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Chapitre I : Les impacts des déséquilibres naturels et biophysiques

I- 1-1 : Les facteurs d’ordre hydroclimatique : du local au planétaire

La zone humide du delta du Saloum en général, et la RBDS en particulier, est de plus en plus victime d’une altération de ses patrimoines en raison d’une nature de moins en moins clémente depuis plusieurs décennies déjà.

Ce caractère inhospitalier se manifeste particulièrement par la « sécheresse » (Paul NDiaye, Cheikh Ba, Amadou Tahirou Diaw, Louis-Albert Lake, 1988)261 au Sénégal et au Sahel en général depuis plusieurs décennies, résultant des changements climatiques qui affectent les ressources naturelles à l’échelle globale (faune, flore, sols, eaux, etc.).

Rappelons que d’un point de vue du scientifique, la sécheresse est définie comme ‘’déficit climatique’’ (DC = P – ETP. P correspond à la pluviométrie, exprimée en millimètres ; ETP est l'évapotranspiration potentielle d'une plante en millimètres, c’est-à-dire sa perte d'eau par la respiration et l'évaporation). En cas de période de sécheresse, le déficit climatique est négatif. Du point de vue agricole, la sécheresse correspond à ce qu'on appelle le "déficit agricole" (DA = P – ETP + RFU ou réserve facilement utilisable). Ces explications nous semblent assez pertinentes et utiles pour une plus ample compréhension de la notion de sécheresse, même si concrètement nous n’avons pas pu étayer nos propos par des données statistiques réellement échelonnées sur une plus longue durée (exemple de 1950 à 2015) portant sur la climatologie de notre zone de recherches. En outre, si les données sur les précipitations sont relativement disponibles pour caractériser la sécheresse dans le delta du Saloum, manquent les données relatives à l’ETP et la RFU (la réserve facilement utilisable), c'est-à-dire la réserve d'eau dans le sol disponible pour les plantes, exprimée en millimètres. Elle vaut 2/3 de la RU, ou réserve utilisable, qui est égale au taux d'humidité multiplié par la profondeur atteinte par les racines. Ce phénomène de sécheresse accablante qui affecte le Sénégal, une fois de plus, affecte en toute évidence la RBDS et le delta du Saloum en général, à travers surtout sa biodiversité, comme l’attestent toujours d’ailleurs de nombreux autres écrits notés.

261 « A l’échelle régionale ou zone, les sécheresses qui ont marqué les deux dernières décennies se traduisent par une

forte baisse des moyennes pluviométriques. Le Sine illustre parfaitement cette évolution puisqu’à Niakhar la moyenne des pluies est de l’ordre de 400 mm pour les vingt dernières années alors qu’elle était d’environ 600 mm pour les 50 années précédentes. Un phénomène de cette ampleur sur une telle durée agit nécessairement sur la croissance et la régénération du végétal. L’évolution du parc Sérère, pendant ces deux dernières, illustre cette sahélisation qui atteint les campagnes et les paysages des régions soudaniennes ou sahélo-soudaniennes. L’évolution du parc varie en fonction du site et de l’espèce » affirmaient Paul NDiaye, Cheikh Ba, Amadou Tahirou Diaw, Louis-Albert Lake, Novembre 1988. Notes de biogéographie. Etudes, connaissances et aménagement du milieu. Numéro 3(spécial). L’arbre et l’espace (Les causes de la dégradation du parc arboré Séreer). Département de Géographie (FLSH), UCAD, Sénégal, p. 15

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« La région des vallées mortes », affirmait le chercheur Cheikh Ba (1986)262, englobe de plus en plus cette aire estuarienne du Saloum, ce qui atteste visiblement l’intensité du phénoméne de la sécheresse au Sénégal durant ces derniéres décennies.

De telles affirmations viennent confirmer clairement, une fois de plus, l’existence de la sécheresse au Sénégal dans l’ensemble et dans la RBDS en particulier. Sauf qu’en fonction de la latitude surtout (nord-sud) les diverses caractéristiques et conséquences de la sécheresse méritent d’être relativisées dans l’espace national.

Quoi qu’il en soit, ce caractère relativement sec qui marque le « climat du Sénégal » (V. L’Hoir, 2000)263 depuis déjà plusieurs décennies affecte directement et/ou indirectement

la biodiversité et le biotope de l’aire écobiogéographique de la RBDS.

C’est d’ailleurs ce que confirment nos résultats d’enquêtes de terrains et les divers écrits que nous avons notés. Il est donc aisément possible de constater un déficit pluviométrique, ou déficit hydrique, sur de longues périodes (surtout dans les années 1968-95) durant lesquelles les précipitations ont été anormalement faibles ou insuffisantes pour maintenir l'humidité du sol et l'hygrométrie normale de l'air.

Toujours pour mieux comprendre la situation pluviométrique de plus en plus dramatique pour l’écologie au Sénégal, et dans une bonne partie de l’Afrique occidentale en général, nous avons bien noté que « La pluviométrie a connu, depuis maintenant plus de vingt (20) ans, une baisse sensible et généralisée avec des conséquences dramatiques (MEPN, 1997). Cette sécheresse se manifeste en particulier par une extension de la zone sahélienne (Challe, 1997), un dépérissement de la végétation, ainsi que par une acidification et une augmentation de la salinité des sols »264.

262 Cheikh Ba, 1986. Les peuls du Sénégal. Etudes géographiques. Les nouvelles éditions africaines (Dakar-Abidjan-

Lomé), UCAD, 396 pages, pp. 103-104. « La région des vallées mortes s’étend de la moyenne vallée du Sénégal, au nord, à celle de la Gambie (entre le 16° ouest et le 14° ouest), au sud, d’une part, d’une ligne Bakel-Tambacounda, au sud-est, à la voie ferrée Dakar-Saint Louis, à l’ouest, d’autre part. Des pluies peu abondantes (350 à 1000 mm), une évaporation encore interne, un matériel rocheux généralement perméable (sables, calcaires, cuirasse gravillonnaire), tels sont, entre autres, les facteurs qui expliquent l’insuffisance voire l’inexistence d’eau de surfaces pérennes. Les multiples vallées sèches ou fossiles de cette région abritent çà et là, en raison des pluies, des eaux stagnantes d’étendue, de profondeur et de durée variables. Le réseau fossile du Ferlo en est le plus étendu. Il s’organise du Buundu, au sud-est, au lac de Guiers, à l’ouest. Ailleurs, les vallées mortes comprennent, d’une part, celles des bassins du Sine et du Saloum, d’autre part, les affluents de la Gambie, entre le Bao Bolon et le Sandugu. Entre le lac de Guiers et la basse vallée du Sine s’étend une vaste zone aréique. Le modèle dunaire, la perméabilité des sables dunaires, la faible pluviosité empêchent l’organisation d’un réseau hydrographique actuel ».

263 L’Hoir Véronique, 2000. Etude de la filière des perches de palétuviers dans le delta du Saloum, Sénégal.

CFB, Université de Gembloux en Belgique (FUSAG, dir. W. Delwingt), p.42

264 Gaëlle Leruse, 1999-2000. Estimation de la consommation de bois de mangrove par les populations de la

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Cette faiblesse pluviométrique au niveau national, malgré la reprise pluviométrique depuis la fin des années 1990, se constate nettement aussi au niveau local et précisément dans le delta du Saloum. Ce triste constat des effets négatifs de la sécheresse se remarque aussi dans nos résultats d’enquêtes de terrains en Annexes et dans beaucoup d’autres récits scientifiques.

En substance, depuis plusieurs décennies, notamment à partir des années 1960-70, les données pluviométriques ne cessent de diminuer et de suivre une évolution irréguliére. Ainsi, Samuel Diemé (2002) ajoute et explique, lui, qu’« A partir de 1968, on a assisté à une baisse généralisée de la pluviométrie qui s’est confirmée avec l’année 1983 où des hauteurs exceptionnellement faibles ont été enregistrées »265.

Cette « baisse pluviométrique », que nous avons déjà évoquée aussi avec le MEPN-DPN (1998-1999)266 dans la partie réservée au climat, est confirmée encore par Delvienne

Quentin (2003-2004) car elle estime que « Pour le climat, les normales pluviométriques du delta du Saloum sont passées de 600 à 900 mm pour la période de 1931-1950 à moins de 400 à 600 mm dans les années 1990 (UNESCO, 2000) »267.

Les impacts de cette sécheresse sur l’augmentation de la salinité dans le delta du Saloum sont soulignés par de nombreuses recherches, en raison de la rupture de Sangomar, mais aussi de la forte pression de l’évaporation des eaux sous l’effet de l’insolation élevée. Sur la nature estuarienne en général, dont la biodiversité du delta, dans l’espace continental en particulier, la sécheresse agit négativement, mais les avis des chercheurs divergent sur ses rapports avec la végétation de mangrove.

265 Diémé S., 2002. Bilan de l’état de l’exploitation et de l’usage des ressources naturelles renouvelables

dans la réserve de biosphère du delta du Saloum, CONSDEV, 31 pages, p.27

266 République du Senegal. MEPN-DPN, 1999. Plan de gestion de la RBDS (avec l’appui de l’UICN),

vol.1 : état des lieux, 117 pages, p.29

267 Delvienne Quentin, 2003-04. Mise en place d’une ostréiculture villageoise pour Crassostrea Gassar A.,

l’huître de palétuvier. CFB/FUSAG (dir. Doucet Jean-Louis), p.22. « Les conséquences les plus dramatiques de ce déficit pluviométrique sont la sursalure des eaux marines, la baisse des nappes phréatiques, la salinisation et l’acidification des terres ainsi que des eaux souterraines. Il en a résulté une dégradation des mangroves et des formations forestières qui, à certains endroits (forêts galeries par exemple), connaissent une évolution tendancielle du type soudano-guinéen vers les types soudanien et soudano-sahélien. Par ailleurs, il a entraîné une crise de l’ensemble des systèmes de productions agricoles (UICN, 2003). Notons que les années 1998 à 2001 ont vu une hausse notable de la pluviométrie moyenne annuelle par rapport à la moyenne des 20 dernières années, mais cette tendance reste à confirmer sur le long terme (Picard, 2003) ».

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C’est ce qu’explique Véronique L’Hoir (2000) lorsqu’elle affirmait que « Les avis des auteurs divergent au sujet de l’influence (incidence) de la sécheresse sur les formations de mangroves »268.

Quoi qu’il en soit, sauf les impacts négatifs de l’homme, la sécheresse et la salinité ont sur le long terme des conséquences dommageables sur la mangrove en particulier.

Au-delà du delta du Saloum, la « péjoration climatique » (Diadhiou D.H, 2002)269 au Sénégal ponctuée par un cycle de sécheresse a entraîné un basculement plus au sud de l’isohyète 400 mm tandis qu’une partie du nord enregistre déjà moins de 200 mm de pluies. La pluviométrie a donc sensiblement baissé depuis 40 ans, elle varie de plus de 1000 mm par an dans le sud à moins de 300 mm par an au nord du pays.

Cette « sécheresse » (Gaëlle Leruse ,1999-2000)270 est par conséquent un phénomène physique réel au Sénégal en général et dans l’aire écobiogéographique en particulier. Cette insuffisance des données pluviométriques confirmée par ces différents écrits que nous avons notés tout au long de nos recherches, l’ont été aussi théoriquement par les résultats de nos enquêtes de terrains, en Annexes, en 2007 (DEA), 2013, 2014 et en 2015. Non seulement cette faiblesse est confirmée, mais les impacts négatifs de la « sécheresse sur l’augmentation de la salinité du delta » (MEPN-DPN, 1999)271 , et par ricochet sur la

biodiversité ainsi que le biotope du delta du Saloum, ont encore été soulignés par certains écrits relativement détaillés.

268 L’Hoir Véronique, 2000. Etude de la filière des perches de palétuviers dans le delta du Saloum, Sénégal.

CFB, Université de Gembloux en Belgique (FUSAG, dir. W. Delwingt), p.45

269 « Cette situation de dégradation des ressources naturelles dans le delta du Sine Saloum est imputable à plusieurs

facteurs, au premier rang desquels figure la péjoration climatique, avec les cycles de sécheresse qui ont traversé presque tout le Sahel dans les années 1970, ainsi que leurs corollaires classiques que sont la détérioration des systèmes de production et l’installation progressive d’une pauvreté rurale »selon Diadhiou. D.H, 2002. Gouvernance des pêcheries et des systèmes d’activités côtières en Afrique de l’ouest. Bilan de l’état et de l’usage des ressources naturelles de la RBDS. Etudes du CRODT, Dakar, p.19

270 Gaëlle Leruse, 1999-2000. Estimation de la consommation de bois de mangrove par les populations de la RBDS

(Sénégal) et propositions de méthodes de gestion, CFB/FUSA de Gembloux (dir.W. Delwingt), p.25 « La sécheresse, corrélée à l’accroissement considérable de la salinité et de l’acidité des sols entraîne une régression de la mangrove. La végétation naturelle herbacée et ligneuse est progressivement remplacée par des tannes nues à efflorescence saline (Le Bruscq, 1985 cité dans Diop et al. 1993) ».

271 « La péjoration climatique a entraîné le tarissement de ce réseau de surface qui jadis jouait un rôle écologique

fondamental : maintien des forêts galeries, habitat de la faune sauvage, source d’eau douce pour cette dernière. Marius (1977) estime que la salinité élevée et croissante des eaux salées de surface est incontestable et s’explique surtout par la faiblesse générale des dénivellations du relief, parce que ces eaux n’étant pas sous l’influence du ruissellement des eaux de pluies. En outre, la baisse de la pluviométrie et le caractère confiné des cours d’eau expliquent cette salinité élevée des eaux. C’est pourquoi il a été enregistré des taux de 70g/l à côté de la mer vers Sangomar et dans le Bandiala ; plus en aval, des taux de 100g/l ont été enregistrés vers Sokone, soit de 2à 3 fois plus que la salinité moyenne de la mer » explique la République du Senegal. MEPN-DPN, 1999. Plan de gestion de la RBDS (avec l’appui de l’UICN), vol.1 : état des lieux, 117 pages, p.29

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Cette faiblesse pluviométrique, malgré la reprise des précipitations depuis la fin des années 1990, en affectant l’écologie globale de la RBDS (estuaire), affecte simultanément l’ensemble des ressources naturelles du patrimoine mixte du Saloum, et par ricochet l’ensemble des activités socio-économiques, dont particuliérement le domaine

agrosylvopastoral et la « pêche artisanale » (V. L’Hoir, 2000)272 .

L’élément majeur du climat est la grande variabilité spatiale des précipitations qui varient en moyenne entre plus de 1000 mm au sud et moins de 300 mm au nord.

La répartition spatiale des précipitations permet de diviser le pays en deux grandes régions climatiques de part et d’autre de l’isohyète 500 mm : la région sahélienne au nord de cette isohyète comprend deux régimes pluviométriques (le régime nord sahélien avec une pluviométrie de moins 300 mm et le régime sud sahélien avec une pluviométrie de 300 à 500 mm) ; la région soudanienne au sud de l’isohyète 500 mm comprend les régimes nord soudanien (500 à 800 mm) et sud soudanien (plus de 800 mm).

Quoique visibles et irréfutables, les « méfaits de la sécheresse sur l’environnement du delta du Sine Saloum » (Gaëlle Leruse, 1999-2000)273 sont relativement moins

dramatiques que ceux remarqués dans d’autres écosystèmes du Sénégal, et même ailleurs. Du coup, une bonne partie du pays, surtout dans la partie septentrionale et australe, est plus touchée par les effets des « aléas climatiques » (L’Hoir Véronique, 2000)274.

272 « La pêche : Dans les estuaires et les eaux continentales, cette activité est exclusivement artisanale. Les quantités

pêchées, de loin inférieures à celles de la pêche maritime, représentant néanmoins une ressource importante pour les populations locales. Cependant, le déficit hydrique (pluviométrique) actuel est responsable d’une forte réduction de la production. Dans le Sine Saloum, les ressources halieutiques ne sont pas parfaitement connues, mais Diop (1993) estime la production annuelle entre 6000 et 8000 tonnes. L’économie régionale (Fatick) est caractérisée surtout par des activités liées aux ressources naturelles des zones humides » explique L’Hoir Véronique, 2000. Etude de la filière des perches de palétuviers dans le delta du Saloum, Sénégal. CFB, Université de Gembloux, Belgique (FUSAG, dir. W. Delwingt), pp.47-48

273 « Depuis le début des années 1970, le Sahel en général et le Sénégal en particulier sont touchés par une sécheresse

dont les conséquences sur la végétation, les cultures et les sols sont considérables. En effet, depuis 1972, on constate une diminution de la saison des pluies qui est réduite à trois mois (juillet à septembre) au lieu de cinq (5) mois habituels, d’où une augmentation de l’évaporation par rapport au drainage. Sur la végétation, l’évolution se traduit par une reprise d’Avicennia aux dépens du Rhizophora mangle, par la disparition de nombreuses espèces d’eau saumâtre (Paspalum, Scirpus, etc), par la disparition de Sesuvium, éventuellement par l’apparition de quelques espèces et d’une manière générale, par l’extension des tannes vifs (tannes nus) » selon Gaëlle Leruse, 1999-2000. Estimation de la consommation de bois de mangrove par les populations de la RBDS (Sénégal) et propositions de méthodes de gestion, CFB/FUSA de Gembloux (dir.W. Delwingt), p.26

274 « Depuis 1968, le Sénégal, comme la plupart des pays sahéliens côtiers, traverse une période de sécheresse

importante ponctuée par des crises d’aridité climatique (années particulièrement sèches), selon Marius (1985). Les effets de ce déficit hydrique varient en fonction de l’estuaire considéré, ils sont par exemple moins marqués dans le Saloum qu’en Casamance. Marius (1985) s’appuie sur deux principaux arguments pour expliquer cette différence. Tout d’abord, contrairement au Saloum, la Casamance a connu une réduction de la saison des pluies de 5 à 3 mois. Ensuite, la nature argileuse des sols de Casamance ne permet pas, comme le matériel sableux du Saloum, un lessivage des sels vers le chenal (C. Marius, 1985 ; CCE, 1987) » selon L’Hoir Véronique, 2000. Etude de la filière des perches de palétuviers dans le delta du Saloum, Sénégal. CFB, Université de Gembloux en Belgique (FUSAG, dir. W. Delwingt), p.45

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S’il importe de parler de cette baisse pluviométrique (au niveau sahélien, national, et local) ainsi que de ses conséquences néfastes, il importe aussi d’aborder la question climatique dans un sens plus large et global.

En effet, les divers impacts négatifs des « changements climatiques »275 défraient davantage la chronique des médias et occupent les chercheurs durant ces dernières décennies.

Même si les avis divergent sur la question (positions alarmistes, modérées, optimistes parce que le phénomène est cyclique et donc passager), il nous semble utile de souligner les méfaits de ces changements climatiques sur l’environnement.

Ces changements pour d’aucuns (ou encore réchauffement, ou dérèglements climatiques selon d’autres) se traduisent surtout, relativement, par la sécheresse, la salinisation des terres et des eaux, les inondations, les érosions diverses, etc.

Le tout impacte négativement sur la nature en général et la biodiversité particuliérement, surtout au sein de la RBDS déjà dans un état de fragilité relativement avancée. Pire, dans certaines parties à travers la planète ces changements climatiques menacent plusieurs zones insulaires de disparition en raison de l’élévation du niveau de la mer.

Cependant, le réchauffement climatique existe-t-il vraiment de nos jours pour justifier toutes les prises de position alarmistes et pessimistes ?

Ou bien s’agit-il d’un simple phénomène physique passager et cyclique ? La part de responsabilité de l’homme est-elle encore prouvée et importante ?

Absolument, il est bien possible d’affirmer que le « réchauffement climatique »276 est une

réalité, quand bien même il est difficile de situer la cause principale.

275 Yvette Veyret (sous la dir.), 2011. Dictionnaire de l’environnement, Editions Armand Colin, Paris, p.55

276 « La dérive climatique avance bien plus vite que la transition énergétique et écologique. Et si la crise climatique est

planétaire, la mutation ne l’est pas encore. Nous sommes en retard pour notre rendez-vous avec l’histoire : le dérèglement climatique est déjà une réalité, qu’il frappe vite et fort et que ni la richesse ni la technologie ne nous protègent contre ses effets. Je suis inquiet de voir que les administrations et les entreprises ne sont pas immunisées contre la croyance – pierre angulaire de notre culture occidentale – selon laquelle l’homme serait supérieur à la nature. Trop de dirigeants pensent sincèrement qu’une solution technologique finira par nous sauver et qu’il n’est donc pas indispensable de changer de trajectoire, de transformer en profondeur nos économies et nos modes de vie. ’’Décarbonation de l’économie et du développement’’» selon Alain Grandjean, Mireille Martini, 2016. Financer la transition énergétique : Carbone, climat et argent, Editions Ouvrières/de l’Atelier, Paris (Ivry-sur-Seine), pp. 16

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Bref, s’il est possible d’attribuer aux changements climatiques un certain nombre d’impacts négatifs sur l’écologie et l’homme, il est « risqué de situer de façon simpliste la cause réelle de ce phénomène climatique planétaire » (G. Wackermann, 2008)277.

A travers ce schéma suivant, on remarque ainsi les différents impacts négatifs du changement climatique sur l’homme et la nature planétaire, bref sur le développement local durable. C’est précisément le cas du paysage culturel du delta du Saloum au Sénégal. En effet, la plupart des phénomènes notés sur ce schéma et émanant du changement climatique (manque d’eau, dégradation des sols, déforestation, perte de la biodiversité, etc) ont été constatés dans le delta du Saloum en général, comme le confirment surtout les photos des pages précédentes (antérieures) et nos résultats d’enquêtes de terrains en Annexes.

Figure N° 15 : Complexité des interactions entre changements climatiques et développement local durable dans le paysage culturel du delta du Saloum

Problèmes de santé publique avec l’apparition des maladies

Manque d’eau douce pour cause de sécheresse et de salinité

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