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Une région agricole étendue et diversifiée

53 http://www.synagri.com/ca1/PJ.nsf/TECHPJPARCLEF/25171/$File/482-P10aides-compet.pdf?OpenElement

54 La marge de sécurité est définie comme l’EBE – prélèvements privés moyennés sur 4 ans – annuités d’emprunts – charge des emprunts CT

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Avec une superficie de 73 360 km², la région Occitanie est la 2e plus vaste des nouvelles régions françaises.

La région se caractérise par une diversité de paysages : les Pyrénées au sud et le Massif Central au nord couvrent environ 45% du territoire alors que 4 départements sont côtiers. Cette géographie particulière explique un climat contrasté et très aléatoire. La région est une des plus attractives de France, néanmoins, la population régionale se concentre très largement dans les aires urbaines et sur le littoral, si bien que certains départements ruraux ont une population stable voir décroissante. La densité moyenne de la population est de 79,4 hab/km2. L’Occitanie est la 10ème région pour le niveau de PIB par habitant avec 26 705 euros en 2014. La région est dominée par le secteur tertiraire. 4ème région expotatrice, le solde commercial 2017 s’éleve à 4 411 milions d’euros (AGRI’SCOPIE, 2018). Le taux de chômage est de 15,5%. Avec 13 départements, c’est la région qui compte le plus grand nombre de départements parmi les 12 régions de province issues de la loi d’août 2015 portant sur la Nouvelle organisation territoriale de la République (loi NOTRe)55.

L’Occitanie est la 2e région agricole avec 67 685 exploitations (estimation 2015) (16% des exploitations françaises)

et 3 147 206 ha (soit 12% de la SAU métropolitaine). Le secteur agricole et agroalimentaire joue un rôle majeur dans l’économie régionale, en particulier pour les zones rurales. 2eme secteur exportateur avec 9% des exportations, il contribue au chiffre d’affaires régional et constitue un des principaux employeurs avec 159 000 emplois en 2016. L’agriculture régionale est très diversifiée. La région est la première région viticole ainsi que pour l’élevage ovin. C’est la deuxième région productrice de fruits, palmipèdes gras et de semences. Ce n’est que la 8ème région bovine, lait et viande confondu. L’Occitanie se caractérise par un poids important des filières de qualité : 50% des exploitations commercialisent des produits sous SIQO (yc AB). L’Agriculture Biologique concerne d’ailleurs 10,6% des exploitations et 11,5% de la SAU (yc en conversion). Enfin, 18,5% d’exploitations commercialisent en circuit court. Malgré tout, 10% de la valeur ajoutée agricole et de l’EBE nationaux alors qu’elle compte 16% des exploitations. La productivité des exploitations agricoles de la région est assez faible et leurs résultats économiques sont globalement bas. Néanmoins, ce résultat cache une grande disparité entre les exploitations, selon les filières et les systèmes. La région est notamment très concernée par les contraintes économiques liées aux zones à handicap naturel (ou zones défavorisées).

Une production en difficulté

En 2016, la région Occitanie comptabilisait près de 140 000 vaches laitières pour une production de 825 millions de litres de lait soit 3% des volumes nationaux. Parmi les 2 695 exploitations ayant des bovins lait en 2017, 1 352 sont spécialisées (Agriscopie, 2018 ; données SAA). La production est concentrée dans le sud du Massif Central (Aveyron, Lot, Lozère et Tarn) et dans les Pyrénées pour une plus faible part. L’activité laitière est en perte de vitesse dans l’ensemble des départements (-32% d’exploitations et - 18% en volume entre 2010 et 2017) à l’exception notable de l’Aveyron (+ 9% entre 2010 et 2017).

La santé d’un échantillon de 718 exploitations spécialisées inscrites au CER France a pu être analysée. 42% sont en GAEC, 36 % sont Individuelles et 21% en EARL, avec 1,7 UTH familiale et 0,2 UTH salariée. La SAU moyenne est de 89ha dont 71 ha de SFP pour 55 vaches laitières et volume de 367 600 L de lait vendus par exploitation (soit 6 630 L par vache à un prix moyen de 308 euros / 1000 L). En 2016, face à une conjonture difficile, les aides en augmentation (réforme de la PAC et aides exceptionnelles) et la maîtrise des charges ont pratiquement compensé la baisse du produit du lait. La baisse des charges la plus marquée porte sur le poste aliment (-9%). Plus de 680 producteurs ont demandé l’aide à la réduction de la production laitière en fin d’année (AGRI’SCOPIE, 2018 ; p31). La bonne qualité de la ration de base, la diminution de la production laitière et un prix moins élevé de l’aliment, expliquent cette évolution. Les charges fixes fléchissent légèrement (-2%). Le remboursement des annuités absorbe presque la moitié de l’EBE, ce qui est conséquent et laisse peu de marge de manœuvre. La rentabilité moyenne (EBE/ produit) est de 26%, mais un tiers ont une rentabilité supérieure à 30% alors qu’un tiers a une trésorerie largement négative. En montagne, les surcoûts sont de 80 €/1000 l.

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Les exploitations robustes se distinguent par endettement maîtrisé et une bonne efficience et non par la taille (IDELE, 2017). Leur localisation a une influence aussi. En plaine, les exploitations sont pénalisées par la faible densité laitière qui se traduit progressivement par une difficulté d’accès au conseil. En Aveyron toutefois, un certain dynamisme semble se maintenir, porté notamment par l’appel d’air que constitue la conversion vers l’agriculture biologique et permet le maintien de certaines économies d’agglomération. Dans les exploitations diversifiées, les synergies entre cultures et élevage peuvent être gagnantes, à condition que chacune des activités soit maîtrisée (IDELE, 2017).

Dans le Sud-Ouest, c’est plutôt des grosses exploitations qui ont cru assez vite avec pas mal de problèmes de maîtrise technique,

économique, etc., c’est difficile dans le Sud-Ouest. (Aval 1, 2018)

Aujourd’hui les économies d’agglomérations jouent à plein tube. Les bâtiments coûtent 30 % plus cher dans le Sud-Ouest qu’en

Ille-et-Vilaine. Et ça coûte moins cher en Allemagne. » (Amont FR 4, 2018)

C’est une production du collectif où les économies d’agglomérations jouent à plein tube. La collecte, les investissements, la maintenance des équipements. Le groupe laitier, la traite. Il y a des endroits en France où tu ne trouveras pas de marchand de

robots, ça coûte trop cher. (Amont FR 4, 2018)

Quand tu vois le niveau de technicité qu’il faut pour concilier un agriculteur qui a un robot de traite, tu es obligé d’avoir des gens spécialisés en robot de traite. Quand tu vois le, les différences qu’il y a entre des exploitations en bio par rapport à des exploitations en conventionnel, tu es obligé d’avoir des gens qui ont un minimum… Ça ne peut pas être les mêmes personnes, ou alors c’est un truc très global qui va s’apparenter à ce que fait le centre de gestion, donc tu n’es plus dans la technique fine. (Amont FR 4, 2018) Ici c’est impossible d’avoir une automotrice qui fait le tour ici. On n’est pas en Bretagne ou dans l’aveyron. (Ferme SW 1, 2018).

Un secteur en déprise

Les principaux industriels laitiers français sont présents sur le territoire : Sodiaal, Savencia, Danone et Lactalis, ainsi que de quelques PME. Le lait livré à l’industrie est en majeure partie transformé en lait de consommation. Viennent ensuite les produits frais et les fromages.

Partant du constat du déclin mais aussi d’un certain dynamisme des acteurs, de l’existence d’un potentiel de valorisation avec la proximité d’un bassin de consommation de plus de 6 millions d’habitants, et d’un rôle reconnu dans l’entretien des paysages et des services écosystémiques, un plan stratégique a été signé en 2013. La compétitivité dans le respect de l’environnement était au coeur de ce plan stratégique triennal ((SudOuest 2013)). Les indusriels s’y engageaient à moderniser leurs outils, à favoriser un approvisionnement local et à investir dans l’innovation pour créer de la valeur. Les représentants des producteurs s’engageaient quant à eux à maintenir le potentiel de production dans la mesure où les coûts de production le permettent i) en travaillant sur le levier de l’installation, ii) en s’insérant dans des démarches d’appui technique et économique et enfin iii) en travaillant à l’adéquation entre production et fabrications. Néanmoins, cette stratégie de filière n’a jamais vraiment pris corps, faute de moyens financiers et humains. La non-constitution d’une organisation ou d’une association d’organisations de producteurs régionale suggère une action collective limitée. Les services de conseil qui avaient été précurseurs, avec la création d’un outil commun optilait, peinent aujourd’hui à se renouveler et à faire face aux besoins d’un métier en pleine évolution dans une zone peu dense. De nouveaux espoirs ont été soulevés par le rapprochement de Sodiaal et de 3 A en 2015 puis le lancement d’un projet de lait infantile biologique sur le site de Montauban. Une étude sur la compétitivité de la filière Sud Ouest a de nouveau été financée en 2016 et mise en oeuvre par l’IDELE. Elle a suscité des espoirs mais n’a pas été suivi d’actions concrètes à ce jour. Pour beaucoup, le destin de l’Occitanie en tant que filière industrielle est derrière elle.

C’est un sujet et même on a du mal à empêcher un jeune de s’installer alors qu’il est à 100 bornes de nous et qu’on qu’il va être tout seul pendant 40 ans, … la sacro-saint équité en coop c’est il faut vivre avec, c’est compliqué à gérer. (Aval, 2018)

Tant qu’il y a pas d’usine qui ferme on pousse le problème devant mais il y a un moment c’est sûr que ça va être compliqué. (Aval,

144 Je pense que dans le Sud-Ouest les carottes sont cuites. Je suis rude, mais je pense que c’est fini, à part des poches de résistance, ils ne tiendront pas (Amont Fr 4, 2018)

Des opportunités de valorisation de l’herbe et tournant qualitatif

Alors que l’herbe est au coeur du système fourrager dans les zones de montagne, sa place est limitée en plaine par la sécheresse estivale d’un part et par des problèmes de portance des sols au printemps. La culture de la luzerne présente un potentiel alternatif.

« de diversité des territoires en France qui s’exprime à travers la part relative, on va dire, d’herbe et de maïs pour dire les choses très grossièrement. » (Amont BR 2, 2018)

« Dans le Sud-Ouest, tout ce qui est Nouvelle Aquitaine, vous êtes sur du maïs très irrigué parce que de toute façon l’herbe pousse pendant un ou deux mois. ». Ils n’ont pas le choix, sauf à considérer qu’ils ont quand même un ou deux mois de valorisation d’herbe possible. Donc après, je comprends que ça puisse embêter certains éleveurs, mais ils ont quand même de l’herbe à valoriser. Ils en mettent d’ailleurs en foin dans les rations. Ils mettent pas mal de foin. (Amont BR 2, 2018).

Concernant la transformation laitière, il existe quelques SIQOs mais les volumes concernés sont relativement modestes : Laguiole, Bleu des Causses, Bleu d’Auvergne, tomme des Pyrénées. Dans ce contexte incertain, une augmentation importante des conversions des exploitations bovin lait en Agriculture Biologique est observée. La région comptabilise ainsi en 2016, 190 exploitations en bio ou en cours de conversion (+15% par rapport à 2015). La meilleure efficience de la production biologique montre que la conversion à l’agriculture biologique a permis en Occitanie de réduire la vulnérabilité des exploitations quelque soit le modèle initial (extensif ou conventionnel) (Bouttes, 2018). Toutefois, cette étude a été conduite dans l’Aveyron où la densité laitière, les compétences techniques en matière d’appui et la possibilité de constituer des groupes d’agriculteurs restent forte. Les producteurs rencontrés hors de ce département hésitent à franchir le pas car ils n’ont pu obtenir de garanties suffisantes de leurs collecteurs.

All farmers were satisfied after conversion to organic, which resulted in a decrease in perceived farm vulnerability. All adaptation strategies were oriented towards pasture-based grazing systems and a reduction in land-use and herd-management intensities. (Bouttes, 2018, p140)

3.

Les leviers internes de la compétitivité identifiés dans la littérature et à dires

d’experts

Dans cette partie, nous nous appuyons sur les dix études de cas réalisées dans les deux régions d’étude. L’analyse longitudinal de ces cas permet une analyse des processus stratégiques. La confrontation avec des indicateurs calculés permet d’identifier et de qualifier les leviers internes de la compétitivité (Cf. Annexe). Nous mettons en regard les ressentis des éleveurs, et des opérateurs amont et aval qui les suivent, avec les résultats comptables obtenus, ce qui permet une analyse critique des discours. Les performances des exploitations étudiées sont également mises en perspective avec les données FADN et les cas types IDELE ce qui permet de discuter de leur représentativité.

Les différents entretiens et la littérature ((Leclerc, Chia et al. 2008, Perrot, Caillaud et al. 2014 ) ; (Jean-Noël Depeyrot and Perrot 2018)) mettent en avant une diversité de systèmes laitiers en mouvement. Selon les sensibilités des auteurs et personnes rencontrés, les critères support de la diversité diffèrent: i) alimentation (maïs versus herbe, quantité de concentré), ii) le niveau de productivité par animal (avec une efficience alimentaire qui pourrait être plus élevée pour les vaches à 9000 L), iii) la dynamique de croissance et d’investissement : maîtrise de l’endettement et enjeu de rentabilité, iv) le mode et les formes d’organisation du travail (spécialisation et coordination des tâches, répartition tacite ou explicite, polyvalence ; type de collectif de travail -individuelle, sociétaire avec salariés- ), v) le contexte de production ou facteurs d’exposition (potentiel herbager, portance des sols, parcellaire, ambiance laitière), vi) les conditions d’accès au marché (stratégie de la laiterie cliente, niveau de valorisation du lait, opportuntié de développement offert par la laiterie, structuration collective en OP).

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