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Chapitre III : La végétation et la faune comme éléments de la biodiversité et du patrimoine naturel du delta du Saloum

III- 2-3 : Les impacts de la dégradation végétale sur la diversité des oiseaux d’eau et des tortues

D’abord pour « l’avifaune » (D. Quentin, 2003-04)169 , encore, des recherches ont pu fournir des informations relativement exhaustives sur ce « patrimoine ornitologique et halieutique » du delta.

En effet, la forte présence d’oiseaux migrateurs du Paléarctique occidental et de nicheuses ont fait que la RBDS soit classée « zone humide d’importance internationale ». Il importe de noter alors que l’eau et la flore sont capitales pour ce patrimoine faunistique.

« Les informations disponibles jusqu’en 1996, selon le MEPN-DPN (1999)170, faisait état d’au moins 200 espèces identifiées dans la RBDS au travers des habitats et sites multiples de repos et de nidification ».

168 Pour le PNDS « Le décret N°76-577 du 28 mai 1976 institue ce parc national. Ce décret limite

géographiquement le PNDS qu’il classe dans le domaine forestier de l’Etat et interdit toute exploitation de ressources dans cette zone, sauf exception. Ce parc national du delta du Saloum, situé entre 13°35 et 13°55 de latitude nord et entre 16°27 et 16°48 de longitude ouest, s’étend sur environ 76000 hectares. Le PNDS constitue la zone centrale de la réserve de biosphère et est formé d’une savane arborée et d’îlots circonscrits par d’innombrables lacis de bolons. Il est possible de distinguer trois zones au sein du parc : la forêt de Fathala, les îles et le domaine marin (Bousquet, 1992) » selon Gaëlle Leruse, 1999-2000. Estimation de la consommation de bois de mangrove par les populations de la RBDS (Sénégal) et propositions de méthodes de gestion, CFB/FUSA de Gembloux (dir.W. Delwingt), p.26. République du Senegal. MEPN-DPN, 1999. Plan de gestion de la RBDS (avec l’appui de l’UICN), vol.1 : état des lieux, 117 p.

169 Delvienne Quentin, 2003-04. Mise en place d’une ostréiculture villageoise pour Crassostrea Gassar A.,

l’huître de palétuvier. CFB/FUSAG (dir. Doucet Jean-Louis), p.35

170 République du Senegal. MEPN-DPN, 1999. Plan de gestion de la RBDS (avec l’appui de l’UICN),

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Pour la commune de Toubacouta particulièrement, au sud du delta du Saloum, les oiseaux d’eau représentent des ressources animales non négligeables, bref un riche patrimoine ornithologique et une composante essentielle de la biodiversité deltaïque. Visiblement, cette aire politico-administrative et écobiogéographique à la fois compte donc parmi les plus importants sites naturels pour les oiseaux d’eau de la RBDS, bref du delta du Saloum en général.

« Les zones les plus importantes pour l’avifaune sont pour l’essentiel : l’île aux oiseaux, les îlots de l’océan, la zone de Joal Fadiouth, les vasières à l’est de Palmarin, les vasières et bancs de sables à l’entrée du Diomboss et du Saloum, la passe de Fambine, les salines de Kaolack, etc. » ajoute Dia I.M.M (2003)171.

Il est donc bien possible, une fois de plus, de constater que l’importance de ces ressources ornithologiques marines, particulièrement dans la commune de Toubacouta, fait que la RBDS soit classée parmi les sites de biodiversité les plus importants du Sénégal et l’une des plus grandes zones humides d’importance internationale au monde. L’un des critères de classement de ces sites par la convention internationale sur les zones humides (Ramsar, Iran, 1971) est la présence, dans la zone humide concernée, de plus de 1% de l’effectif de la population totale d’une ou plusieurs espèces d’oiseaux d’eau.

En dehors de la richesse de l’avifaune locale et des différentes variétés ornithologiques qui la caractérisent, la RBDS est riche également en espèces de tortues car elle englobait approximativement en 1999 six (6). Ces espèces marines sont fortement présentes aussi dans les périphéries de la RBDS et surtout dans la commune de Toubacouta.

En effet, le MEPN-DPN (1999) estime que « parmi ces six (6) espèces, les quatre (4) espèces sont présentes dans la commune de Toubacouta »172.

Si la commune de Toubacouta, et en général le sud du delta du Saloum plus pluvieux, attire autant d’espèces faunistiques de tous genres, c’est probablement en raison la relative

aux bœufs, etc.) comptent plus de 11600 oiseaux d’eau, dont plus de 1800 goélands bruns (16%), 10% de goélands railleurs, 12% d’huîtriers pie, 10% de bécasseaux cocorli, 8% de courlis corlieu, 6% de barges rousses et 5% de chevaliers gambette. L’île aux oiseaux au large de Bétenty est l’habitat le plus important d’oiseaux. Il est le dortoir de migrateurs du Paléarctiques occidental, mais est surtout important pour son rôle de reproduction d’éthiopiens. Entre Avril et juillet elle reçoit prés de 30000 couples principalement de Larideae et d’Ardeideae. C’est ainsi qu’en 1998, cette île était le premier site mondial de reproduction de sternes caspiennes avec 21000 nids et de sternes royales avec 21000 nids aussi ».

171 Dia.I.M.M, 2003. Programme zones humides et ressources en eau. Elaboration et mise en œuvre d’un

plan de gestion intégrée dans la RBDS (Sénégal). Série bleue/UICN, p.40

172 République du Senegal. MEPN-DPN, 1999. Plan de gestion de la RBDS (avec l’appui de l’UICN),

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faiblesse de son taux de salinité, en comparaison à la salinité relativement plus élevée au nord du delta, car plus exposé aux effets de la rupture de la flèche de Sangomar et au déficit climatique. « Ce sont des reptiles et surtout des tortues marines, présentes en six (6) espèces, qui appartiennent à l’Herpétofaune » explique Dia I.M.M (2003)173.

C’est d’abord la tortue verte ou Chelonia Mydas (Linné, 1758) et présente dans l’île aux oiseaux et dans les bolons.

« C’est l’espèce la plus répandue et on la trouve partout, de MBodiene à l’île aux oiseaux ainsi qu’à l’intérieur des bolons » ajoutera Dia I.M.M (2003)174.

La tortue Caouanne (Caretta Caretta) est fréquente au large de Djiffere et de Betenti. La tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), considéré comme fréquente dans la limite nord de la RBDS, de Palmarin-NGallou à l’île de Sangomar. La tortue olivâtre

(Lepidochelys olivacea) est fréquente de Palmarin à la Pointe de Jackonsa.

La tortue Luth ou Dermochelys Coriacea (Vandelli, 1761) est considérée comme fréquente dans la zone sud du PNDS et particulièrement à partir de la Pointe de Jackonsa à l’île aux oiseaux. La tortue de Kemp ou Lepidochelys Kempii (Garman, 1880) est présente à Djinack-Bara et au large de Bétenty.

Ces tortues marines ont des aires de séjour et d’alimentation dans la RBDS en général et dans la commune de Toubacouta en particulier. C’est surtout le site de Télékong, situé dans le PNDS au sud-ouest de Bétenty, qui couvre une superficie d’un (1) kilomètre à la ronde, pour une profondeur d’un mètre au maximum.

C’est aussi le site de Gnongolane situé dans le PNDS et au sud-ouest de la pointe de Fandiong. La superficie de cette aire est de 5 (cinq) kilomètre à la ronde avec une profondeur d’environ 80 centimètres (cm).

Vu la complexité et le volume de l’étude des différentes composantes de ce milieu biophysique que nous venons de terminer avec la question des caractéristiques physiques et des ressources naturelles, on peut par synthèse stipuler que cette aire écogéographique renferme l’un des patrimoines naturels les plus originaux du Sénégal, et même au-delà des frontières de ce pays ouest-africain.

En effet, le climat du delta du Saloum, de type soudanien, est relativement humide car se situant entre la zone sahélienne au nord et le domaine subguinéen au sud du pays. Ainsi,

173 Dia I.M.M, 2003. Programme zones humides et ressources en eau. Elaboration et mise en œuvre d’un

plan de gestion intégrée dans la RBDS (Sénégal). Série bleue/UICN, p.38

174 Dia I.M.M, 2003. Programme zones humides et ressources en eau. Elaboration et mise en œuvre d’un

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ce caractére relativement humide de ce climat, entre autres facteurs, permet notamment à cette zone écosystémique d’abriter une riche biodiversité (fore et faune).

Notons surtout que la sécheresse des années 1968-1970 qui a pris fin dans la zone soudanienne, au Sahel en général, depuis la fin des années 1990 donne davantage d’espoir sur une évolution positive du biotope et de la biocénose en général.

En outre, il est fortement influencé par des alizés d’origine marine (Océan Atlantique) et continentale (Harmattan). L’hydrodynamisme estuarien, fortement métamorphosé par les effets de la rupture de la flèche de Sangomar, la nature de la pente et des aléas climatiques, fait passer le Saloum d’un delta normal à un estuaire inverse, donc une Ria. Ce phénomène relativement récent, remarquable surtout à partir des années 1970-80 suite à la rupture de la flèche de Sangomar et au constat de la salinité en diminution, affecte positivement la morphopédologie et la biologie en général, la faune et la flore locale. En substance, l’on remarque ainsi que les ressources naturelles qui étaient relativement très abondantes dans la RBDS, dans le delta globalement, dans la commune de Toubacouta et l’arrondissement de Niodior en particulier, jusque dans les années 1990 sont aujourd’hui relativement affectées par des facteurs physiques et anthropiques.

En effet, à partir de 1987 la rupture de la flèche de Sangomar, entre autres facteurs physiques, a complétement bouleversé l’hydrodynamisme estuarien du Saloum, affectant positivement l’ensemble de sa biologie, voire l’écosystème intégralement.

Ce bouleversement écosystémique, biophysique, affecte à son tour l’homme ainsi que sa vie en général dans le delta, y compris la RBDS, et inversement.

Ces impacts sur l’homme et les activités socio-économiques sont d’autant plus vrais et graves que l’essentiel des revenus des populations locales sont tirés des ressources naturelles, bref du secteur primaire (agrosylvopastoralisme, pêche, etc.). Quoiqu’il en soit, un riche patrimoine mixte, voire précisément un paysage culturel deltaïque, existe toujours dans cette zone deltaïque du Saloum.

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