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L’environnement, le cadre de vie et la pertinence d’un projet en termes de développement local : trois enjeux décisifs dans

Normandie et en Île-de-France

LE FRET FERROVIAIRE : UN APPORT ESSENTIEL

4.4.3 L’environnement, le cadre de vie et la pertinence d’un projet en termes de développement local : trois enjeux décisifs dans

l’éventuelle implantation des technologies de CTSC.

L’analyse de trois débats publics ayant eu lieu dans le territoire de l’Axe-Seine permet de dé-gager plusieurs enseignements dans l’éventualité d’une implantation des technologies de CTSC dans l’Axe-Seine. Les enjeux soulevés dans ces différents débats révèlent trois dimensions aux-quelles il semble nécessaire d’être attentif dans l’éventualité d’une implantation d’un dispositif de CTSC : les impacts environnementaux, les impacts sur le cadre de vie, l’intérêt du projet en termes de développement local.

Les impacts environnementaux des projets d’aménagement sont évoqués dans l’ensemble des débats publics analysés. Il s’agit à la fois des impacts positifs valorisés par le maître d’ouvrage considérant que son projet participe au développement durable, mais aussi des impacts néga-tifs. Dans les débats analysés ici, la dimension environnementale est davantage évoquée dans

le débat concernant le prolongement du Grand Canal Le Havre-Tancarville. La présence d’une réserve naturelle explique probablement cette attention particulière. Dans les débats analysés, cette dimension environnementale est essentiellement portée par les associations de défense de l’environnement. Notons toutefois que les associations de riverains défendant leur cadre de vie se réapproprient cette argumentation. Ce positionnement leur permet de dépasser les intérêts locaux et de justifier leur opposition selon un registre plus général (Thévenot et Lafaye 1993). Pour ces associations de riverains, les nuisances ou les pollutions susceptibles d’être en-gendrées par un projet d’aménagement contribuent à la dégradation du cadre de vie.

Dans les débats publics analysés, la question de la préservation du cadre de vie est essentiel-lement soulevée dans le cadre du projet de Port Seine Métropole Ouest. Les associations de riverains, mais aussi certaines communes craignent que la réalisation de ce projet engendre une augmentation du trafic poids lourds, générant nuisances sonores et pollution ainsi qu’une dégradation du paysage.

Enfin, la dimension de la contribution d’un projet au développement local est quant à elle particulièrement présente dans le débat relatif à la Ligne Nouvelle Paris-Normandie. En effet, ce projet génère à la fois des attentes fortes de développement local et régional, mais aussi des craintes quant à la relégation de certains territoires.

Au regard de la localisation des principaux sites émetteurs concernés par une potentielle utili-sation des technologies de CTSC, nous observons que l’aval de l’Axe-Seine envisagerait proba-blement ce dispositif comme un instrument du développement local. En revanche, un éventuel stockage du CO2 dans le Bassin Parisien risque de soulever des enjeux concernant la dégrada-tion du cadre de vie. L’analyse des cahiers d’acteurs relatifs au projet de Port Seine Métropole Ouest montre l’importance de ce facteur pour la réalisation du projet.

4.5 Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons identifié une partie des contraintes et des oppositions suscep-tibles d’être rencontrées par les technologies de CTSC si ces dernières étaient effectivement im-plantées dans l’Axe-Seine. Comme l’expliquent Callon et al. (Callon, Lascoumes et Barthe 2001), les controverses technoscientifiques font toujours émerger des dimensions inattendues. Il est donc impossible de prévoir précisément l’ensemble des dimensions et des oppositions poten-tiellement soulevées par les technologies de CTSC dans l’Axe-Seine. Au regard de la littérature scientifique et des débats soulevés lors de l’implantation de précédents projets de CTSC, nous nous sommes focalisés sur les modalités d’occupation de l’espace, les enjeux environnementaux, la présence d’appellations d’origine contrôlée et protégée dans l’Axe-Seine, et enfin, les enjeux soulevés par de précédents débats publics dans l’Axe-Seine.

Pour les modalités d’occupation de l’espace, nous avons identifié la présence d’une zone péri-urbaine entre l’agglomération de Rouen et l’Île-de-France. Par ailleurs, cette dernière accueille des proportions plus importantes de professions intermédiaires que les autres zones périurbaine de l’Axe-Seine. Au regard des propos de Borraz (Borraz 2008), un tel contexte est favorable à la constitution d’un mouvement d’opposition des habitants vis-à-vis de technologies

présen-tant des incertitudes. L’implantation des technologies de CTSC dans cet espace serait donc potentiellement plus conflictuelle qu’ailleurs. Les débats publics analysés conduisent à une ob-servation similaire. La question du cadre de vie et de sa préob-servation semble en effet primordiale dans le débat public concernant le projet Port Seine Métropole Ouest.

Dans ce chapitre, nous avons identifié des zones potentiellement sensibles sur le plan environne-mental en nous référant à la présence de Zones Naturelles d’Intérêts Ecologiques Faunistiques et Floristiques (ZNIEFF) mais aussi, de Parcs Naturels Régionaux dans l’Axe-Seine. Ces es-paces laissent eux aussi supposer l’émergence de débats autour des technologies de CTSC. La question des impacts environnementaux de ces technologies est susceptible d’être soulevée. En effet, il existe des incertitudes scientifiques relatives à l’impact du stockage géologique de CO2 sur le sous-sol (Berthe 2012). Par ailleurs, les acteurs des territoires intervenant dans ces zones naturelles protégées sont susceptibles de percevoir ces technologies comme une atteinte à l’image de ces territoires. Dans l’éventualité d’une implantation des technologies de CTSC dans l’Axe-Seine, lever les incertitudes autour des impacts environnementaux de ce dispositif technique semble décisif. La vallée de la Seine possède un patrimoine naturel très riche. De fait, ce type d’enjeux est susceptible d’être soulevé tout au long de l’Axe-Seine.

Enfin, les technologies de CTSC sont également susceptibles d’avoir une influence sur l’image des produits locaux. La localisation des appellations d’origine contrôlée et protégée dans l’Axe-Seine montre que ces dernières sont localisées à l’est et au sud de l’Île-de-France, à l’ouest de la Basse-Normandie et au Nord de la Haute-Normandie. Au regard de l’expérimentation d’une chaîne complète de captage, transport et stockage de CO2 à Lacq, dans le sud-ouest de la France, nous estimons que le stockage géologique de CO2 est davantage susceptible d’avoir un impact négatif. De fait, là encore l’Île-de-France semble davantage propice aux oppositions à ce dispositif technique. Les réservoirs géologiques de stockage du CO2 se trouvent en effet essentiellement dans cette zone de l’Axe-Seine.

Bien qu’il existe un potentiel non négligeable d’utilisation des technologies de captage, trans-port et stockage du CO2 dans l’Axe-Seine, ce quatrième chapitre montre qu’une implantation de ce dispositif technique n’est pas exempte de contraintes. Les enjeux environnementaux, de préservation du cadre de vie et d’atteinte à l’image des produits locaux par ces technologies sont à prendre en compte. Ces différents enjeux semblent notamment plus sensibles en Île-de-France où est envisagé le stockage du CO2.