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algérienne en métropole (1945-1963)

IV. L’émigration en pratique en situation de guerre

Parmi les facteurs de regroupement des familles avant la guerre d’indépendance, on peut ainsi faire émerger plusieurs éléments : la région d’origine des migrants, le statut de l’entreprise qui emploie le chef de famille, mais surtout le degré de qualification. Cette situation est en partie modifiée par la guerre. La circulation est rendue plus difficile par l’administration et certaines zones deviennent inaccessibles en raison des combats qui s’y déroulent, ce qui entraîne des départs plus nombreux et un enracinement croissant des familles en métropole.

IV. L’émigration en pratique en situation de guerre

La guerre d’indépendance, que l’on fait traditionnellement commencer par les attentats du 1er novembre 1954 dans les Aurès, va en partie changer la nature et le rythme des migrations vers la métropole. Mais toutes les régions ne sont pas touchées par les opérations militaires au même moment ni dans les mêmes proportions, de telle sorte que les causes immédiates des départs et les conditions dans lesquelles ils ont lieu varient.

Face à ces arrivées croissantes, l’administration française tente de mettre en place des moyens de contrôle des départs des Algériens vers la France, remettant ainsi en cause le

160 Pierre DEMONDION, L’émigration kabyle vers la métropole, op. cit., p. 30. 161

71 principe de libre-circulation des « FMA » instauré en septembre 1947 (1). L’étude précise de trois zones de départ montre les différentes facettes de la migration à l’époque de la guerre (2). Les familles issues de ces trois régions se retrouvent au sein des bidonvilles de Nanterre, qui constituent une zone d’accueil spécifique dans le contexte de la guerre (3).

1- Circuler entre l’Algérie et la métropole à l’époque de la guerre

Depuis 1947, les Algériens sont théoriquement libres de circuler entre l’Algérie et la France. Mais la guerre amène les autorités à restreindre ces circulations. À partir de 1956, un système de visa permet de contrôler les retours des migrants en Algérie afin d’empêcher des militants de rejoindre les maquis162. Les femmes, bien que peu nombreuses, ne sont pas tenues à l’écart de ce processus de contrôle, mais l’enjeu est d’empêcher leur installation en France.

a- Limiter les départs de familles vers la métropole

En 1958, les pouvoirs publics prennent les premières mesures pour limiter les arrivées de familles en métropole. Plusieurs courriers partent de métropole pour demander aux autorités locales de prendre des mesures efficaces. En novembre 1958, le SAMAS écrit au général Salan, alors commandant en chef des forces en Algérie, au sujet du régime de circulation entre l’Algérie et la métropole. La création d’une autorisation de sortie pour les familles est spécifiquement abordée :

« L'arrivée en métropole de la famille d'un migrant peut être considérée comme favorisant sa stabilité professionnelle et son intégration sociale dans la communauté métropolitaine. À ce titre, cette opération ne saurait qu'être encouragée, chaque fois du moins que cette famille doit être installée à bref délai, dans un logement décent. Au contraire, dans l'hypothèse où une femme et des enfants débarquent en métropole sans que le chef de famille se soit préoccupé, avant de les faire venir, de s'assurer d'un logement, cette transplantation risque de produire des effets parfois désastreux. […] Dans l'intérêt des familles et de l'ordre public, il paraît donc souhaitable que la délivrance des autorisations de sorties n'intervienne qu'après enquête sur les possibilités de logement en métropole. Le but à atteindre est en effet que les épouses alertées par les renseignements qui leur sont demandés se préoccupent davantage de cette question avant d'abandonner le logement dont elles disposent en Algérie »163.

De la même façon que les autorités ont cherché à limiter l’installation des travailleurs algériens en métropole pendant les années 1950, au prétexte de leur difficulté d’installation, elles cherchent à présent à empêcher les arrivées de familles. Pour cela, le SAMAS suggère

162 Cf. note n° 73.

163 CAC 19960134 art. 6. Passeports/voyages Algérie, Lettre du ministère de l’Intérieur, affaires musulmanes, au général Salan, commandant en chef des forces en Algérie, le 25 novembre 1958.

72 que celles-ci doivent désormais se procurer une « autorisation de sortie » du territoire algérien. La forme et le contenu de la requête appellent quelques commentaires. Ni décret ni circulaire, ce simple courrier revêt un caractère tout-à-fait informel. L’objet même de la sollicitation demeure assez confus. L’enquête (menée par qui ?) n’aurait pas de fonction sélective, mais simplement informative. Le ministère ne souhaite d’ailleurs pas de publicité sur cette mesure, pour ne pas alimenter la propagande du FLN : « J'attire toutefois votre attention sur la discrétion qu'il conviendrait d'apporter en cette matière afin que ces dispositions ne puissent être interprétées comme une mesure de ségrégation »164. Cette pratique renoue pourtant avec les pratiques de l’entre-deux-guerres, qui consistaient à demander des autorisations et des documents toujours plus nombreux aux travailleurs algériens afin de les décourager de partir.

Mais, soit que l’administration militaire ait passé outre la consigne de l’administration civile métropolitaine car les départs de familles la soulagent165, soit qu’elle soit simplement incapable de contrôler les départs dans cette période trouble, les arrivées de familles en métropole ne ralentissent pas en 1958. Selon les données du MTSS, le solde migratoire féminin double entre 1958 et 1959166. En juin 1960, une conseillère sociale de la Croix-Rouge écrit ainsi à une assistante sociale attachée à la présidence de la République :

« Nous sommes frappés, depuis quelques mois, du nombre de familles nord-africaines qui, sans étude préalable, reçoivent les autorisations nécessaires pour se rendre en métropole. Aucun logement n’a été prévu, le travailleur est souvent malade ou en chômage et ces arrivées posent de graves problèmes sur tous les plans »167.

En juillet, l’IGAME du Rhône signale au secrétaire général pour les Affaires algériennes (SGAA)168 que de « nombreux travailleurs » ont l’intention de revenir de congé avec leur famille, ce qui risque de poser des problèmes de logement. De ce fait, il demande que le délégué général du Gouvernement en Algérie « recommande aux autorités compétentes de ne délivrer des permis de voyage qu’aux familles musulmanes pouvant faire la preuve officielle

164 On peut remarquer que le terme « ségrégation » est ici employé dans une acception qui renvoie aujourd'hui davantage à la notion de « discrimination ».

165Cette position peut d’ailleurs avoir conduit le Gouvernement général a minimisé les départs d’Algériens, ce qui expliquerait le décalage entre les chiffres du solde migratoire produit par le SAMAS et ceux produits par la Statistique générale d’Algérie.

166Le général Salan n’a de toute façon pas eu le loisir de mettre en œuvre cette directive puisqu’il est rappelé en métropole en décembre 1958. Maurice Challe lui succède comme commandant en chef.

167

CAC 19770391 art. 6. Habitat-Études I, Lettre d’une conseillère sociale de la Croix-Rouge, faisant partie de la présidence de la Croix-Rouge à une assistante sociale auprès de la présidence de la République, le 16 juin 1960.

168 Le SGAA, créé en juin 1958, est « chargé de la coordination de tous les services intéressés par le phénomène de la migration algérienne », et il a notamment pour objet de coordonner l’action sociale.

73 et certaine qu’elles disposent d’un logement en métropole »169. Le fait d’exiger une telle « preuve officielle » va à l’encontre du statut de 1947, c’est pourquoi il ne s’agit encore que d’une recommandation170. À l’été 1961, une circulaire de la sous-préfecture de Khenchela, adressée aux chefs de SAS, au commissaire de police, mais aussi au « chef du service des autorisations de voyage de la sous-préfecture » et aux maires d'arrondissements, manifeste clairement les contradictions de l’administration française :

« Bien que la production par les candidats à l'immigration d'un certificat d'hébergement ne constitue pas une

stricte obligation légale, il serait désormais expédient de l'exiger à l'appui de la plupart des demandes

d'autorisation de voyage. De plus, il est certain qu'une très utile précaution consiste, comme suggéré par le préfet du Rhône, à faire contresigner cette pièce soit par l'officier chef de SAT, soit par le commissaire de police compétent de la métropole, précaution qu'il n'y aurait d'ailleurs que des avantages à étendre aux certificats d'embauche »171.

Entre 1958 et 1961, le ministère de l’Intérieur n’a de cesse de limiter les arrivées de familles algériennes en métropole. La constitution d’une communauté algérienne de plus en plus présente constitue en effet un paradoxe en ces temps de guerre et il est probable qu’elle apparaisse à certains comme une dangereuse cinquième colonne. Une procédure de délivrance de permis de voyage se met en place pour limiter les arrivées de familles, mais elle ne semble pas avoir réellement porté ses fruits.

b- Une procédure insuffisante

Conformément aux demandes réitérées du ministère de l’Intérieur, une procédure de délivrance d’autorisations de voyage se met en place dans les départements algériens. Les chefs de SAS ou de SAU qui sont chargés, de manière générale, de la délivrance des laissez-passer, de l’état civil ou des listes électorales dans les zones qu’ils administrent, prennent en charge la procédure172. Les dossiers du SSFNA renseignent sur les modalités d’obtention de l’autorisation car l’association intervient à plusieurs reprises auprès des SAS. Un dossier du SSFNA traite par exemple le cas d’une famille arrivée en métropole en 1952 et qui loge dans un deux pièces-cuisine du 18e arrondissement de Paris. En 1959, elle souhaite faire venir une fille restée en Algérie173. Le SSFNA sert d’intermédiaire entre la famille et la SAU. Outre le fait qu’il joue un rôle de garant, son intervention est rendue nécessaire par l’analphabétisme

169 CAC 19770391 art. 6. Habitat-Études I, Note concernant l’habitat des familles musulmanes, Lettre du préfet du Rhône, IGAME, pour le secrétaire général pour les affaires algériennes, 12 juillet 1960.

170Ces mesures s’inscrivent probablement dans le cadre de l’état d’urgence proclamé en 1955. 171 Une copie de la circulaire figure dans IHTP, fonds Monique Hervo. Journal, p. 199. 172

Sylvie THENAULT, Histoire de la guerre d’indépendance algérienne, Paris, Flammarion, 2005, p. 98. Les

SAS, créées fin 1955 par Jacques Soustelle, sont 585 en septembre 1957 et couvrent la plus grande partie du territoire algérien. Sur les SAS, Cf. Grégor MATHIAS, Les sections administratives spécialisées en Algérie : entre

idéal et réalité, 1955-1962, Paris, L’Harmattan, 1998, 256 p. 173

74 probable de la famille. L’assistante sociale du SSFNA écrit ainsi à la SAU concernée pour faire part à la grand-mère qui a la charge de la jeune fille du désir de ses parents de la faire venir en métropole. Elle demande à l'officier de faire convoyer l'enfant de Miliana (à une centaine de kilomètres à l’ouest d’Alger) à Alger. La Croix-Rouge organisera le voyage entre Alger et Paris, le tout aux frais du père de famille174. Un autre dossier, daté de novembre 1960, concerne la venue en métropole de l’épouse d’un Algérien175. L’homme et son épouse correspondent par l’intermédiaire d’une assistante sociale du SSFNA et du lieutenant de la SAS. L’assistante sociale écrit au lieutenant que le demandeur a envoyé de l'argent, qu'il dispose d’un emploi stable et que le logement est suffisant. Elle demande par ailleurs de faire convoyer l’épouse, par un car reliant le douar à Alger. Elle adresse aussi « une attestation autorisant madame à rejoindre son mari, cette attestation tenant lieu également de certificat d'hébergement », conformément aux instructions du SAMAS. Les assistantes sociales du SSFNA apparaissent ainsi comme le pendant métropolitain des officiers de SAS et SAU, ce qui éclaire simultanément la dimension sociale de l’action des SAS et SAU, et la fonction de contrôle des assistantes sociales. Le contrôle reste cependant à ce stade relativement informel et tout à fait arbitraire.

Face à ces mesures, les migrants déploient des stratégies de contournement pour faire venir leur famille sans l’intervention de l’administration ou des associations auxiliaires, grâce à l’aide de militants français. Monique Hervo mentionne le cas de familles en camp de regroupement venues rejoindre un époux résidant en bidonville grâce à de faux certificats d’embauche. L’organisation se met en place à l’été 1961 : « tout un réseau de copains qui fauchent des papiers à en-tête d’entreprises, si possible tamponnés […]. C’était le papier alors indispensable à présenter à la SAS pour pouvoir faire venir la famille en France »176. Sans qu’il soit possible de chiffrer l’ampleur de ce type de détournement, les mesures destinées à

174 Si l’image prédominante est celle de migrants traversant la Méditerranée en bateau – représentation qui s’explique sans doute par la photogénie et la dramaturgie des scènes de débarquement – un grand nombre de déplacements s’effectue dès le milieu des années 1950 par avion. De nombreux témoignages en attestent, ainsi que les chiffres collectés par les autorités françaises. Jusqu’en 1957, plus de 70 % des migrants passaient par le port de Marseille. Cf. « Situation et aspirations de la famille africaine en métropole », Cahiers

nord-africains, n° 49, novembre-décembre 1955, p 12. Mais en décembre de la même année, 1260 Algériens viennent

en bateau en métropole, contre 2300 en avion. Dans le sens des retours, 2500 personnes prennent le bateau et 2800 l’avion. MTSS, Direction générale du travail et de la Main d’œuvre, Travail et main d’œuvre, Statistiques,

Bulletin mensuel, n° 14, février 1958. Notons d’ailleurs que les Algériens bénéficient d’un tarif spécial sur les vols d’Air France : le tarif « TNA » (travailleur nord-africain).

175 Archives SSFNA, dossier n°3575. 176

75 limiter les départs se révèlent insuffisantes. Les nombreux rapports des CTAM métropolitains témoignent de la persistance et de la croissance des arrivées de familles jusqu’en 1961177

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c- Le durcissement de la fin 1961

Les multiples pressions en faveur de la limitation des arrivées de travailleurs et de familles aboutissent à la publication en novembre 1961 d’une première circulaire interministérielle178. mise conjointement par le ministère de l’Intérieur et le ministère des Affaires algériennes, elle est destinée à différentes branches et échelons de l’administration de métropole et d’Algérie : préfet de la Seine, préfet de Police, directeur de la Sûreté nationale, IGAME, préfets et sous-préfets, délégué général en Algérie, préfets et sous-préfets en Algérie. Les rédacteurs s’inquiètent de la croissance de la migration de travailleurs d’Algérie, mais surtout d’un « phénomène nouveau : celui de l'arrivée massive de femmes et d'enfants alors qu'auparavant les familles restaient, pour la plupart, en Algérie ». La nécessité de limiter les flux est toujours justifiée par le même motif : « L'accroissement excessif et désordonné de cette population risque de rendre vains tous les efforts accomplis en leur faveur sur le plan social et notamment dans le domaine du logement »179.

Un document permet de revenir sur les débats qui entourent la rédaction de ce texte. Michel Massenet, délégué à l’action sociale des musulmans d’Algérie en métropole, et le préfet Lamassoure, directeur du SAMAS, escomptent que la circulaire ralentira des arrivées jugées « anarchiques » et permettra d’améliorer la situation des familles déjà sur place :

« Les sommes énormes – des centaines de millions, pour ne pas parler de milliards – que nous dépensons, et c'est normal, en faveur de ces familles et de ces travailleurs, n'ont de sens que dans la mesure où nous améliorerons véritablement la situation. […] Nous n'améliorerons pas cette situation si nous ne limitons pas le problème, si nous ne commençons pas par mettre dans des conditions décentes d'existence ceux qui sont déjà en métropole. Notre ambition est de donner un foyer digne de ce nom à tous les musulmans vivant en famille dans la métropole »180.

Au terme de cette circulaire, ce sont désormais les préfets et sous-préfets d'Algérie qui sont chargés de la délivrance des autorisations de voyage, au lieu de l’armée précédemment. On peut y voir un signe de la reprise en main du pouvoir en Algérie par les autorités civiles. Mais c’est aussi une confirmation probable du « laxisme » des militaires en la matière. Cette reprise

177 Cf. supra.

178 Cf. document n° 5 en annexe, circulaire n° 565 du 3 novembre 1961 du Ministre de l'Intérieur, objet : « contrôle de la migration du travail d'Algérie en métropole ». C’est à la suite de cette circulaire qu’est lancée l’enquête sur l’émigration familiale en 1961 (document n° 2 en annexe).

179 Ibid.

180 AN, F1a 5126. Recensement de la population musulmane algérienne en France (1953-1967), population musulmane, notes diverses établies par le SAMAS 1960-1962.

76 en main s’accompagne d’une bureaucratisation de la procédure : les chefs de familles doivent dorénavant produire des pièces administratives clairement définies : un certificat individuel d'embauche pour le chef de famille et un certificat de logement précisant le nombre de personnes pouvant être accueillies. Ce dernier peut être établi au choix par le propriétaire du logement, par le gérant de biens ou par le maire. Il devra surtout être visé par les services de la préfecture, imposant ainsi des délais supplémentaires en métropole. Il s’agit de « régulariser et canaliser le courant migratoire vers les zones où il sera le plus profitable et ne sera pas susceptible de causer des perturbations tant sur le marché du travail que sur le plan du logement ». Comme cela avait déjà été le cas dans l’entre-deux-guerres, une circulaire permet de remettre en cause la liberté de circulation théorique des Algériens181. Il s’agit par ailleurs, d’une pratique courante en ce qui concerne la gestion des étrangers depuis 1956182

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En somme, la circulaire interministérielle de novembre 1961, rédigée alors que l’indépendance est inéluctable, semble préparer le terrain à la réduction des flux d’Algériens vers la France et montre que la volonté de contrôle de l’immigration a désormais pris le pas sur la crainte de prêter le flanc aux accusations de ségrégation. Nous ne disposons pas des chiffres des flux migratoires familiaux pour 1962, mais selon un rapport de 1963, la circulaire en question a contribué « à normaliser sensiblement le rythme de la migration et à lui enlever son caractère anarchique »183. Un rapport des CTAM de 1962 mentionne « les difficultés éprouvées par les femmes algériennes pour se procurer les documents nécessaires à leur venue en France » et fait état de « consignes diffusées dans les localités rurales d'Algérie »184. Il est cependant difficile de déterminer si c’est la procédure qui a fonctionné, ou bien si c’est la perspective de l’achèvement du conflit qui a incité les familles à rester en Algérie.

Entre 1958 et 1961, les autorités métropolitaines se sont efforcées de limiter les arrivées des migrants algériens. Si les hommes étaient les principales cibles de ces mesures arbitraires, les familles étaient également visées. Mais jusqu’à la circulaire de novembre 1961, les mesures prises n’ont pas eu de réelle efficacité. De nombreuses familles ont donc quitté le territoire algérien pour la métropole avant cette date. Nous nous pencherons à présent sur les conditions de ces départs, à partir de trois exemples.

181

Geneviève MASSARD-GUILBAUD, « L’immigration algérienne en France, une immigration qui fait problème ? Réflexions sur la responsabilité de l’Etat. », op. cit.

182 Alexis SPIRE, Étrangers à la carte, op. cit.

183 AN, F1a 5014. Rapports des CTAM, 4ème trimestre 1963. 184

77

2- L’émigration familiale pendant la guerre : études de cas

En février 1962, un rapport adressé par le délégué général en Algérie au ministre d’ tat chargé des Affaires algériennes détaille les zones de départs de familles en 1961. La guerre a surtout provoqué une accélération, parfois forte, de l’émigration familiale dans les régions qui étaient déjà des zones de départ avant 1954 (Aurès, Petite Kabylie autour de Bougie, région de Sétif dans le Constantinois, Maghnia en Oranie) ; mais elle semble aussi