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L’Instrumentalisation des identités ethniques dans un régime multipartisme ouvert (2010-2015) multipartisme ouvert (2010-2015)

La Guinée après l’indépendance, place et représentation d’une identité communautaire au sein des régimes

2.3. L’Instrumentalisation des identités ethniques dans un régime multipartisme ouvert (2010-2015) multipartisme ouvert (2010-2015)

Deux facteurs essentiels sont à la base des vives tensions interethniques qui caractérisent ce régime multipartiste ouvert : une compétition électorale ouverte, première pour le pays, et une logique de post-guerre froide similaire à celle dans laquelle opérait le régime précédent. Loin nationalisme révolutionnaire qui a caractérisé plus d’un pouvoir en Afrique dans la période postcoloniale, le régime multipartiste ouvert se singularise, avant tout, par la compétition électorale ouverte dans laquelle s’est produite la présidentielle de 2010. Mais cette dernière illustre aussi comment des partis politiques pourraient remporter ou perdre une élection « libre et transparente » en instrumentalisant les identités ethniques.

Les caractéristiques du pouvoir politique, objet de notre analyse, reposent sur la stratégie de l’exclusion communautaire. L’idée du « tous sauf un », pour ne pas reprendre l’expression du « tout sauf un Peul », souvent reprise par plusieurs observateurs et commentateurs de la vie politique guinéenne, résume bien ce que nous entendons par exclusion communautaire stratégique. Ce qui revient à dire que, si les deux candidats à la présidentielle de 2010 appartenaient à la même communauté ethnique, le pouvoir en place actuellement en Guinée n’aurait peut-être pas adopté la stratégie du « tous contre un »27 pour accéder au pouvoir, encore moins pour l’exercer. Partis politiques de l’opposition et de la coalition de partis qui apportent leur soutien à la candidature du président continuent, encore

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aujourd’hui, de multiplier les discours « ethno stratégiques », avec en toile de fond la bataille des législatives devant compléter celle de la présidentielle de 2010.

La compétition électorale étant réellement ouverte, la mobilisation des relents de l’ethnicité devient alors une stratégie logique. Sans est-il important de préciser quelques aspects des conditions ethnico- stratégiques dans lesquelles qui ont opposé au second tour de la dernière présidentielle : d’un côté, Alpha Condé, leader du RPG (Rassemblement du peuple de Guinée) et membre de la communauté malinké et, de l’autre ; Cellou Dalein Diallo, candidat de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) et membre de la communauté peule. Il nous importe de dans ce contexte sociopolitique, de comprendre et d’expliquer comment se manifeste la manipulation des identités ethniques dans une compétition électorale ouverte mettant aux prises plusieurs partis politiques qui, ultimement, ont le même but : accéder et/ou conserver le fauteuil présidentiel.

La principale différence avec le régime précédent est qu’ici l’élection présidentielle n’était pas fermée : aucun joueur en particulier ne pouvait garantir sa mainmise sur la présidence à partir de 2010, contrairement à l’ère Conté pendant laquelle il était clair que lui seul (ou un éventuel chef d’un coup d’état) allait gagner les élections présidentielles. La manipulation de l’ethnicité implique l’existence d’acteurs politiques qui, en fonction du contexte sociopolitique dans lequel ils opèrent, prennent des décisions, et tiennent des discours, sur la base d’une rationalité de type instrumentale.

D’où la pertinence de la représentation qu’un journaliste, originaire de Labé, se fait des stratégies électorales utilisées par les deux candidats à la présidentielle de 2010 : « Là où j’ai compris que le RPG est plus stratégique que l’UFDG, c’est

surtout entre les deux tours de la présidentielle » …Condé utilisait la métaphore de

la coupe du monde de football pour montrer qu’il serait premier au second tour… malgré son score de 18% au premier tour. Il disait, par exemple, que le premier tour ne compte pas et que, comme en coupe du monde, c’est le deuxième tour qui compte le plus, car il s’agit d’élire le président de la République. Dans ses interviews à la radio et sur plusieurs chaines de télévision, comme France 24 ou TV5, il disait que

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les Forestiers, les Soussous et les Malinkés le supportent … « Ce qui sous-entend

que ce sont seulement les Peuls qui ne sont pas derrière lui ».

Au moment de notre entretien, l‘épouse de notre interlocuteur, qui était présente depuis le début de l’entretien, ajoute ceci pour compléter les propos de son mari : « …Vous avez tout compris (en peule, Awa on faami fow). C’est exactement

comme cela que le RPG a réussi à opposer les autres ethnies à l’ethnie peule. En même temps, Dalein n’a pas pu montrer que la campagne électorale du RPG consistait à stigmatiser les Peuls… ». Notre interlocuteur initial, le journaliste,

reprend la parole pour clore l’entretien : « Je pense que l’UFDG a mal joué ses

cartes, sinon comment comprendre qu’avec plus de 40% des voix du premier tour, il perde les élections ...Si l’UFDG avait de bons stratèges, il aurait pu empêcher que les autres ethnies pensent qu’il est un parti de Peuls ».

En effet, bien que révélatrice de la nature démocratique du régime actuel, la compétition électorale ouverte s’est avérée tout à fait compatible avec la logique ethnocentriste qui caractérise l’évolution de la politique guinéenne. Elle est la preuve que l’instrumentalisation des identités ethniques est autant adaptée à un régime révolutionnaire (1958-1984), à un pouvoir autoritaire (1993-2008) qu’à un régime multipartiste ouvert.

En qualifiant le régime actuel de « démocratique », nous nous inspirons d’une conception de la démocratie qui est procédurale et non substantielle. Ainsi nous posons que le degré de démocratisation d’un pouvoir politique se mesure non pas par sa substance, mais plutôt par sa capacité à garantir un certain nombre de valeurs au plan social et institutionnel comme par exemple : i) l’organisation d’élections libres et transparentes, ii) le respect des libertés civiles, iii) la garantie des droits des citoyens, l’alternance politique des dirigeants au pouvoir. C’est dans sur la base de ces paramètres qu’on peut évaluer pouvoir actuel d’Alpha Condé en matière du respect d’un État de droit. Dès 2010, aussitôt après les présidentielles, l’image du pouvoir étant profondément entamée par ce qui s’est passé, partant nous avons compris la crainte d’ingérence internationale qu’il redoutait.

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Même si les acteurs politiques ont eu l’appui de la part de leur communauté ethnique d’appartenance pour s’engager dans la course électorale, ils projettent d’eux-mêmes une image de « démocrate ». En fait, la question qui se pose à propos de la mise en œuvre d’une ethno-stratégie par Alpha Condé et le RPG est fondamentale. En effet, sachant que « l’ethnocentrisme consiste à mettre son

propre groupe social au centre du monde et à l’ériger en modèle exemplaire », on

peut se demander à propos du contexte sociopolitique spécifique à la Guinée, si la démocratie ne serait pas soluble dans le communautarisme politique.

A la lumière de notre réflexion, tout se passe comme si, dans ce régime politique dominé par le multipartisme, l’instrumentalisation des identités ethniques ne répondait pas à une stratégie d’isolement des adversaires politiques en les réduisant à leur communauté ethnique. Tout cela, au nom d’un intérêt général hypothétique. Chaque Samedi, les militants de l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), se retrouvent au siège du parti, au quartier Hamdallaye, pour écouter leurs leaders. Le 21 Juillet 2012, Cellou Dalein Diallo, président du parti, dénonçait, pour reprendre ses mots, « les dérives dictatoriales » du régime actuel :

« Le pouvoir Condé a fini de diviser et d’opposer les différentes ethnies du pays…Contrairement au cas du RPG, à l’UFDG, il n’y a pas de Peul, de Soussou, de Malinké ou de Forestier, ici, nous sommes tous des Guinéens… »

L’essentiel de l’argumentation ici repose moins sur la véracité des faits que sur la lecture « ethnique » que fait le leader principal de l’opposition des pratiques du pouvoir. D’après un avis répandu chez nos interlocuteurs, le régime actuel n’établit pas de distinction entre les périodes pré et post-électorales, ce qui crée un climat politique de tensions ethniques permanentes. Par exemple, un enseignant de mathématiques, originaire de la sous-préfecture de Dabola, m’expliquait que si les tensions interethniques sont intenses et permanentes aujourd’hui, c’est parce que tous ceux qui ne profitent pas des réseaux clientélistes en cours d’activités, espèrent que la donne va changer après l’organisation des législatives :

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« Parmi tous les régimes politiques que la Guinée a connus, celui d’Alpha Condé, est le plus ethnocentriste. Aujourd’hui, plus de 70% des postes de l’administration sont occupés par des Malinkés. Toutes les autres ethnies, sauf les Malinkés, sont discriminées… mais c’est à des degrés différents… Par exemple, si le régime a choisi un premier ministre soussou, c’est simplement pour gagner le soutien des Soussous aux prochaines élections législatives …Ce partage de pouvoir dans lequel les Peuls sont les plus défavorisés incite les Peuls à se révolter plus que tout le monde. Mais c’est ce que le régime recherche…parce qu’il veut donner l’impression que ce sont seulement les Peuls qui sont opposants dans ce pays…Or, même parmi les Malinkés, il y a des opposants ».

Le type de réseaux néo patrimoniaux produits par le pouvoir d’Alpha Condé sont, en fait, plus sélectifs, voire exclusivistes. Et certains hauts fonctionnaires en poste actuellement ne manquent pas d’arguments pour le justifier. A ce propos, Alexis Arieff et Mike McGovern soutiennent que :

« Tasked with facilitating the process of reconciliation and possibly with convening some form of truth and reconciliation commission, Facinet Touré (an ethnic Sosso) subsequently stated: “They the Fulbe have all the economic power, they sought it, they deserve it, and I congratulate hem! But for the sake of social peace, peace in the city, they should be content with that. They should let us divide, let the other ethnic groups divide what is left. If they have the economic power, and we divide the political power, there will be stability in the country. There will be equilibrium. But, if we take everything and put it in the hands of my uncles the Fulbe, well, there will be peace for two days, the third we are going to fight. ».28

De sa traduction : « Chargé de faciliter le processus de réconciliation et

éventuellement de convoquer une forme de commission vérité et réconciliation, Facinet Touré (une ethnie Sosso) a déclaré par la suite : « Les Peuls ont tout le pouvoir économique, ils l'ont recherché, ils le méritent, et je félicite ourlet ! Mais pour le bien de la paix sociale, de la paix dans la ville,

28 Arieff Alexis et Mike McGovern, « History is stubborn: Talk about Truth, Justice, and National Reconciliation in the Republic of Guinea », Comparative Studies in Society and History, January 2013,pp.220-221.

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ils devraient s'en contenter. Ils devraient nous laisser diviser, laisser les autres groupes ethniques diviser ce qui reste. S'ils ont le pouvoir économique et que nous divisons le pouvoir politique, il y aura stabilité dans le pays. Il y aura équilibre. Mais, si nous prenons tout et le remettons entre les mains de mes oncles les Peuls, eh bien, il y aura la paix pendant deux jours, le troisième nous allons nous battre ».

En fait, cette stratégie de discrimination et d’isolement d’une communauté ethnique dans le régime multipartiste repose sur des facteurs identitaires macro parmi lesquels l’autochtonie occupe une place de choix. En d’autres termes, dans des régimes de multipartisme, le reflexe indigéniste constitue un levier efficace de mobilisation en période électorale. Selon Achille Mbembe : « Dans la version bénigne, l’indigénisme apparait sous la forme d’une idéologie qui glorifie la différence et la diversité et qui lutte pour la sauvegarde des coutumes et des identités considérées comme menacées. Dans la logique indigéniste, les identités et les luttes politiques se déclinent entre « ceux qui sont d’ici ».

Les autochtones et ceux qui sont d’ailleurs les allogènes,dans certains pays africains, comme la Cote d’Ivoire, la manipulation de l’autochtonie a déjà été jumelée à celle de l’ethnicité. C’est ainsi que plusieurs membres de la communauté peule avec lesquels nous nous sommes entretenus nous ont confié que, lors de la campagne présidentielle de 2010, ils ont parfois été traités d’étrangers par leurs concitoyens d’ethnicité différente. Par ailleurs, notons que le système international de post-guerre froide constitue une source de pressions externes sur le régime multipartiste ouvert. L’impact qu’exerce l’instrumentalisation de l’ethnicité sur la situation sociopolitique est similaire au cas du régime précédent : que le régime s’abstienne de violer les droits civiques des citoyens, faute de quoi des sanctions externes pourraient lui être infligées.

Ainsi, recourant lorsqu’il le faut à discours populiste visant à stigmatiser une communauté ethnique particulière, le régime multipartiste, comme celui d’Alpha Condé, devient celui où chaque parti politique essaye, en même temps, de prouver qu’il est tout sauf ethnocentriste, d’où le dilemme auquel font face les acteurs

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politiques. Ce dilemme est d’autant plus grand que, sur le plan international, les acteurs politiques cherchent aussi à propager une image démocratique.

Aujourd’hui, les opposants manifestent comme ils veulent et le pouvoir les laisse faire parce si on tue les manifestants…les blancs (en peul, « porthoobhe

bhen29 ») vont intervenir ou, au moins pour sanctionner le gouvernement…D’autre part, ce qui ce qui milite en faveur du pouvoir en place aussi c’est que le président actuel a des connections…dans la francophonie, à l’union africaine…même aux Nations Unies...Le jour de son investiture, le président avait même dit en direct, à la télé, que Bernard Kouchner est son frère jumeau à lui.

En examinant les discours populistes qu’entretiennent les acteurs politiques, la littérature montre bien comment ils arrivent à essentialiser les communautés ethniques de telle sorte que tous les enjeux sociaux, économiques et politiques soient lus sous le prisme de l’ethnicité. C’est ce genre de manœuvres, visant à assimiler les luttes politiques à des combats ethniques essentialisés, que les constructivistes, comme Brubaker, nous demandent de dévoiler.

A cet égard, le cas de la Guinée n’est qu’un exemple parmi tant d’autres cas d’Afrique subsaharienne. Pour rester dans la zone ouest-africaine, nous pouvons penser aux conditions d’élections multipartistes ouvertes dans lesquelles s’est tenue la présidentielle ivoirienne de 2010, sans oublier les tensions interethniques qu’elle a suscitée. Réfléchissant sur la présidentielle ivoirienne de 2010, Guy Hermet (1997) explique comment le candidat Laurent Gbagbo a été dépeint, à des fins électoralistes, comme étant : « président des Chrétiens dans un pays clivé entre ceux-ci, dans le sud-côtier, et les musulmans dans le nord, on lui a prêté le projet de vouloir « desislamise la Cote d’Ivoire. » Sur ce point, il convient d’ajouter que les partisans de Laurent Gbagbo ne se sont pas abstenus à dépeindre Alassane Ouattara également comme un Musulman qui ne favoriserait que les Musulmans.

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En cela, Gbagbo et son clan, tout comme Ouattara et le sien, ont été des acteurs centraux dans l’ethnicisation du politique. L’essentiel ici n’est pas de savoir si cette volonté de « désislamisation » était réelle ou fausse, mais plutôt de comprendre la force de la stratégie instrumentaliste qui se cache derrière un tel propos. Dans son texte : « Au-delà de l’« identité », paru dans la Revue Actes de la recherche en sciences sociales, sont trop souvent soutenus, ajoute Hermet, « par

l’enthousiasme vengeur de leurs partisans respectifs. » Parce que la logique

internationale de post-guerre froide n’écarte pas l’alternative d’une ingérence humanitaire en cas de massacre ethnique, les entrepreneurs politiques qui allument le feu de l’ethnocentrisme sont souvent les premiers à l’éteindre. Car, comme le démontre le récent cas ivoirien, l’ingérence humanitaire peut conduire à des arrestations et emprisonnements d’acteurs politiques.

Malgré la diversité de l’ethnicité de citoyennes victimes d’instrumentalisation ethnique en Guinée, la question de savoir s’il existe une communauté ethnique qui en a été victime plus que les autres ne fait pas l’unanimité. Deux exemples de violence ethnique s’imposent dans la mémoire collective guinéenne, et sont souvent repris dans la littérature : les répressions ciblées dont les communautés peule et malinké ont respectivement fait les frais en 1976 dans la foulée du complot qualifié de « peul », et en 1985 suite au coup d’État qualifié de « malinké. » Pourtant, dans leur analyse datant de cette année, Alexis Arrieff et Mike McGovern postulent :

« Fulbe elites have grasped the discourse of international human rights as one useful tool in a complex political environment, and they understand the argument that accountability for past abuses is a necessary componentof peace and prosperity. Yet this tactic may play into their political opponents’ hands since it has served, intentionally or not, to further ethnicize the stakes of politics, and has allowed non-Fulbe to portray the Fulbe as tools of a diaspora disconnected from Guinea’s independent traditions. » Traduit :

« Les élites Fulbe ont saisi le discours sur les droits humains internationaux

comme un outil utile dans un environnement politique complexe, et elles comprennent l'argument selon lequel la responsabilité pour les abus passés est une composante nécessaire de la paix et de la prospérité. Pourtant, cette tactique peut jouer le jeu de leurs opposants politiques car elle a servi,

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intentionnellement ou non, à ethniser davantage les enjeux de la politique et a permis aux non-Peuls de dépeindre les Peuls comme les outils d’une diaspora déconnectée des traditions indépendantes de la Guinée. »

Bref, dans un régime multipartiste, l’instrumentalisation des identités ethniques conduit à un climat politique tendu et qui est guidé par : des campagnes électorales ethnocentristes, un besoin de majorité électorale pour remporter les élections (présidentielle de 2010, et législative à venir), une intensification des tensions interethniques30. Les leaders politiques parlent en fait de la démocratie mais agissent en vrais potentats en considérant le pouvoir comme une chose sacrée offerte par dieu.

En Guinée, il est de tradition que faire la politique répond à un projet bien précis : s’enrichir. Cette représentation de la politique comme moyen pour s’enrichir est profondément ancrée dans les habitudes. D’où le foisonnement des partis politiques dont le nombre est impression au regard de l’éventail du pays. Dans la plupart des cas les partis dignes de ce nom sont peu nombreux ; les autres formations politiques ne représentent que de groupes de pression en vue de se faire prévaloir afin de négocier avec le pouvoir un poste de responsabilité dès que l’occasion se présente.

Conclusion partielle

Pour conclure, nous retenons que d’après Bourdieu (2001 : 78), « toute domination symbolique suppose de la part de ceux qui la subissent une forme de complicité qui n’est ni soumission passive à une contrainte extérieure, ni adhésion libre à des valeurs31 ». Ainsi, au terme de notre analyse axée sur les questions que nous nous posions dans cette partie de l’étude, nous avons montré qu’un changement des conditions politiques, potentiellement internes et/ou externes,

30 L’illusion électorale, dans nouveaux acteurs, nouvelle donnée, sous la direction de Bertrand Badie et Dominique Vidal, Paris, La Découverte, 2012, p.152.

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engendre une révision des stratégies utilisées par les régimes politiques pour manipuler les identités ethniques. Dans le but d’objectiver cette hypothèse, nous avons porté notre réflexion sur les forces structurelles, internes et externes, qui transcendent et délimitent les stratégies des régimes politiques.

La mise en œuvre d’une approche mixte combinant des postulats instrumentalistes et constructivistes, nous sommes à même d’affirmer qu’on peut retenir trois leçons de notre réflexion : plus un régime est autoritaire et isolé du monde extérieur, plus les tensions identitaires deviennent interethniques et violentes (régime autoritaire fermé 1958-1984). Ensuite, plus il est autoritaire mais, en même temps pragmatique, plus les tensions deviennent interethniques sont