ressenti parcellaire de bizarreries « ses feuilles sont bizarres » n’endommageant pas la totalité de l’arbre « mais pas toutes », l’arbre n’est pas entièrement bizarre.

Les mots utilisés appartiennent au langage aérien et solaire « soleil » avec le thème des relations avec l’environnement « feuilles, branches».

« La plage» ouvre à des références souterraines, l’idée que l’arbre puisse encore pousser est évoqué, le besoin d’être étayé est cité dans l’action « de lui couper un peu les branches » et de « l’arroser ».

« L’eau, l’ombre et le soleil » éléments nécessaires à la constitution des sels minéraux et à l’activation de la croissance de l’arbre figurent dans le récit. L’élément « eau »souvent employée (cf énurésie) est un moyen d’exister, le discours n’étant pas seulement aérien, il ouvre à une circulation avec le sol donc, à une croissance possible par l’intermédiaire d’une sève à élaborer avant qu’elle ne devienne réellement, élaborée pour circuler dans l'organisme végétal. Tempérance opérée, envie de grandir …sûrement mais doucement, fragilités renouvelées ; besoin d’être soutenu par certains éléments de son environnement.

Etape 7 : E7 Récit des arbres opposés : A+ x A-

« A1+ c’est une fille, là (A3-), c’est un gars ; le garçon, il est amoureux de la fille, ils vont se marier et avoir des enfants et surtout, une maison ».

Chronologie des séquences :

S1 : « c’est une fille, là » : identification d’un genre : le féminin,

S2 : « c’est un garçon » identification d’un autre genre, le masculin, déjà

supposé par opposition implicite avec S1  Différenciation acquise entre les 2 genres,

S3 : Le garçon « il » est doté d’un sentiment porté par un mouvement

d’attraction« il est amoureux »,

S4 : Le pronom « ils » ymbolise un collectif, évocation de la notion de couple

menée par une action « se marier »,

S5 : L’action se prolonge par une action de procréation « avoir des enfants » 

entrée explicite dans le monde des êtres vivants avec un empan temporel signifié qui permet à deux êtres vivants d’en concevoir d’autres,

S6 : la phrase « avoir, surtout, une maison » devient une donnée qui vient

marquer profondément ce besoin de nidification.

Explicitation du récit A+ et A-

Le caractère (genre masculin et féminin) est signifié avec des caractéristiques morpho-anatomiques « c’est une fille, là (A3), c’est un gars » ; la comparaison n’est plus seulement au niveau de la taille entre« petit et grand » mais entre « garçon et fille », la fonction de reproduction est abordée « ils vont avoir des enfants ».

Par l’action affectueuse exprimée « il est amoureux de la fille », l’avenir de l’auteur se dessine avec des projets : mariage, naissance, maison.

Actions dirigées vers soi « c’est un gars » vers autrui « il est amoureux de la fille » et vers l’avenir « ils vont se marier et avoir des enfants », l’auteur s’appuie sur le protocole pour structurer une situation développementale humaine « ils vont se marier, avoir des enfants » et (se) construire un toit, protection matérielle, symbolique « avoir …surtout, une maison ».

Etape 8 : E8 Récit reliant les trois arbres : A1 x A2 x A3.

« Les deux amoureux (l’auteur montre A+ et A-)…..en fait, c’est une histoire bizarre avant 1+, il était amoureux, tout seul d’elle et maintenant, y’a 2 (A 2) et lui (A+) dit : « Eh tu me prends ma femme « et maintenant, ils se bagarrent ».

Chronologie des séquences.

S1 : Deux acteurs sont reliés très fort « les deux amoureux »,

S2 : Mise à distance de l’auteur qui se met en dehors de la scène et qualifie ce

qu’il voit, « en fait, c’est une histoire bizarre », la bizarrerie est l’appréciation qui en est faite,

S3 : L’énoncé suivant revient à un stade antérieur « il était amoureux tout seul d’elle », évocation implicite du couple classique,

S4 : « et maintenant », changement temporel avec une interpellation à ce qui

semble ne pas être naturel et ordinaire pour l’auteur « eh tu me prends ma

femme »,

S5 : introduction d’un conflit entre les deux arbres masculins.

Explicitation du récit.

Redondance dans la personnalisation des arbres, identification éloquente avec l’histoire de vie (transcrite dans le suivi de Gabin).

Le récit est bâti sur une histoire reconnue incongrue « c’est une histoire bizarre » (étape 8) comme « les feuilles bizarres mais pas toutes» (étape 6). Mise en mots (maux) d’une histoire de vie peu ordinaire « bizarre » ou 2 arbres se disputent parce que l’un a pris ’’sa femme’’ « eh tu me prends ma femme », l’injonction « eh » marque un étonnement et découle sur un conflit « ils se bagarrent ».

Conflits renouvelés, déjà cités dans étape 4 « fâchés », ici, étape 8 « ils se bagarrent ».

Etape conséquente car par la médiation de l’arbre, le reliage opéré permet de synthétiser en un seul récit, une problématique personnelle --> deux hommes se disputent une femme et l’enfant est à la fois celui qui observe et subit la conséquence de ces agissements.

Synthèse du protocole de base :

L’arbre, être vivant, est un moyen pour l’auteur de (se) raconter sa vie ; par ses différentes observations endogènes et exogènes liées aux phénomènes taille et poids (étapes1, 2, 3 et 4) et liés au genre masculin ou féminin (étapes 7 et 8) il compare, s’exprime « je ne veux pas… » (étape5) « ça me fait penser à …» (étape 6) et progressivement, l’arbre va devenir un canal par lequel va prendre forme sa problématique personnelle (étape 8).

La description est courte, singulière et c’est le support arbre qui facilite cette projection puis, par l’identification, phase nécessaire à tout développement, Gabin établit des commentaires personnels d’attraction « amoureux » et de répulsion « bagarre, ils se disputent », la tension libérée permet de nourrir sa vie psychique de ses propres besoins en direction d’un futur « être amoureux, se marier, avoir des enfants et surtout, une maison ».

Etape 9 E9, arbre de rêve : A R et étape 10 E10, arbre de cauchemar : AC Dessin de l’Arbre de rêve et dessin de l’Arbre de cauchemar :

Arbre de rêve Arbre de cauchemar

Récit de l’arbre de rêve :

« C’est un gars, il voulait avoir une amoureuse, il l’a trouvée, ils n’auront surtout pas d’enfant parce que le papa n’aime pas les enfants, même pas la mère ; le papa et la maman disent que ça fait des bêtises ».

Récit de l’arbre de cauchemar :

« En fait, il a des cheveux bizarres, les autres arbres rigolent de lui, il n’est pas comme les autres parce qu’il ne veut pas grandir ; il aime bien comme ça, je trouve, c’est bien petit ».

Chronologie des séquences

Arbre de rêve

S1 : Nouvelle présentation d’un genre masculin « c’est un gars », S2 : Porté par un désir passé, « il voulait avoir une amoureuse », S3 : Désir exaucé « il l’a trouvé »,

S4 : La situation passée traverse le temps et s’organise au futur « ils n’auront pas d’enfant », intégration de la séparation des parents et d’une impossibilité à

évoluer au sein de ce couple géniteur,

S5 : Dans l’énoncé « le papa n’aime pas les enfants, même pas la mère »,

l’auteur remarque le non amour maternel plus que le non amour paternel,

S6 : La cause de cette résolution à ne pas avoir d’enfant semble être portée sur

les enfants « le papa et la maman disent que ça fait des bêtises ».

Arbre de cauchemar

S1 : Nouvelle démarcation sur un aspect physique « il a les cheveux bizarres », S2 : Identification forte « Les autres rigolent de lui»,

S3 : Sentiment de différence « il n’est pas comme les autres », S4 : Interprétation axée sur ce non désir à grandir,

S5 : Peur renforcée de grandir « je trouve ça bien petit ».

Explicitation des 2 récits

Cet arbre mythique est une partie forte du protocole, d’abord (AR), c’est l’histoire d’un couple qui s’aimait mais qui n’aura pas d’enfant ou n’en élèvera pas ensemble-AR S4 et d’autre part, c’est toute une logique d’un jeune enfant qui est citée, logique liée à une problématique coincée dans une phase œdipienne-AR.

Mais, en même temps qu’il parle de ‘’ rejet maternel’’, l’auteur s’en libère et à l’aide de la réalisation graphique, il semble pouvoir passer à une sorte de phase d’identification paternelle»).

Angoisses AR- S5, refus AC-S5, culpabilité ? AR- S6, différences physiques mentionnées AC S 1, 2, 3, autant de perçus et de ressentis enfantins exprimés qui permettent l’évacuation de grandes tensions pour faire place à une évolution.

Tableau d’explicitation récapitulatif de l’arbre de rêve et de l’arbre de cauchemar

Matrice d’explicitation pour l’arbre de rêve AR et l’arbre de cauchemar AC

Caractéristiques/ Arbres + et -

A R A C

Perçu « Des fleurs, il est plus

grand

Il est trop moche

Ressenti Il me fait penser à ma

sœur parce que ma sœur aime les fleurs

Trop petit

Besoin De bien pousser De trouver une

amoureuse

Action Il faut le déterrer

pour le remettre dans la forêt parce qu’il n’était pas dans la forêt. Son papa et sa maman ne le trouvent pas joli mais la petite fille le trouve joli.

Il ne faut rien faire

Devenir désiré Il ne peut plus

pousser

Il va bien pousser

Devenir refusé Qu’il ne trouve pas

d’amoureuse

Ne pas avoir d’enfant plus tard ».

Explicitation

La dimension esthétique est de nouveau affichée « trop moche, trop petit ». Dans l’analyse fonctionnelle de l’arbre mythique, le devenir désiré et le devenir refusé se croisent et contribuent in fine, à une cohérence « rester encore petit tout en souhaitant devenir grand ».

Les devenirs désirés de l’AC et de l’AR sont complémentaires, ainsi, le « ne peut plus pousser » devient possible avec le « va bien pousser » par l’action principale de le changer de place « le déterrer ».

Des issues pour l’arbre sont trouvées d’une part, par le changement d’environnement mais aussi par la dimension affective « trouver une amoureuse » et celle de procréer, propos rendus transparents par les devenirs refusés « qu’il ne trouve pas d’amoureuse » et « ne pas avoir d’enfant plus tard » donc qu’’’il trouve une amoureuse et qu’il ait un enfant plus tard’’.

En synthèse, l’action de pousser, de vivre une relation amoureuse et d’avoir une progéniture illustre un mouvement à l’œuvre.

L’acceptation de croître restant un des fondamentaux de la situation.

Etape 11 E11, rêve associant l’arbre de rêve et l’arbre de cauchemar : AR x