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7 L ES ENCADREMENTS RELATIFS À D ’ AUTRES SECTEURS

7.4 La jeunesse

En guise d’analyse, soulignons la volonté du gouvernement d’attirer au Québec des nouveaux immigrants qualifiés, ce qui génère des besoins en matière de formation d’appoint à l’enseignement universitaire, et de puiser dans le bassin des étudiants internationaux. Du coup, les universités sont appelées à jouer un certain rôle en matière d’accueil et d’intégration des nouveaux immigrants à la société québécoise. Ce phénomène est d’ailleurs relevé par l’ACDEAULF (2012, p. iv) : « [d]ans la grande région métropolitaine de Montréal, [les programmes destinés aux adultes] sont un moyen d’intégration économique et sociale des populations immigrantes ». Par exemple, en 2010, près du tiers des étudiants de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal étaient des « immigrés récents » (p. 10). Pour ce qui est des étudiants internationaux, force est d’admettre qu’en dépit de règles en la matière, ils ont généralement tendance à adopter un rapport aux études traditionnel, de manière à optimiser leur séjour au Québec, compte tenu des coûts qui s’y rattachent, et – pour certains du moins – de leur conception des études universitaires comme la première étape d’un processus d’immigration.

7.4 La jeunesse

Le champ d’intervention relatif à la jeunesse interpelle plusieurs ministères et organismes, comme ceux associés à l’éducation, à l’emploi et à la famille, mais relève directement du gouvernement du Québec, par l’entremise du Secrétariat à la jeunesse (voir l’encadré ci-après). À cette enseigne, deux encadrements méritent une attention particulière : la Politique québécoise de la jeunesse et la Stratégie d’action qui l’accompagne. En effet, tous deux énoncent les orientations et les priorités gouvernementales qui se rapportent à ceux et celles qui, en raison de leur âge, sont susceptibles de faire partie des actuelles ou des éventuelles populations étudiantes des universités.

Le Secrétariat à la jeunesse a pour mandat de conseiller le gouvernement en matière de jeunesse et d’assister le premier ministre dans l’exercice de ses responsabilités à cet égard. Il assure la coordination et le suivi de l’action gouvernementale dans ce domaine. Le mandat du Secrétariat s’articule autour des objectifs suivants :

• assurer la cohérence des politiques et des initiatives gouvernementales en matière de jeunesse, notamment en effectuant une veille stratégique des enjeux d’importance pour la jeunesse, en sollicitant des avis et des opinions de personnes, de groupes ou d’organisations concernant ces questions et en exerçant son leadership auprès des ministères et des organismes concernés;

• soutenir les actions jeunesse, de concert avec ses divers partenaires, notamment les organismes jeunesse qui travaillent sur le plan national, régional et local;

• fournir aux jeunes et à l’ensemble de la population de l’information concernant la jeunesse;

• élaborer et mettre en œuvre les « politiques jeunesse » gouvernementales, dont la Stratégie d’action jeunesse.

Du reste, signalons que, tel qu’annoncé dans le budget 2010-2011, le Conseil permanent de la jeunesse a été aboli et ses responsabilités rapatriées au Secrétariat de la jeunesse.

Une Politique québécoise de la jeunesse qui témoigne de plusieurs tendances sociales influençant les réalités étudiantes à l’université

Intitulée La jeunesse au cœur du Québec, la Politique québécoise de la jeunesse (Secrétariat à la jeunesse, 2001) a été rendue publique à la suite du Sommet du Québec et de la jeunesse tenu en 2000. Sous la responsabilité principale du ministre d’État à l’Éducation et à la Jeunesse de l’époque, elle propose « des orientations à prendre pour atteindre l’objectif central qui est de permettre à tous les jeunes de se réaliser pleinement et d’être des citoyens actifs engagés dans la société québécoise » (p. 14). Elle s’accompagne d’un plan d’action dont une actualisation triennale a été prévue. Bien que la Politique s’adresse principalement aux personnes âgées entre 15 et 29 ans, elle aborde des thématiques qui concernent aussi celles âgées entre 12 et 14 ans ou entre 30 et 35 ans.

La Politique commence par une description du contexte de son élaboration, où est évoquée, entre autres choses, l’évolution de la famille et de la jeunesse. Le brouillage entre les notions de jeunes et d’adultes y est dépeint en ces termes :

Les trajectoires de vie ne sont plus linéaires et se caractérisent de plus en plus par des va-et-vient entre les études, le marché du travail, la vie en appartement […] et le domicile familial. La poursuite des études et les difficultés d’insertion dans la vie active liées à l’évolution du marché du travail accentuent cette tendance. Les caractéristiques associées aux « jeunes » et aux « adultes » sont de plus en plus interchangeables : les uns travaillant, les autres retournant sur les bancs d’école. (p. 17.)

Pour guider les actions à l’égard de la jeunesse, quatre orientations sont retenues : 1) engager la société dans une culture de la relève;

2) assurer le développement du plein potentiel des jeunes;

3) faciliter l’accès au marché du travail et améliorer la qualité de la vie professionnelle; 4) développer un sentiment d’appartenance.

Les trois premières abordent, plus ou moins directement, les réalités étudiantes qui sont au cœur de l’avis du Conseil sur les nouvelles façons de réaliser un projet d’études universitaires. Il en est fait état dans ce qui suit.

• Engager la société dans une culture de la relève. Le premier des sept axes de cette orientation porte sur l’éducation et la formation. Y est promu « [l’]accès universel à une formation de qualité, à tous les niveaux de scolarité, sur une base géographique et financière » (p. 26). Pour y parvenir, une des stratégies repose sur l’évaluation continue des mesures d’aide financière aux études pour qu’elles soient « adaptées aux besoins des diverses clientèles ainsi qu’aux nouvelles réalités auxquelles elles doivent faire face, telles que l’endettement dû aux études et la participation au marché du travail » et pour qu’elles « s’inscrivent en cohérence et complémentarité avec l’ensemble des mesures d’aide destinées aux jeunes » (p. 26).

• Assurer le développement du plein potentiel des jeunes. Le deuxième des cinq axes ciblés par cette orientation s’attarde à « l’importance des jeunes familles et le soutien au rôle des parents » (p. 34). Le soutien et l’accompagnement des jeunes parents sont promus, principalement pour « ceux qui éprouvent des difficultés ou qui sont issus de milieux défavorisés » (p. 35), par l’entremise, notamment, des politiques économiques et fiscales de même que de l’accès à des services de garde.

• Faciliter l’accès au marché du travail et améliorer la qualité de la vie professionnelle. En guise de préambule à cette orientation sont signalées les conséquences de la précarité des jeunes qui occupent des emplois atypiques (temps partiel, temporaire ou travail autonome), comme le report du projet de fonder une famille. « La réalisation d’un tel projet est d’autant plus difficile [que les jeunes] doivent souvent conjuguer des horaires de travail imprévisibles avec des exigences de formation continue. Dans un tel contexte, la conciliation de la vie familiale avec les études et le travail devient rapidement un exercice difficile » (p. 39). Quatre axes d’intervention sont cernés, dont les trois résumés ci-après qui concernent plus directement les réalités étudiantes fondant un rapport aux études non traditionnel :

o la préparation à la vie professionnelle, où est notamment promue « une meilleure familiarisation avec le marché du travail », que ce soit à l’aide d’emplois d’été, d’expériences de travail pendant les études ou de stages (p. 41);

o l’accès et le maintien en emploi, où la formation continue est présentée comme étant « devenue une voie incontournable pour les travailleurs qui veulent maintenir, voire développer leurs compétences », ce qui implique « [d’assouplir] les modes d’organisation pédagogique et [d’assurer] le développement et l’accès à une offre de formation adaptée aux besoins des jeunes travailleurs dans les différents secteurs d’activité » ainsi que de « [m]ettre en place […] des mécanismes complémentaires de reconnaissance des acquis scolaires et des compétences développées, notamment sur le marché du travail ou à l’étranger » (p. 43);

o la conciliation de la vie familiale avec les études et le travail, où est précisé le rôle de l’État quant au soutien des parents aux études ou en emploi, notamment par l’entremise des services de garde à contribution réduite et par la création alors en cours d’un régime québécois d’assurance parentale, ainsi que par l’information, la sensibilisation et la mobilisation de tous les acteurs « quant à l’implantation de mesures de conciliation famille-travail et famille-études, autant les parents famille-travailleurs et étudiants que les milieux de famille-travail, de l’éducation, de la santé et du monde municipal » (p. 44).

Une Stratégie d’action jeunesse centrée avant tout sur l’employabilité

La Stratégie d’action jeunesse 2009-2014, intitulée Enrichir le Québec de sa relève (Secrétariat à la jeunesse, s. d.), tient lieu du plus récent plan d’action qui accompagne la Politique québécoise de la jeunesse. Elle a pour principal objectif de « donner [aux jeunes] les outils nécessaires à leur épanouissement afin qu’ils puissent se développer au meilleur de leurs capacités » (p. 4). Faisant suite à une large consultation publique, elle s’inscrit en continuité de la stratégie précédente (2006-2009), certaines actions étant reconduites ou bonifiées alors que d’autres sont ajoutées.

Six principaux défis à relever sont ciblés, dont deux retiennent ici l’attention : celui lié à l’éducation et à l’emploi et celui qui concerne la diversité.

Au sujet du défi lié à l’éducation et à l’emploi, la Stratégie souligne d’emblée que « [c]haque jeune doit pouvoir bénéficier d’un accompagnement adapté à sa réalité et orienté vers sa réussite tout au long de ce parcours [menant à l’autonomie] » (p. 8). Parmi les cinq choix stratégiques ciblés, quatre concernent plus ou moins directement le thème du rapport aux études non traditionnel. Ils ont trait au décrochage, au choix de carrière, à l’employabilité et à la conciliation famille-travail-études.

• Trois cibles sont retenues pour contrer le décrochage scolaire, dont l’accompagnement des jeunes. On y indique que « [p]our donner suite à l’engagement du Pacte pour l’emploi124, le gouvernement soutiendra des projets de conciliation travail-études (aménagement du temps de travail, accompagnement du jeune, congés en période d’examens, etc.) » et que « [l]’expérimentation de nouvelles pratiques permettra aux jeunes d’obtenir un premier diplôme professionnel ou technique, tout en subvenant à leurs besoins grâce à un emploi » (p. 11). C’est le MESS, avec la collaboration du MELS, qui est responsable de la mise en œuvre de tels projets de conciliation travail-études. Le programme Placement étudiant125

• Pour faciliter le choix de carrière, la Stratégie mise sur la découverte des métiers et des professions ainsi que sur la promotion de la formation professionnelle. Les actions ciblées touchent essentiellement les jeunes du secondaire en vue de favoriser la formation professionnelle au secondaire et la formation technique à l’enseignement collégial (p. 13-14). Il n’y est donc pas question de l’enseignement universitaire.

s’inscrit probablement dans cette perspective. En plus de l’accompagnement, une autre cible pour combattre le décrochage scolaire porte sur le soutien aux régions, laquelle est issue de l’initiative conjointe du gouvernement et de la Fondation Lucie-et-André-Chagnon. Des actions de sensibilisation sur l’importance de la persévérance scolaire sont prévues auprès des employeurs, des parents, des jeunes et de l’ensemble de la population, dont certaines ont trait à la « conciliation travail-études en partenariat avec le milieu des affaires » (p. 12).

• Pour encourager le passage à la vie active et le maintien en emploi, est rappelé le Pacte pour l’emploi, adopté en 2008, dont l’objet est de « favoriser une meilleure adéquation entre les bassins de main-d’œuvre disponible et les besoins des entreprises » (voir la section 7.2). Destinées spécialement aux jeunes, les actions de la Stratégie misent sur certains programmes dont Jeunes en action et Alternative jeunesse, tous deux sous la responsabilité du MESS et centrés sur l’accompagnement des jeunes dans leur projet professionnel (voir l’encadré ci-après).

124. Le Pacte pour l’emploi est présenté à la section 7.2. 125. Le Placement étudiant est présenté à la section 7.2.

Le programme Jeunes en action offre, par l’entremise d’intervenants jeunesse, un service d’accompagnement personnalisé aux personnes âgées entre 18 et 24 ans pour les guider dans leur projet professionnel. Il permet aux jeunes « de développer leur autonomie et d’être accompagnés en ce qui concerne leur intégration et leur maintien dans un premier emploi, leur retour aux études ou quant à la réalisation d’un projet professionnel ».

Source : http://www.mess.gouv.qc.ca/solidarite-sociale/programmes-mesures/jeunes-en-action/ (réf. du 27 juin 2012).

Le Programme alternative jeunesse s’adresse aux jeunes de moins de 25 ans. Par le truchement d’un agent en emploi d’un centre local d’emploi, il leur fournit un accompagnement pour obtenir un emploi qui répondra à leurs attentes, les diriger au besoin vers la formation à suivre pour accéder à l’emploi souhaité, les préparer au marché du travail et les orienter vers des outils efficaces dans le but d’effectuer une recherche d’emploi profitable. Une aide financière peut être versée pour encourager les jeunes à « s’engager dans une démarche d’insertion socio-professionnelle ».

Source : http://www.mess.gouv.qc.ca/solidarite-sociale/programmes-mesures/alternative-jeunesse/ (réf. du 27 juin 2012).

• Parmi les défis liés à la conciliation famille-travail-études, on trouve le retour aux études et l’accès aux milieux de garde. Sur ce deuxième aspect, on souligne que « le gouvernement poursuivra ses efforts afin d’augmenter l’accès aux services de garde en milieu d’études pour les parents étudiants », précisant d’ailleurs que « [d]’ici 2010, 744 places à contribution réduite parmi les 18 000 nouvelles annoncées à l’été 2008 seront créées dans une vingtaine de milieux d’études » (p. 18). Il n’est cependant pas précisé si les universités sont visées par cette mesure. L’amélioration des services offerts aux jeunes familles repose également sur des programmes de soutien aux politiques familiales municipales126

Dans un autre ordre d’idées, en plus du défi lié à l’éducation et à l’emploi, la Stratégie d’action jeunesse 2009-2014 cible le défi de la diversité, lequel se rapproche, à certains égards, du thème des retours aux études. Considérant que près de 70 % des nouveaux immigrants sont âgés de moins de 35 ans, le gouvernement souhaite notamment faciliter l’intégration sur le marché du travail des jeunes issus de l’immigration. Il entend pour ce faire s’appuyer, entre autres, sur la mesure Québec pluriel du MESS, dont l’objet est de faciliter l’insertion professionnelle ou le retour en emploi ou aux études de jeunes issus des communautés culturelles ou des minorités visibles (voir l’encadré ci-après).

et de soutien financier aux milieux de travail, sous la responsabilité du MFA.

Québec pluriel est un programme de mentorat créé en 2004. Offert au sein de six territoires (Gatineau, Laval, Longueuil, Montréal, Québec et Sherbrooke), il permet à des jeunes issus de l’immigration de bénéficier de l’accompagnement d’un mentor, de recevoir des conseils d’orientation professionnelle et de participer à des ateliers de recherche d’emploi, de formation socioprofessionnelle et de familiarisation à la réalité québécoise. Source : http://emploiquebec.net/individus/immigrants-minorites/quebec-pluriel/index.asp (réf. du 30 juin 2012).

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En somme, la Politique québécoise de la jeunesse et le plus récent plan d’action qui lui est associé semblent surtout mettre en valeur des programmes et des mesures qui existent au sein des différents ministères et organismes. Leur intérêt pour ce qui des nouvelles façons de réaliser un projet d’études universitaires demeure secondaire, si ce n’est que pour constater que, précisément, la préoccupation gouvernementale au regard de la jeunesse concerne surtout l’employabilité fondée sur la formation professionnelle et technique qui précède l’enseignement universitaire.

126. « Grâce au programme de soutien du ministère de la Famille et des Aînés, les politiques familiales municipales ont connu un essor considérable depuis 2002. En effet, à ce jour, ce sont 660 municipalités et 27 MRC qui se sont dotées d’une politique familiale et du plan d’action qui y est associé. Le programme offre un soutien financier et technique aux

municipalités de moins de 100 000 habitants, aux MRC et, depuis cette année, aux communautés autochtones qui désirent se doter d’une politique municipale familiale ou mettre à jour celle qu’elles ont déjà. Un soutien technique est aussi offert pour la mise en œuvre du plan d’action qui découle de la politique familiale. »