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Une longue vacance, très mal documentée, affecte le siège de Metz en 791 à la suite de la mort d’Angilram, le commanditaire du Liber de Paul Diacre. Il ne s’agit pas d’un cas unique, puisque d’autres diocèses sont privés de pasteur pendant le règne de Charlemagne, comme Verdun et Trèves pour s’en tenir à l’ancienne Belgique première1. Ce qui distingue la vacance messine des autres, c’est son exceptionnelle durée, puisqu’elle s’étend sur près d’un quart de siècle. Les données chronologiques, d’ailleurs, qui n’émanent que d’une seule source, le catalogue épiscopal copié dans le manuscrit du XIe siècle BNF lat. 5294, ne concordent pas vraiment avec ce que nous savons de l’avènement de Drogon. Le catalogue indique en effet que la vacance a duré 27 ans et 4 mois et que l’épiscopat de Gondulf y a mis fin et se prolongea durant six ans, 8 mois et sept jours soit un total de 34 ans et quelques jours (vacance et épiscopat de Gonfulf)2. Or, Angilram est mort le 26 octobre 791 et Drogon qui prit la suite de Gondulf, fut sacré le 28 juin 823, ce qui représente un intervalle de 31 ans et 8 mois environ entre les deux événements. Gondulf, dont le dies natalis est le 7 septembre, passa vraisemblablement de vie à trépas l’année précédente, en 822 ; les durées de la vacance après la mort d’Angilram et de l’épiscopat de Gondulf ne représentent donc dans les faits

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Otto Gerhard Oexle, « Die Karolinger und die Stadt des heiligen Arnulf », dans Frühmittelalterliche Studien, 1, 1967, Berlin, p.279-284.

2 M.G.H., SS, II : « Angelramnus… Obiit VII kal. Novemb. In loco qui dicitur Asnagahunc Chunis-Berch et

cessavit episcopatus annos XXVII et menses IV. Gundulfus episcopus, sedit annos VI, et menses VIII et dies VII ; requiescit in Gorzia monasteri ;obiit 7 id. septembris. »

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qu’un total de 30 ans et 10 mois, au lieu des 34 ans indiqués dans le catalogue. Une erreur de copie s’est peut-être glissée dans le manuscrit : le nombre XXVII remplacerait fautivement le nombre XXIIII de la version originale, mais il ne s’agit là que d’une hypothèse et il est malheureusement impossible de dire avec exactitude quand Louis le Pieux a décidé de mettre un terme au vide épiscopal à Metz. Si l’on s’en tient à l’indication de la vacance dans le catalogue, il s’agirait du début de l’année 8191. Si au contraire on accorde plus de confiance à la durée de l’épiscopat de Gondulf mentionnée dans ce document, il faudrait placer la normalisation de la situation à Metz à la toute fin de l’année 815 ou au début de 8162.

Cette solution est la plus crédible dans la mesure où le catalogue copié dans le manuscrit Bnf lat. 5294 est un remaniement d’un catalogue plus ancien, dont on trouve une copie dans le manuscrit de Brême C 36, et qui s’arrête avec l’épiscopat de Wala, mort en 882. Ce document indique bien la durée de l’épiscopat de Gondulf mais omet complètement la vacance, certainement dans le but d’affirmer la continuité épiscopale dans la cité mosellane. Il y a donc fort à parier que l’auteur du catalogue remanié au XIe siècle, qui se trouve dans le catalogue Bnf lat. 5294, a ajouté cette information et a tenté d’en indiquer la durée mais il s’est sans doute trompé dans ses calculs. Il faut également prendre en compte que la fin de l’année 815 s’inscrit dans le contexte des changements voulus par Louis le Pieux après la mort de son père : c’est à cette époque qu’il place notamment sur le siège épiscopal de Trèves, Hetti, un de ses proches3. Il est cependant possible que le concile d’Aix tenu durant l’hiver 818-819, outre son importance pour la réforme de l’église franque, ait été également l’occasion de régler, une fois pour toute, le problème du vide laissé depuis tant d’années sur le siège mosellan.

Les raisons de la vacance messine restent encore aujourd’hui obscures. Charlemagne a-t-il voulu seulement engranger les revenus du diocèse de Metz ? Avait-il l’intention de réserver le siège épiscopal à un des ses fidèles ou à un des membres de sa famille ? Ces explications ne permettent en aucun cas de rendre compte de la longueur étonnante de cette vacance, qui trouve davantage son origine dans des causes structurelles que dans des facteurs conjoncturels. Le souverain voulait-il faire de la cité sise sur les bords de la Moselle sa résidence principale, avant de porter son choix sur Aix, comme l’a jadis avancé Jean Schneider ? Charlemagne aurait alors décidé de ne pas choisir un successeur au puissant

1 C’est-à-dire 791 et 10 mois environ + la durée indiquée de la vacance dans le catalogue, soit 27 ans et 4 mois. 2 C’est-à-dire 822 et 8 mois environ – la durée de l’épiscopat de Gondulf, soit 6 ans et 8 mois.

3 Michèle Gaillard, « De privato honore Mettensium Pontificum : les archevêques de Metz à l’époque carolingienne. », dans les Annales de l’Est, Nancy, 2006, p.151-175

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Angilram, qui aurait pu lui faire de l’ombre dans son nouveau centre du pouvoir. Cette hypothèse est séduisante mais elle n’est guère étayée par les sources ; et elle suppose qu’il aurait été impossible au roi des Francs de cohabiter dans sa future capitale avec un évêque. Même après son installation régulière à Aix, le fils de Pépin III n’a pas manifesté un désir pressant de rétablir une situation normale à Metz. Michèle Gaillard a récemment relié l’absence de titulaire à Metz et à Trèves avec l’influence sur Charlemagne d’Hildebold, archevêque de Cologne et chapelain de la cour, qui aurait vu d’un mauvais œil la nomination de concurrents1. Une explication complémentaire peut être avancée pour éclaircir un phénomène d’une si longue durée, qui ne peut d’ailleurs se comprendre que dans le contexte de la réorganisation de l’Eglise franque et du rétablissement des métropoles ecclésiastiques. Charlemagne et son entourage semblent avoir hésité sur la bonne marche à suivre dans l’ancienne province de Belgique Première, et sur la désignation de la nouvelle métropole, ce qui n’était sans doute pas pour déplaire à Hildebold. Richbod ou Amalaire, qui occupèrent le siège de Trèves à la fin du VIIIe siècle et au début du IXe, ne portèrent d’ailleurs jamais le

pallium avec le titre d’archevêque. Même si les causes profondes de la vacance épiscopale

nous échappent en grande partie, il est en revanche avéré que le diocèse de Metz, faute de titulaire, a été administré par des chorévèques, dont le nom de Magulf est parvenu jusqu’à nous, car ce personnage fut également abbé de Gorze dans les années 802-811, comme le prouve le cartulaire de cette abbaye2.

2. Gondulf (mort en 822)

Après cette longue vacance, le siège épiscopal messin est tout d’abord occupé par Gondulf, dont on sait fort peu de choses, mis à part le fait qu’il fut peut-être membre de la communauté de Gorze. Un Gondulf figure en effet dans la liste des moines de Gorze copiée en 824 dans le livre de confraternité de la Reichenau3. Le catalogue des évêques de Metz du manuscrit de la Bnf lat. 5294 précise d’ailleurs qu’il fut enterré à Gorze. Etant donné le prestige du siège messin et l’obscurité du personnage, il est possible que Gondulf ait été un chorévêque promu à l’épiscopat pour régulariser la situation messine.

1 Ibidem, p.14-16.

2 A d’Herbomez, le cartulaire de l’abbaye de Gorze. Ms. 826 de la bibliothèque de Metz, Mettensia, t.II, Paris 1898, n°41, 42, 43 et 44, p.75-81.

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3. Drogon (823-855)

Son successeur est un homme d’une toute autre envergure et d’une ascendance illustre puisqu’il s’agit de Drogon1, le fils de Charlemagne et d’une concubine nommée Regina. Né sans doute en 801 ou 802, il fut d’abord élevé au palais. Louis le Pieux décida en 818 de le faire tonsurer ainsi que son frère Hugues et son demi-frère Thierry, et de le confier à un monastère pour son éducation, peut-être Saint-Evre de Toul, plus sûrement les Saints-Apôtres/Saint Arnoul à Metz, comme Michèle Gaillard en a émis l’hypothèse2. L’empereur, effrayé par la révolte de Bernard d’Italie, entendait ainsi éloigner le danger potentiel que pouvait représenter l’existence au sein de la famille régnante de cadets susceptibles de servir de catalyseurs aux intrigues de l’aristocratie. Drogon mena une vie canoniale jusqu’à sa réintégration en 822 dans l’entourage de Louis. Son élévation au siège de Metz intervint après la mort de Gondulf et il fut consacré le 28 juin 823, dans une atmosphère de réconciliation générale3. Le fils illégitime de Charlemagne était d’ailleurs peut-être destiné à prendre possession du siège épiscopal que son ancêtre Arnoul avait occupé avant lui4, à moins que la mort de Gondulf ait fort opportunément coïncidé avec le rappel de Drogon, offrant ainsi à Louis le Pieux l’occasion de stabiliser la situation de son demi-frère.

Le rôle politique de Drogon ne prend véritablement de l’ampleur que dans les années 830, quand surviennent les querelles entre Louis le Pieux et ses fils. L’évêque de Metz fut toujours un partisan de l’empereur et fut l’un des derniers fidèles présents à ses côtés après l’épisode du Champ du Mensonge en 8335. Il fut un des principaux acteurs de la restauration du pouvoir de Louis le Pieux, dont le symbole est le couronnement de Metz de 835. Sa fidélité fut récompensée par l’octroi du pallium et du titre d’archevêque entre 828 et 8326, et par son élévation au poste de chapelain de la cour entre juin 833 et janvier 8367. Drogon assista aux

1 La vie de Drogon a été étudiée par Christian Pfister, « L’archevêque Drogon de Metz », dans les mélanges Paul

Fabre. Etudes d’histoire du Moyen Age, Paris, 1902, p.101-145 ; voir la synthèse plus récente Sophie

Glansdorff, « l’évêque de Metz et archichapelain Drogon (801/802-855) », Revue belge de philologie et

d’histoire, 81, 2003, fasc.4, p.945-1014 ; Gaillard [2006] p.157-169.

2 Gaillard [2006c], p.158-160.

3 La nomination et la consécration de Drogon coïncident avec la naissance du fils de Judith, Charles, Gaillard [2006c], p.160.

4 C’est l’hypothèse formulée par Michèle Gaillard [2006c], p.160-161. 5 Glansdorff [2003], p.954.

6 Gaillard, [2006c] p.164-167 ; Sophie Glansdorff [2003], p.956, place cet événement en 835. 7

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derniers instants de son aîné le 20 juin 840, et ramena son corps à Metz pour qu’il fût inhumé aux côtés de sa mère Hildegarde et de son ancêtre Arnoul dans le monastère des Saints-Apôtres/Saint Arnoul.

L’archevêque de Metz reconnut dans un premier temps Lothaire comme son souverain légitime, avant de se rallier au parti de Charles le Chauve, après la bataille de Fontenay-en-Puisaye. Metz échut à Lothaire après le partage de Verdun, et l’oncle et le neveu se réconcilièrent certainement puisque Drogon continua d’exercer sa charge de chapelain de la cour aux côtés de l’aîné de Louis le Pieux. Il accompagna d’ailleurs à Rome en 844, Louis, le premier fils de Lothaire, qui devait prendre en main le royaume d’Italie. Le pape Serge II lui confia la charge de vicaire du Saint-Siège qui devait lui conférer une autorité sur le clergé franc au nord des Alpes. Mais Drogon n’arriva jamais réellement à s’imposer car sa nomination ressemblait trop à une manœuvre de Lothaire pour reconquérir une influence dans les royaumes de ses deux frères cadets1. Les dernières années de la vie de Drogon furent consacrées à la gestion de son diocèse, comme le prouvent les actes rédigés pour les monastères de Gorze et de Saint Arnoul qui datent pour la plupart d’entre eux de cette période2. Drogon joua incontestablement un rôle de modérateur entre les trois fils de Louis le Pieux, en tant que dernier rejeton de Charlemagne encore vivant, même si Lothaire demeurait son aîné. Le destin de l’oncle et du neveu plus âgé furent d’ailleurs parallèles puisque Lothaire s’éteignit le 29 septembre 855, alors que Drogon passa de vie à trépas à la suite « d’un accident de pêche », le 8 décembre de la même année, près de Luxeuil où il séjournait. Sa dépouille fut inhumée aux Saints Apôtres/Saint Arnoul où sa mère et son demi-frère Louis reposaient déjà.

1 Glansdorff, [2003], p.969-974. 2

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4. Advence (858-876)

La succession est assurée en 858 seulement, par Advence, un chanoine de la cathédrale, qui a été le disciple de Drogon1. L’épitaphe d’Advence indique qu’il est originaire de Francie2 ( il s’agit peut-être de la Francia Media, si l’on en croit les Gesta episcoporum

Mettensium du XIIe siècle, qui lui attribuent une origine messine)3. Nous ne connaissons pas les causes précises de la vacance après la mort de Drogon, mais des considérations politiques ont certainement retardé l’avènement d’un nouveau pontife sur le siège de saint Clément : Lothaire II a très vraisemblablement dû composer avec l’influence de ses deux oncles Louis à l’est, et Charles le Chauve à l’ouest. La famille d’Advence ne semble pas avoir fait partie de l’aristocratie franque, mais outre sa proximité avec Drogon, il semble avoir été un fidèle du roi Charles, qui a peut-être réussi à imposer un de ses protégés à un poste stratégique dans le royaume de son neveu. En tout cas, avec Advence se termine à Metz le temps des grands archevêques carolingiens comme Chrodegang, Angilram et Drogon, qui appartenaient tous à la fine fleur de l’élite politique austrasienne.

Le nouvel évêque de Metz joua un rôle politique non négligeable en son temps, tout en adoptant une attitude prudente. Il soutint en effet le roi Lothaire II qui voulait se séparer de sa première femme Theutberge, tout en maintenant une relation épistolaire amicale avec Hincmar de Reims, et en évitant de rompre avec le pape Nicolas Ier, pour échapper aux sanctions pontificales. Ses lettres constituent d’ailleurs une source de tout premier ordre, qui permettent de mieux cerner les tenants et les aboutissants de ce divorce4. Advence sut également concilier sa loyauté envers Lothaire II et ses relations avec Charles le Chauve, dont il semble avoir été un fidèle. Aussi, lorsque le roi de Francie occidentale profita de la mort de son neveu en 869 pour récupérer son héritage et ajouter la Francia Media à son royaume, il

1 La vie d’Advence a été étudiée par Michèle Gaillard, « un évêque et son temps : Advence de Metz 858-875 »,

Lotharingia une région au centre de l’Europe autour de l’an Mil, Sarrebruck, 1995, p.85-118.

2 MGH, Poetae Latiniaevi Carolini, IV, p.1033: « Francia me genuit, genitor cognomine Saxo…» 3 MGH, SS, X, p.541: « …ex Mettensibus liberiori genere natus. »

4 MGH Epistolae Karolini aevi, IV: Epistolae ad divortium Lotharii regis pertinentes, p.207-240, éd. E. Dümmler, Berlin, 1902.

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put compter sur le soutien de l’évêque messin1. Advence joua d’ailleurs un rôle important lors du couronnement de Charles le Chauve à Metz le 9 septembre de la même année. Mais ce dernier ne profita pas longtemps de ses deux royaumes, et sous la pression de son frère cadet, Louis le Germanique, le roi de Francie orientale, il dut transiger. Par le traité de Meersen, conclu en 870, les deux derniers fils vivants de Louis le Pieux se partagèrent la succession de Lothaire II, et Metz échut à Louis le Germanique. On ne sait pas comment s’organisèrent les relations entre Advence et son nouveau souverain, mais il y a fort à parier que l’évêque de Metz sut faire preuve de prudence, comme ce fut le cas tout au long de sa carrière. La fondation de la communauté de Neumünster en Sarre, dans l’est du diocèse de Metz, prouve qu’Advence a entretenu dans les dernières années de sa vie des relations normales avec son nouveau souverain puisque Louis le Germanique a confirmé le temporel du nouvel établissement en 8712.

Advence s’éteignit en 876 dans la villa de Salto d’après les Gesta episcoporum

Mettensium du XIIe siècle, peut-être Saulx-en-Barrois ou Saulx-en-Woevre3. Il est le premier évêque inhumé dans la cité épiscopale puisque son corps fut ramené dans la chapelle Saint-Gall, non loin de l’église-cathédrale4. Dans le domaine de la culture, le prélat fut en contact avec le grand savant irlandais Sedulius Scotus qui lui dédia un poème, et il est peut-être l’auteur des vers gravés sur un reliquaire conservé à la cathédrale jusqu’en 1682. cela montre en tout cas que les activités culturelles n’avaient pas disparu dans l’entourage de l’évêque5.

5. Wala (876-882)

Wala son successeur, dont on sait fort peu de choses, fut élevé à la dignité épiscopale et consacré au printemps 8766. Il fut honoré du pallium par le pape Jean VIII, ce qui provoqua provoqua la colère de l’archevêque de Trèves. La lettre du souverain pontife accordant ce privilège a été insérée dans la copie du Liber de Paul Diacre du manuscrit Bnf lat. 5294,

1 Gaillard [1995], p.104-106.

2 MGH, DSRK, n°138, p.192-193; Gaillard [2006], [DN1], p.331. 3

MGH, SS, X, p.541.

4 Ernst Gierlich, Die Grabstätten der rheinischen Bischöfe vor 1200, Quellen und Abhandlungen zur

Mittelrheinischen Kirchengeschichte, Mayence, 1990, p.122-123.

5 Gaillard [1995], p.106 et p.108-109. 6

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comme nous l’avons vu précédemment1. Wala connut une fin tragique le 10 avril 882 à Remich entre Thionville et Trèves : il trouva en effet la mort en essayant de s’opposer aux Normands qui tentaient de remonter la vallée de la Moselle après avoir pillé la métropole ecclésiastique2. Le comte de Metz Adalard et l’archevêque de Trèves Bertulf réussirent à s’enfuir. Le corps de Wala fut déposé dans l’église Saint-Sauveur qu’il avait fait construire3. Ce sacrifice n’épargna pas cependant à l’église de Metz les désastreuses conséquences des déprédations nordiques : Charles le Gros préleva sur le trésor de la cathédrale de quoi calmer les ardeurs des chefs normands, et il acheta également la paix en confiant les revenus de la mense épiscopale à Hugues, le bâtard de Lothaire II4.

6. Robert (883-917)

Son successeur fut Robert, qui occupa le siège pendant 33 ans et dont le long pontificat est très mal documenté ; d’après les Gesta episcoporum Mettensium du XIIe siècle et la vie et les miracles de sainte Glossinde, rédigée au Xe siècle vraisemblablement par Jean de Saint-Arnoul, il serait originaire d’Alémanie5, tout comme le nouvel archevêque de Trèves Trèves Radbod consacré la même année que lui en 883. Ceci pourrait être le signe d’une intervention de l’empereur Charles le Gros dans la région afin de contrôler les sièges épiscopaux, après le décès de son frère Louis le Jeune l’année précédente6. Robert est présent au concile de Mayence en juin 888 dans l’entourage d’Arnulf, ce qui montre son ralliement au nouveau souverain7. C’est dans sa cité épiscopale que se tint en 893 un concile provincial présidé par le métropolitain Radbod, dont les actes nous ont été conservés8. On sait également

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Cf. p.40-41; Gaillard [2006c ], p.171-173.

2 Parisot [1898], p.460-461, les sources sur cet événement sont indiquées dans la note 1. 3 Gesta Episcoporum Mettensium, MGH, SS, X, p.541.

4 Annales Bertiniani, MGH, SRG in usum, Hanovre, 1883, A.882, p.153 : « [Karolus] Sigefrido etiam et Vurmoni

illorumque complicibus plura milia argenti et auri, quae de thesauro Sancti Stephani Mettensis aliorumque sanctorum locis arripuit, eis dedit et ad devastandam regni sui atque consobrini sui partem, sicut antea fecerant, residere permisit. Hugoni autemHlotharii iunoris filio, facultates ecclesiasticas Mettensis episcopii, quas sacri canones futuro episcoo reservari praecipiunt, ad consumendum commisit. »

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Miracula Sanctae Glodesindis, MGH, SS, IV, c.30, p.237 ; MGH, SS, X, p.541 ; il est probable que l’auteur des Gesta episcoporum du XIIe siècle connaisse les miracles de sainte Glossinde.

6Parisot [1898], p. 466-468, note 4. 7Parisot [1898], p. 488-489. 8

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également qu’il prit le titre d’abbé de Gorze comme le prouvent plusieurs actes du cartulaire de cette abbaye1. Il passe également pour avoir restauré les murailles de la cité2.