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transport sur la ségrégation sociale de l’espace urbain du Grand Agadir

Section 2. L’étude du système de transport urbain du Grand Agadir

I- Le système urbain du Grand Agadir

2. L’absence d’un centre ville

L’étude de la centralité urbaines dans les grandes villes marocaines (Rhellou, 2000)1 a révélé que ces villes sont monocentriques et que, même lors de l’apparition de quelques centres secondaires, la prééminence du centre principal est incontestable.

Quant au Grand Agadir, il se caractérise par l’absence d’un centre ville et d’un déficit de mémoire. Ceci s’explique par l’urbanisation fonctionnaliste de la reconstruction de la ville d’Agadir après le séisme de 1960. Cette reconstruction s’est traduite par une croissance démographique sans précédent et qui aura un impact sur la structure spatiale de la ville. De même, le Grand Agadir s’est formé par l’agglutination des principales municipalités et parallèlement des deux préfectures qui le composent.

En effet, Agadir, la ville reconstruite après le séisme de 1960, a été affrontée à plusieurs défis s’attachants à la planification et à la gestion urbaine. Ce constat relatif à la situation plus au moins critique en matière d’aménagement à Agadir est connu : l’identité de la ville, les dynamiques urbaines, le paradoxe de la planification entre le juridique et la pratique, les contraintes du site, l’inadéquation entre la conception et la réalisation

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Rhellou A., (2000), La centralité urbaine et la dynamique spatiale des villes marocaines, Thèse de doctorat

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(l’expérience des cités nouvelles), la diversité des intervenants et l’incompatibilité des acteurs du fait urbain (Ben Attou, 1999)1.

La conséquence immédiate : une agglomération polynucléaire, résultant d’une pratique foncière loin d’être optimale, s’articulant sur un schéma d’aménagement lui- même polycentrique « spéculant » sur la fonction touristique et non sur les potentialités réelles de développement de la ville (en l’occurrence l’industrie, le commerce, le bâtiment, le transport…). Résultat, un schéma linéaire parallèle à la zone touristique (la RP.32, la RP. 40, le réseau de transport urbain collectif). Ce schéma classique s’est trouvé rapidement vulnérable face à une triple dynamique démo-économique, socioculturelle et politico-administrative qu’a connu Agadir après 1975, lorsque la stratégie de la relance des provinces du Sud et la promotion d’Agadir au rang de la capitale régionale, ont fait d’elle une plaque tournante entre le Sud et le Nord.

La dynamique démo-économique a fait d’Agadir (qui compte 346.106 habitants, lors du recensement de 2004) une agglomération duale. La dualité s’opère à deux niveaux et deux vitesses : à l’intérieur de l’agglomération d’où le problème de définition du centre ville, entre l’agglomération et sa périphérie. Cette dualité s’opère aussi bien à travers la polarisation démographique qu’à travers l’évolution des structures économiques.

Toutefois, le centre ville moderne, même si cette question mérite débat, malgré la qualité de son architecture, n’a indéniablement pas fait l’objet d’une appropriation sociale par la population, ni permis de recréer des lieux de centralité, d’animation et de mixité urbaine dans lesquels il puisse s’identifier.

Ce constat est renforcé par l’isolement du secteur touristique et balnéaire par rapport à la ville. L’accès au littoral est restreint par la coupure du boulvard Mohamed V, les terrains de sport et le peu de débouchés directs sur la mer. Le centre ville est également confronté aujourd’hui à des problèmes de gestion urbaine (circulation, stationnement surtout les weekends).

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Ben Attou M., (1999) « la problématique du transport urbain collectif dans le Grand Agadir » (texte en

arabe) ; recueil des journées d’études organisées en mai 1998 à Agadir, l’association Marocaine de Défense du Consommation et de Protection de l’Environnement.

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Cependant, Rhellou (2007)1 montre à travers la construction d’un indice de centralité, qui inclut le poids des activités centrales et les valeurs foncières et par lequel on retranche le poids de la population résidante dans chaque espace (il a été procédé au découpage de la municipalité d’Agadir en quatre quartiers en l’occurrence le centre ville, le quartier Dakhla, Al Massira et Salam ; les autres municipalités sont prises dans leur intégralité), que le Grand Agadir est une métropole monocentrique largement dominée par le centre ville.

Il faut noter que les planificateurs urbains n’avaient pas pensé le centre urbain comme un centre du grand Agadir qui va exercer un rayonnement sur son territoire. Mais, le centre a été conçu, juste, comme le centre de la ville d’Agadir avant que cette ville s’est agglomérée avec les autres communes de Dcheira El Jihadia, d’Inezgane et d’Ait Melloul et de même avec les autres communes de la périphérie. Le centre théorique, sur le plan de la distance physique et de la liaison en termes d’infrastructures routière et de communication avec toutes les communes du Grand Agadir, serait le centre de Tikiouine.

En conclusion, le système urbain a de nombreux dysfonctionnements: un port qui tourne le dos à la ville, et qui créé des problèmes de mobilité, un espace urbain peu visible et sans repères, une connexion avec le Nord très faible ou quasi-inexistante, un développement commercial frénétique (cas d’Inezgane). Une grille des équipements pas respectée, des surfaces de sol importantes mal utilisées, des espaces publics vastes et peu définis, difficiles et coûteux à entretenir. Des zones périphériques qui accusent un manque de vitalité fonctionnelle et un étalement qui fait apparaître d’immenses espaces sans grâce, sous-équipés et difficiles à administrer. Une mixité d’activités à risque majeur avec des zones d’habitations ou des bassins de vie.

On vérifie une concentration des équipements, des services et lieux des emplois dans des zones bien délimitées (la commune d’Agadir) dans le Grand Agadir aux dépens du reste de l’agglomération. Les autres communes de l´agglomération ont surtout le rôle de communes « dortoirs » (Dcheira, Lqliâa, Drarga, Temsia et Aourir) et jouent parfois une fonction de centre traditionnel de services (Inezgane), ou de noyau industriel (Anza et Aït Melloul).

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Rhellou A., (2007), « Le marketing urbain : quelle communication pour la ville ? », Revue économique du

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II- Le système des déplacements urbains dans le Grand Agadir