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a) L’homme qui dit « non »

Alors, après tout cela, après qu’il a changé ses relations aux autres, sa relation à lui-même, que l’environnement l’a transformé et que le voile de la naïveté lui a été retiré, comment le sujet peut-il répondre à l’absurde ?

Chez Albert Camus, la réponse est simple, il ne peut pas, mais il doit le faire quand même, il doit se révolter : « Vivre, c’est faire vivre l’absurde. Le faire vivre, c’est avant tout le regarder. Au contraire d’Eurydice, l’absurde ne meurt que lorsqu’on s’en détourne. L’une des seules positions philosophiques cohérentes, c’est ainsi la révolte »322. Pour l’auteur, c’est dans la lutte et dans la lutte seule que l’homme peut trouver une certaine forme d’accomplissement ; un accomplissement totalement ancré dans l’instant, dans le présent : « L’homme absurde au contraire ne procède pas à ce nivellement. Il reconnaît la lutte, ne méprise pas la raison et admet l’irrationnel. […] Il sait seulement que dans cette conscience attentive, il n’y a plus de place pour l’espoir. »323, « La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme »324 et si Meursault n’a pas l’intention de changer sa vie : « J’ai répondu qu’on ne changeait jamais de vie, qu’en tout cas toutes se valaient et que la mienne ici ne me déplaisait pas du tout. », c’est parce qu’il sait que l’espoir est une illusion et qu’un travail en vaut un autre, que c’est l’action en elle-même et cela uniquement qui a du sens. Cette notion de révolte par la continuation de l’épreuve, paraît tout à fait antithétique, et pourtant, elle peut se comprendre comme l’inscription pour la première fois du sujet dans le temps et l’espace. Pour le sujet, son rocher devient l’objet de son attention et pour la première fois il est capable de se placer par rapport à quelque chose, et le simple de fait de recommencer encore et encore la pente suffit à lui permettre de continuer à se percevoir et donc en un sens à exister.

Imaginer Sisyphe heureux, c’est d’abord imaginer son travail, connaître comme lui, veine après veine, aspérités et douceurs, la surface et la forme du roc, C’est en éprouver le poids dans ses muscles, la

322 CAMUS, Albert, Le Mythe de Sisyphe, Op. cit., p. 78

323 Idem, p. 58

324 Idem, p. 168

fatigue dans son cœur ; lire au rythme où le héros travaille, saisir les détails, épouser les reprises, s’employer à ne rien achever, « aider à gravir une pente cent fois recommencée.325

En effet, si ce dernier n’arrive jamais en haut de la pente, s’il sait que son rocher tombera inévitablement en bas de celle-ci qu’importe ce qu’il fait, il trouve dans la souffrance et dans l’endurance une réalité inaltérable qui s’oppose, en ce qu’elle a un sens en elle-même, à l’absurde. Notons aussi ici que le philosophe japonais Shûzô Kuki définissait lui aussi, bien avant Albert Camus, la relation entre le sujet sisyphéen et son rocher de la même manière que l’auteur et philosophe français.

Et dans Propos sur le temps, il donne notamment une interprétation singulière du mythe de Sisyphe selon laquelle ce dernier est « un homme passionné par le sentiment moral. Il n’est pas dans l’enfer, il est au ciel. »326, « Sa bonne volonté, la volonté ferme et sûre de se renouveler toujours, de toujours rouler le roc, trouve dans cette répétition même toute la morale, en conséquence tout son bonheur »327.328

Une fois tout espoir en ce monde perdu, il est impératif pour que la révolte se mette en marche que le sujet camusien refuse l’existence même d’un au-delà, le monde doit être absurde et unique, car il ne peut par nature être l’un sans être l’autre : « Mais il n’y a qu’un monde. Le bonheur et l’absurde sont deux fils de la même terre. Ils sont inséparables »329. De ce fait, il faut refuser le divin comme Meursault refuse dans L’Etranger le prêtre puisque « Une révolution s’accomplit toujours contre les dieux. »330. Pour Albert Camus, c’est dans la suspension que le sujet trouve sa force et le divin est plus décrit comme un obstacle à cette suspension que comme une aide : « Camus récuse l’attitude de certains philosophes existentiels qui font un saut vers une valeur transcendante, alors que lui trouve une valeur héroïque à ne pas chercher à résoudre le problème en question mais maintenir sans relâche la lutte elle-même »331. Ce n’est qu’une

325 BLANCHOT, Maurice, Faux pas, coll. « Blanche », Gallimard, Paris, 1943, p. 235-236

326 KUKI, Shûzô, Propos sur le temps, Phillipe Renouard, Paris, 1928

327 Ibid.

328 EBERSOLT, Simon. « Le Japon et la philosophie française du milieu du XIXe au milieu du XXe siècles », in Revue philosophique de la France et de l'étranger, vol. 137, no°3, 2012, p. 378-379

329 CAMUS, Albert, Le Mythe de Sisyphe, Op. cit., p. 167

330 Idem, p. 120-121

331 MINO, Hiroshi, « Sisyphe ou l’esprit du Bushido : Camus et Shuzo Kuki » in Albert Camus et les vestiges du sacré, Anne Prouteau – Carol Auroy (dir.), coll. « Interférences », PUR, Rennes, 2019, p. 231

fois qu’il s’inscrit dans le présent et qu’il refuse jusqu’à la possibilité d’un Dieu que le sujet absurde peut devenir un être en soi, qu’il peut finir sa transformation et atteindre l’autre côté du désert qu’il a dû traverser : « Oui, l’homme est sa propre fin. Et il est sa seule fin. S’il veut être quelque chose, c’est dans cette vie. Maintenant je le sais de reste. Les conquérants parlent quelquefois de vaincre et surmonter. Mais c’est toujours « se surmonter » qu’ils entendent. »332,

« Sisyphe est heureux parce qu’il connaît, parce qu’il se connaît. C’est contre lui-même qu’il lutte ; c’est à lui-même qu’il est fidèle »333. En faisant cela, le sujet devient capable d’aborder le monde sous un nouveau jour et son rocher devient en lui-même son univers.

Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni futile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul forme un monde.334

L’homme ne peut pas accepter l’absurde en espérant un au-delà de la raison, c’est contraire à la définition même de l’absurde qui veut la raison vaine et rien au-dessus. Ainsi dans L’Etranger et dans La Femme des sables, les personnages affrontent simplement le manque de rationalité et de raison, combattent l’absurde en, d’une certaine manière, se fondant en lui.

« L’homme intègre l’absurde et dans cette communion fait disparaître son caractère essentiel qui est opposition, déchirement et divorce »335.

Dans La Femme des sables, on retrouve un petit peu cette notion de révolte par la lutte, même si comme nous le verrons après, la réponse définitive de Kôbô Abe à l’absurde est bien différente de celle d’Albert Camus. En, effet, le travail sisyphéen que se doit d’effectuer Niki Jumpei, et qui représente l’action de mouvement que l’auteur et philosophe français défend, est par moment mis en scène : « Tout bien pesé, c’est le sable mon véritable partenaire, mon réel adversaire. […] Bien sûr, les difficultés sont là, devant vous : mais pour peu qu’on soit résolu à combattre… alors, minute… minute…, la bataille n’est pas prête encore d’être perdue sans espoir ! … »336 ; mais est cependant aussi questionné, le personnage ne voulant pas totalement

332 CAMUS, Albert, Le Mythe de Sisyphe, Op. cit., p. 121

333 MAILHOT, Laurent, Op. cit., p. 236

334 CAMUS, Albert, Le Mythe de Sisyphe, Op. cit., p. 168

335 Idem, p. 56

336 ABE, Kôbô, Op. cit., p. 54

se soumettre, il lui arrive en effet de critiquer cette lutte et ce travail continus, cette action pour elle-même.

- Mais, ça revient exactement à quoi, tout ça ? A ceci, non, que d’enlever votre sable, toute votre vie, en somme, c’est à ça que vous la passez ! »

- Et après ! De déménager à la cloche de bois, vous croyez, vous, que ça serait mieux ?

L’homme de plus en plus, se sentait bouleversé…Une telle vie ! Un tel abîme ! De se laisser impliquer là-dedans, ça, non, il n’en avait certes pas l’intention !

- Mais si, voyons ! Déménager, vous le pouvez : c’est tout simple, allez ! Il suffit de le vouloir : quand on veut, on peut toujours, non ?

- Non, ça, jamais !337

Chez Kôbô Abe, le personnage évolue et cette position n’est en réalité qu’une phase de transition vers une nouvelle vision de l’absurde et la réponse finale est extrêmement différente.

Le sujet, loin de totalement réprouver le travail sisyphéen finit finalement par se trouver en lui.

337 Idem, p. 84

b) Se fondre en l’absurde

La réponse du sujet à l’absurde chez les deux auteurs est très différente, et si « Kobo Abe's protagonist […] survived in a positive way ; Albert Camus's protagonist […] survived in a negative way »338.

En effet, à l’inverse de Meursault qui, comme le veut Albert Camus, tend vers la révolte à la fin de L’Etranger, Niki Jumpei lui trouve un sens profond au cœur de l’absurde et redéfinit les limites de sa propre condition : « On pourrait s'étonner à plus d'un titre de ce raccourci aussi suggestif que caricatural, mais Niki se trouve en trouvant les autres, et l'on peut estimer que son parcours fait aussi de lui un anti Sisyphe, puisque l'acte répété sans fin fonde l'être au lieu de le nier »339.

Si les deux auteurs sont liés par la vision primaire qu’ils ont de Sisyphe et sur le rôle de la métaphore dans le traitement de leur philosophie, les différentes traditions dans lesquelles ils se placent influent automatiquement sur la version finale de leur réponse. Le Japon, à l’inverse de la France qui se place dans une tradition catholique célébrant l’unité et la permanence, à plutôt tendance à mettre en avant l’instant, le fragile et l’éphémère. Le travail de Sisyphe en général ou même la manière qu’a Kôbô Abe d’aborder l’absurde dans sa globalité se place dans la continuité de cette vision.

Il [Jean-Claude Jugon], résume ma conception du temps chez les japonais en ces termes : « le Japon n’a jamais souligné dans sa culture la durée ou la permanence, ni le sentiment de la constance du temps dans le sujet, privilégiant au contraire la fugacité de l’instant présent, l’errance de l’être ici-bas et l’impermanence de ce monde »340. Cela évoque le travail de Sisyphe qui répète un acte insensé qui n’aboutit jamais à une fin. Mais à la fin de son raisonnement, Jugon s’interroge, « Sisyphe désire-t-il vraiment sortir de l’enfer du présent éternel ? »341. Selon lui ce n’est pas si sûr, Puisque l’on ne trouve pas

338 STRELKA, Joseph P., « Kafkaesque Elements in Kafka’s Novels and in Contemporary Narrative Prose », in Comparative Literature Sudies, vol. 21, No. 4, Penn State University Press, State College Pennsylvania, 1984, p.

442 Nous traduisons : « Le personnage de Kôbô Abe, dans le terrible vent des dunes a survécu d’une manière positive ; le personnage d’Albert Camus, dans la brume de Zuider Zee a survécu d’une manière négative ».

339 SIGANOS, André, Art. cit., p. 179

340 JUGON, Jean-Claude, « Aspect du temps présent au Japon : le temps présent est-il éternel ? », in Etudes camusiennes, n°10, 2011, p. 94

341 Idem, p. 101

de sortie vers le devenir, on doit décider de rester dans l’enfer du présent, ce qui pourrait être le lien qui relie les Japonais à Camus.342

En effet, si chez le Kôbô Abe il n’y a, comme nous l’avons déjà précisé, pas de place pour le divin, la tradition bouddhiste qui berce le Japon influence cependant nécessairement la vision qu’a l’auteur du travail sisyphéen, de l’acceptation de la tâche absurde et du renoncement à la révolte. Ainsi, la modération, la patience, l’endurance et l’acceptation sont les maître mots qui gouvernent le sujet absurde japonais et qui lui permettent de se réaliser.

[Abe’s] works provide a picture of life in which man is utterly lonely, deprived of communication with his fellow men and determined by physical reality. And yet what Abe intends to prescribe in his works is not despair but tough reasonableness with which to accept the inescapable reality of life ; only by doing so can man justify his own existence.343

Il n’est pour un japonais pas question de combattre l’absurde mais de se fondre en lui ; et ce, bien que Kôbô Abe, en tant qu’auteur des années soixante, ait modernisé la tradition dans laquelle il s’inscrit la couplant à une thématique nouvelle, originale et en s’inspirant des auteurs occidentaux.

On peut dire que les écrivains de cette période ont abordé les problèmes fondamentaux actuels de la société japonaise dont les plus importants sont ceux de la paix, des minorités, de l’industrialisation à outrance, et de la remise en question de l’identité culturelle et spirituelle de l’homme.344

342 ITO, Tadashi, Art. cit., p. 297

343 YAMANOUCHI, Hisaaki, The Search for Authenticity in Modern Japanese Literature, Cambridge University Press, Cambridge, 1978, p. 173 Nous traduisons : « L’Œuvre d’Abe transmet une représentation de la vie dans laquelle l’homme est profondément seul, privé de toute communication avec d’autres personnes et déterminé par la réalité physique. Pourtant, ce qu’Abe cherche à montrer dans son Œuvre, ce n’est pas le désespoir mais une acceptation de l’inéluctable réalité de la vie avec raison ; ce n’est qu’en faisant cela que l’homme peut justifier sa propre existence ».

344 ROSSET, Suzanne, Art. cit.., p. 30-31

De plus, comme nous l’avons déjà vu, et comme Albert Camus l’expliquait dans une lettre aux écrivains japonais en 1950, la puissance créatrice est, pour le sujet, la seule porte ouverte vers le futur, la seule qui permet de s’arracher en un sens à l’absurde.

Dans une courte lettre aux écrivains japonais, en 1950, Camus note que ce ne sont pas les hommes de paix, d’amour et d’art qui font l’histoire ; tout ce qu’ils peuvent faire, eux, est « d’ajouter à la création » pendant que d’autres détruisent. « Dans ce duel, apparemment inégal, ce sont les forces de création qui triomphent toujours. C’est qu’on ne peut tout détruire, il y aura toujours un reste, même de ruines, même de poussières »345. Les ruines, comme la poussière, rejoignent la pierre, la permanence, l’éternité matérielle.346

Cette théorie, lorsqu’elle est inscrite dans la tradition japonaise, s’applique totalement dans La Femme des sables puisque le roman met en scène, par le travail répétitif que fait Niki Jumpei, l’élévation du sujet et sa transformation en sujet créateur : « - Si le village peut, quand même continuer de respirer et de vivre, pas vrai, c’est parce que nous autres, tous autant qu’on est, sans cesse, de toute notre énergie, nous nous appliquons à enlever le sable… »347.

En ce qui concerne l’absurde, « la gratuité, l’absurdité, l’espace blanc du désert constituent ses valeurs les plus sûres. Son anti-humanité oblige l’homme à des détours, des recommencements, des chemins inédits, dans une impuissance créatrice et une faiblesse armée »348. Cette même faiblesse du sujet le laisse sans rien d’autre que sa capacité à faire et à refaire ; et c’est parce que cette capacité créatrice subsiste malgré l’absurde, que le sujet a avec elle une voie vers la liberté par l’acceptation.

Like Sisyphus with his rock, he ends up rolling down the walls of his sand prison. Each attempt at escape leads him to physical injury and to the dejection that even pushes him on various occasions to consider suicide using potassium cyanide. Yet each failure adds to his resolve to find a way out.349

349 MARROUM, Marianne, Op. cit., p. 97 Nous traduisons : « Comme Sisyphe et son rocher, il finit par rouler en bas des murs de sa prison de sable. Chaque tentative d’évasion le conduit à des blessures physiques et vers un abattement le poussant, en plusieurs occasions, à hésiter à se suicider en utilisant le cyanure de potassium. Pourtant, chaque échec renforce sa résolution à trouver une sortie ».

Chez Kôbô Abe, le sujet dispose aussi d’une certaine liberté ontologique, qu’il retrouve au cours de l’œuvre et dont il peut faire l’usage. Tout ce que nous avons analysé, le sujet, la femme, les autres, le monde et le désert ; tout participe à la redécouverte de cette liberté. Le personnage peut finalement choisir sa voie.

Cependant, les personnages de Abe Kôbô ne sont pas absurdes au même titre que ceux de Kafka ou de Beckett, pour lesquels l’existence est dépourvue de sens et ne laisse aucun espoir d’action constructive dans le présent ou l’avenir, personnages insensés sans motivations, perdus dans des histoires sans intrigue et sans but. On les voit d’abord comme des hommes qui ont confiance en eux, de tempérament scientifiques ou techniques, sentant qu’ils détiennent à un moment de leur vie un certain pouvoir sur la nature, mais leur succès même renferme le germe de leur auto-destruction. L’état de néant est souvent amené par un défaut de contrôle scientifique. C’est là le danger qui menace l’humanité. Cependant Abe Kôbô n’est pas un pessimiste tragique. Pour lui, il y a toujours une fin possible, qu’elle soit la mort suivie de renaissance ou la fuite rédemptrice. Il y a la possibilité d’un redressement grâce aux personnages de l’entourage, ou à une relation d’amitié, la seule qui reste intacte dans ce dérèglement. Il y a toujours un moment où le héros peut faire valoir son libre arbitre et se choisir une voie.350

Le désert dans l’œuvre sert de cadre à cette acceptation lente mais sûre de son véritable être par le sujet et le conduit, par l’épreuve, à une forme d’élévation. Le désert est un monde

« in which the hero must come to terms with himself and his surroundings, find roots for his existence and discover who he really is »351.

Finalement, chez Kôbô Abe, le personnage accepte l’absurde, disparait en lui, le regarde et l’embrasse en même temps. Dans le roman La Femme des sables, la fin illustre parfaitement cette réponse, le personnage de Niki Jumpei acceptant de rester au village et ce, malgré la possibilité de s’enfuir.

Me précipiter, m’enfuir sur l’heure ? Quel besoin ? A présent, je tiens mon Aller-et-Retour. Destination et lieu de retour y sont laissés en blanc, à ma seule discrétion. Et puis, à regarder en moi, ce que je

350 ROSSET, Suzanne, Art. cit.., p. 31

351 COLLECTIF, Approaches to the Modern Japanese Novel, Kinya Tsurutu – Thomas E. Swann (dir.), Monnumenta Nipponica, Tokyo, 1976, p. 1-2 Nous traduisons : « dans lequel le héros doit arriver à percevoir lui-même et les autres, trouver racines pour son existence et découvrir qui il est vraiment ».

vois, c’est le désir que j’ai de parler à d’autres de mon réservoir d’eau…

Ça m’emplit le cœur à le faire éclater.

Et tant qu’à parler, qui pourrait m’écouter avec plus d’attention que les gens de ce village ? Si ce n’est aujourd’hui, ce sera demain, peut-être : mais tôt ou tard, je finirai bien par trouver à qui me confier à cœur ouvert !...

Et mon plan d’évasion ? J’y repenserai… Mais, plus tard, après que je leur aurai parlé. J’ai le temps, j’ai tout le temps…352

Dans l’œuvre, c’est le désert qui permet à Niki Jumpei cette évolution, et c’est par le travail, le travail du sable sous toutes ses formes, que le personnage retrouve un être au temps.

Dans l’œuvre, c’est le désert qui permet à Niki Jumpei cette évolution, et c’est par le travail, le travail du sable sous toutes ses formes, que le personnage retrouve un être au temps.