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III La synthèse jaurésienne à l’épreuve

Sombre année que 1914 pour le socialisme français. L’assassinat de Jaurès le 31 juillet par Raoul Villain, puis la participation de Jules Guesde et Marcel Sembat aux gouvernements d’Union sacrée, suivis par Albert Thomas en mars 1915, en rebattaient les cartes. L’entrée de la SFIO dans un tel gouvernement pouvait certes se justifier par la doctrine des circonstances exceptionnelles prévue par le congrès de l’IS de 1900. Mais elle n’en introduisait pas moins une cassure vis-à-vis de la politique de maintien à distance vis-à-vis du pouvoir. La révolution russe de 1917 et le congrès de Tours de 1920 qui en suivi allaient également pousser le parti à se reposer la question du choix entre réforme et révolution, entre légalité et violence. Jaurès assassiné, c’est Léon Blum qui prit le flambeau de la voie unitaire du parti. Confronté à la rupture de 1920, puis à un raidissement du débat idéologique à partir des années 1926-27, Blum tenta tant bien que mal de maintenir la synthèse héritée de 1905, fut-ce au prix de certaines contorsions.

A/ Que faire du pouvoir ?

Les questions posées par la guerre et la révolution à l’est auraient pu permettre au parti de définitivement régler certaines ambiguïtés de la doctrine. Elles ouvraient ou auraient pu ouvrir la voie à la reconnaissance du caractère réformiste et participationniste du socialisme français. La leçon jaurésienne de la vocation républicaine du socialisme trouva bien des relents chez les dirigeants socialistes. Rien cependant ne filtra dans les textes du parti, tout égarement participationniste y étant soigneusement proscrit. La révolution de 1917 scindait quant à elle la gauche, de sorte qu’en réponse au développement du communisme, le

171 socialisme se voyait offrir un terrain politique qu’il aurait pu investir. Mais là encore, le réformisme n’obtint pas gain de cause.

1. L’adhésion à l’Union sacrée

Dès la guerre déclarée, le président du Conseil René Viviani proclama l’Union sacrée des partis et des forces devant la patrie en guerre. Les militants socialistes, peu versés dans le militarisme, s’en remettaient à l’IS. Celle-ci avait prévu en 1907 au congrès de Stuttgart d’empêcher le déclenchement d’un conflit mondial par l’action ouvrière internationale. La question fut néanmoins débattue au congrès de la SFIO de juillet 1914. Après des débats qui virent s’affronter Guesde et Vaillant, la majorité adopta une motion de synthèse défendue par Jaurès et que le premier refusa de voter. Il y était question de grève générale et organisée à l’échelle internationale dans le but de prévenir le déclenchement d’un conflit armé. Cette action était préventive, Jaurès déclarant : « si cette guerre éclate malgré nous », il conviendra de « faire l’effort maximum pour assurer l’indépendance et l’intégrité de la nation1 ». Mais dès le mois d’août, devant l’échec d’une coordination du mouvement international ouvrier, les choses se corsèrent. Vaillant, à une réunion de la fédération de la Seine, affirma : « En présence de l’agression, les socialistes rempliront leur devoir, pour la Patrie, pour la République, pour l’Internationale2 ». La réunion s’acheva par un vote réaffirmant la détermination des socialistes à défendre l’intégrité nationale. Ceci eut pour conséquence l’entrée de socialistes au gouvernement, qui prit fin avec l’arrivée au pouvoir de Clémenceau, honni par la gauche. Le pacifisme internationaliste reprit alors le dessus, de telle sorte qu’après 1917, les partisans de l’Union se retrouvèrent isolés au sein du parti. La méfiance vis-à-vis de la participation ministérielle reprenait ses droits, comme l’affirmera avec conviction le conseil national de février 1921 : « Ni le bloc des gauches ni le ministérialisme […] ne trouveront dans nos rangs la moindre chance de succès. Le Parti socialiste SFIO demeurera un parti de lutte de classes et d’opposition et mènera une lutte acharnée contre tout système économique et social qui n’aura pas reconnu et proclamé le total affranchissement du

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J. Jaurès, article dans L’Humanité daté du 18 juillet 1914. Cité par Annie Kriegel et Jean-Jacques Becker, 1914. La guerre et le mouvement ouvrier français, Paris, Armand Colin, 1964, p.46.

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E. Vaillant. Cité par Jacques Moreau, Les socialistes et le mythe révolutionnaire [1998], Hachette Littérature, 2003, p.84.

172 monde du travail1 ». Il faudra attendre le Cartel des gauches de 1924 pour que soit retentée une telle expérience. Elle a cependant permis au parti de se frotter à la pratique du pouvoir de manière plus affirmée qu’avec l’épisode Millerand, sans pour autant que celle-ci n’influe sur la doctrine et l’idéologie officielle. Pis, alors qu’on aurait pu penser qu’un parti socialiste rallié à la défense de la patrie fasse entendre ses désaccords sur la conduite de la guerre, le parti fut sur ce point timoré. En dépit de la création d’un comité d’action visant à apporter son aide à la défense nationale par l’étude des problèmes quotidiens engendrés par le conflit, le parti ne fut pas en mesure de dessiner « l’ébauche d’une politique proprement socialiste de conduite du conflit et de gestion de la nation pendant cette période2 ». Difficile dans ce cas de retenir, outre la participation en elle-même, des éléments positifs de cette expérience.

C’est dans ce contexte qu’il faut saisir le vote quasi-unanime pour la motion Bracke au congrès de 1919 visant à fixer la tactique du parti aux élections législatives. Celle-ci écartait au nom de la fidélité à la ligne traditionnelle du parti toute alliance avec les autres partis républicains et bourgeois, et ce en dépit du système proportionnel à un seul tour mis en place pour ces élections. Le refus de toute alliance conforta ainsi le parti dans son identité. Après l’échec de l’Union sacrée, le repli identitaire l’emporta, en dépit des intérêts immédiats3.

2. De la Révolution russe au congrès de Tours

La Révolution russe coïncide pour le socialisme français avec l’arrivée de Léon Blum sur le devant de la scène socialiste. Disciple et ami de Jaurès, il était habité par le même souci de maintenir le parti dans son équilibre doctrinal durement acquis. Il estimait ainsi que le parti devait certes se soucier de représenter la société actuelle, mais ne devait pas pour autant faire l’économie d’imaginer la société future : « Si certains d’entre nous n’étaient plus obstinément tournés – comme le musulman vers la ville sainte – vers cet idéal, vers ce mirage qui dessine à leurs yeux la ligne pressentie de la Cité future –, notre parti ne serait plus qu’un parti de

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Parti socialiste SFIO, 19ème congrès national, 1921, Paris, rapports, p.57. Cité par A. Bergounioux et G. Grunberg, Ibid., p.97.

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Jacques Moreau, Ibid., p.88.

173 réformes démocratiques et non plus ce qu’il est : le socialisme1 ». Mais Blum refusait en même temps l’adhésion sans conditions à l’Internationale communiste et ne trancha pas quant à la question de la prise du pouvoir par la force. Le programme du parti en 1919 affirmait ainsi que le socialisme atteindrait ses fins « sous la pression du suffrage universel ou par un mouvement de force du prolétariat2 ». C’est dans cette perspective qu’il faut saisir la conclusion de son article l’opposant à Albert Thomas dans L’Humanité du 9 novembre 1918 où il déclarait : « Je ne choisis ni Wilson ni Lénine. Je choisis Jaurès3 ». En voulant préserver la synthèse jaurésienne, Blum obstruait la construction d’une opposition théoriquement fondée aux troupes de Lénine. La lecture qui a alors prévalu était celle d’une continuité entre la Révolution de 1789 et celle de 1917 : « Aucune des déclarations fondamentales de l’Internationale de Moscou n’est en contradiction avec les principes du socialisme tels qu’ils ont été définis par les congrès internationaux et que la thèse de la dictature du prolétariat, en tant qu’elle est destinée à assurer la transition entre la société capitaliste et le régime socialiste, est à la base de toute conception révolutionnaire4 ». Le compromis visant à sauvegarder l’unité du socialisme français sonna néanmoins rapidement comme un échec. La Révolution russe donnait du grain à moudre à l’aile gauche du parti5. Prenant conscience dès l’été 1920 que la scission constituait la seule alternative aux volontés de Lénine, Blum réorganisa le parti. La réponse au bolchévisme a, nous l’avons dit, contraint l’organisation à réaffirmer ce qui distinguait celui-ci du socialisme et donc à redéfinir certaines de leurs positions. Mais cette réaffirmation s’est faite sur la base de la synthèse de 1905. C’est-à-dire que le refus du bolchévisme n’a pas entraîné de révision doctrinale qui aurait pu définitivement solidariser avenirs socialiste et républicain. C’est par une fidélité à sa doctrine initiale qu’il a cru pouvoir s’opposer aux partisans de la IIIèmeInternationale à Tours.

Les tensions et ambiguïtés antérieures à cette période allaient à partir des années 1920 s’aviver de nouveau. Le potentiel électoral qui faisait du parti l’un des deux grands partis de gauche continuait à les pousser vers la prise de responsabilité. Son poids électoral croissant et son attachement aux valeurs républicaines l’encourageait à plus d’intégration au système

1 Discours prononcé le 21 avril 1919 au congrès national extraordinaire. Cité par A. Bergounioux et G.

Grunberg, Ibid., p.81.

2 Cité par Annie Kriegel, Aux origines du communisme français, Paris, Flammarion, 1965, p.125. 3

Cité par A. Bergounioux et G. Grunberg, Ibid., p.82.

4 Parti socialiste SFIO, 17ème

congrès national, Strasbourg, 1920. Compte rendu sténographique, p.566. Cité par A. Bergounioux et G. Grunberg, Ibid., p.84.

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174 politique. Mais, parallèlement, le développement d’une expérience communiste augmentait sa fragilité et lui faisait d’autant plus redouter cette intégration.

B/ Léon Blum et le débat doctrinal

Les élections législatives de 1924 ont entraîné une remise en question de la stratégie jusque-là adoptée par la SFIO. Elle avait jusqu’à présent opté pour une stratégie électorale l’obligeant à présenter des listes indépendantes aux élections, sa situation dans l’opposition rendant cette position plus aisée. Le parti se trouvait alors divisé entre une aile droite, réformiste, défendant la participation à un gouvernement radical sur la base d’un programme commun, et une aile gauche, contre le principe de la participation. Lors du Conseil National des 1er et 2 novembre 1925, la motion présentée par Paul Faure, défiant le gouvernement Painlevé, obtint 1433 mandats, contre 1228 à la motion Renaudel, participationniste. L’expérience du soutien sans participation avait déçu les deux bords du parti : trop pour la gauche, pas assez pour la droite. Soucieux de préserver l’unité du parti, Léon Blum tenta de trouver un dénominateur commun entre ceux jugeant le soutien excessif et ceux pour qui il était insuffisant. C’est dans ce contexte et dans celui de la reconstruction du parti1 qu’il formula, en janvier 1926, lors d’un congrès extraordinaire, sa distinction entre conquête et exercice du pouvoir.

1. Exercice et conquête du pouvoir

La conquête du pouvoir devait être selon Blum le but du parti. Elle résidait dans le moment où le parti, achevant son travail de préparation, prenait le pouvoir. La transformation sociale pouvait suivre immédiatement la conquête du pouvoir, les conditions permettant la transformation du régime de propriété étant réunies. Cette conquête du pouvoir devait canaliser les énergies militantes, le risque étant d’une part de rester dans l’opposition jusqu’à ce moment espéré, d’autre part de perdre la confiance des travailleurs. Blum avança alors une notion nouvelle, celle d’exercice du pouvoir :

1

L’ouvrage de Tony Judt La reconstruction du Parti socialiste/1921-1926 (Paris, Presses de la FNSP, 1976) permet de saisir les enjeux doctrinaux de cette époque.

175 « La conquête du pouvoir est la prise totale du pouvoir politique, prélude possible et condition nécessaire de la transformation du régime de la propriété, c’est-à-dire de la révolution. La notion de la conquête du pouvoir est donc avant tout une notion révolutionnaire et, à la conquête du pouvoir, j’opposais ce que j’appelais l’exercice du pouvoir en régime capitaliste, qui n’a pas de caractère révolutionnaire, qui est la conséquence de l’action parlementaire elle-même, que vous pouvez être obligés d’accepter, de demander, de subir, du fait même que vous pratiquez l’action parlementaire1 ».

Il s’agissait d’une notion médiane, entre l’opposition absolue, inimaginable dans un parti comptant plus d’une centaine de députés, et un opportunisme sans principe. L’exercice du pouvoir devait consister en une expérience gouvernementale dirigée par les socialistes : face à des situations exigeant du parti qu’il prît ses responsabilités dans le cadre du système capitaliste, il était possible de ne pas trahir la vocation essentielle du socialisme. Cette distinction était pour Blum essentiellement une réponse à la droite du parti et une fidélité à la gauche du parti : l’exercice du pouvoir, même assorti de conditions, n’était pas repoussé à un temps trop lointain ; en même temps, elle prolongeait la critique de la participation n’assurant pas un rapport de forces suffisant pour les socialistes. Il s’agissait en quelque sorte « d’un tour de passe-passe dont le but était d’amener le parti à accepter l’exercice du pouvoir dans le régime économique et politique existant, tout en sauvegardant l’eschatologie révolutionnaire2 ». La question qui demeurait en pointillé était de savoir si cet exercice du pouvoir devait être transformé en conquête. Sur ce point, Blum était clair :

« En ce qui concerne la conquête révolutionnaire du pouvoir, je n’admets pas que la classe ouvrière soit limitée par aucune espèce de légalité […]. Mais, je déclare catégoriquement que je le suis, en ce qui concerne l’exercice du pouvoir. Je pense que si, par l’effet du jeu parlementaire dans le cadre des institutions existantes, dans le cadre de la constitution actuelle, nous étions appelés à exercer le pouvoir, nous devrions l’exercer légalement, loyalement, sans commettre cette espèce d’escroquerie qui consisterait à profiter de notre présence à l’intérieur du gouvernement pour transformer l’exercice du pouvoir en conquête du pouvoir. Transformation d’ailleurs impossible, puisqu’elle est fonction d’un ensemble de conditions sociales qui ne seraient pas réalisées et que la possession du pouvoir ne suffit pas à créer3 ».

1 L. Blum, La méthode socialiste, Conférence prononcée lors de l’ouverture des cours de l’Ecole

Socialiste le 10 novembre 1931, Editions de la liberté, Paris, 1945, pp. 3-4.

2 A. Bergounioux et G. Grunberg, Les socialistes français et le pouvoir… Ibid., p.104. 3

L. Blum, « Le Parti Socialiste et la participation ministérielle », Discours prononcé au Congrès

176 Cette distinction était nécessaire pour maintenir l’identité socialiste définie à Tours et ainsi se démarquer des bolcheviques. Le problème tactique introduit par le Cartel des Gauches de mai 1924 trouvait ainsi une solution, provisoire là encore. Après le 6 février 19341, Blum compliqua davantage son schéma en discernant un troisième cas : l’occupation défensive du pouvoir, en cas de menace fasciste.

La distinction opérée par Blum, peu comprise par les militants, manifestait une volonté d’éviter le réformisme et de préserver l’idée de révolution. Elle était commune à d’autres partis socialistes européens et renforcée par la non prise en considération par l’Internationale de la question du pouvoir2. Des remises en cause de ce modèle allait rapidement apparaître, comme ici résumé par Bergounioux : « L’histoire doctrinale du socialisme après 1926 se résume dans l’assaut que les courants de droite et de gauche allaient mener contre cette orthodoxie3 ».

2. Offensives révisionnistes

La question du révisionnisme a, dès la fin du 19ème siècle, traversé le courant socialiste. C’est en Allemagne, avec la création du Parti social-démocrate allemand (SPD) en 1891, que ce débat prit initialement corps. Il tournait autour de la question du marxisme et de son interprétation. Mais c’est à n’en pas douter l’année 1899 et la publication par Edouard Bernstein d’un texte intitulé Die Voraussetzungen des Sozialismus die Aufgabe der

Sozialdemokratie4 qui marquent véritablement le début de ce débat autour du révisionnisme. Bernstein entendait le révisionnisme comme la théorie d’une pratique, cherchant par là à

1 Le 6 février 1934, une manifestation antigouvernementale menée par des groupes de droite et les

ligues d’extrême-droite tourne à l’émeute sur la Place de la Concorde. Michel Winock, dans La fièvre

hexagonale, en donne un récit passionnant (M. Winock, La fièvre hexagonale, Paris, Calmann-Lévy,

1986).

2 Son président, Arthur Henderson, déclarant en 1925 que discuter de cette question devant le

Congrès « nous conduirait à d’interminables controverses stériles sur une question qui, du point de vue pratique, se résout d’elle-même à une question de pure pertinence dans chacun des pays où elle se pose ». Cité par A. Bergounioux, « L'évolution doctrinale du socialisme français dans l'entre-deux- guerres », L'Internazionale operaia e socialista tra le due guerre, Annali della Fondazione Feltrinelli, Milano, n°23, Giangiacomo Feltrinelli Editore, 1985, p.1166.

3 Ibid., p. 1166. 4

Il a été traduit l’année suivante en français sous le titre Socialisme théorique et Social-démocratie

177 tracer une frontière claire le démarquant de l’opportunisme. Renonçant à l’imminence d’une révolution à venir, il s’en prenait à une social-démocratie allemande promettant le grand soir à la classe ouvrière. En se limitant à une analyse étroite de l’œuvre de Marx, le socialisme prenait le risque de passer à côté des exigences des mutations sociaux-économiques à l’œuvre en cette fin de siècle. Ce faisant, il posait la possibilité d’une évolution graduelle menant de la société capitaliste à la société socialiste. Sous couvert de révisionnisme, c’est bien la question de la relation entre socialisme et réformisme qui était posée. Car, comme le précise Erich Matthias, cette différence sémantique recouvre à n’en pas douter une réalité commune. Il ajoute d’ailleurs que les termes de « révisionnisme » et de « réformisme » étaient bien souvent employés indifféremment par les cadres du parti allemand1. Cette querelle autour du révisionniste a bien été introduite en France. Mais, comme le précise Emmanuel Jousse, le transfert s’est exprimé « dans des milieux assez marginaux2 ». Les militants sont en effet restés assez éloignés de débats nécessitant une approche extrêmement serrée de l’œuvre de Marx. Mais elle doit également cette faible pénétration à la volonté des dirigeants du parti de ne pas accorder une audience trop importante à ce qui aurait provoqué de la virulence chez les militants. C’est au cours des années précédant la crise de 29 que le socialisme français a connu des tentatives de renouvellement théorique inspirées du révisionnisme, essentiellement par le biais de publications3. Telle celle de Jules Moch, qui en 1927 publie Socialisme et

Rationalisation4, ouvrage dans lequel il étudie la mutation du capitalisme américain et son effet de diminution sur les antagonismes de classe. André Philip, en 1928, introduisait lui les idées d’Henri de Man, auteur d’un ouvrage en 1927 traduit sous le titre d’Au-delà du

marxisme5 et qui mettait à jour les racines psychologiques de la lutte des classes. La conjoncture électorale était également propice aux divisions : lorsqu’en octobre 1929 Daladier proposa aux socialistes de participer à un gouvernement radical, le parti se scinda en deux parties à peu près égales. Voyant s’ouvrir une brèche, la droite du parti, afin d’imposer la

1 E. Matthias, « Idéologie et pratique : le faut débat Bernstein-Kautsky », Annales, Economies,

Sociétés, Civilisations, 19ème année, n°1, 1964, p.26. Consulté le 04/04/12 sur le site en ligne http://www.persee.fr/web/guest/home

2 E. Jousse, Ibid., p.240.

3 Mais également par le biais de groupes d’intellectuels. Ainsi, en 1924, se forme notamment un

Groupe d’Etudiants Socialistes autour de l’Ecole Normale Supérieure. Nous renvoyons à la description qu’en donne Georges Lefranc, « Le Groupe d’Etudes Socialistes des Ecoles Normales Supérieures », in Visages du mouvement ouvrier français, Paris, PUF, 1982.

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J. Moch, Socialisme et rationalisation, Bruxelles, L'Eglantine, 1927.

178 participation, fédéra les aspirations de renouvellement doctrinal qui se faisaient jour. Deux