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Quelles dynamiques spatiales dans l’espace Axe-Seine ?

3.3 Quelle actualisation dans l’aménagement de cet es- es-pace : Du grand Paris à l’Axe-Seine

3.3.2 Le Grand Paris « Métropole de l’après Kyoto »

Dans ce projet, la première observation de l’équipe Grumbach (Grumbach 2009) est la dimension trop continentale de la métropole parisienne. Selon eux, dans le jeu de l’économie mondialisée les métropoles influentes possèdent un port. Pour connecter l’agglomération pari-sienne à l’espace mondialisé, ce cabinet propose de constituer une aire métropolitaine le long de la Seine et d’accrocher une métropole européenne à la façade atlantique (Grumbach 2009, p. 12).

L’ambition du projet Grumbach va au-delà de la constitution de la métropole parisienne le long du corridor séquanien. L’objectif est d’aménager la métropole de l’après Kyoto, c’est à dire d’offrir une réponse positive à la mondialisation, s’y inscrire tout en remettant en cause

les procédures qui conduisent à une dégradation de l’environnement nécessite de développer une alternative à la métropole globale et à la mise en œuvre de politiques sectorielles (Op. cit., p. 6).

Pour parvenir à constituer une telle métropole, les membres du cabinet Grumbach choisissent de s’appuyer sur l’espace de la vallée de la Seine car ils considèrent que cette échelle permet non seulement de dépasser les problématiques de l’agglomération parisienne, mais aussi de répondre aux exigences de réductions des gaz à effet de serre (Op. cit., p. 12).

Pour l’équipe Grumbach, il est nécessaire de penser les interrelations entre le rural, le périur-bain et l’urpériur-bain pour l’alimentation, la transformation des déchets en énergie, ainsi que dans le champ des transports. Afin de répondre aux objectifs de Kyoto, c’est à dire une réduction de 50% des émissions de CO2 d’ici 2050, l’équipe de Grumbach s’appuie sur le bilan carbone du territoire pour proposer des hypothèses de développement. Ces experts affichent trois am-bitions : une meilleure attractivité du territoire, condition du développement durable car la croissance reste source de progrès, l’économie circulaire, la mobilité dans la recherche de vitesse ou de lenteur (Grumbach Synthèse. p. 3). Par ailleurs, le fleuve est un élément clé de ce pro-jet. L’eau est selon l’équipe de Grumbach le lien entre la région parisienne et l’aval. Elle fait l’objet de multiples utilisations dans cet espace, c’est donc selon Grumbach et al. autour du fleuve qu’il faut construire l’identité de la future métropole parisienne (Grumbach 2009, p. 17). Ce projet se subdivise en cinq dimensions : la géopolitique, l’identité du territoire, les re-lations urbanité/naturalité, la mobilité et enfin les actions à mettre en œuvre pour constituer cette métropole de l’après Kyoto.

la région Ile-de-France, seul le Projet proposé par Antoine Grumbach et son équipe va au-delà en travaillant à l’échelle de la vallée de la Seine. Pour plus d’informations sur les différents projets http ://www.ateliergrandparis.com/aigp/conseil/consultation2008.php consulté le 28 janvier 2013.

7. Le discours de Nicolas Sarkozy du 26 juillet 2009 souligne la volonté de reconstituer le lien entre Paris et la mer. http ://www.parisrouenlehavre.fr/pdf/n_sarkozy_discours_16072009.pdf consulté le 15/01/2013.

La géopolitique présentée en première partie de ce projet justifie la démarche poursuivie. Selon l’équipe Grumbach, il est nécessaire de faire de Paris une ville-Monde en la connectant aux flux du commerce mondial. Comme ils l’affirment à plusieurs reprises, toutes les métropoles mondiales sont connectées à l’espace maritime (Op. cit., p. 23-33). Aménager la métropole pa-risienne le long de la Seine en connectant ses ports, en améliorant la desserte de transports permettrait selon eux de connecter Paris aux flux du commerce mondial. Par ailleurs, pour l’équipe Grumbach, la constitution d’une métropole parisienne, connectée aux flux mondialisés permettrait de réduire l’effet de relégation présent dans les banlieues de l’agglomération. Les réseaux de transport permettant aux populations de ces banlieues de circuler plus facilement entre différentes centralités. La ville de Rouen pourrait par exemple remplir ce rôle de centre pour les territoires trop éloignés de l’agglomération parisienne. Bien que cet accès à l’espace des flux soit décisif pour l’économie mondialisée, il va à l’encontre d’autres dynamiques de l’espace des lieux (Castells 1996).

Pour Castells, l’espace est défini comme support matériel des pratiques sociales du temps partagé (Op. cit., p. 463). Selon lui, l’espace des flux est une nouvelle forme spatiale caractérisant les pratiques sociales qui dominent et façonnent la société en réseau. Il se caractérise par des séries d’échanges et d’interactions entre des positions géographiquement éloignées (Op. cit., p. 463). Comme le souligne ensuite Castells, l’espace des flux domine et façonne l’espace des lieux. Ce dernier se définit comme un espace dont les formes, les fonctions et le sens compose des

en-sembles dans le cadre d’une contiguïté physique (Op. cit., p. 475). Il ajoute que dans la société

en réseaux, les pratiques sociales d’une grande majorité d’individus se déroulent dans l’espace des lieux. Dans la perspective du projet d’Axe-Seine, ces apports conceptuels laissent donc sup-poser des oppositions à un tel projet d’aménagement ne desservant que les intérêts de certaines catégories sociales, intégrées à l’espace des flux.

Nous détaillerons au chapitre suivant les conflits d’usage entraînés par la réalisation de cer-taines infrastructures contribuant à la connexion de la vallée de la Seine sur l’espace des flux. De même, nous pouvons nuancer le fait que l’offre de transport contribuerait par elle-même au désenclavement des zones urbaines sensibles. Comme le montre Lebreton (Mobilité et

Inégali-tés sociales 2006), pour accéder à la mobilité il faut à la fois disposer de moyens économiques

mais aussi maîtriser toute une sémiologie pour s’orienter dans ces espaces et enfin pouvoir se représenter l’espace.

Concernant l’identité de l’Axe-Seine, l’équipe de Grumbach rappelle l’importance du rôle de la Seine dans la constitution de l’identité de cet espace. Selon elle, le fleuve a donné une identité paysagère unique à la vallée de la Seine. L’équipe de Grumbach constate notamment que les modalités d’occupation de l’espace sont similaires d’un méandre du fleuve à l’autre. Par ailleurs, ces boucles (méandres) de la Seine mettent également en présence des activités économiques de natures différentes (industrie chimique et agriculture par exemple). Pour l’équipe Grum-bach cela représente donc une opportunité pour développer l’économie circulaire8, réduisant ainsi le gaspillage des ressources naturelles. Selon ses initiateurs (Frosch et Gallopoulos 8. Une interview avec le fondateur de ce concept http ://www.makingitmagazine.net/ ?p¯6793. Consultée le 18 mars 2015.

1989), l’économie circulaire parfois aussi appelée écologie industrielle est le fait de considérer un ensemble d’activités économiques comme un écosystème naturel. Dans ce dernier, les déchets d’une activité économique peuvent devenir une ressource pour d’autres activités. Ainsi est-il possible de réduire la consommation d’énergie, les déchets des activités économiques et donc l’impact de l’homme sur son environnement.

Pour autant, comme l’affirme l’équipe Grumbach, mettre en place cette économie circulaire implique un dialogue entre ces différentes activités économiques. Concernant la pétrochimie, les auteurs de ce projet insistent davantage sur la mise en place d’une agro-industrie et d’une écologie industrielle, afin de réduire les déchets et les impacts de ces activités sur l’environne-ment. Ainsi sera-t-il possible de transformer ces dernières selon les logiques de l’économie verte (Grumbach 2009 p. 76-78).

Pour Grumbach et son équipe, « la métropole de l’après Kyoto » doit associer l’urbanité, la nature et le fleuve. Pour y parvenir, le projet Grumbach développe plusieurs propositions. Le postulat initial de cette équipe est le suivant : les individus souhaitent bénéficier à la fois d’une proximité avec l’intensité des centres urbains mais aussi, des qualités d’habitat du périurbain. L’équipe Grumbach propose donc de densifier l’habitat autour des centres urbains ou des in-frastructures existantes pour concilier les aspirations des individus. Cette équipe développe également l’idée de la constitution d’une ville parc nature (Op. cit., p. 98-102), où habitations, espaces naturels et agriculture pourraient s’associer le long du fleuve. Un tel projet induirait donc le développement d’une réglementation pour gérer les modalités d’occupation des sols. Dans le projet « Seine métropole », la mobilité a elle aussi une importance cruciale. En effet, comme signalé dans la première partie de ce projet, la connexion à l’espace des flux garantit l’attractivité du territoire. Cependant, cette nécessaire mobilité pourrait s’opposer aux objectifs de l’après Kyoto. En effet, elle engendrerait potentiellement une hausse des émissions de gaz à effet de serre. Pour répondre à cette contradiction, l’équipe Grumbach préconise le tressage des mobilités le long de la vallée de la Seine. Le développement de hubs intermodaux entre des transports rapides comme la ligne à grande vitesse Paris-Normandie, et des transports en commun locaux sont notamment envisagés. L’idée de favoriser les transports collectifs rapides sur de longues distances, ou le transport fluvial, à privilégier pour les marchandises, sont éga-lement évoquées. Ces propositions sont pour l’équipe Grumbach les seules à même de garantir l’intégration du territoire, tout en remplissant les objectifs de Kyoto. Le schéma chorématique suivant (Figure 11) résume les principales dynamiques du projet d’Axe-Seine.

Dans cette représentation graphique nous observons d’une part la conservation d’une urbani-sation polarisée autour des agglomérations existantes, mais également la volonté d’étendre les zones naturelles afin de faire de l’Axe-Seine un « Parc Nature habitée » (Grumbach 2009, p. 98).

Dans la dernière partie de son propos, l’équipe Grumbach revient sur l’importance de mettre en mouvement ce projet. Pour y parvenir, un mode de gouvernance commun est à définir dans un territoire aux institutions déjà multiples (trois régions, neuf ou dix départements). L’équipe de Grumbach insiste alors sur la nécessité de mettre en place un syndicat interrégional ou une conférence des présidents de région, avant de fixer une instance pérenne. Ces experts insistent aussi sur le caractère décisif de la fusion entre les ports de l’Axe-Seine. Pour l’équipe Grum-bach, la gouvernance n’est qu’un des éléments permettant de faire vivre le projet. L’organisation d’événements culturels (de type exposition universelle), la mise en place d’une promenade tou-ristique, d’une université de la vallée de Seine, mais aussi l’interaction entre l’équipe du projet et les habitants, permettront à ces derniers de s’approprier ce territoire et de lui donner une identité qui lui soit propre.

3.3.3 L’Axe-Seine : Actualisation du schéma Basse-Seine face à la