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Total 3 129 881 383 100,0 % 100 % * Exclus les codes 2211 (production, transport et distribution d'électricité autres que de combustibles fossiles),

4. PROPOSITION DE MODÈLES D’EXPLOITATION DES RESSOURCES HYDRIQUES QUÉBÉCOISES

4.1 Exploitation durable de l’eau à des fins industrielles

4.1.1 Avantages économiques

Les industries intensives en eau pourraient donc s’intéresser au Québec au moment de choisir leurs sites d’opérations ou lorsque la délocalisation pour des raisons de manque d’eau s’impose. Mais cet intérêt est-il réciproque? Le Québec ferait-il le bon choix en pavant la voie à ces industries? L’activité économique et la création de valeur ajoutée qui en résulte semblent en effet générer plusieurs avantages : effet de levier économique, création et maintien d’emplois en région, attraction d’investissements étrangers.

Effet de levier économique

Un avantage majeur de l’exploitation industrielle de l’eau comparée à sa vente massive, est son effet positif accru sur l’activité économique. Les pays exportateurs de ressources naturelles font face à divers défis communs, dont celui d’en maximiser les retombées économiques. À cet égard, un rapport du Conseil international du Canada (CIC), publié le 16 novembre 2012, présente neuf des meilleures pratiques des pays dont l’économie repose sur l’exportation de commodités. La seconde d’entre elles est la création de valeur ajoutée aux ressources naturelles exportées (Drohan, 2012). Au titre des avantages, l’auteure cite « une part accrue de la richesse de la ressource qui reste dans l’économie domestique; la création de nouvelles industries possiblement moins cycliques; le développement de nouvelles technologies et de nouveaux procédés dont les applications peuvent également bénéficier à d’autres secteurs [...] » (traduction libre de Drohan, 2012, p. 23-24). L’importance d’ajouter de la valeur aux commodités est également soulignée par une étude de l’OCDE affirmant que « la transition de la dépendance à l’exportation de commodités vers la production et la fabrication de produits devrait être la priorité pour les pays riches en ressources naturelles » (OCDE, 2011).

Livraison sur de plus longues distances

Tel qu’abordé à la section 2.6.2, l’ajout de valeur au produit permet à celui-ci de supporter de plus grands frais de transport. Les produits ajoutant de la valeur à l’eau auraient alors accès à des marchés distants qui sont présentement et à court terme impossibles de développer économiquement pour l’eau en vrac. Selon la nature des produits fabriqués, le Québec pourrait approvisionner n’importe quel pays, si certaines conditions économiques sont rencontrées.

En effet, malgré les efforts de diversification des marchés et les progrès des dernières années en ce sens, les principaux marchés des livraisons manufacturières québécoises demeurent, pour l’essentiel, les marchés naturels de proximité. Ainsi, en 2009, les destinations de produits québécois étaient le marché domestique (44 %), le reste du Canada (21 %) et les marchés internationaux (35 %) (Institut de la Statistique du Québec (ISQ), 2011). En 2011, en termes de valeur des ventes internationales, les principales destinations des produits québécois étaient les États-Unis (67,6 %), l’Union

européenne-2715 (12,7 %) et la Chine (3,8 %) (ISQ, 2012a). L’importance de la relation commerciale entre le Canada et les États-Unis est d’ailleurs en partie reflétée par l’origine de l’eau servant à la fabrication des produits consommés par les Américains. En effet, le bassin versant des Grands Lacs et du Saint-Laurent est la seconde source de l’eau servant à la fabrication de ces produits (31,4 km3/ an), derrière le bassin versant de la rivière Mississippi (254,4 km3/an) et pratiquement à égalité avec celui de la rivière Columbia (30,4 km3/an) (Mekonnen and Hoekstra, 2011b). Évidemment, le bassin des Grands Lacs et du Saint-Laurent étant partagé par le Canada et les États-Unis, une large part de l’eau qui y est puisée alimente directement la production américaine et une portion complémentaire transite aux États-Unis par les exportations canadiennes et québécoises.

Les marchés étrangers sont ainsi responsables d’une part importante de la consommation d’eau canadienne. Ainsi, en 2005, 66 % de l’eau utilisée au Canada était destinée aux produits d’exportation, comparativement à 34 % pour la demande intérieure si on exclut l’eau de la production d’hydroélectricité, qui est non dégradée et retournée entièrement à l’environnement. En excluant l’eau verte du calcul, le rapport s’inverse alors : 37 % de l’eau consommée alimente les besoins internationaux et 63 % les besoins nationaux. Ceci s’explique par la prépondérance des produits agricoles et forestiers dans les exportations canadiennes. (Statistique Canada, 2010)

Création d’emplois en régions

Rapprocher la consommation industrielle d’eau de la ressource pourrait favoriser la création et le maintien d’emplois en régions. En raison de sa position géographique, il pourrait toutefois subsister un avantage à encourager l’établissement des industries intensives en eau dans la région de la Capitale Nationale. En effet, la plupart des bassins versants en régions habitées se déversent dans le Saint- Laurent. On peut donc envisager que des industries gagneraient à s’installer quelques kilomètres en amont de la zone d’eau saumâtre du Saint-Laurent, située en aval de l’Île d’Orléans. Ce faisant, elles sécuriseraient leurs approvisionnements puisque ceux-ci seraient renouvelés par l’eau de l’ensemble des bassins versants qui alimentent le fleuve plutôt que par les apports en eau propre à un seul bassin versant. Cette logique repose toutefois sur une stabilité de l’apport en eau des Grands Lacs. Par contre, si des industries intensives en eau décidaient de s’approvisionner à même l’eau des bassins versants, une attention particulière devrait alors être portée au cumul des prélèvements autorisés en amont des ouvrages hydroélectriques, afin d’éviter qu’une réduction des débits puisse en affecter la rentabilité.

Attraction d’investissements étrangers

L’attraction d’investissements étrangers directs est un vecteur de croissance important pour toute économie. Au Québec, en 2012, l’investissement direct étranger s’établissait à 9,2 G$16, soit 35,7 %

15 Union européenne-27 : Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Irlande, Danemark, Espagne, Estonie, France,

Finlande, Grèce, Hongrie, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Pologne, République de Chypre, République de Malte, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Pays-Bas, Portugal, Slovaquie, Slovénie et Suède.

du total des investissements privés non résidentiels (Statistique Canada tel que compilé par ISQ, 2012b). Cette part est en hausse depuis 2010, alors qu’elle s’établissait à 28,6 %17 (ibid.). Les investisseurs américains sont les plus actifs au Québec, avec 41,3 % des investissements étrangers en 2012. Les industries québécoises qui ont le plus bénéficié de ces investissements étrangers sont l’industrie minière (2,7 G$) et celles de la fabrication (2,4 G$), dont les principaux sous-secteurs de fabrication qui attirent les investisseurs sont présentés dans le tableau 4.1.

Tableau 4.1 : Investissements étrangers au Québec, en 2012, par sous-secteurs de fabrication (compilation d’après ISQ, 2012b)

Rang Sous-secteur M $* Rang Sous-secteur M $*

1 Première transformation des métaux

(331) 820,3 10 Fabrication de matériel, d’appareils et de composantes électriques (335) 41,9 2 Fabrication de produits chimiques (325) 306,6 11 Fabrication de produits en bois (321) 38,1 3 Fabrication du papier (322) 223,2 12 Activités diverses de fabrication (339) 27,4 4 Fabrication de produits en caoutchouc et

en plastique (326) 139,7 13 Fabrication de machines (333) 21,2 5 Fabrication d’aliments (311) 103,8 14 Impression et activités connexes de

soutien (323) 11,4

6 Fabrication de matériel de transport (336) 103,6 15 Usines textiles (313) 8,5 7 Fabrication de produits métalliques (332) 70,9 16 Fabrication de meubles et de produits

connexes (337) 2,3

8 Fabrication de produits informatiques et

électroniques (334) 57,3 17 Usines de produits textiles (314) 0,9 9 Fabrication de produits minéraux non

métalliques (327) 51,5 18 Fabrication de vêtements (315) 0,8 * Perspectives au troisième trimestre de 2012.

* Perspectives au troisième trimestre de 2012. * Perspectives au troisième trimestre de 2012. * Perspectives au troisième trimestre de 2012. * Perspectives au troisième trimestre de 2012. * Perspectives au troisième trimestre de 2012.

La grande disponibilité de l’eau au Québec est un avantage compétitif majeur à considérer pour le choix de localisation des entreprises intensives en eau. Cet argument est d’ailleurs mis en valeur par Investissement Québec afin d’attirer des investisseurs étrangers dans le secteur agroalimentaire (Investissement Québec, 2011a). Selon la nature des opérations de ces entreprises, elles nécessiteront davantage d’eau verte ou bleue (toutes deux amplement disponibles au Québec).

Le lien intime entre la disponibilité de l’eau et celle d’une énergie abondante et abordable est un autre motif qui peut inciter les industriels à s’implanter dans des régions en surplus d’eau. Tel que mentionné à la section 1.2.5, la faible disponibilité de l’eau peut s’avérer un frein à la production énergétique. Les États-Unis sont notamment confrontés à cette réalité. L’eau du Québec représenterait donc un argument additionnel pour attirer les industries manufacturières qui nécessitent à la fois de grands volumes d’eau et d’électricité.