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Quelles dynamiques spatiales dans l’espace Axe-Seine ?

3.4 Dynamiques locales engendrées par le projet Axe- Axe-Seine

Le projet Axe-Seine proposé par Grumbach en 2008 a trouvé un écho à la fois dans les études ou les recherches ayant pour objet ce territoire, mais aussi dans des réalisations concrètes de la part des parties prenantes locales. Revenons d’abord sur les recherches, puis détaillons les premières réalisations portées par les parties prenantes locales.

3.4.1 La gestion des flux, principal enjeu des recherches relatives à

l’Axe-Seine.

Le tableau suivant (Tableau 1) fait état des principales études relatives à l’Axe-Seine. Nous avons recensé ici les thématiques centrales de chacun de ces projets, ainsi que la façon dont ils envisageaient l’Axe-Seine9.

La lecture de ce tableau récapitulatif des recherches et études relatives à l’Axe-Seine fait apparaître plusieurs centres d’intérêts concernant l’aménagement de cet espace. Nous observons tout d’abord des études d’ordre général comme celle réalisée par la coopération des agences d’urbanisme de l’Axe, ou celle de l’INSEE. Ces dernières apportent des éléments tangibles à la vision défendue par Grumbach, grâce à la réalisation d’études statistiques montrant la complémentarité des territoires de la vallée de la Seine.

Ensuite, ce tableau montre aussi que la question des flux et de leur gestion est également une préoccupation majeure des acteurs de l’Axe-Seine. En effet, à l’échelle européenne (Weastflows), à l’échelle nationale (DATAR) ou aux échelles régionales (Devport, OCDE), l’Axe-Seine est considéré comme un territoire clé pour l’intégration des flux. Une action politique forte est nécessaire pour améliorer la logistique dans cet espace. Cette dimension soulevée dans le projet Grumbach trouve donc un large écho dans les différentes recherches menées sur ce territoire. Enfin, à l’échelle de ce territoire sont également envisagés des projets plus spécifiques comme la réalisation d’une ligne à grande vitesse Paris-Normandie, ou encore un dispositif de captage mutualisé du CO2 dans l’Axe-Seine. La Ligne Nouvelle Paris-Normandie est clairement évoquée dans le projet Grumbach. Une telle infrastructure participe selon lui clairement à la cohésion de l’ensemble de l’Axe-Seine et permet l’unité de la métropole dans un territoire étendu car elle connecte efficacement les différents pôles urbains de l’Axe-Seine. Les technologies de CTSC dans l’Axe-Seine sont seulement présentes dans l’étude de préfaisabilité économique d’une chaîne intégrée de CTSC sur la ZIP du Havre réalisé par Geogreen.

Ces différents travaux de recherches soulignent l’attention particulière portée par les parties prenantes du territoire à la logistique. Toutefois, le dénominateur commun de l’ensemble de ces

recherches est la notion de flux. En effet, qu’il s’agisse de flux de marchandises, de flux de CO2, ou encore de flux de voyageurs, l’Axe-Seine est donc véritablement un espace de circulation de flux. Ce territoire correspond donc à une certaine acception de la notion de corridor.

3.4.2 Des réalisations illustrant une appropriation essentiellement

économique de ce projet de territoire.

Suite à l’acceptation de ce projet comme perspective d’aménagement pour la métropole parisienne, les acteurs politiques et économiques des territoires concernés se sont rapidement mobilisés autour de ce projet. Dès 2010, les métropoles de ces territoires ont organisé chaque année un colloque relatif à l’Axe-Seine. Lors du premier colloque ont été présentées les grandes orientations du projet de l’équipe Grumbach, lors des colloques suivants les questions socio-économiques ont été abordées, ainsi que le projet de ligne à grande vitesse. Les chambres de commerce et d’industrie ont identifié des filières d’excellence de l’Axe-Seine (l’énergie, la valo-risation des déchets, la mobilité et la logistique portuaire)10.

Par ailleurs, les ports de l’Axe-Seine (Le Havre, Rouen, Paris) ont fusionné en 2012 dans un Groupement d’Intérêt Economique (GIE) (Haropa)11 afin de gérer plus efficacement les flux et les différents projets de ces trois structures portuaires, poursuivant ainsi les objectifs du projet Grumbach concernant la connexion de la métropole parisienne à l’espace des flux.

Enfin, un rapport relatif à la gouvernance et aux modalités d’aménagement d’un tel espace a été engagé et a été présenté en 2012 au premier ministre (Rufenacht 2012). L’objectif de ce document était de proposer des pistes d’applications du projet de l’équipe Grumbach. La nécessité d’instituer une instance de gouvernance réunissant des représentants de l’État, des collectivités territoriales et du monde économique chargée de mettre en place ce projet est un préalable, pour le commissaire général pour le développement de la vallée de la Seine. Selon lui, les investissements prioritaires doivent par la suite, porter sur les infrastructures routières (A104, liaison A13-A28), la ligne nouvelle Paris Normandie, la constitution d’un réseau de fret performant et la fusion des ports (Rufenacht 2012, p. 55-56).

Concernant l’économie et en particulier l’industrie, le commissaire général au développement de la vallée de la Seine insiste aussi sur la nécessité de développer l’écologie industrielle. Par ailleurs, les recherches sur les énergies nouvelles et notamment le captage, transport et stockage du CO2 doivent elle aussi être favorisées (Op. cit., p. 57) car elles constituent des éléments d’at-tractivité du territoire. Pour le captage, transport et stockage du CO2, l’auteur de ce rapport rappelle en annexe l’existence de deux projets dans le cadre de la performance énergétique du territoire. La mise en place d’un dispositif de captage et de liquéfaction de l’unité de fabrication d’hydrogène d’Air Liquide à Port Jérôme, et le dispositif de captage de CO2 sur la centrale EDF (Op. cit., p. 84). Enfin, des initiatives de sensibilisation des populations à ces technologies sont également évoquées.

10. http ://www.paris-seine-normandie.fr/edition-2011/filieres-dexcellence-traitees/. Consulté le 19 mars 2015 11. http ://www.grandeseine2015.fr/actualite/lancement-du-gie-haropa-ports-de-paris-seine-normandie/ consulté le 18 mars 2015.

Cette prédominance des enjeux économiques dans l’aménagement de l’Axe-Seine est cependant critiquée par certains chercheurs en sciences sociales. Brennetot, Bussi et Guermond (Bren-netot, Bussi et Guermond 2013) soulignent que le projet Axe-Seine est une application de la logique néolibérale aux principes de l’aménagement. En s’appuyant sur des déclarations relevées dans la presse ainsi que lors des colloques consacrés à l’Axe-Seine, ils montrent que l’idéologie néolibérale implicitement inscrite dans ce projet n’est remise en cause par aucun des responsables institutionnels, quelle que soit leur appartenance politique. La concurrence entre les territoires, et la mobilisation des acteurs de l’Axe-Seine pour attirer les flux internationaux est perçue comme la seule alternative pour développer cet espace. De plus, comme le soulignent ces chercheurs, l’hégémonie du discours néolibéral a relégué à l’arrière-plan les propositions relatives à l’impact environnemental de la métropole parisienne initialement présentes dans le projet Grumbach (Op. cit., p. 9). Au regard de ces propos, l’attention des représentants insti-tutionnels concernant les problématiques environnementales à l’échelle de la vallée de la Seine semble donc réduite. Dans ce contexte, comment envisager la mise en place des technologies de CTSC à cette échelle spatiale ? Pour répondre à cette problématique, observons toutefois les tendances caractéristiques des émissions ce CO2 sur ce territoire ainsi que les mesures mises en œuvre.

3.5 Quels profils d’émissions de gaz à effet de serre (GES)