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Dans cette recherche, techniques et sociétés sont envisagées comme interdépendantes (Akrich 1989). Comme nous l’avons observé au second chapitre, l’utilisation des technologies de cap-tage, transport et stockage du CO2 est variable d’un état à l’autre. En Norvège, la finalité des technologies de CTSC était de maintenir l’exploitation des hydrocarbures en mer dans un contexte réglementaire contraignant : les émissions de CO2 des industries offshores faisant l’ob-jet d’une taxe. Au Royaume-Uni et plus particulièrement en Écosse, les technologies de CTSC sont envisagées comme moyen pour donner une place de leader à l’Écosse dans la gestion du CO2 à l’échelle européenne.

Dans l’Axe-Seine, les technologies de captage, transport et stockage du CO2 ne font pas l’objet d’un développement à grande échelle. Actuellement, seules des recherches stratégiques ou l’ex-périmentation de démonstrateurs sont réalisées34. Dès lors, comment envisager l’implantation de ces technologies dans l’Axe-Seine ?

L’interdépendance entre un dispositif technique et son territoire d’implantation est ici notre clé d’entrée. Les concepteurs des technologies de captage, transport et stockage du CO2 ont une conception particulière du monde dans lequel s’inscrivent ces technologies (Akrich 1989). Avant d’analyser le scénario dans lequel est inscrit le dispositif de CTSC dans l’Axe-Seine, caractérisons cet espace dans la deuxième partie de notre réflexion. Le troisième chapitre est consacré à l’Axe-Seine en tant qu’espace de projet, territoire en cours de construction. En 2008, cet espace est en effet considéré par les décideurs politiques comme territoire pertinent pour faire de l’agglomération parisienne une métropole mondiale. Dans un premier temps, nous rap-pellerons l’origine des projets d’aménagement de ce territoire. Puis, dans un deuxième temps nous nous focaliserons sur la question des émissions de gaz à effet de serre dans cet espace et sur les stratégies envisagées par les institutions pour répondre à cette problématique. Enfin dans un troisième temps, nous nous concentrerons sur les émissions de CO2 issues des secteurs d’ac-tivités potentiellement concernés par les technologies de CTSC. Ainsi pourrons-nous mettre en perspective la pertinence de l’implantation de ce dispositif technique, au regard des stratégies territoriales adoptées et des émissions de CO2 potentiellement captables.

Le quatrième chapitre caractérise quant à lui l’Axe-Seine sous l’angle des usages de l’espace et de la conflictualité relative aux projets d’aménagement. Nous nous appuierons ici sur la litté-34. Cette recherche fait partie des recherches stratégiques initiées par la chaire CTSC de-puis 2009. Concernant les projets pilotes, notons l’expérimentation d’un pilote de cap-tage sur la centrale à charbon de la zone industrialo-portuaire du Havre. http

rature relative aux conflits d’aménagement (Subra 2006, Borraz 2008)35 et à celle relative aux controverses sociotechniques (Callon, Lascoumes et Barthe 2001) pour identifier des zones potentiellement plus conflictuelles vis-à-vis des technologies de CTSC. Dans la première partie de ce chapitre, nous caractériserons les modalités d’occupation de l’espace, ainsi que les caractéristiques sociodémographiques de la population. Comme l’affirme Borraz (Borraz 2008), les classes moyennes résidant dans l’espace périurbain s’opposent davantage à des ac-tivités peu familières de leur quotidien. Nous identifierons donc ces espaces potentiellement opposés aux technologies de CTSC. Ce dispositif technique est en effet susceptible d’engendrer de nouvelles sources d’incertitudes et d’opposition dans ces espaces. La seconde partie de ce chapitre sera quant à elle consacrée à l’identification d’espaces naturels protégés, mais aussi d’appellations d’origine contrôlée et protégée. Les retours d’expérience relatifs à de précédents projets de CTSC illustrent notamment la mobilisation de ce type de dimensions dans l’oppo-sition à ces projets techniques. Enfin dans la troisième partie de ce chapitre, nous analyserons de précédents débats publics ayant eu lieu dans l’Axe-Seine. Ainsi pourrons-nous affiner notre compréhension des enjeux soulevés par des projets d’infrastructures dans ce territoire.

Au terme de cette seconde partie la caractérisation de l’Axe-Seine dans les différentes dimen-sions évoquées plus haut, nous permettra d’identifier la pertinence mais aussi les potentiels points d’achoppement d’une éventuelle implantation des technologies de CTSC dans ce terri-toire.

35. Respectivement professeur à l’institut français de géopolitique et directeur de recherche CNRS au centre de sociologie des organisations.

Méthodologie

Dans cette deuxième partie, la chorématique ainsi que les techniques d’analyse de contenu ont été mobilisées. Détaillons ici la mise en œuvre de ces options méthodologiques.

La chorématique est une technique de représentation graphique qui consiste à synthétiser les dynamiques spatiales sous formes de symboles simples. Pour Brunet (Brunet 1980, Brunet 1986), initiateur de cette technique de modélisation graphique, il existe un nombre fini de sym-boles simples permettant de décrire des phénomènes spatiaux (les chorèmes). La combinaison de ces derniers permet de rendre compte des multiples dynamiques d’un espace.

Dans cette recherche, cet outil a été utilisé dans une perspective similaire à celle proposée par Lardon et Piveteau (2002). Ces chercheurs utilisent la chorématique comme outil au service du diagnostic territorial. Ils proposent de schématiser sous cette forme les informations issues des données statistiques, mais aussi celles des différents documents relatifs à l’aménagement du territoire. Dans cette recherche nous avons procédé ainsi pour les schémas et projet d’aména-gement de l’Axe-Seine, et pour les Schémas Régionaux Climat, Air, Énergie.

L’analyse de contenu thématique a, quant à elle été utilisée dans cette seconde partie sur deux types de documents : les orientations stratégiques des SRCAE des régions Basse-Normandie, Haute-Normandie et Île-de-France et les cahiers d’acteurs relatifs à des projets d’aménagement structurant la construction de l’Axe-Seine.

Pour l’analyse des orientations stratégiques des Schémas Régionaux Climat, Air, Énergie, l’unité d’enregistrement (l’unité de signification à coder) (Bardin 1996, p. 135) est le paragraphe. Pour les cahiers d’acteur, il s’agit du document dans son ensemble. Pour définir les thèmes dans ces documents, nous nous sommes appuyés sur la définition proposée par Paillé et Muchielli (2012). Pour ces chercheurs un thème est une dénomination assez précise en lien avec la teneur d’un

extrait de corpus. (Op.cit., p. 242). Pour les orientations des Schémas Régionaux Climat Air

Énergie, nous avons procédé à un codage à deux niveaux. Le premier très proche de la teneur du propos et le second rassemblant ces premiers codes en restituant le contenu du propos dans une perspective plus générale. L’exemple ci-dessous illustre notre procédure :

Pour l’analyse des cahiers d’acteurs, nous nous sommes appuyés sur les titres de ces contribu-tions, mais aussi sur les titres des différentes parties pour restituer la teneur générale du propos face à un projet d’aménagement donné. L’exemple ci-dessous illustre la procédure adoptée :

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Chapitre 3

Quelles dynamiques spatiales dans