• Aucun résultat trouvé

1.2.7.2 Les perspectives

1.3 Carl Rogers

1.3.4 Des concepts novateurs

Afin de faciliter la relation d’aide, Rogers établit des fondamentaux.

Son œuvre révèle l’intérêt porté aux deux communicants (thérapeute & personne) il va s’agir de faire preuve d’humilité pour reconnaître aussi bien les compétences que les limites du moment dans l’échange en cours.

L’authenticité relationnelle envers soi et envers la personne qui s’exprime est primordiale, le langage paradoxal résulte de l’inadéquation entre ce qui se dit et ce qui se vit ; Rogers, lui, exprime l’intérêt de l’accordage entre ces deux pôles.

La synergologie88 relève sur le corps les mouvements non conscients et pourtant, souvent appropriés aux pensées profondes de celui qui agit, elle établit dans ce sens, une sorte de tracés topographiques puisque « le geste précède la parole

dans l’acte de communication et surtout, il révèle ce que le cerveau pense et ne dit pas »89 (Turchet, p 33, 2001).

L’intérêt de positionner le curseur de l’observation consciente sur ces postures relationnelles est pour maintenir continuellement une acuité sur ce qui se passe et ce qui se vit dans l’ici et maintenant.

Ainsi, la vraie écoute dénuée de tout jugement introduisant une ouverture d’esprit favorise l’accélération d’énonciation ou de révélation à soi et à l’autre puis de soi à soi, elle a aussi le privilège de susciter des possibilités en matière de créativité, de réalisation de soi donc de développement personnel.

Ce qui compte au fond de tout, c’est l’action et surtout, l’expérience subjective qui se déroule et qui se vit, en toute conscience.

Les concepts humanistes Rogériens se déclinent de la façon suivante.

87

Schmid Peter F., « La psychothérapie centrée sur la personne: une rencontre de personne à personne ».

88 Turchet Philippe, La synergologie : pour comprendre son interlocuteur à travers sa gestuelle

(Québec: Les éditions de l’Homme, 2001).

89

1.3.4.1 L’empathie et la congruence

Nous savons depuis longtemps que l’enfant est un « être de langage »90

et que sa structuration psychique dépend initialement de « l’entendement de la

présence maternelle » (Dolto, p 116, 1987) et bien que dépourvu de bagage

lexical, il sait vite parler, de façon vraie, doté de son expression corporelle et émotionnelle parce que la dyade mère enfant, vécue comme une éponge sensorielle est normalement, activée.

L’affectif conduit la relation, il est le moteur du développement psychologique qui ne va cesser de se construire a fortiori, si « la volupté, l’envie légitime de

toucher et la communication s’activent pour accroître la délectation perçue par l’échange »91

(Crasnier, p 78, 1989).

Mais si l’enfant est empreint de fait, par une relation naturelle ; avec le temps, la spontanéité diminue au profit d’une éducation qui va entrainer une retenue massive et souvent chronique pour une meilleure conformité aux normes parentales, éducatives, environnementales et sociétales, ainsi, le naturel se transforme en allégeance pendant que la détermination initiale se transforme en velléités répétées.

L’empathie proposée par Rogers consiste à élaborer et à maintenir une relation authentique qui va faciliter l’émergence d’une véracité émotionnelle.

Ainsi, c’est avec un accueil circonstancié, des sourires, de la chaleur et une bienveillance sans relâche, que l’interaction juste et empathique s’initie, qu’elle

s’élabore et se développe, « le thérapeute éprouve une

compréhension empathique du monde de son client comme s’il le percevait de l’intérieur »92

(Rogers, p 204, 1978).

L'essentiel est donc la sécurité affective qui prend racine sur la confiance et le respect acquis

A l’issue d’ « une alliance thérapeutique » établie, le binôme thérapeute (aidant) – personne qui consulte (aidée) est branché sur le même canal sensoriel, l’aidant n’est pas face à l’aidé, il est avec lui dans l’accompagnement de son histoire de vie.

La congruence, c'est-à-dire l’accord entre l’impression (le ressenti, la réactivité naturelle) et l’expression communiquée gomme un éventuel faux semblant pour rester en connexion étroite avec une transparence personnelle et relationnelle. Etre congruent avec l’autre nécessite préalablement, être congruent avec soi- même en sachant écouter ses propres émotions, sentiments voire éventuellement,

90 Dolto Françoise, Tout est langage (Paris: Gallimard, 1987). 91

Crasnier Françoise, Le jeune enfant: son évolution psychologique, Relais bois l’abbé. (Angers, 1989).

jugements ; la congruence interpersonnelle passant inéluctablement par la congruence intra personnelle.

Dans le champ de la psychothérapie, ces conditions nécessaires et suffisantes au développement de la personne signifiées comme postulat93 constituent le fondement d’un changement de paradigme anthropologique et thérapeutique. La psychologue cherche à favoriser l’actualisation du potentiel présent grâce à cette rencontre interpersonnelle constituée de véracités spontanées.

En restant lui-même, authentique, la psychothérapeute tente de sentir ce que vit intérieurement la personne qui s’exprime. Elle cherche à recevoir au mieux son univers et ses sentiments en s’efforçant de les voir sous le même angle que lui. Ce faisant, elle guide l’écouté vers une meilleure compréhension de lui-même. L’empathie nécessite une certaine présence et une compréhension de celui qui parle non pas en fonction du cadre de référence du thérapeute mais bien de celui qui s’exprime de manière verbale ou non verbale.

Une écoute de ce type est l'une des plus puissantes forces de changement et d’évolution.

1.3.4.2 L’acceptation positive inconditionnelle

Pour Carl Rogers, les problèmes que rencontre une personne trouvent son origine dans le fait que nous recevons rarement une telle acceptation.

Et pourtant, l’expérience d’une relation où la personne se sent écoutée, comprise et acceptée la construit, considérant que l’incompréhension, le jugement voire l’indifférence peut engendrer un déséquilibre psychologique même si les jugements en disent souvent plus longs sur celui qui les prononcent que sur celui à qui, ils sont adressés.

Lorsqu’une personne se sent respectée, en dehors de tout jugement ou évaluation, elle peut alors, puiser dans ses ressources internes qu’elle ne soupçonne parfois, pas encore.

La psychologue est au côté de la personne, elle l’accompagne et c’est cette dernière qui définit la situation– problème comme la façon de la résoudre. Elle vérifie avec elle la compréhension qu’elle a de ses difficultés, elle l’aide à identifier ses ressources pour répondre au mieux aux difficultés rencontrées. Lorsque la praticienne éprouve une attitude positive et d'acceptation face à tout ce que la personne est en ce moment, elle crée des ouvertures d’exploration et d’investigation personnelles.

En étant désireux que la personne soit le sentiment immédiat qu'elle éprouve au moment même, « quel que soit ce sentiment : confusion, ressentiment, crainte,

colère, amour ou orgueil, le thérapeute emmène le client dans une continuelle

93

réorientation de vie » 94(Rogers, p 136, 1978).

En acceptant que l’autre puisse être un être humain singulier avec des possibilités à faire émerger, l’accompagnatrice facilite « l’inconnu du soi », elle permet l’expression obsolète du vécu émotionnel, sensoriel et corporel de la personne qui parle car « souvent, ce qui est important, ce n’est pas tant de guérir

mais c’est avant tout, d’être compris ».95