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Historique de l’informatique et d’internet au Burkina

Des enjeux économiques et sociopolitiques : facteurs d’adhésion de l’État burkinabé aux discours promotionnels

CHAPITRE 3 : LES TECHNOLOGIES NUMERIQUES DANS LES POLITIQUES PUBLIQUES AU BURKINA

I- Historique de l’informatique et d’internet au Burkina

Une partie des données qui ont servi à la rédaction de cet historique sont issues du portail d’information sur l’usage des « TIC pour le développement » le faso-dev.net1 et de la MSHA, Pessac2. L’informatique a fait son entrée au Burkina Faso avec la création du CENATRIN (centre national de traitement de l’information) en 1970, l’objectif était d’assurer la maîtrise et la vulgarisation de l’outil informatique. Le premier plan directeur informatique national de 1990 à 1995 devait permettre le développement de la micro-informatique, avec une croissance dans les investissements informatiques de l’ordre de 16,1%. Cette période a vu le parc informatique passer de 1000 à près de 2700 ordinateurs. Cet effectif est passé à 10 000 ordinateurs à la fin de l’année 2000.

1http://faso-dev.net/Telecoms.html?page=static Date de consultation : 03 janvier 2011

2http://www.msha.fr/msha/publi/en_ligne/netafriq/historique/textehist.htm date de consultation : 03 janvier 2011

Le Burkina Faso a été l’un des premiers pays d’Afrique à profiter d’un accès à Internet. Dès 1989, des chercheurs de l’ORSTOM1 ont installé à Ouagadougou un serveur UNIX et un réseau TCP/IP de 5 ordinateurs, qui se connectait au reste du réseau mondial par modem. Ce mini réseau donnera plus tard naissance au RIO (réseau intertropical d’ordinateurs),

ancêtre de l’internet africain. En 1991, l’ONATEL s’équipe d’un réseau de transmission de données, dénommé FASOPAC, qui permet à l’ORSTOM de disposer de la messagerie électronique. En 1993, « le top level domain » « .bf » est créé par l’ORSTOM et l’ESI (l’Ecole Supérieure d’Informatique), basée à Bobo-Dioulasso. En 1994, des chercheurs arrivent à se connecter à internet dans une salle mise à leur disposition dans les locaux de l’ORSTOM, durant le deuxième colloque africain de recherche informatique.

Comme on peut le constater le développement de l’internet au Burkina a été impulsé par l’action d’acteurs étrangers, notamment l’ORSTOM. Ce cas n’est pas spécifique au Burkina, mais est commun à plusieurs pays africains, comme le disent Roland Ducasse, Noble Akam, Mathieu Koua-Saffo, André-Jean Tudesq2, Selon ces auteurs, l’entrée d’internet dans certains pays d’Afrique au Sud du Sahara ne s’est pas faite dans le cadre de politiques publiques, ou sous la pression d’opérateurs nationaux de télécommunications. Cette entrée a été le résultat des stratégies et des logiques de communication propres aux réseaux de coopération scientifique et technique, aux réseaux d’universités, d’ONG, etc. Ces réseaux de coopération ont apporté les technologies, les modes de fonctionnement, les protocoles. Ces réseaux ont aussi établi l’architecture des ramifications de pays africains (comme le Burkina, le Mali, le Sénégal pour ne citer que ceux-là), permettant ainsi les usages d’informations entre les membres de la communauté scientifique. De ce fait, au moment où les opérateurs de télécommunication se sont intéressés à internet dans des pays comme le Burkina, des compétences locales, des savoir-faire, des stratégies existaient au sein de la communauté universitaire et scientifique. Cette communauté était en mesure de s’approprier la technologie et les instruments de gestion et de régulation des services nationaux.

1 ORSTOM : Office de la recherche scientifique et technique outre-mer, remplacé par l’IRD : l’institut de recherche pour le développement. Il s’agit d’instituts français.

2 Roland Ducasse, Noble Akam, Mathieu Koua-Saffo, André-Jean Tudesq, 2003, « Étude historique de l’internet en Afrique », Pessac.

Selon les auteurs ci-dessus cités, la période de « portage » par les partenaires issus des pays développés durant la phase de mise en service des équipements de connexion et de transmission spécifiques (entre autres), s’étalera dans la plupart des cas de 1990 à 1997. Du fait de ce « portage », il est difficile de dater l’avènement d’internet dans un pays d’Afrique subsaharienne. Ils considèrent pour cette datation, qu’un pays dispose de l’internet dès lors que trois conditions sont satisfaites :

– le domaine national a fait l’objet d’une déclaration d’ouverture auprès de l’INTERNIC1;

un organisme national gère la base de noms de domaine ;

– un serveur de noms de domaine est installé sur le territoire national (la connexion " full-IP" est active).

Pour eux, la première condition est politique, la seconde est administrative et peut donc être déléguée et la troisième est technologique.

L’encadré en annexe (extrait dont les données sont issues de l’étude des auteurs précédemment cités) donne davantage d’informations sur l’importance des noms de domaines et sur quelques enjeux qui se jouent autour de leur gestion. Il ne s’agit là que d’une présentation de cette question de nom de domaine, qui demande à être davantage analysée dans le cadre général de la gouvernance mondiale d’internet, des stratégies d’acteurs et des enjeux qui accompagnent cette gouvernance.

Le travail (sur 46 pays africains) de ces auteurs montre que pour le cas du Burkina Faso, l’ouverture du nom de domaine auprès de l’INTERNIC date de 1993, sous l’action de l’ORSTOM. La nationalisation de la gestion administrative des noms de domaine date aussi de 1993. Pour ce qui est de l’installation du serveur dans le pays et la création du nom et adresse IP, elle date de 1997 (par l’Onatel). L’opérateur historique gérait aussi le domaine national.

La première connexion en IP du Burkina à internet fut réalisée par Sylvain ZONGO le 9 avril 1996 en Afrique du Sud, où une connexion de type X25 fut utilisée pour accéder à une base de donnée hébergée à l’IRD (ex ORSTOM) à Ouagadougou. L’ouverture officielle de d’internet au public est effective le 19 mars 1997 à Ouagadougou. Internet était désormais

1L’INTERNIC : Internet’s Network Information Center, est un organisme américain qui attribue des noms de domaines, dispose de statistiques sur l’internet, et les met à la disposition des utilisateurs.

accessible aux Burkinabé, par l’intermédiaire de l’opérateur canadien « TELEGLOBE ». L’année 1997 verra le transfert de la gestion du TLD à l’ONATEL, mais il reste sous la responsabilité de la DELGI. En mars 1998, la première liaison spécialisée est installée entre l’ONATEL, l’Université de Ouagadougou et l’IRD.

Depuis 2005 le Burkina a mis en service la fibre optique qui est fonctionnelle sur 1 000 kilomètres environ, sur l’axe Ouagadougou- Bobo Dioulasso - Orodara frontière du Mali. Celle-ci est reliée directement au câble SAT3 installé au Sénégal, via le Mali. Ce réseau optique permet le transport d’une gamme variée d’informations augmentant du même coup la capacité du pays en matière de télécommunication, de télévision et également de transmission des données par internet.