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Echelle géographique Critères Choix

Figure 14: Processus de sélection des zones d'étude

1) Localisation des projets actuellement établis

D’après les résultats présentés dans le tableau 5, on peut s’apercevoir que l’ensemble du pays est concerné par l’intérêt des investisseurs étrangers. Néanmoins ceux-ci sont majoritairement localisés dans les zones Sud et Centre du pays. La zone Nord, plus enclavée, est quant à elle majoritairement concernée par des projets de plantations forestières. Dans la zone Sud, les provinces de Gaza et Inhambane présentent à elles deux un peu moins de 20 projets. Ce sont majoritairement des acquisitions foncières pour de l’élevage et de la production de jatropha. Dans la province de Maputo, on retrouve également plusieurs projets, notamment à proximité de la frontière avec l’Afrique du Sud. Plusieurs entretiens avec des personnes ressources au Mozambique ont permis de mettre en évidence le fait qu’une part importante des projets d’investisseurs étrangers établis dans la région Sud du pays n’avaient pas été mis en place ou avaient fait faillite, rendant la collecte d’informations impossible.

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Enfin, la partie centrale du pays semble, selon ces résultats, être la plus concernée par l’attrait des investisseurs étrangers. Ces projets concernent des productions diversifiées telles que de la canne à sucre, du jatropha, des productions horticoles, du soja. Le nombre important de projets et la diversité des productions ciblées nous a donc poussés à choisir la partie centrale du Mozambique.

2) Eléments de l’histoire agraire du pays

L’histoire agraire du Mozambique, et notamment l’évolution de la place des investisseurs étrangers dans le secteur agricole, constitue un deuxième avantage du choix de réaliser une analyse des projets d’acquisitions foncières à grande échelle dans ce pays et plus particulièrement dans la partie centrale. En effet, le contexte historique du développement agricole national constitue une excellente opportunité pour resituer le phénomène actuel dans l’histoire agraire longue (Edelman et al. 2013). Newitt (1995) et Bowen (2000) montrent que la partie centrale du Mozambique est le théâtre du développement de grandes structures de productions agricoles par des investisseurs étrangers depuis quasiment 150 ans. La partie sud du pays a également été concernée par l’installation de nombreux agriculteur portugais durant la période coloniale (Bowen 2000) néanmoins le développement de plantations agricoles dans cette zone était rendu difficile par la forte concurrence pour la force de travail des secteurs miniers et agricoles Sud-Africains qui entrainaient une très forte migration (Mercandalli 2013). Le choix de localiser notre analyse dans la partie centrale du pays nous permettra de comprendre dans quelle mesure les projets actuels s’inscrivent dans la lignée des vagues d’investissements précédentes (implantation dans les mêmes zones, mise en place de modèles d’entreprise similaires, etc.). La comparaison des caractéristiques actuelles des projets avec les éléments historiques présentés dans ce chapitre nous permettra de resituer la vague actuelle d’acquisitions foncières dans des processus de long terme.

3) Découpage institutionnel opéré par la politique agricole nationale

Enfin, le troisième avantage que présente le choix du Mozambique pour réaliser notre analyse réside dans l’orientation de sa politique foncière. Le Mozambique a acquis une reconnaissance générale pour avoir ce que certains appellent « la meilleure loi foncière en Afrique » (DfID 2008). Pourtant, l’objectif initial était complexe puisqu’il fallait pouvoir intégrer dans une même loi la domanialité de la terre, la reconnaissance de la légitimité des droits coutumiers et fournir aux

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investisseurs des droits d’usages de long-terme pouvant s’intégrer dans une économie de marché. Cette politique foncière est dans la droite lignée de la politique agricole duale (Leavy et Poulton 2007, p25) du Mozambique basée sur i) une volonté d’intégrer les agriculteurs familiaux au marché via différents mécanismes comme l’agriculture contractuelle et ii) des mesures faisant la promotion des investisseurs à grande échelle dans l’agriculture afin d’améliorer la compétitivité du secteur sur les marchés internationaux (Oya 2012, p9). L’analyse du phénomène dans un tel contexte institutionnel nous permettra d’analyser la possibilité de collaboration entre ces différentes structures de production agricole et la capacité des investissements fonciers à engendrer des restructurations agraires incluant les agriculteurs familiaux.

Dans le cadre de sa politique de développement agricole, définie en 2011 dans le « Plano Estratégico para o Desenvolvimento do Sector Agrário » (PEDSA), le Gouvernement du Mozambique a adopté une stratégie structurée autour de « région de développement », autrement appelé corridor (Ministério da Agricultura de Moçambique 2010). Selon Collier et Venables (2012, p11), un « corridor » peut être défini par « l’intersection d’une fourniture de différents biens publics et donc ayant une continuité territoriale avec une gouvernance, des caractéristiques agronomiques et un niveau d’accès aux biens publics communs ». Au sein de ce corridor, le gouvernement a un ensemble d’instruments de politiques pour augmenter la productivité (fourniture d’infrastructures, définition des termes de contrats d’accès au foncier, niveau de taxes et de subventions, etc). Cette stratégie peut entraîner une dynamique d’incitation car avec ces initiatives la terre prend « de la valeur » au sein du corridor, même si elle est abondante partout ailleurs.

Afin d’attirer des investisseurs étrangers, le Gouvernement du Mozambique a donc décidé de miser sur la fourniture d’accès à des infrastructures et des incitations fiscales. Ainsi, six corridors de développement ont été identifiés dans le pays. Le Gouvernement du Mozambique a également défini, pour chacun des corridors, certaines cultures prioritaires pour lesquelles il souhaitait voir des investisseurs développer des projets. La figure 15 présente ces caractéristiques ainsi que la localisation des corridors de développement.

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Figure 15: Localisation des corridors de développement et chaînes de valeur prioritaires

Source : CEPAGRI, PEDSA

La région centrale du Mozambique est donc constituée de trois corridors de développement. Le principal est le Corridor de Beira qui est localisé dans les provinces de Sofala et Manica et plus particulièrement autour de l’axe de communication qui relie les capitales des deux provinces, respectivement Beira et Chimoio. Parmi les nouvelles cultures prioritaires définies par le Gouvernement du Mozambique on retrouve notamment les productions horticoles. Celles-ci s’ajoutent à la production de canne à sucre, développée historiquement dans cette région. Le deuxième corridor est celui de la Vallée du Zambèze qui est localisé le long du fleuve et enfin le troisième corridor est celui de Nacala. En effet, plusieurs districts de la province de Zambezia (Gurué et Alto Molocué) ont été inclus dans le projet de développement du corridor de Nacala, en raison du projet Pro-Savana (PROSAVANA 2013).

Chacun de ces corridors est soutenu par une institution, fonctionnant selon le principe du partenariat public-privé (pour le corridor de Beira qui traite également des investissements étrangers dans la vallée du Zambèze) ou qui est développée dans le cadre d’un projet de coopération trilatérale (projet PRO Savana pour le corridor de Nacala), en charge de la promotion et de la mise en place des programmes prévus par le plan stratégique de développement agricole. Le Beira Agricultural Growth Corridor (BAGC), institution chargé de la promotion des investissements dans le corridor de Beira est celui qui a été établi en premier en 2010. Les quelques années de fonctionnement de l’institution nous

Corridor Chaînes de valeur prioritaires selon le Gouvernement du Mozambique

Pemba – Lichinga

Pomme de terre, blé, haricot, maïs, soja, coton, tabac et volaille

Nacala Manioc, maïs, coton, horticulture, volaille et arachide

Vallée du Zambèze

Riz, maïs, pomme de terre, élevage bovin et caprin, volaille et coton

Beira Maïs, blé, horticulture, volaille, soja, riz et élevage bovin

Limpopo Riz, horticulture, élevage bovin et volaille

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permettront d’analyser comment et dans quelle mesure le fonctionnement de cette institution entre en interaction avec les investissements fonciers à grande échelle. Nous avons donc choisi de réaliser notre analyse dans la partie centrale du Mozambique, et au sein de la région centrale du Mozambique, qui représente plus de 333 000 km², nous avons réduit la taille de notre zone d’étude à 3 zones particulières.

II - Trois zones d’étude aux caractéristiques contrastées

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