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CHAPITRE 1 : Présentation de l’espèce

7. Habitat et répartition bathymétrique

M. merluccius est parmi les espèces démersales et bentho-pélagiques caractérisées par une importante ségrégation bathymétrique durant son ontologie. En effet, la répartition bathymétrique de cette espèce est liée au comportement éco-biologique de l'espèce (Maurin, 1954; Bartolino et al., 2008) et précisément le cycle de reproduction (Guichet, 1996) et le

21 régime alimentaire (Maynou et al., 2003) qui déterminent les principales migrations et la répartition géographique des différents groupes d’âge.

Depuis les années 1930, la côte tunisienne a fait l'objet de diverses missions océanographiques effectuées par plusieurs navires. Parmi les objectifs, est la distribution des espèces ciblées par le chalutage benthique tout le long des côtes tunisiennes depuis la frontière tripolitaine jusqu'à la frontière algérienne. Le merlu est parmi les espèces existantes durant ces missions.

D'après la direction générale des travaux publics (1923), les recherches effectuées au cours des croisières de la "Perche" (1920), de l'"Orvet" (1921-1922), le "Pourquoi Pas" (1923) et les différents chalutiers, le merlu est capturé dans plusieurs secteurs à partir de la frontière algérienne jusqu'à la frontière tripolitaine. En effet, le secteur de Tabarka de la frontière tunisienne au Cap Serrat n'a pas été exploré par la croisière. D'après le Pourquoi Pas, le merlu n'est pas présent dans le secteur du Tabarka, plus précisément entre la côte et le plateau rocheux de la Galite. De même, la présence du merlu n'est pas confirmée dans le secteur de Bizerte (du Cap Serrat à l'île Plane y compris la Galite et les Esquerquis) et le banc Esquerquis,. Dans le secteur de la Goulette (de l'île Plane à Kélibia) sur une étendue de quelques milles dans le Sud-Est et à peu de distance de Zembra dans le Sud-Est et à peu de distance de l'île Plane, le merlu est parmi les principales espèces exploitées dans ces zones.

Dans le secteur de Sousse (de Kélibia à Ras Kapaudia), au niveau de Kélibia vers Pantellaria et vers le banc de Kurbah, le merlu est pêché et il est ramené par le filet et ce même au large par les fonds supérieurs à 200 m. Plus à l'Est, sur les fonds au Sud du golfe de Hammamet plus près de la côte, sur le plateau de Kuriat et jusqu'à 10 à 15 miles au large, le merlu est parmi les espèces dominantes. Aussi, il est présent le long de la côte, vers le Ras-Salakta.

Dans le secteur du Sud allant de secteur du Sfax (de Ras Kapaudia à Burmadha y compris Kerkenah) au Golfe de Gabès (le Golfe, Djerba, région frontière) et les régions frontières, le merlu n'a pas été repéré au large à partir de 20 et jusqu'à 80 m.

En Tunisie, le merlu est le plus souvent capturé en tant que prise accessoire. D'après Le Danois (1925) au Sud au-delà de 50 m, la densité des animaux sur le fond est importante.

Pour l'Est il est présent dans une profondeur entre 50 et 100 m dans le golfe de Hammamet.

Un peu plus loin, vers les profondeurs de 100 à 120 m à l'Est du banc de Kurbah, le merlu est présent avec des quantités notables comme il est bien représenté dans les profondeurs qui varient entre 90 à 180 m. Tandis qu'il est parmi les espèces caractéristiques dans le Golfe que marque l’isobathe 200 m entre La Galite et le banc Lesec.

22 En 1928, Chambost a décrit la région de Salambôo, Molinier et Picard (1954) ont présenté la première étude synthétique des communautés supralittorales, médiolittorales et infralittorales du golfe de Tunis mais le merlu n'était pas présent dans ces zones.

Les travaux qui ont suit ont été entrepris par Ben Mustapha (1966) qui a présenté la carte de pêche pour les côtes Nord de la Tunisie. La prospection par le "Dauphin" a montré que le merlu compte parmi le genre prédominant au Nord. En effet, le merlu est présent abandonnement au Nord et il est repéré dans le golfe de Tunis dans les profondeurs variant entre 50 et 90 m, et à l'entrée du Golfe dont les fonds sont compris entre 100 et 140 m et à l'Est, Nord Est du Cap Farina dont les fonds variant de 160 à 240 m et dans les profondeurs entre 200 et 300 m de la zone recouvrant une partie du Canal des Esquerquis et dans le secteur qui comprend la zone située au Nord Est de la Galite et dont la profondeur des fonds varie entre 300 et 500 m. Il se trouve aussi dans le même secteur mais au Nord du Cap Serrat parallèlement à l'isobathe des 100 m où les profondeurs varient de 120 à 170 m et dans le secteur recouvrant en partie le Canal de La Galite situé entre 200 et 500 m.

En 1968, Azouz a montré qu'il n'était pas rare de trouver le merlu dans l'étage circalittoral au niveau de la ceinture littoral de 20 m à 50 m, parfois en assez grande taille en hiver. De même, il est rencontré en quantité exploitable par les bateaux de faible tonnage au niveau de la vase côtière, mais le meilleur domaine exploitable est celui des fonds de transition où se trouve le merlu avec des quantités et une taille commerciale importante.

Un peu plus tard, Ktari Chakroun et Azouz (1971) nous ont donné une idée sur la présence du merlu au Sud tunisien (tableau 4).

Tableau 4. Rendement horaire du merlu du secteur central du Golfe de Gabès 1969-1970.

[50-60[ [60-80[ [80-130[ [130-200[ [200-300[ (plateau et canal de Galite) et 2- le secteur du Cap Zebib (île Cani) et "mers neuves" (Nord-Est).

Parmi les plus importantes espèces exploitées dans le Nord et le Sud sont le rouget de vase, le rouget de roche, le merlu et le pageot. Pour le merlu c'est très commun sur tous les

23 fonds circalittoraux et dans l'horizon supérieur de l'étage bathyal. Il devient rare dans l'horizon moyen bathyal. Son taux de fréquence est de 31%, sur les fonds circalittoraux supérieurs à 40% sur les fonds circalittoraux inférieurs, 28% dans l'horizon supérieur bathyal et 1% dans l'horizon moyen bathyal. Les plus grands individus se rencontrent sur les fonds bathyaux (taille maximale récoltée = 72 cm) et les jeunes sont souvent sur les fonds circalittoraux supérieurs. D'après Azouz (1974), il semble que la taille augmente avec la profondeur malgré l'importance des captures des jeunes de 15 à 17 cm dans les grandes profondeurs. Tandis que dans la région du golfe de Gabès, le merlu est récolté en grande quantité, mais avec une taille moyenne. De même en Sardaigne, Dupont (1970) constate que c'est surtout la taille maximale du merlu qui augmente avec la profondeur et que la taille minimale ne suit que de loin, cette tendance.

Dans la région Est, Azouz et Ben Othman (1975) rapportent que de Kélibia à Nabeul, au niveau du plateau continental de 50 à 400 m le merlu est présent et que cette espèce compte parmi les espèces de première qualité. Et que de Nabeul à Sousse (golfe de Hammamet) et surtout de Sousse à Mahdia, le merlu fait partie de la faune de 80 m.

Dans son rapport, Bouhlal (1977) présente l'évolution du rendement horaire du merlu dans le Nord du pays à l'intérieur (< 80 m) et à l'extérieur (entre 80 et 100 m) du golfe de Tunis (Tableau 5).

Tableau 5. Rendement horaire du merlu à l'intérieur et l'extérieur du golfe de Tunis.

Hiver Printemps Eté Automne

Intérieur Extérieur Intérieur Extérieur Intérieur Extérieur Intérieur Extérieur

R/httotal (kg.h-1) 80 77 149 74 166 79 146 78

R/hmerlu(kg.h-1) 23 12 33 8 22 14 37 15

Rejettotal(kg.h-1) 20 20 10 5 14 3 45 5

Rejetmerlu(kg.h-1) catégorie moyenne et petite sont plus

Gharbi (1979) montre aussi qu'au Nord de Bizerte à des profondeurs comprises entre 200 et 250 m, le rendement horaire du merlu est de 8 kg.h-1. Pour une profondeur entre 71 et 73, le merlu était absent. Il est de 2,7 kg.h-1 entre Cap Serrat et Cap Negro et 1,6 kg.h-1 pour la zone de la Galite pour une profondeur de 70 à 348 m.

En 1980, Bonnet et son équipe ont réalisé une campagne de prospection sur "Pélagia"

exposant que dans la zone Nord de Tabarka au Cap Bon, 60 kg de merlu ont été capturés dans 250 et 200 m et 35 kg (moyen et gros) pour 160 à 200 m. Plus à l'Ouest, entre l'écueil des Sorelle et le Banc Lesec entre 420 et 510 m, le merlu est aussi bien présent. La prospection de

24 la bordure méridionale du Banc des Esquerquis entre 300 et 350 m a montré la présence de merlu (50 kg). Dans le large du golfe de Tunis au Nord-Ouest de Ras Fartas entre 33 et 46 m, des petits merlus ont été présents. Dans la zone Est (de Cap Bon à Ras Kapaudia) entre 180 à 300 m, du Cap Bon à la latitude Sousse, 100 kg de merlu ont été capturés. Dans le Sud de Kélibia entre 50 et 65 m Pélagia a fourni 5 kg de merlus moyens. Dans la zone Sud-Est (de Lampedusa à Tripolie) de l'île Lampedusa, entre 180 et 250 m, Pélagia n'a obtenu qu'un faible rendement entre 5 et 30 kg.h-1 de rouget et de merlu. Dans l'Est de Kerkenah, dans sa partie Sud, sur des fonds de 130 m, les rendements horaires sont assez élevés, dont 9 kg de merlu.

Au large de golfe de Gabès entre 60 et 75 m on rencontre de merlu et entre 120 et 160 m, des merluchons sont capturés.

La prospection du golfe de Gabès a donné 1,14 kg.h-1 de merlu (Ghorbel et Bradai, 1983).

Evoluant dans le temps, les rendements horaires du merlu diminuent (Gharbi et al., 1986).

Dans la zone du golfe de Tunis et mer neuve, pour des faibles profondeurs inférieures à 50 m , le rendement horaire est de 24,9 kg.h-1. Au-delà de l'isobathe 50 m, le merlu est de 22 kg.h-1. Un peu plus profond il devient moins abondant avec 9,6 kg.h-1 (100 à 200 m). Dans la zone de Bizerte entre Ras Enghela et Cap Zebib entre l'isobathe 50 et 100 m, le merlu capturé est de 3,4 kg.h-1, mais entre 100 et 200 m il devient plus abondant (5,45 kg.h-1). Au-delà de 200 m on a 0,5 kg.h-1. Entre la zone de Cap Serrat et la Galite entre l'isobathe 500 et 100 m le chalut a récolté 1,3 kg.h-1 de merlu, entre 100 et 200 m le rendement est plus important il est de 2,9 kg.h-1.

De même dans le golfe de Gabès, le rendement est de 0,5 kg.h-1 (Ben Meriem et Gharbi, 1989). Plus on évolue dans le temps plus le rendement de l'espèce diminue.

Durant la campagne réalisée en 1999, les rendements varient d'un trait à un autre, la moyenne est de 8,97 kg.h-1 de merlu. Pour le rejet, le rendement de merlu non commercialisable est de 0,64 kg.h-1 représenté par une taille trop petite (Zarrad et al. 2000).

D’après les campagnes de chalutages expérimentaux, les rendements horaires du merlu tout le long de la côte tunisienne présente une tendance à la diminution (Fig. 10) ; notons que ces rendements varient d’une saison à une autre avec une importance pendant la saison printanière et automnale (Fig. 11). Comme on assiste à une similarité dans l’évolution du rendement, on peut dire que le merlu en Tunisie représente une seule unité.

Les dernières campagnes de prospection datant de 2010, Khoufi et al. (2012a) révèle que l’espèce semble très fréquente dans la région Nord, allant de la côte du Nord de la Tunisie

25 au-delà du talus continental. Les résultats obtenus sur la répartition spatiale et bathymétrique de l’espèce montrent que celle-ci a une large répartition bathymétrique allant de la côte jusqu’aux grandes profondeurs, en effet, les individus sont présents entre 30 et 600 m, bien que la présence de l’espèce est faible pour des profondeurs supérieures à 400 m. Le merlu est répartit tout le long des strates bathymétriques avec une abondance estimée à 8,23 kg.h-1 au niveau de la strate 250 et 400 m et une abondance relativement importante estimée à 13,45 kg.h-1 entre les isobathes comprises entre 50 et 200 m. Ces résultats sont en accord avec les premiers travaux de Bouhlal (1973) montrant que vers la fin de l’hiver et le printemps le merlu des côtes de Tunisie effectue lui aussi des déplacements du large vers la côte. Cet aspect semble être une caractéristique comportementale du merlu confirmé par plusieurs auteurs.

Figure 10. Evolution du rendement horaire de merlu au Nord et au Sud.

Figure 11. Evolution saisonnière du rendement horaire de merlu au Nord et au Sud.

26 Le merlu est pêché en tant qu’espèce cible (temporairement) ou prise accessoire dans les pêcheries hauturières. En Tunisie, le merlu est capturé en tant que prise accessoire dans les pêcheries dirigées vers d’autres espèces particulièrement de la chevrette. Les espèces accompagnatrices sont le rouget le chinchard (ou saurel), la bogue, l’anchois, la sole.

Toutes les phases de son cycle sont exploitées notamment les juvéniles (Ben Meriem, 1987).

La taille réglementaire en Tunisie pour pêcher le merlu est de 20 cm.

En conclusion, nous avons noté que M. merluccius est une espèce qui est dotée d’une large répartition présentant deux sous-espèces séparées par le détroit de Gibraltar. C’est une espèce qui se reproduit au niveau de la repture du plateau continental. A l’eclosion, deux phases marquent le cycle de vie du merlu à savoir la phase pélagique et benthique. Le merlu compte parmi les espèces de poissons blancs exploités et rejetés en Tunisie, ciblé par la pêcherie hauturière et celle artisanale. Le merlu est caractérisé par sa large distribution verticale et horizontale allant de 50 jusqu’au plus que que 600 m. Comme il est abondant durant toute les saisons et tout le long de la côte tunisienne du Nord au Sud. Le stock du merlu formant une seule unité mais qui est exploité par plusieurs engins.

CHAPITRE 2 : Cadre géographique de