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Les indices de disparité interrégionale

La structuration socio-économique de l’espace national

B. Les indices de disparité interrégionale

Les disparités interrégionales trouvent pleinement leur place dans une démarche de modélisation des interactions spatiales en raison de leur rôle actif dans les échanges de biens. Dans la théorie du commerce international, dans la théorie de la base économique et dans des travaux empiriques plus récents, les disparités économiques régionales et plus spécifiquement les spécialisations sont considérées comme étant à la base des échanges (Aydalot, 1985 ; Isard, 1972 ; Polese, 1994 ; Catin, 1994c).

Les mesures des disparités socio-économiques régionales sont effectuées dans le but de les comparer avec des mesures équivalentes pour la génération régionale des transports de marchandises et d’estimer une relation de causalité empirique entre l’évolution des disparités socio-économiques et celle des disparités de fret généré. Cette confrontation constituera un des moyens d’évaluer les impacts de transformations spatiales sur les transports de marchandises.

En référence notamment aux travaux deSanti (1995) et de Gouvernal et Hanappe (1979), nous avons retenu deux indices synthétiques de disparité, le coefficient de variation et l'indice de Theil.

B-1. Le coefficient de variation

L'expression mathématique du coefficient de variation intègre une mesure de spécificité et une pondération régionale. La mesure des spécificités régionales est donnée par l'indice de spécificité [V-3a], qui se présente donc comme le rapport entre les parts régionales d'une modalité de la population de référence et les fréquences régionales qui correspondent à la part de chaque région dans la population de référence. Le coefficient de variation se définit à partir d'une distance ou semi-distance mathématique pondérée entre les fréquences régionales observées de la modalité étudiée et celles d'une population de référence. Plus le coefficient de variation est élevé plus les disparités entre espaces sont importantes.

(

)

C fi Si r = −    =

2 2 1 1 2 1 [V-5.]

avec Si : indice de spécificité fi : fréquence régionale

B-2. L'indice de Theil

L'indice de Theil est une mesure d'entropie permettant de distinguer l'inégalité interne aux séries et d'estimer la structure spatiale du système productif national entre une situation d'équirépartition et une situation de concentration extrême des capacités économiques. Cet indice est construit à partir du calcul de spécificités et de fréquences régionales. La valeur du coefficient de Theil s'accroît avec les disparités.

T

fi

Si

Si

r

=

=

*

* log

1 [V-6.]

Ces deux indices sont utilisés pour donner une mesure synthétique du niveau des disparités régionales. Ces disparités sont toutefois relatives à des indicateurs précis. Un grand nombre d'indicateurs potentiels peuvent décrire les structures socio-économiques, comme le souligne notamment Aydalot (1985) en listant quelques indicateurs économiques et de bien-être.

Notre sélection des indicateurs a donc été faite en fonction de la problématique d’analyse et de simulation des flux spatialisés de marchandises. Ainsi, les indicateurs socio-économiques et les indices de spécificité, de spécialisation et de disparité retenus ont comme qualité de décrire les structures socio-économiques sous trois aspects : démographique, économique et social.

V-2. Les facteurs socio-économiques d’émission et d'attraction

Les facteurs d’émission et d'attraction expriment respectivement les capacités productives aux lieux d’origine et les débouchés aux lieux de destination, de consommation ou de production, et constituent les éléments moteurs du déplacement d’une marchandise. Ces facteurs sont formalisés par des indicateurs statistiques régionaux exprimant les activités génératrices ou consommatrices de marchandises. Deux grandes catégories d’indicateurs sont distinguées : ceux de la sphère de production et ceux de la sphère de consommation.

Les indicateurs de la sphère de production traduisent la richesse économique des régions et les possibilités de débouchés productifs pour les biens intermédiaires produits dans d'autres régions. Les indicateurs statistiques disponibles sont la valeur ajoutée brute totale, marchande, ou encore industrielle et agricole, l’emploi salarié total, industriel ou dans la branche transport. Ce dernier indicateur a été retenu comme expression de la présence de lieux de traitement des marchandises, plates-formes logistiques de massification, groupage-dégroupage ou de distribution, qui constituent des zones importantes de chargement et de déchargement de marchandises. Les indicateurs de la sphère de consommation donnent une estimation du bassin de consommation et donc des débouchés de consommation pour les biens finis produits dans les autres régions. Les indicateurs statistiques retenus sont la population et le revenu disponible brut.

La description des structures socio-économiques régionales consiste dans un premier temps en un panorama général à une date donnée des composantes régionales selon les principaux indicateurs statistiques disponibles, afin de mettre en évidence les disparités interrégionales. Dans un second temps, la description porte sur l’évolution de ces différents facteurs socio-économiques pour mettre en évidence des dynamiques régionales différentes et, éventuellement une certaine transformation spatiale du système national au cours des 20 années d’observation.

V-2-1. Les disparités démographiques régionales

La démographie est une des principales disparités régionales. La répartition territoriale de la population montre très nettement combien l'espace national n'est pas homogène et présente des lieux de concentrations. Le déséquilibre démographique se fait en faveur de la région Ile de France qui concentre en 1990 près de 19% de la population sur 2,2% du territoire, et dans une moindre

mesure en faveur de la région Rhône-Alpes qui compte 10% de la population sur 8% du territoire. A l’opposé, les deux régions les moins peuplées, Limousin et Franche-Comté (hors Corse), représentent à elles deux 3,2 % de la population sur 6% de la superficie nationale. Si on ajoute aux deux premières régions démographiques les deux régions suivantes, Nord Pas de Calais et PACA, alors les quatre régions les plus peuplées englobent près de 43% de la population sur 18% du territoire.

Tableau V-1. Répartition interrégionale de la population au RGP 1990

population en milliers en % superficie en % population en milliers en % superficie en % Nord Pas de Calais 3965,1 7,0 2,3 Midi-Pyrénées 2430,7 4,3 8,3

Picardie 1810,7 3,2 3,6 Champagne-Ardenne 1347,8 2,4 4,7

Ile de France 10660,6 18,8 2,2 Lorraine 2305,7 4,1 4,3

Centre 2371 4,2 7,2 Alsace 1624,4 2,9 1,5

Haute-Normandie 1737,2 3,1 2,3 Franche-Comté 1097,3 1,9 3,0

Basse-Normandie 1391,3 2,5 3,2 Bourgogne 1609,7 2,8 5,8

Bretagne 2795,6 4,9 5,0 Auvergne 1321,2 2,3 4,8

Pays de la Loire 3059,1 5,4 5,9 Rhône-Alpes 5350,7 9,5 8,0

Poitou-Charentes 1595,1 2,8 4,7 Languedoc-Roussillon 2115 3,7 5,0

Limousin 722,9 1,3 3,1 PACA 4257,9 7,5 5,8

Aquitaine 2795,8 4,9 7,6 Corse 250,4 0,4 1,6

source : SIRF, INSEE 1995a

La structure interrégionale de la population fait principalement ressortir l’axe Nord-Sud Lille- Paris-Lyon-Marseille et dans une moindre mesure la façade atlantique.

Figure V-1. La structure spatiale de la population en 1990

Milliers d'habitants Recensement INSEE 1990 722,85 - 1 500,00 1 500,00 - 2 000,00 2 000,00 - 2 500,00 2 500,00 - 3 500,00 3 500,00 - 10 660,55

En évolution sur les vingt dernières années, la population augmente dans la majorité des régions, principalement dans les régions du Sud-Est, telles que Rhône-Alpes, Languedoc- Roussillon et PACA qui présentent les plus forts taux de croissance sur la période. Des exceptions concernent toutefois les régions Nord-Pas-de-Calais et Champagne-Ardenne dont la population stagne ainsi que les régions Limousin, Auvergne et Lorraine où elle diminue. Ces évolutions traduisent une légère aggravation des disparités démographiques interrégionales. Les indices synthétiques d’inégalités spatiales, coefficient de variation et indice de Theil, mettent en évidence deux sous-périodes dans cette évolution générale. Entre 1975 et 1982, les inégalités territoriales démographiques connaissent une contraction et entre 1982 et 1994 elles accusent une reprise relativement importante pour dépasser en 1994 leur niveau de 1975.

Tableau V-2. Evolution synthétique de l'inégalité territoriale de la population 1975 1982 1990 1994

Coefficient de Variation (C) 19,23 19,0 19,26 19,41

Indice de Theil (T) 34,92 34,31 35,0 35,4

En termes de structure spatiale, l’évolution des inégalités territoriales de la population se fait au bénéfice des régions du Sud-Est, principalement Languedoc-Roussillon, PACA et Rhône-Alpes, et au détriment des anciennes régions industrielles comme Lorraine ou des régions rurales et agricoles comme Limousin et Auvergne.

Figure V-2. L’évolution de population régionale entre 1975 et 1990

Taux de croissan ce 1975-1990 (en %) ] -2 ; 0 ] ] 0 ; 3 ] ] 3 ; 6 ] ] 6 ; 9 ] ] 9 ; 12 ] ] 12 ; 20 ]

V-2-2. Les disparités régionales de création de richesse

Les caractéristiques ou différences régionales peuvent être observées à travers la dimension économique de la création de richesse mesurée par le P.I.B. régional ou la V.A.B. régionale.