• Aucun résultat trouvé

Total 3 129 881 383 100,0 % 100 % * Exclus les codes 2211 (production, transport et distribution d'électricité autres que de combustibles fossiles),

4. PROPOSITION DE MODÈLES D’EXPLOITATION DES RESSOURCES HYDRIQUES QUÉBÉCOISES

4.1 Exploitation durable de l’eau à des fins industrielles

4.1.2 Identification des secteurs intensifs en eau

Tous les produits et services nécessitent de l’eau à un stade ou l’autre de leur cycle de vie. Lorsque l’eau n’est pas utilisée en tant qu’intrant ou qu’ingrédient, elle est requise pour les activités de

nettoyage, de chauffage, de refroidissement, de production de vapeur, de dissolution de substances et de transport. Tel que déjà mentionné, les produits agricoles sont les plus grands utilisateurs d’eau bleue avec 70 % des prélèvements mondiaux, sans compter les volumes d’eau verte provenant des précipitations. En outre, mondialement, la plus importante utilisation d’eau à des fins industrielles sert aux tours de refroidissement du secteur énergétique. L’eau ainsi utilisée s’évapore et représente approximativement 5 % des prélèvements industriels. (ONU-Eau, 2009b)

Difficulté d’évaluation de la consommation d’eau par sous-secteurs

La consommation globale d’eau par sous-secteurs de production industrielle est difficile à évaluer. Selon la littérature, les procédés, les technologies et l’emploi d’eau recyclée varient largement entre les sous-secteurs industriels, ce qui compromet la justesse des estimations (ONU-Eau, 2009b). De plus, la principale méthodologie employée afin d’identifier cette consommation sous-sectorielle, repose sur le concept du premier préleveur. Ce faisant, les industries puisant leur eau de réseaux municipaux voient souvent leur consommation consolidée avec la consommation domestique et ICI, ce qui complexifie l’établissement de comparables sous-sectoriels et internationaux (Kohli et autres, 2012). Au Québec, les grands préleveurs ont maintenant l’obligation de déclarer leurs volumes de prélèvements. Le tableau 4.2 de la sous-section suivante présente cette consommation sectorielle. Par ailleurs, certaines municipalités québécoises instaurent le principe utilisateur-payeur en matière de gestion de l’eau. Ainsi, une meilleure connaissance de la consommation d’eau des sous- secteurs industriels et commerciaux devrait se développer avec le temps.

Enfin, les différences de normes réglementaires sur la qualité des eaux des effluents industriels et sur la tarification de l’eau prélevée engendrent une grande variation de l’intensité en eau pour la production d’un même produit à travers différentes juridictions. Il en résulte que les pays avec des tarifs élevés et des standards environnementaux stricts ont une productivité de l’eau (valeur d’extrant économique par unité d’eau consommée) élevée. Par exemple, la productivité du Danemark est ainsi de 138 $/m3, alors que la productivité américaine est de moins de 10 $/m3 (ONU-Eau, 2009b). Ce faisant, un secteur intensif en eau dans une juridiction donnée peut l’être beaucoup moins ailleurs si les incitatifs sont présents.

Identification des sous-secteurs québécois intensifs en eau

Malgré l’absence de comparables sectoriels portant sur l’intensité de la consommation d’eau, il est tout de même possible d’identifier ceux qui, au Québec, en utilisent le plus. Le tableau 2.1 permet déjà d’identifier le secteur des services publics comme le plus important consommateur d’eau. Toutefois, en raison notamment du principe de comptabilisation du premier préleveur et des obligations de déclarations qui ne s’appliquent qu’aux grands préleveurs, on ne peut déterminer la portion de cette consommation qui est vouée à un l’usage commercial et industriel de petits ou moyens préleveurs. Cette catégorie inclut également la consommation domestique, l’eau requise dans la production et la distribution de l’électricité et du gaz, de même que le traitement et la

distribution de l’eau potable et des eaux usées. Par ailleurs, trois des quatre industries suivantes au classement sont les secteurs manufacturiers (codes SCIAN 31, 32 et 33). Le tableau 4.2 précise la consommation d’eau des sous-secteurs de ces industries. L’extraction minière (code SCIAN 21) arrive au quatrième rang des plus grands consommateurs, s'immisçant ainsi dans le groupe des secteurs manufacturiers. Ce groupe est suivi des industries des arts, spectacles et loisirs (code SCIAN 71) et de l’agriculture, foresterie, chasse et pêche (code SCIAN 11). Il est important de rappeler que les grands préleveurs agricoles et de la pisciculture n’ont pas l’obligation de déclarer leurs prélèvements avant le 31 mars 2016. Le poids de ce secteur, présentement au sixième rang des consommateurs d’eau avec moins de 1  % des prélèvements déclarés, devrait donc s’affirmer dans l’avenir et représenter plus fidèlement la réalité. En effet, selon les estimations de la section 2.5.2, il est possible d’évaluer la part de ce secteur à près de 18 % des prélèvements québécois.

En dépit des difficultés méthodologiques mentionnées, une étude d’AAC affirme que le sous- secteur de la fabrication des aliments et boissons (codes SCIAN 311 et 312) est responsable, en 2005, de 19,7 % des prélèvements d’eau des industries manufacturières canadiennes (Maxime et autres, 2010). Ce niveau de prélèvement place ce sous-secteur au troisième rang des consommateurs d’eau au Canada, derrière la fabrication du papier (33,4 %) et la première fusion des métaux (20,6  %). Ces résultats correspondent assez fidèlement au portrait dépeint par les déclarations des grands préleveurs québécois. L’industrie de la transformation alimentaire québécoise étant composée d’une multitude de petites et moyennes entreprises, il y a lieu de croire qu’un meilleur suivi de la consommation d’eau des petits et moyens préleveurs résulterait en une progression de ce sous-secteur au palmarès des secteurs manufacturiers intensifs en eau.

Tableau 4.2 : Prélèvements déclarés par les grands préleveurs québécois par sous-secteurs de fabrication en 2011, et investissements étrangers au Québec par sous-secteurs de fabrication en 2012 (compilation d’après MDDEFP, 2013 et ISQ, 2012b)

Sous-secteurs (code SCIAN) Prélèvements (m3) Importance relative prélèvements Rang déclarés 2011 Rang investissements étrangers, Québec, 2012 (322) Fabrication du papier 250 112 452 49,11 % 1 3

(331) Première transformation des métaux 156 917605 30,81 % 2 1 (325) Fabrication de produits chimiques 43 595 980 8,56 % 3 2

(311) Fabrication d’aliments 31 269 198 6,14 % 4 5

(324) Fab. de produits du pétrole et du charbon 8 214 513 1,61 % 5 n.d. (339) Activités diverses de fabrication 5 973 090 1,17 % 6 12 (326) Fab. de produits en plastique et en caoutchouc 3 812 273 0,75 % 7 4 (327) Fab. de produits minéraux non métalliques 3 683 640 0,72 % 8 9 (321) Fabrication de produits en bois 2 443 035 0,48 % 9 11 (312) Fab. de boissons et de produits du tabac 1 382 148 0,27 % 10 n.d. (332) Fabrication de produits métalliques 1 208 565 0,24 % 11 7

(313) Usines de textile 629 471 0,12 % 12 15

(334) Fab. de produits informatiques et électroniques 11 496 0,002 % 13 8 Total : 509 253 467